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vendredi, 01 mai 2009

L'Appel d'Alceste

Premier mai : tout simplement le premier jour d’un nouveau mois. Quoi d’autre ? Rien. Rien de plus, assurément.

 

Le monde approximatif continue de tourner sur l’axe du mensonge, et s’y grippe. Les générations successives s’époumonent en vain, les plus jeunes y laissant désormais la syntaxe de leurs pères  : l’ignorance tourne en leurs viscères, telle une toupie géante qui les épuise en les défigurant. Chacun, emporté par la creuse rotondité de son propre nombril vers la fin de sa ridicule course, consumé par les cercles qu’il aura accompli dans le vide et dans le vide en vain dessiné, sur le trottoir grimaçant de son idiotie, de sa démence, par tous les autres applaudies. Rien de plus. On appelle cela la fête ! Laissez rire Alceste ! Un simple mouvement de cil, pour fermer la paupière sur cette raréfaction de l’esprit, le temps de reprendre son souffle. Plonger le cœur en un appel misanthrope et souverain.

17:58 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alceste, poèsie, littérature, premier mai, néant, bétise | | |

lundi, 19 janvier 2009

L'embourgeoisement du monde

Souffrir, dans ce monde lisse, est un délit.

Souligner l’incohérence, l’imposture, l’effroi,

Une trahison.

L’écart n’est conçu que validé par l’opinion.
Tandis que le développement des libertés prétendument individuelles

A fait de chacun de nous

L'objet, aussi original

Que le mobilier urbain qu’on voit dans nos rues

(Un banc, un lampadaire, une dalle, une poubelle),

La rivière de Char polluée, l’albatros de Baudelaire mazouté,

L’arbre de Giono réduit en cendres,

Le nuage opaque & crémeux qui plane sur chaque ville,

La surdité technologique,

L'amnésie médiatique,

Le ravissement démocratique

Disent, si évidemment,

Que cette espèce, comme les autres,

Est condamnée.

Un progrès ?

Nous payons au prix fort l’embourgeoisement du monde.

07:35 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : écriture, poèmes, poésie, littérature | | |

samedi, 03 janvier 2009

La Couzonnaise

La Couzonnaise est une chanson à boire de la fin du XVIIIème. C'est la chanson des carriers de Couzon-au-Mont-d'Or, à quelque 12 km au nord de Lyon, au bord de la Saône. Ce petit village a été célèbre autrefois en raison de ses carrières de pierres, d'où bon nombre d'immeubles lyonnais sont sorties. Le chansonnier Pierre Dupont, enfant de Rochetaillé (le village d'en face) se fait écho de cette vieille chanson dans son Chant des Carriers.

Mais omme beaucoup de chants populaires du dix-huitième siècle, la Couzonnaise est anonyme.  Dans la première strophe, il est question de Vaise :

 

Bévin on cou, bévin-z-in dou,

E djamé tra  neu z-an fa pou.

On cou n’arrouzé qu’ina braza ;

Pe bin bâr à la Cozenâza

E  fo repequô, mon patron

Te né sa pô bar’a repetechon ?

Mon pour’ami, pôssa pé Vaza !

 

 

Traduction :

Buvons un coup, buvons-en deux,

Et jamais trois ne nous ont fait peur.

Un coup n'arrose que bien peu;

Pour bien boire à la Couzonnaise,

Il faut recommencer, mon patron.

Tu ne sais pas boire à répétition ?

Mon pauvre ami, passe par Vaise !

 

(Billet dédié à Frasby de Certains Jours)

 

16:21 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : vaise, lyon, littérature, culture, histoire, société | | |

dimanche, 07 décembre 2008

Ce qui fut sans lumière

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Je dois me délivrer de ces images

Je m’éveille et me lève et marche. Et j’entre

Dans le jardin de quand j’avais dix ans,

Qui ne fut qu’une allée, bien courte entre deux masses

De terre mal remuée, où les averses

Laissent longtemps des flaques où se prirent

Les premières  lumières que j’ai aimées.

Yves Bonnefoy - "L'agitation du rêve"  (Ce qui fut sans lumière)

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05:12 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : yves bonnefoy, littérature, poésie, poèmes, fête des lumières, lyon | | |

dimanche, 30 novembre 2008

Aphorismes d'Alceste

Toute la mémoire du monde tient dans un noyau de pêche

Aussi, quand la terre manque, l’amnésie croît parmi les humains :

La croissance de l’amnésie entrainera-t-elle fatalement la disparition de nos péchés ?

 

Deux plus deux n’existe pas dans un jardin

Ni multiplication ni division en un champ de vignes

Quand s’agrippe au cep le regard qui dénombre,

la cécité est octroyée tel un droit à chaque voyant :

L’acharnement de la statistique à décimer toute grappe de raisins aura-t-il raison de nos ivresses ?

 

Et qu’est-ce qu’un homme sans péché ?

Qu'un peuple sans ivresse ?

04:12 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : aphorismes, poésies, écriture | | |

dimanche, 16 novembre 2008

Le curé et le vitrier

Voici un bref extrait des Contes en patois de Mornant, rapportés par Nizier du Puitspelu, et  publiés dans la Revue du Patois (1888). Mornant est une commune située à une vingtaine de  kilomètres au sud-ouest de Lyon.  C’est une mère grand qui parle :

 

O y avet ina vès lo curô de vais chiz nos que se jubôve avouai le vitrayi, drin bin in bôs dou Bor-Chanin, tanz qu'i z'ayant de mogne.

- O Môre ! Parqué don que que lo curô et lo vitray se jubovont fère ?

- O y avet lo curô que volièt pôsse laissi betô ina vitr'u cu.

 

Traduction :

 

 Il y avait une fois le curé de notre paroisse qui se chamaillait avec le vitrier, juste en bas du Bourg-Chanin, aussi fort qu’ils le pouvaient.

- O Mère, pourquoi donc le curé et le vitrier se chamaillaient-ils ?

- Il y avait le curé qui ne voulait pas se laisser mettre une vitre au cul.

 

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Les Contes de ma mère l’Oye (1697), illustrés par Gustave Doré

20:27 Publié dans Des poèmes, Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : mornant, lyon, patois, littérature, contes, nizier du puitspelu | | |

Le curé et le vitrier

Voici un bref extrait des Contes en patois de Mornant, rapportés par Nizier du Puitspelu, et  publiés dans la Revue du Patois (1888). Mornant est une commune située à une vingtaine de  kilomètres au sud-ouest de Lyon.  C’est une mère grand qui parle :

 

O y avet ina vès lo curô de vais chiz nos que se jubôve avouai le vitrayi, drin bin in bôs dou Bor-Chanin, tanz qu'i z'ayant de mogne.

- O Môre ! Parqué don que que lo curô et lo vitray se jubovont fère ?

- O y avet lo curô que volièt pôsse laissi betô ina vitr'u cu.

 

Traduction :

 

 Il y avait une fois le curé de notre paroisse qui se chamaillait avec le vitrier, juste en bas du Bourg-Chanin, aussi fort qu’ils le pouvaient.

- O Mère, pourquoi donc le curé et le vitrier se chamaillaient-ils ?

- Il y avait le curé qui ne voulait pas se laisser mettre une vitre au cul.

 

474px-Perrault1.jpg
Les Contes de ma mère l’Oye (1697), illustrés par Gustave Doré

20:27 Publié dans Des poèmes, Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : mornant, lyon, patois, littérature, contes, nizier du puitspelu | | |

Huitain amoureux en patois

Voici un petit poème d’amour en patois lyonnais, écrit dans la manière pétrarquisante de l’époque (1541) par Pierre de Villiers, compositeur de chansons donné comme contemporain de Rabelais.  Ce huitain appartient à un ensemble aujourd’hui introuvable, « Le Paragon des Chansons, contenant plusieurs nouvelles et délectables chansons que oncques ne furent imprimées au singulier prouffit et délectations des musiciens », imprimé à Lyon par Jacques  Moderne.  Il a été publié par Auguste Benoit en 1969 dans La Revue Forézienne.

 

 

Lo meissony, sur lo  sey se retire,

Quant il a prou, tout lo jour, meissona,

Mes vostre amour, si fort, vers se, me tire,

Que je ne puis jamais abandonna.

 

Veiquia lo guet que j’oyo marmonna

J’e paour qu’icy ne me viene cherchi.

Bon sey, bon sey, meilleur qu’a mey, vous sey dona.

Cuchi m’en vey, mes maulgra mey, cuchi.

 

Traduction :

 

Le moissonneur, vers le soir, se retire,

Quand il a bien, tout le jour, moissonné.

Mais votre amour, si fort, vers lui m’attire

Que je ne puis jamais vous quitter

 

Voici le guet que j’entends murmurer

J’ai peur qu’il ne vienne jusqu’ici me chercher.

Bon soir, bon soir, meilleur qu’à moi vous soit donné.

Je vais me coucher, mais c’est bien malgré moi !

 

 

12:27 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : lyon, littérature, poèmes, poésie, patois, pierre de villiers | | |

samedi, 15 novembre 2008

Un chant de lavandières (XVIIème)

Je lavon si bien lo drapio,

Avoy lo devanti de pio,

Que je lo fan blan comme amandra,

Et, du manchou du batillon,

Je freton voutro coutillon,

En chantant comme una calandra,

Et, sens craindre ni ven ni bizy,

Ma fey, me commare, nous an,

Per savonna voutre chemise,

De savon de vingt-e-cinq-an

 

Mascarade imprimée par Léon Boitel  (suivre le lien en cliquant sur son nom) en 1838 seulement. Ce couplet de dix vers offre plusieurs mots et formes du parler lyonnais. La mascarade a été composée à l’occasion de l’entrée magnifique de Bacchus en la ville de Lyon, le 14 février 1627.

 

Traduction :

Nous lavons si bien les couches

Avec les tabliers de peau,

Que nous les rendons blancs comme amande,

Et, du manche de notre battoir,

Nous frottons vos jupons,

En chantant comme une alouette,

Et sans craindre ni vent ni bise,

Ma foi, mes commères, nous avons,

Pour savonner nos chemises

Du savon de vingt-cinq ans.

 

22:51 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature, patois, lyon, poèmes | | |