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dimanche, 16 novembre 2008

Huitain amoureux en patois

Voici un petit poème d’amour en patois lyonnais, écrit dans la manière pétrarquisante de l’époque (1541) par Pierre de Villiers, compositeur de chansons donné comme contemporain de Rabelais.  Ce huitain appartient à un ensemble aujourd’hui introuvable, « Le Paragon des Chansons, contenant plusieurs nouvelles et délectables chansons que oncques ne furent imprimées au singulier prouffit et délectations des musiciens », imprimé à Lyon par Jacques  Moderne.  Il a été publié par Auguste Benoit en 1969 dans La Revue Forézienne.

 

 

Lo meissony, sur lo  sey se retire,

Quant il a prou, tout lo jour, meissona,

Mes vostre amour, si fort, vers se, me tire,

Que je ne puis jamais abandonna.

 

Veiquia lo guet que j’oyo marmonna

J’e paour qu’icy ne me viene cherchi.

Bon sey, bon sey, meilleur qu’a mey, vous sey dona.

Cuchi m’en vey, mes maulgra mey, cuchi.

 

Traduction :

 

Le moissonneur, vers le soir, se retire,

Quand il a bien, tout le jour, moissonné.

Mais votre amour, si fort, vers lui m’attire

Que je ne puis jamais vous quitter

 

Voici le guet que j’entends murmurer

J’ai peur qu’il ne vienne jusqu’ici me chercher.

Bon soir, bon soir, meilleur qu’à moi vous soit donné.

Je vais me coucher, mais c’est bien malgré moi !

 

 

12:27 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : lyon, littérature, poèmes, poésie, patois, pierre de villiers | | |

Commentaires

Mais où avez vous déniché une telle merveille ? Avec la traduction en plus ,merci . Là ça devient de la musique, justement dans les deux versions, c'est ça qui est beau.

Écrit par : frasby | dimanche, 16 novembre 2008

@ Frasby : Les grands esprits se rencontrent : je viens de laisser la réponse à votre question dans une réponse à Léopold juste à l'instant !

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

Je sais bien, cher ami, que vous allez encore grogner, mais quand même : je verrais très bien de la musique sur ce poème, du genre de celle que composa Canteloube pour les chants d'Auvergne.

Écrit par : Porky | dimanche, 16 novembre 2008

@ Porky : Pourquoi grogner ? Ce texte s'accommoderait en effet très bien d'une musique. Il devait d'ailleurs s'en trouver une, à l'origine, si j'en crois le titre du recueil auquel il appartient initialement (« Le Paragon des Chansons, contenant plusieurs nouvelles et délectables chansons que oncques ne furent imprimées au singulier prouffit et délectations des musiciens »)

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

N'avez-vous pas dit un jour que les mots se suffisaient à eux-mêmes et que mettre des poèmes en musique était une aberration ????

Écrit par : Porky | dimanche, 16 novembre 2008

Camarade Porky, vous me cherchez noise : j'ai dit cela de poèmes composés pour être écoutés dans le silence et qui, en effet, se suffisent à eux même (il était question, ça me revient, de la façon dont Fauré emprisonnait dans une seule mélodie des poèmes d Baudelaire, non ?) Mais ce n'est pas le cas avec ce texte, non ?

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

Le lien entre ce patois et celui du Dauphiné est très évident, n'est-ce-pas ?

Écrit par : M. Rivière | dimanche, 16 novembre 2008

@ M.R. Le lyonnais rural est du francoprovençal avec quelques formes françaises. Le recueil que j'ai sous les yeux est plus une anthologie qu'un document technique, aussi n'en sais-je guère plus.
Il insiste sur le fait que cette langue a disparu vers la fin du XVIIIème, et qu'elle ne doit pas être confondue avec le parler canut, qui a fondé la "lyonnaiserie"

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

Marrant que marmonna soit traduit par murmurer quand marmonner eut conservé la rime.
Pour le reste, musique ou pas, je trouve ce poème assez complexe.
Et profond. En extrapolant, je dirais: d'un romantisme qui ne serait pas dupe - et donc pas romantique, à la différence de la vague terrifiante qui submergera la France trois cents ans après...

Écrit par : Pascal Adam | dimanche, 16 novembre 2008

@ Pascal : Je suis les liens subtils que vous tissez entre Michea et Léon Bloy. Ils m'amusent beaucoup. Je vous le dis en vous attrapant au passage puisque chez vous ....

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

@ Pascal: hum, vous aviez dit que vous alliez ré-ouvrir vos commentaires, si je ne m'abuse, hein Solko j'ai pas rêvé? Et que dalle. Bref, jamais contente, ouais!
@ Solko:vous êtes épuisant: Bloy, Joyce,le patois du XVIeme...rendez-nous un peu les Charlots, pour voir

Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 16 novembre 2008

@ Sophie : Vous trouvez les tendres couplets du moissonneur et les facétieuses remarques de la mère grand épuisants ? Vraiment ?

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

Oui c'est ce que je dis: ils épuisent mon coeur

Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 16 novembre 2008

@ Sophie : Moi je ne m'en lasse pas de ce patois. J'aurais passé le dimanche dedans, à voyager dans les siècles et la campagne environnante. Ne manquent pour vous donner une idée de tout cela qu'un extrait de vieux Noëls : ce sera pour une prochaine fois, et cela laissera nos coeurs en cendres !

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

Vous voyez bien que je suis épuisée: je n'avais même pas vu les noms de rivière chez Marcel, ni les Marcel chez Rivière, ni Alfred hier, je marche dans les ténèbres! Je ne sais même plus si Jacques Moderne existe. Je ne connais pas cet Alceste qui commente sous l'éventail et ne s'est pas présenté.Quant à ce Gustave...doré, vous dites? eh bien je suis vernie!

Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 16 novembre 2008

Des vieux Noël? J'aime Noël -excepté Bernard, et Mamère- d'une façon éhontée, qui excède le monde entier.

Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 16 novembre 2008

@ Sophie : Il faut pardonner à Alceste son indélicatesse un peu bourrue, il ne serait pas Alceste sans cela. Quant au mystère d'Alfred Thibaudet, il demeure entier. On a mis Hercule Poirot sur la piste ...

Écrit par : solko | dimanche, 16 novembre 2008

et la mère cotivet que deviens t-elle?

Écrit par : agostini gérard | jeudi, 20 novembre 2008

@ Agostini G.
La mère Cotivet ? Elle n'est pas encore née à ce moment-là.

Écrit par : solko | jeudi, 20 novembre 2008

Je reviens ici pour vous indiquer l'adresse de la vidéo que j'ai faite sur la base du poème que vous aviez cité. Là voilà, en patois arpitan (francoprovençal) de Savièse, en Suisse. Chanson et musique originale! Ben du plèsir /Bën dou pleji!/ http://www.youtube.com/watch?v=QeVCAUFbahY

Écrit par : Dzakye | jeudi, 08 novembre 2012

Merci beaucoup pour ce lien

Écrit par : solko | jeudi, 08 novembre 2012

Les commentaires sont fermés.