lundi, 17 juin 2013
Barrage au front national
Harlem Désir est un fringant quinquagénaire qui ne voit pas le temps passer. A présent qu’il est Premier Secrétaire du PS, et que l’ancien est président de la République, il se croit encore au bureau national de l’UNEF-ID ou à celui de SOS Racisme. Il n’a pas vu le siècle changer, ni l’air du temps, et surfe sur le sillon d’un vieux vinyle de propagande rayé. Sitôt connu la claque de son parti, dimanche soir, le voilà donc reparti comme en quatorze 2002, à appeler à faire BARRAGE AU FRONT NATIONAL. Qui lui expliquera que le fleuve a coulé, et qu’il faudrait qu’ils sortent un jour, lui et ses potes, de leur étroit et si confortable cadre idéologique ?
Car ce qui est drôle, c’est qu’il ne se trouve plus face à un septuagénaire, ancien de la guerre d’Algérie, mais à un mec de 23 ans fils d’un agriculteur français d’Algérie, étudiant en BTS, et qui le regarde pour ce qu’il est - un vieux notable d’un autre siècle. Dans cette mascarade qu’est le discours politique aujourd’hui, certains n’ont pas craint d’entonner No Pasaran à Villeneuve le Lot, ressuscitant de vieux tubes tandis que le jeune loup bleu Marine se pointait dans la mairie, la bouche fendue jusqu’aux oreilles.
Le PS tient toutes les instances du pouvoir dans ce pays. Ses grisonnant(e)s notables sont installés partout. Ils ne sont plus que les gardiens frileux de l’ordre moral le plus désuet et de l’ordre économique le plus insupportable. Ils devraient, pendant qu’il en est encore temps, réfléchir sur (comme ils disent) le sort de la fameuse génération Mitterrand, laquelle arrive à maturité en ce moment, génération à laquelle appartient Etienne Bousquet-Cassagne (23 ans), qu’on nous présente comme une peste brune devant lequel le front républicain doit s’elever.
Pas seulement lui, d’ailleurs. Mais aussi Alexandre Dhaussy (22 ans), fils d’ingénieur IBM, devenu SDF après avoir quitté le pavillon paternel non loin de Rambouillet, converti à l’Islam radical depuis 2009, qui, le samedi 25 mai 2013 a tenté d’assassiner Cedric Cordier (23 ans), enrôlé soldat de 1ère classe du 4ème régiment des chasseurs de Gap.
Mais aussi François Noguier (22 ans), élève ingénieur aux Arts et Métiers, tué le 4 juin 2013, pour avoir refusé une cigarette à un jeune chômeur de 20 ans, d’origine nord africaine
Mais encore Clément Méric (18 ans), fils de deux professeurs de droit, étudiant à Sciences Po endoctriné chez les antifas, tué le 6 juin 2013, par Morillo Esteban (20 ans), fils d’un artisan émigré espagnol et d’une mère au foyer, employé de sécurité endoctriné chez les skinheads, lors d’une rixe dans une vente privée de maillots.
Issus de milieux sociaux antagonistes, porteurs de conditionnements différents, ils ne vivent pas dans les années 1930, mais 2013. Ils sont tous enfants de la crise, de la zone euro, du vieillissement, de l’endettement et de l’appauvrissement culturel de ce pays où il ne fait plus bon être jeune. On se souvient des dernières phrases, si ridicules, du moribond Mitterrand, le président qui fit voter Maastricht : « je croix aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas ». Alors qu'un guignol tente de ressusciter son ombre à l’Elysée en leur jetant à la figure le mariage gay, l'enseignement en anglais à l'université et la flexisécurité comme gages de normalité, on voit de quelles impasses se constitue son héritage pour la génération qui porte son nom, et qui commence à faire parler d’elle.
Et l’on se sent comme envahi de tristesse pour eux, et de mépris pour cette classe dirigeante à ce point illusionnée par ce qu'elle voit dans son rétroviseur, à ce point crispée, si bête et si bornée, et qui est en train de nous conduire, tous, dans le mur.
Vue pittoresque de Villeneuve-sur-Lot
08:13 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : harlem désir, ps, villeneuve-sur-lot, france, bousquet-cassagne |
Commentaires
L'indignation ostentatoire de certains électeurs, suite à ce résultat, m'a beaucoup choqué.
Écrit par : Jérémie S. | mardi, 18 juin 2013
Ce qui me choque, c'est cette banalisation du FN, ce qui ne nous annonce pas des "lendemains qui chantent".
Écrit par : Julie des Hauts | dimanche, 23 juin 2013
Moi la banalisation du FN ne me choque pas. Et ce pour une raison très simple: elle est le corollaire de la banalisation (ou plutôt de la propagande, ce qui revient au même), par les pseudo élites gouvernantes du PS et de l'UMP, de la mondialisation libérale et de l'abandon du rôle protecteur de la nation : monnaie, frontière, et à présent souveraineté linguistique dans les universités. Sans compter tous les renoncements sociaux qui vont avec.
Voilà ce qu'est l'héritage français des leaders catastrophiques que nous avons eu depuis Pompidou et Giscard, pas un ne relevant l'autre jusqu'au plus ridicule, le pingouin actuel qui visite le Qatar avec sa concubine et son "premier flic" ces jours-ci. Une démission totale. Et sur le plan culturel, mieux vaut pas en parler.
Dans la zone euro merdique et en crise que ces bâtards ont tous soutenue, étonnez-vous qu'à vingt ans, avec les taux de chômage et l'avenir radieux qu'on leur promet, l'engagement ne se pense plus à droite ou à gauche de cette gigantesque collaboration, sauf pour les "fils de", mais sur un front simplement national....
Écrit par : solko | dimanche, 23 juin 2013
Point de vue intéressant…
mais n'insultez pas Guignol !
Écrit par : FOurs | jeudi, 27 juin 2013
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