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jeudi, 24 juillet 2008

Frais de poudre aux yeux

Voici le détail de la note de frais de la réception officielle de Napoléon III à Lyon, en 1860  (publiée par Le Petit Lyonnais en 1877) :

 

Décoration, tapisseries, pavoisage

66.000 fr
Illuminations, éclairage 40.000
Feu d’artifice 15.000
Frais de banquet 15.000
Logement des équipages 35.000
Sablage des rues 50.000
Eau de Cologne, parfumerie 21.000
Distribution au bureau de bienfaisance 30.000

Commentaire de Louis Maynard, qui rapporte le document dans son Dictionnaire de Lyonnaiseries ( tome 3, article Napoléon III) :  50.000 francs de sable, pour l’époque, ça n’était dejà pas mal ! Mais que dire de 21.000 francs d’eau de Cologne   J’en demeure rêveur… Malgré les discours de façade, à la suite des débordements de Rachida Dati en la matière, que dirait-il devant le détail de la réception de plusieurs dizaines de chefs d’Etat, à Paris, le 14 juillet 2008 ? Et quel Petit Lyonnais bien informé saura nous dire, au final, à combien s'élèveront, sous ce quinquennat, les frais de poudre aux yeux ?

 

22:05 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : histoire, politique, napoléon3, lyon, sarkozy, ump, gouvernement | | |

dimanche, 20 juillet 2008

Lyon Villeurbanne, même combat ?

Sur son propre blog, Romain Blachier soulève la question du rattachement de Villeurbanne et de Lyon. C'est vrai que tout natif ou habitant de l'une ou l'autre commune s'est forcément un jour dans sa vie, en longeant l'une ou l'autre des rues grâce auxquelles on passe, sans s'en rendre compte, de l'une à l'autre cité, posé la question. Villeurbanne, cité autonome, ou enclavée ? Dans le tome III de son histoire de Lyon, l'historien Kleinclausz rappelle deux trois faits : tout d'abord, le décret de rattachement au Rhône des communes de Bron, Vaulx, Vénissieux et Villeurbanne date de 1852. Il est donc contemporain de l’annexion à Lyon des faubourgs de la Croix-Rousse, Vaise et la Guillotière, même si ce ne sont pas les mêmes intérêts politiques qui sont à l'origine. Car dans le dernier cas, Napoléon III souhaitait neutraliser la ville de Lyon, à laquelle d'ailleurs il ôtait sa liberté municipale. La question de son extension sur la rive gauche du Rhône est d'une autre nature.

Le mouvement d’absorption des communes environnantes aurait pu se poursuivre, comme ce fut le cas, par exemple à Marseille. Les cités satellites se rattachent alors, un peu partout, en raison notamment des reseaux de tramways contemporains.  En 1874, le préfet Ducros mit à l’étude 2 projets en ce sens, dont un prévoyant l’annexion, à l’Est,  de toute la commune de Villeurbanne, d’une partie de Vénissieux. Le but était très mercantile, puisqu'il s'agissait de surveiller les droits d'octroi. Mais les édiles lyonnais hésitèrent. Affaire de gros sous :  A Villleurbanne, en effet, trop de travaux étaient à réaliser : percement de nombreuses rues, pavage et éclairage de toute la voierie, égouts à installer. Le président de la Commission, un nommé Ducruet, cite l’exemple de la Guillotière qui, depuis vingt ans, «a plus couté que rapporté». Un tel argument atténue les ardeurs. Et clôt les débats.

Le maire Augagneur remet l'affaire sur le tapis en 1903. Constatant que le centre de Lyon commence à se dépeupler au profit de la périphérie, il craint les fuites hors de la « ville-mère » des établissements industriels et commerciaux, sources bien évidentes de contributions. Déjà à l'époque, le contribuable lyonnais se plaignait d'être plus chargé que celui des communes de banlieue. Le principal argument du maire Augagneur est que la ligne de démarcation entre Lyon et Villeurbanne n’est déjà plus très sensible ; au parc de la Tête d’or, une simple rangée de hêtres… La commission fut, cette fois-ci, favorable. Les élus lyonnais, discernant plus clairement ce que supposait l'extension de leur ville étaient même près à moins se plaindre de l'accroissement des charges qui risquait d'en découler. Mais les villeurbannais, animés par un fort sentiment d’appartenance de classe, et au nom d’une tradition ouvrière déjà vivace, protestèrent vigoureusement contre le « Lugduni Dictator ». Vainement, les partisans de l'annexion firent valoir qu'il ne s'agissait plus que consacrer un fait acquis, en vue d'une collaboration plus féconde... Le 17 janvier 1906, Augagneur ayant quitté la mairie de Lyon, le projet de loi sur le point d'être présenté aux députés fut retiré. Il est vrai qu'Herriot, comme on disait alors "laissa faire".

A partir de ce jour, on considéra que la spécificité lyonnaise (au contraire de la marseillaise) était de suivre la logique de l'agglomération plus que celle de l'annexion. Le complexe urbain a ainsi traversé le XXème siècle et les lyonnais ont dû se résoudre à ce que Marseille devînt la deuxième ville de France (vieux débat) en avalant toutes ses banlieues, tandis que Lyon formait la deuxième agglomération urbaine en conservant les siennes. Même si l'antagonisme Lyon / Villeurbanne ne fut jamais aussi fort que celui entre Lyon et Saint-Etienne, il est certain qu'il se joua sur une opposition entre culture ouvrière & culture bourgeoise. Le clivage politique entre les deux villes fut ainsi très marqué : j'imagine mal Hernu, par exemple, en fervent défenseur de l'annexion...  Les temps ont changé. A prèsent, il faudrait demander à Christian Schiaretti s'il a, comme jadis le vosgien Maurice Pottecher, le sentiment d'être à la tête d'un théâtre vraiment populaire ou plutôt d'une scène dont le public est très boboïsé... Je ne suis pas au fait des tambouilles municipales, mais je sais que la venue du TNP à Villeurbanne a expliqué un certain temps le fait que la municipalité lyonnaise se soit détournée du théâtre au profit de l'opéra et de la danse. Je crois que les deux municipalités ont, de mandats en mandats, tissé des compromis assez subtils, souvent tacites, qu'une "fusion" aurait le mérite de faire voler en éclat. D'un autre côté, quand on regarde l'Histoire, on voit que les "intérêts" traditionnels liés à ladite fusion, ont disparu, puisque le développement du tissu urbain s'est déroulé comme si...  Mais bon. Je ne crois pas que l'habitant-lambda garde en tête ce genre de préoccupations, encore que tout soit possible. Qu'en pensez-vous  ?

10:28 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lyon, villeurbanne, politique, société | | |

jeudi, 17 juillet 2008

Le neveu de Rameau

Une bonne nouvelle : il y a un spectacle digne d'intérêt à Avignon. Le metteur en scène, Ivo van Hove, est néerlandais et Pascal Adam est un peu sévère avec la "création" française, encore que.... A Lyon, il faut se contenter des pauvretés du pseudo-festival  "Tout l'monde dehors". Je me souviens d'une élue se réjouissant sous les ors des salons de l'Hotel de Ville du fait que cette manifestation, ma foi tristement lyonnaise, avait selon elle atteint la notoriété du Off d'Avignon ! J'osais penser qu'elle plaisantait, mais bon....  A Lyon, tout est possible.

Moimages.jpgn dernier rêve théâtral, c'eut été de monter Le neveu de Rameau avec Mickaël Youn et Bernard Kouchner. Vous ne trouvez pas que, plus jeune, avec une petite perruque, ce dernier aurait eu un bon petit air de Diderot ? Quant à Mickael Youn, depuis que je l'ai vu imiter le fox terrier en rut contre les mollets du figé Fogiel, le tout en direct, j'étais convaincu qu'il aurait fait un LUI prodigieux, plutôt que ses pitreries pas toujours de bon goût. Ah, le dialogue sur la vanité dans le Neveu ! Et la pantomime des gueux ! Terriblement contemporain, tout cela.... Mais bon. Vanité oblige, Bernard a trouvé qu'il avait mieux à faire en devenant Le neveu de Sarko. La pantomime des gueux, il la danse donc au premier degré, sur la scène du vrai monde ; la vraie scène a perdu quelque chose, mais la diplomatie se réjouit. Kouchner s'étant poudré la figure, du coup, Youn s'est désisté. Voilà comme capote un projet qui aurait emballé la France entière pendant une bonne saison. On aurait joué ça à Gerland, par exemple, pour faire la nique à Hossein et à son Stade de France.

A propos de Gerland, il parait qu'on vient de retaper toute la pelouse. La dernière fois, c'était en janvier 2007 et ça avait coûté 140 000 euros Cette fois-ci, il y en a pour 730 000 euros, mais la rénovation sera, jure-t-on du côté de l'OL plus durable car on a placé deux couches de gravier pour un meilleur drainage des eaux de pluie. A ce tarif ça fait cher le morceau de gravier et le brin d'herbe, trouvez-pas, les contribuables ? Claude Puel aura intérêt à faire mieux qu'Alain Perrin, et les Benzema et consorts intérêt de marquer un peu plus de buts qu'à l'Euro. Je me demande ce que le Neveu de Rameau aurait pensé de tout ça, lui. Rien sans doute ! Que ceux qui ramassent de l'argent à regonfle avec la misère des pauvres gens ont raison de sucer le micro ou de taper dans le ballon, tant que ça rapporte ! L'époque veut donc qu'on soit philosophe...  Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude...  Allez, si pour mon adaptation du Neveu, on rechigne à me donner la pelouse de Gerland, je serai pas chien, je me contenterai des pavés de la Cour du palais des Papes...

21:15 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : théâtre, avignon, gerland, littérature, lyon, humour | | |

dimanche, 13 juillet 2008

La Blogonews 2

SOCIÉTÉ – La ville de Lyon a voté avant-hier en conseil municipal une délibération accordant à Google le marché de la numérisation du fond ancien de la bibliothèque municipale de la Part Dieu : cette dernière possède le fond le plus important en France, après la Bibliothèque nationale de France. Un marché gratuit - Google prenant en charge les frais (exorbitants) de numérisation contre la mise à disposition du fond pour les internautes. C'est une première en France. Dans son blog, Feuilly soulève la question de savoir qui choisira le catalogue mis en ligne : les bibliothécaires de la Part-Dieu ou les Américains ? Nizier de Puitspelu gogolisé risque d'y perdre son latin, tout comme Léon Boitel et sa Revue du Lyonnais. Monsieur Josse va naviguer sur les autoroutes de la pensée, ce qui laisse sans voix Mami Buplateau  Autre nouvelle de conséquence : la ville de Lyon connait "une formidable évolution urbaine" parce qu'on vient d'inaugurer un gymnase à la Duchère, où "les habitants, dixit le maire de Lyon, sont heureux de vivre ensemble" et qu'on a posé, dans le quartier " La Confluence" la première pierre du futur siège de la région Rhône Alpes. On ne sait pas si, dans cet autre quartier, les habitants sont heureux de vivre ensemble... Témoignage d'une vieille dame à méditer, une vieille pas si pas si indigne que ça, sur le blog de Trublyonne....

Enfin, c'est bientôt le quatorze juillet. Un week-end excellent pour bouquiner, donc. Pourquoi pas un Calaferte, dont je rappelle ( voir billet précedent) que sans l'existence du 2 mai 1994, il aurait octante années lundi matin... Lire Calaferte, pour oublier qu'une folle qui fait du catéchisme à deux balles au fond des grottes va être décorée de la Légion d'honneur par un pantin...

jeudi, 10 juillet 2008

Le Bât d'Argent (Joseph Jolinon)

 « Moins de dignité, un peu plus de fric » : La formule résume la triple crise, économique, morale  et religieuse, qui cingle de plein fouet la bourgeoisie lyonnaise au cours des années trente, et dont témoigne le cycle des trois romans que le romancier Joseph Jolinon consacre à la décomposition d’une famille, les Debeaudemont. La question romanesque de la transmission (celle de l’argent, celles des sentiments, des comportements, des valeurs) est au centre crucial des enjeux sur lesquels reposent les intrigues entremêlées : Tout comme la mère, fille de financiers « apparentée à ce que Lyon compte de bourgeoisie ancienne restée pure de mésalliance », a tenté comme elle le pouvait, durant les deux premiers tomes, de concilier adultère et catholicisme,  le fils va longtemps hésiter entre sa passion, qu'il croit sincère, pour une dactylo de la Guillotière et la dot, qu'il sait nécessaire, que lui tend un des partis les plus intéressants de la ville :

 "Les heures se succèdent, sonnées avec lenteur par les églises de la ville ancienne, aux cloches différentes, éveillant les souvenirs de combien de générations retournées en poussière, parmi lesquelles combien de fils de familles tombés dans les bras de filles du peuple ! Pathétiques nuits lyonnaises au bord de la Saône au calme plat, fenêtres closes et feux éteints, toutes barques amarrées Nuits en mouvement perpétuel d'eau qui coule des collines et des brumes qui renaissent pour s'évanouir, vouées à la vie secrète"

Quant au père, on sait depuis la fin de L'Arbre sec qu'il a fini suicidé dans la Saône.  A la fin de ce tome III (Le Bât d’Argent), son digne rejeton qui finit marié à une femme qu'il n'aime pas s’exclame :  « ça m’est égal,, pourvu que ça dure autant que moi » : Moi ! Tel sera donc le mot de la fin de la trilogie, et on sait combien, dans un roman bien ficelé, ce dernier mot compte. Comment mieux mettre l’accent sur cette montée en puissance des divers individualismes qui structurent l’ensemble des conflits présents, conflits que ni l’époque ni la ville n’ont les moyens d’absorber ? La scène durant laquelle est estimée à son juste pesant d’or la valeur de l’héritage qui a survécu aux affres de quatorze-dix-huit,  mille neuf cent dix-sept et mille neuf cent vingt-neuf est, à ce titre, éloquente :

« Emprunt de l’Etat Russe, à quatre et demi Obligations de cinq cent francs...

-          Combien ?

-          Cent soixante.

-          Quatre-vingt mille francs qu’il a mis là ! Une part de la dot de ta mère Ca vaut quinze cents francs le tout, à l’heure actuelle. C’est quand même foutant ! Continue !

-          Cinquante emprunts à Saint-Pétersbourg, 1912

-          Même chose. Passons !

-          Brazil Railway Company, six pour cent, 1913. Vingt obligations ...

-          Ce n’est plus côté depuis cinq ans il y a un procès… »

Cela se poursuit durant des pages : moment pathétique durant lequel le Bât d’Argent, point encore absolument vide, se découvre tout de même pathétiquement bien entamé : « La génération qui borde le ciel de nuées tragiques n’est pas celle qui reçoit l’averse », en conclut le fils de famille  à une autre page du roman. Belle formule, et comme vouée à être répétée fort amèrement par chaque génération qui suit l'autre : « Tout nous dit que nous ne vieillirons pas comme vous, derrière des banques et des frontières barbelées, jouissant à loisir du droit de cultiver les arts, de gominer nos phrases et nos cheveux blancs ». Tandis, donc, que le fils se console dans les bras de sa maîtresse, une fille du faubourg avec lequel il apprend durant quelques jours à regarder le monde d’en bas, et pour laquelle il vendra tout de même, avant qu'elle ne meure, "la moitié de son paquet de titres", sa digne mère - à qui tout le monde répète que le deuil lui va bien - contemple inlassablement des paysages :  « Que de laideurs démocratiques », soupire tristement la dame de Lyon, sur le point d’arranger le mariage du dernier représentant des Debeaudemont  du haut du fort de Loyasse,  «que de laideurs », comme « une offense à sa jeunesse »,  «les  jardins ouvriers »  et  «les habitations à bon marché » qui fleurissent et sur la colline et la défigurent...

Avec ce mariage final, chacun peut penser que tout va rentrer dans l’ordre, la loi voulant que 1934 suive harmonieusement 1933, lequel se serait en toute simplicité substitué à 31-32, avec la même allégresse qu'un pas de danse sur un parquet ciré ; le père aurait remplacé le fils et la dame de Lyon pourrait retourner prier à Fourvière en compagnie de sa bru, en toute tranquillité. Mais le romancier nous rappelle discrètement qu'entre 1931 et 1935, des événements se sont déroulés en Europe : mines qu'il dépose, en quelque sorte, les pas de personnages moins avertis qu'il ne l'est. On comprend que ce mariage sera le commencement d'une autre dégringolade.

Certes, Joseph Jolinon n'a pas ce style claironnant, parfois flamboyant qu'on reconnait - et moi le premier - à Henri Béraud. C'est un auteur au verbe plus neutre, qui décline son phrasé un ton en-dessous. Il a cependant une façon malicieuse de travailler le cliché, en artisan de la langue conscient et soucieux du bel ouvrage. Cliché, mis au service de la lucidité. La critique de l'époque l'a souvent comparé à Montherlant (en raison, sans doute, de son discours récurrent sur l'avènement du sport). Ce qui m'intéresse chez lui, c'est sa façon de tirer un parti romanesque de la crise insoluble que traverse la société bourgeoise des années trente. Avec cette trilogie qui mériterait une réédition, il brisait, pour ses contemporains qui se croyaient "à l'abri", une illusion très vivace dans la France de son temps - et qui l'est certainement dans celle du nôtre  : celle  qu’on pourrait, au nom du droit magique que confère la "mondanité", échapper aux violences des remous de l’Histoire, au nom des droits de l'homme et de ceux du chrétien, court-circuiter comme par enchantement ceux, toujours prégnants en littérature et ailleurs, du Destin.

 

 

 

19:32 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, jolinon, lyon, roman, romans, culture | | |

mercredi, 09 juillet 2008

L'Arbre sec (Joseph Jolinon)

L'Arbre sec : Deuxième volet de la trilogie consacrée à la famille Debeaudemont, qui fait suite à Dame de Lyon. L'Arbre sec, c'est d'abord le nom d'une rue du centre-ville; d'après le   dictionnaire des rues de Lyon de Brun de la Valette (qui reste la petite Bible en matière d'histoire locale des rues à Lyon), d'après lui, donc, l'appellation est attestée depuis le quatorzième siècle, ce qui fait un sacré bail. Allez savoir pourquoi cette rue, comme celle du Bât d'Argent, (dernier titre de la trilogie de Jolinon dont on parlera bientôt ici-même), a résisté à cette mode stupide inventée par le stupide dix-neuvième siècle, et qui consista à rebaptiser les rues avec des noms d'hommes célèbres, avec l'idée bien bourgeoise d'édifier et d'instruire le peuple de cette manière-là. C'est comme ça qu'ont disparu de nos plans des noms comme « la Truie qui fyle », « les Deux-Angles », « le Mont-sauvage », « Boucherie » et autre « Enfant qui pisse »

 

Le flâneur (comme l'habitant) connait-il mieux, pour autant, le nom des maires, conseillers d'arrondissements, professeurs, docteurs, avocats  et députés de la Troisième, Quatrième (voire Cinquième) République encartés en bleu au coin d'la rue? C'est improbable...

Brun de la Valette, donc, je le cite : "Cette rue était principalement habitée jadis par des potiers, tuiliers, "tupiniers" Son nom provient d'une enseigne (alors au n° 15), évoquant probablement l'arbre toujours vert d'Ebron, qui se dessécha à la 772533361_3.jpgmort du Christ". Vous verrez que ce détail a son importance dans l'affaire qui nous occupe, or donc, retenez-le bien  L'érudit local rajoute dans son article des choses qui peuvent nous intéresser aussi, bien qu'elles ne concernent pas directement le livre de Jolinon : Comme par exemple que les Charly, dits Labé, cousins de Louise, y vécurent un temps. Ou bien qu'au dix-neuvième siècle, cette rue coupe-gorge non loin du quai Bon Rencontre  était un repaire d'ouvriers tisseurs. Bon ! Passons à Jolinon.

Le premier volume s’était achevé par le renoncement à l’adultère d’Alice, le deuxième reprend la maille avec la rencontre qu’elle fait de son fils, le beau Jacques, au bras de sa meilleure amie d’enfance, dans une « maison de nuit »  des Célestins, en compagnie de celui-là même qui faillit devenir son amant : « La distance qui l’éloignait de son fils et de son ami égalait celle qui la séparait de son mari ». Pour chasser ses démons, la « dame de Lyon » songe donc à s’occuper l’esprit en occupant un emploi. Mais que choisir ? La situation économique générale n’est pas rose :

« En dix ans de paix, les capitaines d’économies avaient si bien travaillé au bonheur du genre humain qu’il en résultait une crise sans précédent et que la plupart des entreprises d’un intérêt général, pour ne pas dire national, couraient à la faillite. » Jolinon observe la société du Rotary, et enregistre les mutations de son temps : « l’homme de la soie » n’est plus le seul à pontifier : « On entourait surtout celui de l’automobile De même ne témoignait-on plus qu’une déférence modérée aux chefs de la banque et de la dorure, qui faisaient figure d’âmes en peine. En revanche, l’homme du ciment paradait. Et l’homme des produits chimiques avait le verbe haut. » Pendant ce temps, une affaire criminelle empoisonne le quartier de la Guillotière : le mutilé de guerre (époux, on s'en souvient, de la femme de ménage du couple Debeaudemont), a été retrouvé assassiné dans son logis.  C’est sa femme qu’on accuse. Comme désemparée par tout ce qui l'entoure, après tout un périple intérieur, Alice (qui ignore qu’elle est toujours filée par un détective payé par son mari) cède finalement aux avances pressantes du meilleur ami de son fils. Si, si ! Certain d’être cocu, Debeaudemont-père  s’exclame en lisant le rapporrt de l'agence qui file tout :

« Alice est victime du monde moderne! Moi-même, parfois ! On a le sentiment de s’agiter en pure perte».

Quelque chapitre plus loin, on retrouve Alice face à un vieux médecin lui annonçant qu’elle est enceinte. Naïve malgré son âge, elle s'imagine un instant pouvoir faire le bonheur conjugal de son jeune amant, à qui elle avoue à demi-mots les choses. C'est une « bovaryque », pense d'elle son confesseur (joli trait d’époque) ...  Evidemment, elle se fait rabrouer : «Il est selon moi infiniment risqué de faire des gosses à l’heure actuelle. Sans parler de la responsabilité qu’on encourt à mettre au monde un être peut-être bête, ou mal fichu, rachitique ou excité, voué en tout cas par le monde, la famille, les nourrices, les bonnes, les pions, les adjudants et autres militaires à des embêtements si exténuants que, de deux choses l’une : ou il se révoltera s’il a quelque vigueur, ou il moisira jusqu’à sa mort sans pouvoir se délivrer. » Voilà bientôt la « dame de Lyon » en train de quémander une adresse de confiance auprès de sa meilleure amie, maîtresse de son fils, dame pécheresse d'expérience.

Le roman s’achemine ainsi vers une fin toute tracée. Après un avortement réussi parce que, suggère cyniquement l’auteur, il ne fut pas «un avortement de  de pauvres », Alice erre un temps de maison de repos en confessionnal, avant d’arriver à exercer une profession, dans un hôpital pour enfants, puis dans un asile d’aliénés, où elle tente, entre deux confesseurs, de se racheter une conduite. L’Arbre sec, dans tout cela, qu’en est-il de l’arbre sec ?  Vous souvient-il de l'arbre toujours vert d'Ebron, lequel se dessecha à la mort du Christ ? Non ? C'est que vous êtes distrait.  En tout cas, ce qui demeura vivant jusqu'alors cessa de l'être, et tel est le commencement de la dernière page du second tome de Jolinon : 

« Sur le bas port, en amont du pont de la Guillotière, des mariniers se rassemblaient  Un noyé attirait leur attention. Ils formaient le cercle en le voyant bien mis, frais, décoré de la Légion d’Honneur, et se gardaient de le toucher en attendant la police.  Debeaudemont était de biais, près d’un tronc d’arbre, les jambes allongées, encore mobiles dans l’eau, le haut du corps raidi, la tête nue, l’œil droit fermé, l’œil gauche entrouvert, louchant vers son ruban. Il n’avait pas quitté son parapluie.»

Voila donc un roman (édité par Rieder, voir note précédente sur Dame de Lyon ) qui fit l'un des succès de l'été 1933 et qui est, il faut bien le reconnaitre, parfaitement oublié. Il y a là-dedans un peu d'injustice.

Par conséquent, si vous aimez chiner dans les vide-greniers ou les brocantes, si vous aimez les tapisseries d'alcôve à rayures et à fleurs (on n'en trouve de moins en moins - notez-le bien) ou bien les réveille-matin mécaniques en faux-marbre et leur clé qu'on remonte à la main, vous aimerez forcément l'ambiance un rien fané, un rien coquine, un rien tragique qui s'en dégage. C'est du Flaubert revisité par Colette et mis à la sauce andouillette, ce qui n'est pas rien ! C'est bien écrit et l'histoire est menée par un romancier qui connait son métier, même s'il n'est ni Proust, ni Céline.

00:44 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, nom de rues, arbre sec, lyon, jolinon, romans | | |

mardi, 01 juillet 2008

Histoires de Gones

Le mot gone n’est plus guère revendiqué à présent que par quelques supporters de l’OL (bad gones). A propos des joueurs de l’équipe d’Aulas, un commentateur sportif peut se laisser aller à parler de « gones » ; Juninho ou Grosso, des gones ?  Voilà pourtant qui ferait se retourner dans leur tombe plus d’un Puitspelu ou autre Mami Duplateau. Au-delà de ces emplois, récurrents de nos jours, le mot gone a deux significations attestées : lyonnais d’une part ; garçon, voire enfant, de l’autre. Ces deux significations pouvant bien sûr se conjuguer : enfant ou garçon de Lyon, par opposition au titi parisien, Gavroche, Poulbot et autre gamin de Paris. Le mot est donc une marque identitaire forte.

La comparaison de plusieurs récits d’enfances lyonnaises, permet d’introduire le motif :

« A mon grand regret, écrit Marcel Grancher  (Marcel Grancher -1898/1976- publie Lyon de mon cœur en 1932 aux éditions Lugdunum), on ne me permettait pas  souvent de me mêler aux ébats de mes petits camarades de quartier. De ses ascendances bourgeoises, ma mère conservait de fâcheux principes, dont l’un des plus regrettables était qu’un enfant bien élevé ne devait pas jouer dans la rue. Je m’en trouvais réduit à regarder à travers la vitre les autres gones, enviant férocement leur bonheur ». En 1932 déjà, le mot est imprimé en italiques, afin de le signaler au lectorat comme appartenant à un lexique local.

Dans ses Chemins de solitude, autobiographie écrite avant la guerre et publiée en 1946 aux éditions Cartier, Gabriel Chevallier (1895-1969) évite soigneusement de prononcer le mot gone : Il parle plutôt de « lurons débraillés et violents », de « garnements guenilleux », de « bandits ou d’Indiens du Far-West », de « tireurs de sonnettes », ou, plus généralement, de « gamins » ou « d’enfants ». « Je ne devais pas, rappelle-t-il, me mêler aux « enfants des rues ». Evoquant de loin leurs jeux, il évoque des « bousculades vraiment viriles » et place entre guillemets le terme : « enfants des rues », comme pour surdéterminer l'évidence de la non-appartenance d'un fils de bourgeois à ce clan populaire.

C’est évidemment le contraire chez Henri Béraud  : fier d’appartenir à la tribu des gones qu’il oppose à celle des gosses : «Si bien que les gosses de riches s’en allèrent jouer ailleurs, et que Bellecour appartînt, le jeudi, en toute propriété, aux enfants de la rue. Les enfants de la rue, les gones, à vrai dire, je ne fréquentais qu’eux. (…) Nous autres, les gones, étions de la rue comme les petits croquants sont de la route. » (La Gerbe d’or, ch. 5).

On peut dire, en effet,  gosses de riches, mais pas gones de riches.

Avant de signifier le lyonnais (par opposition au parisien) le gone, c’est donc l’enfant du peuple et celui des rues. Dans son roman Dame de Lyon (Rieder, Paris, 1932)  Joseph Jolinon prête à un homme de lettres cette savante explication  à propos des deux lignées qui forment la « famille » lyonnaise :

- une première « tire d’Auvergne en Suisse allemande en passant par Saint Irénée, Bellecour, les Cordeliers, Tolozan, Brotteaux, Tête d’Or, palais de la foire » et révèle « un échantillon d’homme né la tête penchée du côté du tiroir-caisse, le cou en faux col, l’œil en diaphragme, l’oreille en écouteur, les épaules en dessus d’armoire, la bouche comme une serrure, le doigt levé comme une règle »

- D’une autre lignée toute populaire, «  tirant de Dauphiné en Beaujolais, de la Guillotière à Vaise par la Platière ou la Grand’Cote, naissent les gones, à la suite de Guignol et de Panurge, Lyonnais pour qui les petits oiseaux existent. »

C’est ainsi que l’entend également Marcel E Grancher en 1940 dans Lyon de mon cœur, déjà cité : « Si tu m’as fait grâce de me suivre, tu connais maintenant Lyon aussi bien que je le connais moi-même. Non pas le Lyon, conventionnel et inexact, des marchands avaricieux, au teint couleur de cire : le Lyon du peuple, le Lyon des gones, le Lyon qui chante, qui rit, qui pleure, qui vibre. Les premiers nommés sont sept ou huit cents – encore, chaque année, en empaille-t-on quelques-unes. Nous, nous sommes huit cent mille. »  

C’est déjà ainsi que, dans Le roman d’un vieux groléen, publié en 1909, l’entendait également Georges Champeaux qui fait dire à une fille d’ouvrier enrichie du faubourg de Vaise, cette remarque à propos de ses enfants qu’elle place dans une institution privée : « Je ne veux pas les voir fréquenter les gones de la rue ». Un roman feuilleton paru dans Le Salut Public, en 1850, emploie le terme dans ce même sens : « Georges avait dû renoncer aux batailles avec les enfants des autres paroisses, et à la vie active qui lui avait valu le surnom de Gone par excellence » (Bigot, Le Gone de Saint-Georges, 1850, ré édition Lugd, Lyon, 1995)

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photo : Willy Ronis

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14:51 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : culture, langue française, lyon, gone, bad gones, littérature | | |

dimanche, 29 juin 2008

Monsieur Josse

Pierre Auguste BLETON naquit à Lyon, le 23 juin 1834,  et mourut sur le sol de cette même ville en 1911. Il appartient à ce clan de bourgeois érudits qui, pour un public de lecteurs restreint mais passionné, ont forgé autour de Clair Tisseur et de quelques autres "l'âme lyonnaise". L'âme lyonnaise, dite aussi « lyonnaiserie » par ses détracteurs, c’est un mouvement littéraire local teinté d’un romantisme fort décalé, d’un décadentisme certain et d’un goût pour l’érudition archéologique qui assure encore sa spécificité et demeure garant de son relatif sérieux. Car il faut aussi reconnaître à la plume de chacun de ces écrivains-notables à la double vie une bonne part de ludisme et une certaine dose d'ironie et d'auto-dérision. D’abord joailler, Auguste Bleton a débuté dans la presse en 1884 au Courrier de Lyon. Quatre années plus tard, il est devenu rédacteur au Lyon Républicain. Il se fait remarquer dans toute la France comme l’un des principaux initiateurs du mutualisme (il fut le fondateur de la Société du secours mutuel des ouvriers sur or et argent et demeura membre du Conseil supérieur de la Mutualité) Il a par ailleurs enseigné l’économie politique à La Martinière. Monsieur Josse (tel est son pseudo littéraire) fut, on le voit, très impliqué dans le tissu social et intellectuel de sa ville, qu’il connaissait, si j’ose dire, sur le bout des talons pour l’avoir en long, large et travers, d'un bout à l'autre arpenté. Auguste Bleton publia donc de nombreux travaux, soit sous son propre patronyme, soit sous ce pseudonyme de Monsieur Josse ; plusieurs livres dont une petite histoire populaire de Lyon (1885), le fameux Lyon pittoresque  illustré par Joannés Drevet et devenu depuis pièce de musée (1896), un recueil de huit nouvelles, fantaisies à la gloire du chemin de fer (Entre deux trains – 1892), un ouvrage de référence sur la fabrique, Lyon, l’Ancienne fabrique de soierie (1897). Voici comment, dans deux préfaces de sa main, il présente la nécessité et la tonalité de deux de ses ouvrages. Le livre d’histoire populaire, tout d’abord :

« L’enfant de Lyon quitte le plus souvent les bancs de l’école sans avoir une idée, même générale de l’histoire de sa ville natale. L’histoire de France est à peu près muette sur ce sujet, et les compendieux travaux des écrivains lyonnais ne s’adressent point aux écoliers. Nous avons-nous-même souffert, dans notre jeunesse, de cette absence d’un petit livre relatant en quelques pages les principaux faits qui intéressent la cité lyonnaise et répondent à ces mille questions qui se pressent sur les lèvres de l’enfant ». 

Le livre de promenades, (A travers Lyon, signé monsieur Josse en 1887) dont le Voyage autour du Cheval de Bronze de Béraud formera quelques années plus tard un brillant pastiche, ensuite :

«Je fais partie de ces promeneurs errants que parfois l’on rencontre – surtout dans nos anciens quartiers – et qui s’en vont, laissant vaguer leurs pas et trotter leur imagination, admirant la vieille cité jusque dans ses verrues et vivant, pour une heure, dans un passé qu’ils évoquent à plaisir. A ceux qui auraient le goût de ces excursions, mais qui hésitent à les accomplir seuls ; à ceux qui, les ayant faites, ne seraient pas fâchés de savoir ce que pense un autre et de relever dans ses dires quelque erreur ou quelque énormité, j’offre de cheminer ensemble à travers Lyon. » 

Si ce joli petit livre est plus documenté, mieux écrit que celui, à peu près contemporain, du baron Raverat, c’est que Bleton s’adresse à la bourgeoisie lyonnaise bien plus qu’au voyageur de passage, à l’autochtone complice bien plus qu’au touriste ; par exemple, dans le chapitre consacré à la rive gauche du Rhône, on y discute de l’incongruité du doublement du t et du pluriel de Brotteaux en rappelant la chanson (allons au broteau), on y passe le Pont de Bois (Pont Morand) en retraçant l’historique de son droit de péage en liard (division perdue du sou)… Enfin, Auguste Bleton, qui fut l’un des rares membres de la première Académie du Gourguillon (le sixième ou le septième, je crois) fondée par Puitspelu, rédigea non sans rire et sous le pseudo de Mami Duplateau, guimpier, la véridique histoire de la dite Académie, en 1898 :

Vous n'êtes pas sans avoir entendu parler de l'illustre, alme et inclyte compagnie. Pour peu qu'il vous plaise d'en connaître les statues, je puis vous donner satisfaction, pour les parties principales du moins, bien qu'il n'existe que sept exemplaires des lettres patentes de fondation, et que ce soit braconner en chasse gardée que de mettre le nez dans ce très précieux document. Donc l'Académie se propose la préservation des traditions lyonnaises, et les statuts déclarent  "idoine à faire partie d'icelle quiconque a contribué à la dicte préservation, par la plume, le pinceau, le ciseau, le burin, le composteur ou la navette."  Stipulé que les dicts travaux auront expressément le caractère populaire et seront propres à chatouiller la rate, "pour autant que le rire est ce qui faict le plus de plaisir et ce qui couste le moins". Dont suit que les travaux exclusivement graves ne constituent pas titre. Illustrant cette règle par un exemple, une nouvelle dissertation sur l'emplacement du temple d'Auguste serait insuffisante.

Monsieur Josse est mort en 1911. Il incarne jusqu'à la perfection, jusqu'à la caricature, le citoyen de ce que Stefan Zweig appela en 1945 "Le Monde d'hier". Humaniste confiant dans la modernité, travaillant avec d'autres au progressisme, d'une part; suffisamment fin, lettré et intelligent pour ne pas remettre en cause la nécessité des traditions et les vertus de l'autorité d'autre part. Un homme du dix-neuvième siècle, autrement dit. Trois années après la disparition de monsieur Josse et de ses doctes plaisanteries, l'univers dans lequel il aimait à se promener volait en éclat. Et il n'a pas fini, semble-t-il, de voler. Pour le meilleur. Comme pour le pire.

 

dimanche, 22 juin 2008

L'Ours

Octobre 1913 : Henri Béraud crée un pamphlet mensuel, dont il sera, durant onze numéros, l’unique rédacteur, et qu’il nomme  L’Ours.

« Le point de vue où je veux me placer est celui des nigauds », assure-t-il dans un article du numéro un. Les nigauds, c’est-à-dire, dans son esprit, les Lyonnais : « Et nous sommes là, près de cinq cent mille Lyonnais, cinq cent mille nigauds, regardant bâtir des murs, jeter un pont, et fondre notre argent à nous demander le pourquoi de tout ce remue-ménage. Car enfin, on ne nous a pas posé la question, à nous, les intéressés. » A la croisée de Guignol et du chansonnier montmartrois, le discours de Béraud assume donc la parole satirique au nom du sans-grade et du sans avis, lui permettant  (peut-être) de rire de ses faiblesses et de ses renoncements.

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10:15 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, béraud, lyon, l'ours, politique, edouard herriot | | |