Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 04 mai 2012

Les pères de la République ont tonné

 

bayrou,sarkozy,politique,père,république

En traitant naguère Sarkozy « d’enfant barbare », Bayrou prenait face à lui la position de celui qui sait et qui corrige, celle du père qui morigène. En parlant de « cour de récréation » l’autre dimanche au cimetière, François Hollande adoptait ce même point de vue hautain. Ce dernier commente le ralliement du président du Modem à sa candidature de cette façon : « Bayrou a pris conscience que le candidat sortant divisait et que moi je rassemblais ».  Rassembler, telle est encore le propre de la fonction paternelle. Les voilà donc réunis tous deux, les Pères de la République pour ce futur quinquennat qui ne s’annonce  pas très joyeux, c’est bien  le moins qu’on puisse dire.

Quand la saison est prospère, la figure du grand frère qui entraîne les autres en montrant des biceps de caïd fonctionne à merveille ; Sarkozy a séduit en 2007, parce que contre les pères mitterrandien ou chiraquien que le pays venait de subir, il apportait un oxygène salvateur. « Ensemble, tout devient possible » : sa posture symbolique était celle du frère, de l’égal. Sans doute est-ce pour cela que l'opinion ne lui a pas pardonné un dîner au Fouquet’s ou un petit tour sur le yacht de Bolloré, alors qu’elle pardonna à ses prédécesseurs bien pire, un château quasiment payé au frais de l’état ou une table réservée tous les soirs dans ce même Fouquet's. Mais un frère n’est pas un père. Il n’a pas les mêmes droits, les mêmes privilèges ; Sarkozy mit du temps à le comprendre, et ce temps qui passa fut celui de son immaturité. Nul doute que le sérieux  Hollande ne commettra pas la même erreur…

Les termes d’aventurier, de voyou qui ensuite ont fait flores ont fini par le ranger du côté – ce qui vu la fonction occupée était particulièrement risible – du mauvais garçon, du transgresseur, que n’a-t-on pas  entendu ? Enfant qui n’a pas voulu se plier aux contraintes de la posture présidentielle, et dont on  moqua longuement les talonnettes qu’il portait pour faire plus grand. (1) Ne parlons pas du mariage avec Carla, l’ancienne maîtresse de Mick Jagger… Ne parlons pas du nabot.  J’ai vu beaucoup de gens, qui n’avaient sans doute jamais jeté un cil sur la Princesse de Clèves, presque avaler leur plastron parce qu’un parvenu de la pire espèce avait ainsi osé mettre en doute l’intérêt de sa présence dans un concours de recrutement de fonctionnaires de catégorie B. Atteinte intolérable au … patrimoine.

Hier, Sarkozy traita rapidement Hollande de « petit père la Vertu ». Aujourd’hui sans aucun doute est-il en train de ruminer la même insulte contre le piètre Bayrou qui sera sans doute Premier Ministre dans un ou deux ans quand la gôgoche en sera venue, le cul pincé, à la saison de la rigueur... Père la vertu !…  Ne voit-il à quel point Hollande et Bayrou sont au contraire davantage des fils la vertu, dans leurs postures de rassembleurs ? Des enfants sages, des fils qui jouent aux pères qu’ils ont eus, plutôt que des pères véritables ? La République a-t-elle besoin de ces pères-là ? La République a-t-elle besoin de pères tout court ? Tous deux semblent pourtant avoir touché le point faible de Sarkozy lequel, comme beaucoup de garçons sans père, cherche toujours plus à incarner une grandeur à jamais fantasmée qu’à rassembler des petits autour de soi, cherche inlassablement à devenir, bien plus qu’à ressembler.

Sur le seul plan politique, que Sarkozy veuille « incarner le peuple » est certes aussi risible que Hollande qui prétend le « rassembler » autour de son parti de notables. Je m’interroge sur la stratégie de communication de cet étrange président qui, après avoir occupé cette posture trop virile aux yeux de beaucoup de « l’hyper président », et s’être tant fait tapé sur les doigts comme on reprend un aîné bagarreur, se retrouve à quelques jours de perdre une élection qu’il aurait gagné haut la main face un adversaire aussi médiocre que Hollande s’il avait accepté – mais il en est semble-t-il incapable –de jouer le jeu que la crise et ses faux-semblants exigent de lui, et dont les deux autres sauront si bien adopter (imiter) la posture. En 2007, on avait le choix entre une femme et un mauvais garçon. 2012 signe le retour des Pères de la République( Hollande, Bayrou) celui des fils sages et patients (Valls, Montebourg…), voire de l'oncle invité à la soupe le dimanche (Mélenchon ).

L’ordre, le vrai, celui qui se dit changement. Et comme le rappelle le père Hollande en fronçant le sourcil qu'il a maigre, tout va bientôt redevenir normal.  Il faut en partie être aveugle pour s’en réjouir. 

(1) Il y a là une vraie question : Pourquoi les hommes politiques, Sarkozy, mais aussi Fillon, Hollande, Bayrou, sont-ils de taille si petite ?


08:37 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : politique, république, france | | |

mardi, 01 mai 2012

Bérégovoy : Derniers sursauts du romanesque

 Un romanesque à la Simenon, presque trop criard : ce canal où flotte de la brume, ce camping non loin, dont les discours fleurent bon encore les comices agricoles flaubertiens, la haute silhouette des arbres de Nevers, cette province toute modelée à l’ancienne, où tout chemine lentement,  d’une part ; et d’autre part l’or et les scandales des palais de la République, les ponts et les quais striés des lueurs de la capitale, où siègent dans la nuit les silhouettes des bâtisses  des chaînes de télés et de radios, des ministères et des banques et, pour faire le lien entre ces deux contrées que tout paraît opposer -  la province et la capitale - , une voiture de fonction dont la boite à gants recèle une arme de fonction, roulant à toute vitesse sur des bretelles d’autoroutes quasi désertes d’une part, d’autre part un hélicoptère rapatriant à l’heure du vingt heures le cadavre encore chaud d’un ancien premier ministre au crâne fracassé, de l’hôpital de Nevers où les médecins sont silencieux à celui du Val de Grâce où les médecins se taisent, comme dans une série d’Urgences : un romanesque décalé, pourtant. Un romanesque fané, même, auquel on fait mine de ne plus se prêter.  Un romanesque dont plus personne ne veut. Car 1993, ce n’est pas seulement la fin du roman de la rose, c’est également  la fin du roman d’un siècle et de celui de la souveraineté d’un pays ; sous ce régime mitterrandien en pleine décomposition, la fin non romanesque d’un peuple, pour faire court.

 


01297690-photo-la-double-mort-de-pierre-beregovoy.jpg

 

En d’autres temps, en d’autres lieux, cette affaire Bérégovoy aurait suscité davantage d’engouement et provoqué de franches polémiques au sein de ce même peuple. Mais la France de 1993, déjà abrutie, déjà abâtardie, ne bronche pas. Ne bronche plus. La France de 1993 a déjà tourné sa page Simenon et laisse sur les canaux de Nevers flotter de la brume qui demeure silencieuse;  vers un siècle qui arrive à grand pas, la France de 1993 est toute arcboutée, toute tendue ; les affairistes pullulent et le silence est la loi de ce triste fin de règne. Vite. Comme elle a depuis longtemps pollué ses rivières, vendu ses paysans et liquidé une bonne partie de son patrimoine, la France de 1993 se fout de Bérégovoy comme elle se fout de Simenon, tous deux d’un autre siècle, déjà, pour ne pas dire d’une autre civilisation. Vite. Drapée dans son émotion à l’heure du petit noir, l’opinion publique se contente d’un mensonge proprement présenté par les manchettes des journaux de la cohabitation : Dans ce pays fatigué, cette opinion n’a pas plus d’intelligence que la fumée qui flotte sur les canaux de Nevers, guère plus de consistance que celle qui s’échappe de la pipe de Maigret – pardon, de Bruno Crémer jouant Maigret. Vite. Tout le monde sent bien qu’un mensonge latent entoure cette mort, comme tout le monde en sentira un autre entourer bientôt celle de Grossouvre à l'Elysée. Mais tout le monde a bien d’autres chats à fouetter. 1993, cela fait presque vingt ans que le chômage et que la crise économique sévissent. Alors, passé le week-end du Premier mai, la mort de Bérégovoy indiffère assez vite. La mort de Bérégovoy, malgré son romanesque flagrant, ne réveille pas le pays. Et c’est bien cela, le pire. Le  vrai drame. Le vrai assassinat ou le vrai suicide, comme on l’entend : car quinze ans plus tard,  la mort de Bérégovoy laisse entrevoir à quel point, dans un pays jadis si littéraire, tout romanesque est désormais d’un autre siècle. Ainsi va, ainsi file, désormais, le monde. A rebours du romanesque, ou du cadavre de sa lenteur « suicidé ». Vite.


NB.  Ce billet est une ré-édition du 4 mai 2008. En cette période d'étrange renaissance socialiste, le relire n'est pas indifférent.

 

09:37 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : bérégovoy, littérature, simenon, ps, politique, maigret | | |

dimanche, 22 avril 2012

Flamby face à lui-même

Au vu des estimations, le second tour demeure ouvert : Hollande + Mélenchon + Joly, ça reste trop juste pour faire passer Flamby. Il faudra donc que la gôgoche aille grappiller le reste chez Le Pen et Bayrou, et là, dur, dur…

Ce 2ème tour rassemblera donc, si l’on se souvient de Versailles 2008, les deux tristes sires qui avaient tiré une croix sur les résultats du référendum sur l’Europe pour bricoler le traité de Lisbonne, et montré leurs derrières à ce qu’on appelle, ici, la démocratie. De celui qui a fait le sale boulot ou de celui qui l’a laissé faire pour tenter de ramasser la mise ensuite, lequel est le pire ? (1) Les Français décideront, comme on dit…

Pour moi, ce ne serait pas un luxe qu’ils leur montrent leur derrière à tous les deux.

 

      (1) Rappel : « Notre électorat comprend parfaitement qu'il faut voter oui au traité de Lisbonne » avait déclaré François Hollande…


20:01 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (54) | | |

jeudi, 05 avril 2012

Le salaire du président

C’est la famille recomposée dans toute sa gloire. Avec Hollande et Royal à Rennes, les journaleux nous entretiennent d’une « superbe affiche », un peu comme si l’OM et le PSG s’étaient réconciliés. François et Ségolène craignent si peu le ridicule qu’ils en seraient presque touchants dans ce story-telling à deux francs six sous qu’est la conquête de l’Elysée version 2012. C'est le fifils Thomas qui a dû verser sa larme en les regardant. Si c'est pas du bling-bling carla brunesque digne d'une série TF1, tout ça...

7ff4cf86-7e97-11e1-95d5-ad1edb637338-493x328.jpg

Outre cette pitrerie, la journée fut marquée, nous dit-on, par l’annonce de la première mesure de Hollande, sitôt installé dans le bureau de son méchant prédécesseur : baisser son salaire et celui de ses ministres de 30%. Et vlan, ça c'est de la justice sociale et du dévouement  (dénuement). Voilà qui va réjouir le cœur de tous les pauvres revanchards et mettre du beurre dans leurs épinards. C'est du socialisme ou je ne m'y connais pas. Des pauvres revanchards, ça peut servir par les temps qui courent, y'en a plein les bureaux de vote.

Une anecdote à ce sujet : je discutais hier matin avec une collègue «de gôche» (y’en a plein dans l’éducation nationale, que c’est pitié!) de la mort de Richard Descoings et lui faisait remarquer qu’on n’entendait guère les Martel, Demorand, Domenech et autres Barbier qui s'insurgèrent contre le salaire de Sarkozy protester contre « l’indécent salaire » du directeur de sciences po (24 000 euros net plus une prime variable par mois) quand celui du président de la République, objet de tant de polémiques, était de 19 000…par mois. Tu plaisantes, s’indigna-t-elle, celui de Sarko est de 190 000 par mois…  J’eus beau lui dire que non, le président n'était pas footballeur ni Dany Boom, elle vérifia sur son iphone et dut admettre qu’en effet le directeur de sciences po gagnait plus que le président de la république dont elle avait multiplié par dix le salaire en imagination…

 Cette anecdote pour souligner les fantasmes qui galopent dans l’esprit des gens. Pour moi, que la première mesure de Hollande concerne ce fantasme me révèle trois choses sur le bonhomme : 

- son habileté relative à enfumer les gens en se faisant passer pour plus humble ou plus modeste que l'immooonde Sarko, ainsi que la piètre estime dans laquelle il tient de fait ce « peuple de gauche » si prompt à avaler la moindre de ses couleuvres (remarquez, il semble avoir raison de les prendre pour des c…, non ?) 

le fait qu’il n’ait plus trop besoin de pognon, lui, faisant partie des nantis de gauche qui payent l’impôt sur la fortune depuis longtemps comme ses potes sénateurs, présidents de région, comme DSK, Descoings et autres. Si ça continue ils vont bientôt enfiler des salopettes bleues en distribuant leurs tracts rose-fushia sur les marchés....

 - son ambition très sarkozienne, in fine : le Paris de Henri IV valait bien une messe, celui de Hollande vaudrait bien une ristourne de salaire, d’autant qu’il a sans doute déjà trouvé le moyen de remédier à ce manque à gagner par un système de primes. Vous savez bien, contribuables, que l’Etat est une bonne mère…

 

richard descoings,politique,société,rennes



05:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : ségolène royal, françois hollande, ps, richard descoings, politique, société, rennes | | |

lundi, 26 mars 2012

Grève des éboueurs à Lyon

Le changement annoncé, la France de demain... 

15:18 Publié dans Bouffez du Lyon, Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, collomb, grève des éboueurs, socialisme | | |

Hollande et le changement: Le passé revient

Pour avoir vécu sous des gouvernements dits de gauche, sous des gouvernements dits de droite, et la plupart du temps sous des régimes de cohabitation, j’avoue que j’ai du mal (sauf à la rapporter aux lois du marché) à comprendre l’effervescence médiatique qui règne autour de cette idée creuse de « changement ».

L’anti sarkozisme sans programme est, depuis l’été 2010, le cheval de bataille de la propagande socialiste, relayée par la plupart des médias. J’avais à l’époque réagi par un billet  sur ce blogue pour dénoncer ce vide si  caractéristique du PS, qui n’est qu’un parti d’accompagnement de la Réforme, incapable de faire émerger de nouvelles idées et surtout de nouvelles têtes  (1) C’est ainsi qu’avant les primaires du PS, nous avions ici dégagé dès septembre 2011 « neuf raisons de ne pas voter socialiste ».

Hollande du fond de sa Corrèze n’ayant trouvé que l’anti-sarkozisme comme motif de campagne, c’est pitié de voir ses équipes remonter jusqu’à 2001 pour contester un vote de Sarkozy sur les contrôles Internet « qui aurait permis l’arrestation de Merah » quand les mêmes sont si prompts à hurler aux lois liberticides dès qu’il s’agit de constituer un fichier.

La stratégie de Hollande s’étant limitée à confisquer l’élection en la transformant en un vote d’humeur borné à un référendum anti-Sarkozy qui jouerait à son avantage (ficelle vieille comme le PS (2)), Jean Luc Mélenchon a su, à coups de symboles, déplacer le débat pour tenter de reconstituer comme au temps de Georges Marchais une esquisse d'affrontement gauche droite.  Certains du coup se passionnent à nouveau pour le fait politique. J’aimerais y croire. Mais quelque chose est grippé là-dedans : le fait qu’on retrouve toujours les mêmes têtes, les mêmes motifs, les mêmes chroniqueurs, dans un pays dépossédé de ses frontières et de sa monnaie.  La logique du spectacle et de la gouvernance de ces quarante dernières années est plus forte, on le voit bien, celle des traités européens qu'ils ont votés aussi, que celle de tous ces vœux pieux, y compris de ceux de Marine Le Pen ou de Jean Luc Mélenchon, entraînés eux aussi et quoi qu’ils en disent dans le spectacle et sa caricature.  

La chose la plus ironique qui pourrait arriver, et sans doute la plus triste, serait l’élection de ce clown sans aura (sans doute le plus conservateur des dix), sur la base éminemment mensongère du changement. 

politique,hollande,socialisme


06:45 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : politique, hollande, socialisme | | |

mardi, 20 mars 2012

Crimes spectaculaires

Dans  les autobus, dans la rue, dans les magasins, un peu partout, on aura senti aujourd’hui se côtoyer les opinions de millions de persuadés : ceux qui vivent sous la menace des islamistes, ceux qui vivent sous la menace des néo-nazis. Tandis que des enquêteurs travaillent, la pays exerce ses fantasmes et exprime des préjugés opposés, se situant instinctivement dans un camp ou dans l’autre, les uns évoquant les meurtres de militaires en Afghanistan, les autres la tuerie de Norvège en août.

Selon la place qu’ils occupent, les candidats à l’élection poursuivent leur campagne. Dans une école, le candidat-président orchestre une minute de silence, marqué à la culotte dans une autre école par un concurrent qui fait comme s’il ne l’était déjà plus (candidat) ou s’il l’était déjà (président).

A l’étage au-dessous, ceux qui n’ont pas un jour à perdre, les Le Pen, Bayrou, Mélenchon, protestent. A la cave, depuis que Duflot a ouvert le bal pour Joly ceux qui n’existent presque pas lâchent de petites phrases pour avoir l’air de peser dans le débat.

Le fait que poursuivre ou non la campagne ait été dans les QG divers la problématique politicienne du jour montre donc à quel point nous sommes englués dans le spectaculaire, quelque attitude adoptée ayant été de toute façon interprétée comme un signe, selon le premier adage de Palo Alto, On ne peut pas ne pas communiquer

Le plan Vigipirate écarlate (une première) est activé dans la région toulousaine. Dans un tel contexte de fragilisation de l’opinion publique, François Molins, procureur de la République de Paris, rappelle la définition non politique mais simplement juridique du terrorisme, laquelle renvoie au seul mobile objectif, « volonté de troubler l’ordre public », puis il relate la périodicité des épisodes et constate les similitudes entre les scènes des crimes en rappelant qu’aucune piste, islamiste ou neo-nazie, n’est abandonnée ni négligée. Pour finir, on sait que le criminel agit devant des caméras de surveillance et en porterait une sur lui. On parle de milliers d’heures d'enregistrements à exploiter…

18:26 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, présidentielle, société | | |

samedi, 17 mars 2012

Cohabitations, victoires et défaites

Quand on est de gauche, on ne doit pas critiquer son camp. Quand on est de droite, on ne doit pas non plus dire du mal des siens. Bref, qu’on soit d’un camp ou d’un autre, la loyauté en politique impose une éthique. Croit-on.

En conséquence, quand on émet une critique quelconque sur un fait de société ou une décision politique, on se retrouve inévitablement et de toute évidence étiqueté dans le camp opposé de celui qu’on critique. Peut-être est-ce une manière de savoir où l’on se situe sur l’échiquier politique : quel « bord », quel « parti » avez-vous le plus critiqué ? Avec lequel êtes-vous le plus en désaccord ?

A ce petit jeu, je suis quelqu’un de droite, au vu de mon désamour presque clinique avec la gauche contemporaine, qu’elle se proclame rouge, rose ou verte, elle et ses immuables figures  (on devrait dire figurines).

Se retrouver ou non dans de grands textes, des idées, des idéaux ou des figures fut longtemps une autre façon de se situer dans l’un ou l’autre camp. A ce petit jeu, même si certains auteurs de droite (Léon Bloy, Chateaubriand, Bernanos, Raymond Aron) ou certains grands textes (Tocqueville) me parlent, c’est vers la critique du capitalisme libéral et de la société du spectacle que me portent à la fois ma formation intellectuelle et mes intérêts de classe (ça se dit encore des trucs pareils ?).

Je crois que je n’aime pas les hommes politiques, même si parfois me fascinent ou m’étonnent leur rouerie, leur obstination, leur versatilité. Mais ceci n’est qu’une parenthèse. Ces gens là ont bien trop besoin de leurs Cours en tous genres pour m’impressionner vraiment. Mon modèle, c’est le solitaire, moine, écrivain ou savant, et je ne sais pourquoi, c’est ainsi.

Pour les raisons que j’ai dites plus haut, beaucoup de gens de gauche me croient à droite, et beaucoup de gens de droite me disent à gauche.

Cela compte peu. Je sais la droite, du moins dans ses idéaux, beaucoup moins liberticide que ne l’est la gauche, et la gauche – toujours dans ses idéaux – beaucoup plus fraternelle que ne l’est la droite. Je serais donc finalement pour un individu de droite vivant dans une société de gauche, mais ce n’est qu’une formule, une formule à la Bayrou, impuissante à prendre corps dans le Réel.

De la gauche ou de la droite, la vraie question reste de savoir laquelle, durant ces quarante ans faits de cohabitations et de gouvernements plus ou moins communs (Europe oblige) - est demeurée la plus fidèle à elle-même ?  Laquelle, durant ces quarante dernières années, s’est le moins reniée ? Et ce faisant, laquelle a fait le moins de mal au pays ? SI vous avez la réponse à ces questions, vous avez presque le nom du vainqueur de l’élection prochaine.  

S’il fallait parier, je crois pour ma part que Sarkozy joue sur du velours, surtout face à un candidat si peu neuf et si médiocre que Hollande.  Si malgré tout le socialiste était élu, la droite gagnerait quand même, car au petit jeu énoncé plus haut, c’est elle qui l’a emporté, dans la construction européenne comme dans la création de l’euro fort et indépendant.  Comme Mitterrand, Hollande serait donc obligé de tenir une politique de droite malgré ses postures et ses ronds de jambe actuels. Ce qui ferait les beaux jours du Front National.  En guise de changement, on serait pour le coup loin du compte, n'en déplaise aux faux-jeunes communicants du PS.

19:01 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : politique, socialisme, sarkozy, hollande | | |

mardi, 13 mars 2012

Les derniers printemps du baccalauréat

Les Français seraient très attachés à leur baccalauréat.  C’est pourquoi aucun Président de la République n’a souhaité trop y toucher. Au contraire. L’un des enjeux de la réélection de Mitterrand en 88 fut de le promettre à tout le monde. Ce qui aujourd’hui est pratiquement le cas. En 1970, 20% des élèves d’une génération avaient le bac. Aujourd’hui, 70%. Et, grâce aux options diverses qu’on peut cumuler, grâce aux consignes données aux jurys, presque 90% des candidats inscrits. Ce sont les mentions très bien qui garantissent  la sélection assurée jadis par l’obtention du diplôme. 

Cette question du bac est une question très française : Ou l’on se dit que l’examen est une formule plus impartiale et plus juste, et dans ce cas-là il faut revenir à des sélections réelles et ne le donner au mieux qu’au meilleur tiers des élèves : dans ce cas garder la formule de l’examen est justifié. Ou bien l’on considère que c’est un simple contrôle de routine, et dans ce cas, une telle mobilisation de moyens administratifs devient superflue. Mais en France, nous voulons le beurre et l’argent du beurre : que tout le monde ait le bac, et que le bac demeure un examen significatif, ce qui se heurte aux plates exigences du Réel. Intérêts électoraux, vanité parentale et syndicats s'en mêlent et tout demeure bloqué.

Il est dès lors légitime de se demander s’il est utile de conserver la formule de l’examen national, devenue  lourde, coûteuse, et fort hypocrite ; et s’il ne serait pas plus judicieux de passer à celle d’un contrôle continu (bacs octroyés par les établissements scolaires, comme c’est le cas aux USA). C’est en tout cas le point de vue de nombreux profs. L’un d’entre eux me disait tout à l’heure avec humour qu’au prix où était l’organisation de l’examen aujourd’hui, cela faisait cher pour recaler quelques déficients mentaux. Il n’avait pas tort.

15:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : baccalauréat, éducation, société, politique | | |