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mercredi, 11 janvier 2012

Le moine et le footballeur

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Un footballeur multimilliardaire, l’inénarrable « Zizou » a déjà pris la place de l’abbé Pierre dans le cœur des Français (l’expression régulièrement répétée sur les chaines de télé depuis 98 possède quelque chose d’aussi pathétique que ridicule). Un autre footballeur guigne donc le même statut et part en croisade pour le conquérir

« Le mythe de l'abbé Pierre dispose d'un atout précieux : la tête de l'abbé. C'est une belle tête, qui présente clairement tous les signes de l'apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité ».

Avec cette phrase,  Barthes plantait en 1957 son article sur l’abbé Pierre dans ses Mythologies.  Cinquante cinq ans plus tard, c’est Cantona qui tente de devenir à son tour l’icône des sans-abris.

A propos de  l’abbé Pierre,  Barthes analysait la manière subtile dont la charité croulait  « sous une foret de signes », évoquant  « l’identité spectaculaire entre une morphologie et une vocation ». Il y aurait aujourd’hui beaucoup de choses à dire sur la façon dont la solidarité (version bobo et people de la charité) croule sous une forêt d'autres signes.

Sur le désordre de cette barbe en papier glacée, par exemple, sur le regard à la fois sombre et glamour, sur la mèche qui, pour remplacer le beret, sent autant le gel du salon que le vent de l'action. Beaucoup de choses à dire peut-être même sur le maillot (version post-moderne de la canadienne du prêtre ouvrier) qu'on vend et qu'on mouille, qu'on respecte et qu'on échange, Le milliardaire généreux récupère ainsi l'autorité séculaire du moine pauvre, et le footballeur-acteur la légitimité sociale du clerc : nous avons beau être dans un autre siècle, nous sommes toujours dans la confusion des signes. Et l'avertissement de Rabelais reste toujours d'actualité : oh, si les signes vous trompent, combien vous tromperont les choses signifiées...

 

00:05 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : rabelais, abbé pierre, cantona, emmaus, roland barthes, football, politique, société | | |

Commentaires

au stade de vedettisation du jeu politique, il n'y a pas de raison que les Dieux du stade se cantonnent à leur rôle et n'aient pas envie de prendre la place des phraseurs des tribunes politico-journalistiques...Les Césars se sont réduits à des effigies, nous assistons à la revanche médiatique des Spartacus.

Écrit par : patrick verroust | mercredi, 11 janvier 2012

On cherche en vain le rapport entre les esclaves qui s'entretuaient devant les citoyens romains et les vestiaires de milliardaires des zizous et autres messis
Les esclaves sont a present sur les gradins, non?

Écrit par : solko | mercredi, 11 janvier 2012

Oui, les esclaves sont sur les gradins, et la plupart gagnent le SMIC. N'est-ce pas paradoxal de critiquer le bling-bling des hommes politiques, mais de payer pour regarder des millionnaires taper dans un ballon. Des millionnaires à la cervelle creuse, en plus!

Écrit par : Jérémie | mercredi, 11 janvier 2012

Solko:

Désolé de vous contredire, mais les gladiateurs furent de vraies stars, bénéficiant de tous les hommages, certains étaient libres. Un Empereur se piqua de jouer à ce jeu. Les combats à mort n'étaient pas la règle absolue. Il fallait trop de temps dans les écoles pour former aux arts du cirque, pour laisser périr la marchandise.
Lyon fut, si ma mémoire est bonne, un haut lieu de ces activités.

Écrit par : patrick verroust | mercredi, 11 janvier 2012

Monde sans cervelle, qui remplace effectivement la tête par les jambes (et j'en ris, quand même, sur ce coup, pour ne pas me faire un ulcère).

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 11 janvier 2012

Cantona que l'amour, à offrir en partage...tralala lalalère...

Écrit par : Bertrand | mercredi, 11 janvier 2012

Les commentaires sont fermés.