mercredi, 25 janvier 2017
Palamas, Tsipras, Trump, etc...
Athènes : « Avec la haine de classe, peut-on encore lire sur le socle de la statue de Kostís Palamas (1859-1943), poète, écrivain et dramaturge, et c’est pour la énième fois que sa mémoire est ainsi vandalisée de la sorte. » C’est Panagiotis Grigoriou qui rapporte le fait dans son blog Greek Crisis. « Dans la plus grande indifférence des passants, rajoute-t-il, hormis celle de deux retraités dont il rapporte les propos : “Quelle honte, Palamas est notre poète national, surtout durant la première moitié du XXe siècle. Ce n’est pas de la haine de classe comme le prétendent ces idiots, c’est de la haine du pays et autant de sa culture qu’il s’agit. De la haine de toute culture je crois plutôt pour être exact”. »
Athènes, statue taguée de Palamas, Greek Crisis, janvier 2017
La question dépasse de très loin la mémoire de Kostis Palamas, dont les biographies officielles ne retiennent le plus souvent que la composition de l’hymne olympique, et qui tombera cette année dans le domaine public. Il fut le traducteur de l’Hymne pour la Grèce de Frédéric Mistral en 1897. Je n’ai pas lu toute son œuvre (les Chants de ma patrie, le Dodécalogue du Tsigane la Flûte du roi, la Mort d'un Pallicare), mais quelques textes seulement, dont celui-ci :
[Ρόδου Mοσκοβόλημα
Eφέτος άγρια μ' έδειρεν η βαρυχειμωνιά
που μ' έπιασε χωρίς φωτιά και μ' ηύρε χωρίς νιάτα,
κι ώρα την ώρα πρόσμενα να σωριαστώ βαριά
στη χιονισμένη στράτα.
Mα χτες καθώς με θάρρεψε το γέλιο του Mαρτιού
και τράβηξα να ξαναβρώ τ' αρχαία τα μονοπάτια,
στο πρώτο μοσκοβόλημα ενός ρόδου μακρινού
μού δάκρισαν τα μάτια.
Parfum de rose.
Cette année l'hiver rigoureux s'est sauvagement abattu sur moi
qui m'a pris sans foyer et me trouva sans jeunesse,
et d'heure en heure j'attendais de lourdement tomber
sur la route enneigée.
Mais hier quand le rire de mars m'a enhardi
et que j'ai filé pour retrouver les anciens sentiers,
au premier parfum d'une rose lointaine
j'ai eu les larmes aux yeux.
Mais ce genre de faits, en apparence insignifiants, m’explique, me révèle une fois de plus pour quelle raison je suis viscéralement anti-européen, pourquoi je ne pourrais jamais voter à la présidentielle pour un candidat soutenant de près ou de loin et de toute sa langue de bois ce projet européen suicidaire, cette Europe mortifère.
Car l’Europe que j’aime, celle dont je suis fier, c’est l’Europe des nations. C’est en réalité celle-ci qui seule conserve la mémoire collective de chaque pays, la Grèce comme la France, l’Irlande comme la Pologne, le Portugal comme la Lettonie. Cela fait des années que je le répète, cette construction européenne est un désastre culturel. Que des jeunes prétendument révolutionnaires confondent mémoire nationale et conscience de classe en est un exemple. La Grèce de Syriza que Tsipras a vendue à une certaine élite de bobos mondialisés, son homologue Mélenchon n’en parle plus guère. Et pour cause : elle qui ne fut qu’une voiture balai de l’ordre européen que Tsipras a feint de honnir (comme Mélenchon et la gauche française islamophile feindront de le honnir durant la campagne qui vient ) est en train de crever à petits feux, du chômage, de la grippe, de la paupérisation généralisée et de cette nouvelle ignorance née du sabotage des cultures nationales et religieuses partout en Europe. Je ne suis pas de cette France qui avale sa cravate parce que Trump le populiste retire toute mention des LGBT du site de la Maison Blanche, et s’intéresse à la primaire des boys-scouts socialistes, le Pasok de demain, comme si leur sort en dépendait. Et devant la confusion générale que ce régime parrainé par les Clinton, Soros et autres Brezinski sème partout, je ne peux qu’occuper cette place que l’histoire de mon pays m'assigne : celle d'un identitaire avéré, partisan de la nation, non d'un ordre mondial chimérique, et d'un homme catholique, sensible à l'universalité du Christ et à la Charité, non à son adaptation forcenée aux temps actuels frelatés .
Georges Roilos, Le Parnasse grec, (v. 1919) : à droite Provelengios lisant un poème, devant, de gauche à droite, Stratigis, Drosinis, Polemis, Palamas (au centre, accoudé) et Souris .
04:23 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kostís palamas, panagiotis grigoriou, greek crisis, grèce, littérature, poésie, europe, politique, frédéric mistral, syrisa, tsipras, mélenchon, primaires, ps, présidentielle, lgbt, soros, trump, populisme, clinton, maison blanche, georges roilos |
samedi, 25 octobre 2014
Changer de nom
Valls veut que le PS rompe avec les vieilles lunes socialistes; Pour cela il propose au parti d'Epinay un changement de nom. Sarkozy promet le même lifting sémantique à l'UMP, dès qu'il se sera emparé de la présidence. Marine Le Pen est sur la même ligne, au grand dam de son père. Curieuse coïncidence, qui témoigne une fois de plus d'un credo politique à bout de souffle dans les faits, et cherchant dans les mots l'improbable renouveau. Avec un parti national et un front socialiste, c'est vrai que l'intrigue se corserait peut-être, le temps furtif d'un quinquennat
Pendant ce temps, le chômage explose, la parlotte remplace la pensée, la controverse médiatique l'action et, en sous-mains, les Puissants rigolent et festoient. Le nouveau conseil d'administration des lobbys européens - celui de la dernière chance, dixit son président - a pris la tête de Bruxelles, comme on dit par métonymie. Brel serait sans doute tout étonné de voir ce qu'est devenu le titre de sa chanson, et combien on ne s'y promène plus guère, "le nez dans les étoiles", comme du temps de sa grand mère en crinoline. Fallait voir Jean-Claude Schulz et Martin Juncker (oui, c'est plus véridique en changeant les noms) s'auto-congratuler : l'un, chef de la Commission, l'autre du Parlement.
En France, Jean-Christophe Hamon et Benoit Cambadelis se jettent des noms d'oiseaux à la figure ; Alain Sarkozy et Nicolas Juppé se guettent à la sortie du bois. Même partie de cache cache entre Martine Valls et Manuel Aubry. Christiane Kosciusko-Morizet et Nathalie Taubira, sur le point de fusionner ! Changer les noms, n'est-ce pas, c'est organiser la révolution sémantique, le grand mensonge.
Entre personnes et personnages, comme au vaudeville quand la distribution est pourrie et le jeu mauvais, on ne sait plus bien qui est qui ni par où s'effrite le scénario. On se demande même ce qu'on fout là, et pourquoi diable on est entré dans ce mauvais théâtre. Pleuvait-il, dehors ? Avions-nous oublié nos clés ? S'ennuyait-on à ce point de soi ?
PS, FN, UMP, les lettres tournent, c'est comme au scrabble. Chaque parti cherche le nom qui lui rapportera le plus grand nombre de points à la prochaine donne. Dupont-Aignan a pris un tour d'avance sur tout le monde en troquant Debout la République pour Debout la France. DBR pour DBF. Vous allez voir que le Front de gauche va devenir le Rassemblement Mélenchon.
C'est l'époque qui veut ça. Le marketing politicien. Cette croyance presque magique dans le pouvoir fédérateur du sigle, dans la vertu de la signalétique, dans le chant du logo, comme une contrefaçon du Réel : la rose et le marteau, le bonnet phrygien de Marianne ou la flamme de Jeanne d'Arc, l'ombre de Jaurès contre celle de De Gaulle, etc, etc.
Entre ici Jean Moulin, Sors de ce corps Philippe Pétain : Tout va, tout vient, les fanions, les slogans sont usés, les symboles vidés de leurs contenus, à bout d'utilité sur la piste. En attendant le grand désastre, le dévoilement du grand chaos sur la grande fresque apocalyptique, ce n'est même plus de lettres ou de noms qu'il faudrait changer, mais d'alphabets : mais pour cela, même les plus jeunes d'entre nous se sentent déjà trop vieux.
Le grand rut de Lénine épuisé, Muzeum Zamoyskich w Kozłówce, Pologne
02:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : brel, bruxelles, lénine, changer de nom, sémantique, politique, partis, ps, fn, ump |
mercredi, 11 juin 2014
C'est qui, les populistes ?
Le président aura passé sa semaine les pieds dans les chrysanthèmes et la tête dans les commémorations, la bouche dans les éléments de langage et le ventre dans les dîners d’apparats. C’est ce qui s’appelle gouverner ! On constate paraît-il un frémissement de sa courbe dans les sondages. Il y a donc des gens de gauche pour aimer les pots de fleurs et les lieux communs. Pendant ce temps-là, d’autres gens s’inquiètent de l’avenir de l’UMP. Ils ont du temps à perdre. Car l’UMP, comme le PS, est une machine de guerre et de propagande, faite pour emporter à son tour les prochaines élections. Au pire, elle changera de nom. Mais la République a besoin de sa droite comme de sa gauche : Qu’on se souvienne de l’état du PS il y a cinq ans. Elle survivra.
La grande affaire politicienne dans l’hexagone, c’est donc le énième dérapage de Jean Marie Le Pen. Fournée, tournée, et hop, la machine est lancée. C’est vrai qu’on peut aujourd’hui, comme le font les Femen, se balader seins à l’air dans des églises et fracturer des autels sans soulever plus que ça l’indignation du gotha politique, mais un jeu de mot idiot faisant indirectement allusion à la Shoah à propos de Patrick Bruel, et certains élus se demandent s’il ne faut en appeler à l’arbitrage bruxellois. Est-ce bien raisonnable, tout ça ? Rama Yade, qui n’est pas encore présidente de l’insignifiant parti radical valoisien (qui connut jadis son heure de gloire) en appelle à la démission du vieux Le Pen. Le vieux, qui doit rigoler encore plus de son pavé dans la mare. A quatre-vingt cinq balais, ça entretient, faut dire !
D’Oradour sur Glane, Valls, le cœur battant, évoque des « murs criant dans le silence ». Toujours lyrique, faute d'être éloquent. Et il affirme d’un ton toujours nasillard qu’il« vise tous les fanatismes ». Euh… De quoi parle-t-il ? Des nazillons songent-ils à raser de nouveau des villages en France ? De quels « petits agitateurs vénéneux de la mémoire qui font mal à la France avec des mots perfides » cause-t-il à la tribune officielle ? De Le Pen ? Des imams en caves ? De Zemmour, Soral ou Dieudonné ? Des frères musulmans ? De Poutine ? Pas précis, le Manuel. Tous les fanatismes : Presque inquiétants, ce pluriel et cet indéfini dans lequel tout est enrobé. Français, le mal rôde. Je l’ai déjà déjà dit, je crois ce type plus dingue encore qu’Hollande ou Sarkozy. Il parle d’idéologies de mort « qui sont là, roderaient, embrigaderaient… ». De quelles idéologies de mort parle-t-il, en ce lieu si funèbre ? Du nazisme ? du salafisme ? De l’antisémitisme ? Du satanisme ? Inquiétant, ce petit Manuel. Délirant, avec tous ses amalgames. et son manichéisme primaire. Le mal à l'état pur, ce Valls, à tout mélanger comme ça. Se rend-il compte qu’il est premier ministre, et plus tribun en université d'été ?
En haut lieu on a, semble-t-il, décidé de nous faire vivre dans la division, l’inquiétude, la peur. « Tu es pauvre, fous la paix, planque toi devant ton écran, laisse les Grands diriger tes affaires et passionne toi pour la Coupe du Monde ». Ah les Bleus ! Pendant que les pauvres gens poireautent sur les quais de la SNCF en grève en se nourrissant de produits low-cost pour espérer partir en vacances au bout de l’année, ils s’envoient des selfies dans leur avion réservé. Les Bleus ! Et on prétend qu’ils représentent, eux, millionnaires protégés où qu’ils aillent par des cars de CRS, « le peuple ». Ce même peuple contre lequel on vitupère sans cesse (« populistes ! »), parce qu’il ne vote plus ou vote Le Pen ! On serait populiste quand on s’abstient ou quand on vote front national, mais pas quand on pousse les gens à regarder le foot à la télé en braillant comme des débiles, ou à danser en rond dans la rue, hystériques et peints en tricolores ? Le foot spectacle, ce ne serait donc pas du populisme…de la haute intellectualité, sans doute ?
Le foot, cache misère et cache impopularité
C’est quoi, c’est qui les populistes, Messieurs ? Non, je ne reconnais plus mon pays, ni dans ces discours gouvernementaux aussi cons-venus que cons-fus, ni dans cette bataille de petits chefs, de gauche à droite, qui pataugent dans la mare du moralisme républicain, ni dans cette déliquescence sociale, ni dans ce vide intellectuel qui fait d’une mauvaise boutade une affaire d’Etat. France, qu'as-tu fait de ton baptême, demanda un jour fort légitimement Jean Paul II. Mais on pourrait paraphraser le saint pape de multiples façons : France, qu'as-tu fait de ton industrie ? France, qu'as-tu fait de ta littérature ? France, qu'as-tu fait de ton peuple ? de tes élites ? de tes artistes ? Et surtout – mais ce serait véritablement ouvrir une boite de Pandore, France, qu'as-tu fait de ta raison ?
07:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pen, front national, valls, ump, ps, politique, coupe du monde, femen, rama yade |
lundi, 17 juin 2013
Barrage au front national
Harlem Désir est un fringant quinquagénaire qui ne voit pas le temps passer. A présent qu’il est Premier Secrétaire du PS, et que l’ancien est président de la République, il se croit encore au bureau national de l’UNEF-ID ou à celui de SOS Racisme. Il n’a pas vu le siècle changer, ni l’air du temps, et surfe sur le sillon d’un vieux vinyle de propagande rayé. Sitôt connu la claque de son parti, dimanche soir, le voilà donc reparti comme en quatorze 2002, à appeler à faire BARRAGE AU FRONT NATIONAL. Qui lui expliquera que le fleuve a coulé, et qu’il faudrait qu’ils sortent un jour, lui et ses potes, de leur étroit et si confortable cadre idéologique ?
Car ce qui est drôle, c’est qu’il ne se trouve plus face à un septuagénaire, ancien de la guerre d’Algérie, mais à un mec de 23 ans fils d’un agriculteur français d’Algérie, étudiant en BTS, et qui le regarde pour ce qu’il est - un vieux notable d’un autre siècle. Dans cette mascarade qu’est le discours politique aujourd’hui, certains n’ont pas craint d’entonner No Pasaran à Villeneuve le Lot, ressuscitant de vieux tubes tandis que le jeune loup bleu Marine se pointait dans la mairie, la bouche fendue jusqu’aux oreilles.
Le PS tient toutes les instances du pouvoir dans ce pays. Ses grisonnant(e)s notables sont installés partout. Ils ne sont plus que les gardiens frileux de l’ordre moral le plus désuet et de l’ordre économique le plus insupportable. Ils devraient, pendant qu’il en est encore temps, réfléchir sur (comme ils disent) le sort de la fameuse génération Mitterrand, laquelle arrive à maturité en ce moment, génération à laquelle appartient Etienne Bousquet-Cassagne (23 ans), qu’on nous présente comme une peste brune devant lequel le front républicain doit s’elever.
Pas seulement lui, d’ailleurs. Mais aussi Alexandre Dhaussy (22 ans), fils d’ingénieur IBM, devenu SDF après avoir quitté le pavillon paternel non loin de Rambouillet, converti à l’Islam radical depuis 2009, qui, le samedi 25 mai 2013 a tenté d’assassiner Cedric Cordier (23 ans), enrôlé soldat de 1ère classe du 4ème régiment des chasseurs de Gap.
Mais aussi François Noguier (22 ans), élève ingénieur aux Arts et Métiers, tué le 4 juin 2013, pour avoir refusé une cigarette à un jeune chômeur de 20 ans, d’origine nord africaine
Mais encore Clément Méric (18 ans), fils de deux professeurs de droit, étudiant à Sciences Po endoctriné chez les antifas, tué le 6 juin 2013, par Morillo Esteban (20 ans), fils d’un artisan émigré espagnol et d’une mère au foyer, employé de sécurité endoctriné chez les skinheads, lors d’une rixe dans une vente privée de maillots.
Issus de milieux sociaux antagonistes, porteurs de conditionnements différents, ils ne vivent pas dans les années 1930, mais 2013. Ils sont tous enfants de la crise, de la zone euro, du vieillissement, de l’endettement et de l’appauvrissement culturel de ce pays où il ne fait plus bon être jeune. On se souvient des dernières phrases, si ridicules, du moribond Mitterrand, le président qui fit voter Maastricht : « je croix aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas ». Alors qu'un guignol tente de ressusciter son ombre à l’Elysée en leur jetant à la figure le mariage gay, l'enseignement en anglais à l'université et la flexisécurité comme gages de normalité, on voit de quelles impasses se constitue son héritage pour la génération qui porte son nom, et qui commence à faire parler d’elle.
Et l’on se sent comme envahi de tristesse pour eux, et de mépris pour cette classe dirigeante à ce point illusionnée par ce qu'elle voit dans son rétroviseur, à ce point crispée, si bête et si bornée, et qui est en train de nous conduire, tous, dans le mur.
Vue pittoresque de Villeneuve-sur-Lot
08:13 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : harlem désir, ps, villeneuve-sur-lot, france, bousquet-cassagne |
dimanche, 13 janvier 2013
La loi de la zone
Ce qui est le plus irritant dans l’argumentaire des pro-mariages gays, c’est la fausse candeur avec laquelle il investit les notions de normalité et d’égalité, pour se prétendre porteurs d'une mesure non discriminante.
J’ai ainsi souvent entendu répéter sur les plateaux télé l’idée que les hétérosexuels ne pourraient prétendre être un modèle parental unique en raison des viols, des incestes, des maltraitances dont des parents biologiques se sont rendus coupables. Face à une telle situation, le parent normal serait celui qui ne se rend coupable d’aucun abus de pouvoir à l’égard de l’enfant, Et les clercs de ce mariage pour tous de sous entendre que des homosexuels ne pourraient tomber dans un tel travers, comme si ces nouveaux parents qu’on dit « sociaux » n’étaient pas eux non plus susceptibles de viols, d’incestes, de maltraitances : à proportion égale, les pervers existent chez les uns comme chez les autres, me semble-t-il, l’orientation sexuelle n’étant un gage de salubrité mentale ni dans un sens ni dans un autre. Voilà donc un premier argument, celui de la normalité, réfuté. Car cette normalité revendiquée n’est au fond qu’une normalité de comportement, qu’on tente de nous vendre, dans un tour de passe-passe rhétorique assez fumeux, pour une normalité de filiation.
Un autre argument avancé par ces clercs du « pour tous » relève de l’égalitarisme républicain. Le mariage pour tous mettrait fin à une discrimination en accordant à deux hommes ou deux femmes la capacité juridique d’être parents « comme les autres ». D’une part, s’il suffisait de légiférer pour abolir la discrimination, ça se saurait depuis longtemps. On peut d’ores et déjà parier que la reconnaissance d’un enfant par deux « parents » d’un même sexe se fera au détriment d’une autre discrimination commise à l’égard du parent naturel écarté. Et que dire, d’autre part, de la discrimination subie par l’enfant affublé de deux parents d’un même sexe au nom d’une volonté qui ne sera jamais la sienne.
Comme toujours, le sociétal sert ainsi d’alibi au social chez les gouvernants pseudo vertueux de cette gauche du renoncement. La réelle discrimination continuera évidemment d’exister entre les homosexuels riches et les homosexuels pauvres, comme entre les hétérosexuels riches et les hétérosexuels pauvres. Car la seule discrimination est économique, tout le monde semble l’avoir oublié. Endormis par de beaux discours, dans une société de plus en plus procédurière au fur et à mesure qu’elle se prétendra plus permissive (les gens qui ont inventé l’Europe actuelle l’ont appelée zone, et je trouve l’expression adéquate), on feindra de croire au progrès et on se revendiquera de la culture humaniste. Ah ah ah ! Avocats, notaires et psychiatres s’en frottent déjà les mains.
Car l’affaire est pliée, c’est sûr, le pouvoir socialiste qui tient le pays ayant besoin de cette loi pour s’auto proclamer de gauche : Les Etats imposent leurs diktats, et les peuples sevrés de leur histoire se croient libres quand ils ne sont qu'ivres de propagande. Combien de temps encore serons-nous condamnés à subir tous les amalgames et les renoncements idéologiques induits par cette zone ? Nul ne le sait. Une chose est sure : la loi de la zone est aussi indigente à penser que terne à regarder...
Fellini, Satyricon
10:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : manif pour tous, mariage pour tous, mairage gay, france, politique, ps, fellini |
mardi, 01 mai 2012
Bérégovoy : Derniers sursauts du romanesque
Un romanesque à la Simenon, presque trop criard : ce canal où flotte de la brume, ce camping non loin, dont les discours fleurent bon encore les comices agricoles flaubertiens, la haute silhouette des arbres de Nevers, cette province toute modelée à l’ancienne, où tout chemine lentement, d’une part ; et d’autre part l’or et les scandales des palais de la République, les ponts et les quais striés des lueurs de la capitale, où siègent dans la nuit les silhouettes des bâtisses des chaînes de télés et de radios, des ministères et des banques et, pour faire le lien entre ces deux contrées que tout paraît opposer - la province et la capitale - , une voiture de fonction dont la boite à gants recèle une arme de fonction, roulant à toute vitesse sur des bretelles d’autoroutes quasi désertes d’une part, d’autre part un hélicoptère rapatriant à l’heure du vingt heures le cadavre encore chaud d’un ancien premier ministre au crâne fracassé, de l’hôpital de Nevers où les médecins sont silencieux à celui du Val de Grâce où les médecins se taisent, comme dans une série d’Urgences : un romanesque décalé, pourtant. Un romanesque fané, même, auquel on fait mine de ne plus se prêter. Un romanesque dont plus personne ne veut. Car 1993, ce n’est pas seulement la fin du roman de la rose, c’est également la fin du roman d’un siècle et de celui de la souveraineté d’un pays ; sous ce régime mitterrandien en pleine décomposition, la fin non romanesque d’un peuple, pour faire court.
En d’autres temps, en d’autres lieux, cette affaire Bérégovoy aurait suscité davantage d’engouement et provoqué de franches polémiques au sein de ce même peuple. Mais la France de 1993, déjà abrutie, déjà abâtardie, ne bronche pas. Ne bronche plus. La France de 1993 a déjà tourné sa page Simenon et laisse sur les canaux de Nevers flotter de la brume qui demeure silencieuse; vers un siècle qui arrive à grand pas, la France de 1993 est toute arcboutée, toute tendue ; les affairistes pullulent et le silence est la loi de ce triste fin de règne. Vite. Comme elle a depuis longtemps pollué ses rivières, vendu ses paysans et liquidé une bonne partie de son patrimoine, la France de 1993 se fout de Bérégovoy comme elle se fout de Simenon, tous deux d’un autre siècle, déjà, pour ne pas dire d’une autre civilisation. Vite. Drapée dans son émotion à l’heure du petit noir, l’opinion publique se contente d’un mensonge proprement présenté par les manchettes des journaux de la cohabitation : Dans ce pays fatigué, cette opinion n’a pas plus d’intelligence que la fumée qui flotte sur les canaux de Nevers, guère plus de consistance que celle qui s’échappe de la pipe de Maigret – pardon, de Bruno Crémer jouant Maigret. Vite. Tout le monde sent bien qu’un mensonge latent entoure cette mort, comme tout le monde en sentira un autre entourer bientôt celle de Grossouvre à l'Elysée. Mais tout le monde a bien d’autres chats à fouetter. 1993, cela fait presque vingt ans que le chômage et que la crise économique sévissent. Alors, passé le week-end du Premier mai, la mort de Bérégovoy indiffère assez vite. La mort de Bérégovoy, malgré son romanesque flagrant, ne réveille pas le pays. Et c’est bien cela, le pire. Le vrai drame. Le vrai assassinat ou le vrai suicide, comme on l’entend : car quinze ans plus tard, la mort de Bérégovoy laisse entrevoir à quel point, dans un pays jadis si littéraire, tout romanesque est désormais d’un autre siècle. Ainsi va, ainsi file, désormais, le monde. A rebours du romanesque, ou du cadavre de sa lenteur « suicidé ». Vite.
NB. Ce billet est une ré-édition du 4 mai 2008. En cette période d'étrange renaissance socialiste, le relire n'est pas indifférent.
09:37 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : bérégovoy, littérature, simenon, ps, politique, maigret |
jeudi, 05 avril 2012
Le salaire du président
C’est la famille recomposée dans toute sa gloire. Avec Hollande et Royal à Rennes, les journaleux nous entretiennent d’une « superbe affiche », un peu comme si l’OM et le PSG s’étaient réconciliés. François et Ségolène craignent si peu le ridicule qu’ils en seraient presque touchants dans ce story-telling à deux francs six sous qu’est la conquête de l’Elysée version 2012. C'est le fifils Thomas qui a dû verser sa larme en les regardant. Si c'est pas du bling-bling carla brunesque digne d'une série TF1, tout ça...
Outre cette pitrerie, la journée fut marquée, nous dit-on, par l’annonce de la première mesure de Hollande, sitôt installé dans le bureau de son méchant prédécesseur : baisser son salaire et celui de ses ministres de 30%. Et vlan, ça c'est de la justice sociale et du dévouement (dénuement). Voilà qui va réjouir le cœur de tous les pauvres revanchards et mettre du beurre dans leurs épinards. C'est du socialisme ou je ne m'y connais pas. Des pauvres revanchards, ça peut servir par les temps qui courent, y'en a plein les bureaux de vote.
Une anecdote à ce sujet : je discutais hier matin avec une collègue «de gôche» (y’en a plein dans l’éducation nationale, que c’est pitié!) de la mort de Richard Descoings et lui faisait remarquer qu’on n’entendait guère les Martel, Demorand, Domenech et autres Barbier qui s'insurgèrent contre le salaire de Sarkozy protester contre « l’indécent salaire » du directeur de sciences po (24 000 euros net plus une prime variable par mois) quand celui du président de la République, objet de tant de polémiques, était de 19 000…par mois. Tu plaisantes, s’indigna-t-elle, celui de Sarko est de 190 000 par mois… J’eus beau lui dire que non, le président n'était pas footballeur ni Dany Boom, elle vérifia sur son iphone et dut admettre qu’en effet le directeur de sciences po gagnait plus que le président de la république dont elle avait multiplié par dix le salaire en imagination…
Cette anecdote pour souligner les fantasmes qui galopent dans l’esprit des gens. Pour moi, que la première mesure de Hollande concerne ce fantasme me révèle trois choses sur le bonhomme :
- son habileté relative à enfumer les gens en se faisant passer pour plus humble ou plus modeste que l'immooonde Sarko, ainsi que la piètre estime dans laquelle il tient de fait ce « peuple de gauche » si prompt à avaler la moindre de ses couleuvres (remarquez, il semble avoir raison de les prendre pour des c…, non ?)
- le fait qu’il n’ait plus trop besoin de pognon, lui, faisant partie des nantis de gauche qui payent l’impôt sur la fortune depuis longtemps comme ses potes sénateurs, présidents de région, comme DSK, Descoings et autres. Si ça continue ils vont bientôt enfiler des salopettes bleues en distribuant leurs tracts rose-fushia sur les marchés....
- son ambition très sarkozienne, in fine : le Paris de Henri IV valait bien une messe, celui de Hollande vaudrait bien une ristourne de salaire, d’autant qu’il a sans doute déjà trouvé le moyen de remédier à ce manque à gagner par un système de primes. Vous savez bien, contribuables, que l’Etat est une bonne mère…
05:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : ségolène royal, françois hollande, ps, richard descoings, politique, société, rennes |
lundi, 13 février 2012
Le torchon brûle
Tandis que le candidat du PS, avec sa gueule de monsieur Homais et son « rêve français » tente d’investir je ne sais quel « pôle républicain », tandis que le candidat président, avec sa gueule de hussard et son « combat pour les valeurs » part en chasse sur « les terres du front national », il est des images qu’on ne peut ni cacher ni montrer : celles de la réalité des incendies à Athènes, ceux qui sont spontanés comme ceux qui sont provoqués. On ne peut les cacher, on les montre donc, furtivement, entre deux actualités, le « froid polaire » et les agitations des sieurs Hollande et Sarkozy qui s’en vont en campagne, comptant sur ces deux non-événements pour détourner l’attention du torchon qui brûle.
Cela n’empêche pas, évidemment, le torchon de brûler.
07:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, ps, sarkozy, hollande, athènes, grèce, crise de la dette, euros |
samedi, 04 février 2012
Vote utile et double contrainte
Les effets de l'injonction paradoxale dans l’interaction humaine ont été décrits par Paul Watzlawick dans le chapitre 6 de Une logique de la communication, titré « La communication paradoxale ». C’est là que s’élabore la fameuse théorie de la double contrainte, popularisée par le Collège invisible de Palo Alto.
Il y explique que la double contrainte se manifeste dès lors que dans une relation intense entre un destinateur et un destinataire, un message est émis de telle sorte que :
- Il affirme quelque chose
- Il affirme quelque chose sur sa propre affirmation
- Ces deux affirmations s’excluent
Pour que la double contrainte soit portée à un effet maximal, il faut que le récepteur du message soit placé dans l’impossibilité de sortir du cadre fixé par le message, soit par une métacommunication critique, soit par le repli. De sorte que celui qui se risque à dénoncer la double contrainte soit sanctionné en passant pour une sorte de méchant ou de fou.
Ce qu'affirme l'image et ce qu'affirme la légende s'excluent mutuellement.
En appliquant cette analyse à la campagne éléctorale qui se met en place, on s’amusera ici à débusquer la façon dont cette stratégie est bien présente à plusieurs niveaux dans les messages qui sont proposés aux électeurs par les différents candidats.
On commencera par un message particulièrement pervers envoyé par les deux principaux, ceux qui sont censés – au nom d’une sorte de droit de cuissage républicain- se trouver de droit au second tour : celui du vote utile.
La notion de vote utile est utilisée à gauche comme à droite en référence au résultat prétendument tragique du 21 avril 2002 et à la propagande médiatique qui a suivi pour le dramatiser dans l’opinion publique
Elle joue sur cette notion de double contrainte parce qu’elle enferme dans une sorte de culpabilité les électeurs peu convaincus par la capacité des candidats officiels de l’UMP ou du PS à représenter qui la droite, qui la gauche (1), et enclins à utiliser le premier tour pour le faire savoir, dans le discours d’une apparente stratégie qui les conduiraient in fine à plébisciter par deux fois le candidat qui n’est pas à l’origine celui de leur choix, à l’inscrire définitivement dans la connotation « de droite » ou « de gauche » censée être la sienne, et à le plébisciter de la scandaleuse façon dont le fut Jacques Chirac, dont le score en vérité dérisoire fut digne d’un Napoléon III de la Cinquième République.
L’électeur se trouve dans ce cas de figure contraint de voter pour un candidat officiel non pas parce le message de son programme le convainc (il affirmerait quelque chose), mais parce on lui dit qu’il est utile par défaut qu’il s’en contente. (affirmation sur la première affirmation créant l’injonction paradoxale).
Contraint de voter pour un candidat qui n’est pas vraiment le sien au premier tour et pour « le moins pire » au second, l’électeur se trouve ainsi enfermé dans un ultimatum électoral qui n’a, si on regarde de près le processus, plus grand chose de démocratique, mais dont la propagande médiatique lui dira qu’il participé à « la Victoire » ou à « l’Histoire » en étant un « bon citoyen ».
Deux seules façons de s’échapper de cette double contrainte aliénante, soit métacommuniquer, soit fuir : dénoncer publiquement l’imposture ou ne pas voter. Dans les deux cas en effet, les sectateurs zélés qui défendent « le parti » ne manqueront pas de lui dire qu’il est soit un « méchant », soit un « fou »
(1) Signifiés il faut bien le reconnaitre de plus en plus abscons
13:06 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, ps, ump, palo alto, double contrainte, vote utile |