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mercredi, 21 mars 2007

Les épuisés

Si le patrimoine littéraire de la ville vous intrigue, une seule solution : les bouquinistes ! Le chef-d’œuvre de l’été ( non, pas celui qui réalisera les meilleurs tirages, celui qui vous fera le plus grand plaisir ! ) vous attend peut-être dans leurs rayons : à vous de fouiner patiemment…

Parmi la multitude de joyaux pur-lyonnais à redécouvrir, Le roman d’un vieux Groléen  de Georges Champeaux (1919) pour les habitants de Vaise et Périssoud, militant lyonnais de Charles Joannin (1932) pour ceux de la Guillotière. Pour se balader en silence au sein de ces deux anciens faubourgs-ouvriers emplis de figures réalistes et d’anecdotes savoureuses, rien de mieux.

Les amoureux d’Ainay et des quais de Saône, de Saint-Georges à l’Homme de la Roche , satisferont leur nostalgie avec Sous le signe du Lion de Tancrède de Visan (1935), un étrange Huysmans local qui ne se laisse bien goûter qu’au troisième degré. La trilogie de Joseph Jolinon (Dame de Lyon, L’Arbre sec, Le Bât d’Argent (1931-1933), qui campe les malheurs privés d’une famille bourgeoise d’entre deux guerres, déroule aussi les ambiances de ces quartiers, avec des excursions coquines de l’autre côté du pont de la Guille. De même, l’autobiographie de Gabriel Chevallier (Chemins de solitude-1946, Carrefour des hasards -1956), sensible et bien documentée, qui reste par ailleurs le must incontournable pour qui s’intéresse au passé artistique et intellectuel de la ville. Si Chevallier est introuvable, vous pouvez toujours vous rabattre sur Marcel Grancher (Lyon de mon cœur, 1932, Reflets sur le Rhône, 1941) ou Léon Riotor (Léon de Lyon, 1934). C’est moins solide, mais on y apprend des choses.

Beaucoup de romans ont été composés sur la fabrique lyonnaise et sur le quartier du Griffon. Les deux meilleurs demeurent Mademoiselle Dax, jeune fille de Claude Farrère (1908) et Ciel de Suie d’Henri Béraud (1933). Les amateurs d’intrigues sentimentales peuvent enfin se plonger dans le charme désuet du Chemin des Deux-Amants et de La Montée des Anges de Max André Dazergues (1938-1940) : si vous aimez le kitsch et l’eau très rose, vous en aurez pour votre argent.

Les spécialistes de tous ces épuisés vous attendent à La librairie des Terreaux, rue d’Algérie, à l’Epigraphe, place des Tapis, chez Diogène, rue Saint-Jean. N’oubliez jamais de flâner régulièrement les samedi et dimanche après-midis le long du quai de la Pêcherie. Ouvrez les pages jaunies, épaissies, odorantes. Puis prenez le temps de choisir. Tous ces titres (parmi de nombreux autres) sont vendus entre 5 et 15 euros, selon l’exemplaire et l’état de conservation.

Pour les plus pressés, je signale la réédition, par les Traboules, de deux fresques romanesques captivantes : Les Gueux de Lyon de Pierre Vires, ainsi que le très classique Myrelingues la Brumeuse de Claude le Marguet ( un Dumas magnifique et passionné du Lyon de Rabelais, de Scève et de Louise Labé). Cette sélection, loin d’être exhaustive, ne serait pas juste sans un rappel : Clair Tisseur (alias Nizier du Puitspelu) n’est pas seulement l’auteur du Littré de la Grand ’Côte. On trouve encore quelques exemplaires des Vieilleries Lyonnaises et des Oisivetés du Sieur Puitspelu . Mais ils sont plus onéreux ! 

A quand, une réédition pour toutes les bourses ?

Bon été à tous.

 

Article paru dans L'Espit Canut (juillet 2006)

08:20 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, littérature | | |

mercredi, 21 juin 2006

Fête de la merde

A cinq heures trente, les lampadaires s'éteignent. Alcooliques, cas psys, cas sociaux, tous se retirent, enfin... Un quart d'heure plus tard, les hommes en jaune commencent à ratisser la place, les trottoirs, les rues qu'ont désertés les oiseaux. Bouteille après bouteille, canette après canette, débris après débris. Cliquetis des verres dans le ballet des balais en acier. Le jour se lève. Il ne reste que quelques minutes avant que le citoyen lambda ne passe par ces lieux-là. Quand la ville a chié toute une nuit...

Début d'une sinistre promenade : Entre l'Hôtel de Ville de Mansart et l'Opéra de Chenavard, on dirait une tornade : papiers gras, canettes cabossées, bouteilles fracassées, des pizzas à moitié bouffées, renversées dans des flaques de pisse et des mares de vomi, au milieu des détritus, des mégots, emballages et autres saloperies gluantes, glissantes, un tapis d'ordures que les hommes jaunes chassent au jet d'eau sous les yeux de quelques matinaux hagards. Alignées comme des quilles devant les vitrines et sur les marches, cadavres de bouteille (triomphe de la vodka et de la bière): une heure pour faire disparaître tout cela. Ah! On lit dans le journal que la fête de la musique a été une réussite. Hier matin, ma femme qui est musicienne m'a dit : « c'est aujourd'hui la fête de la merde! ». Ma femme avait raison. A sept heures du matin, il ne reste plus aucune trace de leurs déjections.

 

08:00 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fête, musique, lyon | | |