lundi, 16 décembre 2013
Henri VI de Thomas Jolly
Henri VI, de Shakespeare, est une œuvre de jeunesse; une trilogie historique dont François-Victor Hugo, premier traducteur français de l’œuvre intégrale, attribua la paternité à Robert Greene, assurant n’y reconnaître ni le style ni le génie du grand Will. C’est un peu vite dit.
Le bon plaisir du roi, les querelles intestines entre les pairs d’Angleterre, les rivalités entre l’Eglise et l’Etat, les complots, la vengeance, la passion féminine pour le pouvoir, la trahison, la veulerie, la sorcellerie, les retournements de fortunes et les renversements baroques de conditions, tous les thèmes qui constitueront les grands personnages à venir sont déjà là, à travers les 15 actes et les 150 personnages de cette pièce à rallonges réputée injouable à laquelle Thomas Jolly et les comédiens de sa Piccola Familia (petite famille) se sont attaqués, et qui était de passage pour un week-end au théâtre de la Croix-Rousse de Jean Lacornerie.
« Nous aimons l’idée de partage » souffle, avant un entracte, le rhapsode, magnifiquement interprété par Manon Thorel. Et c’est bien ce qu’on retient après les 8h30 de ce spectacle fleuve, tant le format calibré par les instances culturelles de la production théâtrale contemporaine (1h20, un à trois comédiens) vient de voler en éclat, sous les coups de la troupe de trentenaires enthousiastes. Deux parties et une moitié seulement de l’œuvre de 16 heures, dont la suite - qu’on pressent aussi noire que sanguinaire - sera présentée à Avignon cet été.
L’épopée commence devant le tombeau de Henri V, qui laisse un enfant de neuf ans et un pays englué dans les péripéties de la guerre de Cent Ans. Toute cette première partie se joue comme un heureux hommage rendu au théâtre artisanal de foires, avec des toiles tendues où figurent les noms des villes assiégées (Orléans, Rouen, Bordeaux), des chaises servant à la fois de destriers et de bois à bûcher, des héros prenant honneur et plaisir à en découdre chacun pour leur roi. Une Jeanne d’Arc héroïcomique à perruque bleue (Flora Diguet) mène Charles Dauphin (Damien Gabriac) et l’armée française contre une armée anglaise dirigée par un Talbot intrépide (Jean Marc Talbot), qui finira par mourir dans les bras de son fils (Thomas Jolly).
Elle se prolonge par le mariage de « Celui dont le règne dévot a fait la ruine de la belle Angleterre » avec la très romanesque Marguerite d’Anjou, La pièce serpente alors à travers toutes les intrigues de cour qui découlent de la guerre des deux Roses. On passe ainsi des très bariolées scènes de combats dans un théâtre d’ombres et de lumières à d’autres, plus feutrées. La parole y fuse plus vite que les armes, lorsqu’il s’agit de débattre de la légitimité du droit et du coup de force de l’usurpation. L'argent a remplacé l'épée. Le monde moderne commence là, suggère Jolly, dans ces ambitions individuelles qui s’aiguisent d’antichambre en antichambre, comme dans cette cour des miracles farcesque qui lui fait contre-point, et où se débattent infirmes et gueux.
Dans cette deuxième partie, Thomas Jolly utilise beaucoup le face à face au public et la proximité directe avec la salle. La mise en scène donne souvent l’impression de s’effacer dans un parti-pris d'immobilité, qui laisse toute sa place au texte, traduit par Line Cottegnies. Le ton devient tour à tour drôle et didactique – ce qu’il faut pour que le spectateur s’y retrouve dans une Histoire anglaise qu’il est en droit de ne pas toujours maîtriser. Les deux tableaux où lui sont expliqués les droits des prétendants au trône d’Angleterre (York, le futur Richard III et l’actuel Henri VI) sont, de ce point de vue, un modèle de didactisme scénique réussi ; le propos peut alors s'élargir au monde contemporain. Et si, par mégarde, on prend le temps de s’installer dans un tableau plus émouvant, comme le bûcher de Jeanne ou la disgrâce de la duchesse Eléonore (Julie Lerat-Gersant) l’ironie cinglante et toujours bienvenue du coryphée nous en extrait en quelques mots, nous rappelant la précarité d’une tel théâtre à l’ère du tout numérique, les comédiens faisant leurs costumes eux-mêmes ou le nombre de scènes que le metteur en scène a dû se contraindre à couper.
Alors que le clan qui tient le pouvoir démocratique se veut de nos jours si transparent, si propre sur soi et si technocratiquement professionnel, et que son personnel défile sur nos écrans comme un cortège de châtrés, nous rappeler que la passion politique, tout comme celle du théâtre, est affaire de refoulements aussi sombres et de sublimations aussi éclatantes, de rivalités entre clans et de névroses individuelles insatiables, ce n’est pas la moindre vertu de ce coup de force et de maître. On reparlera de Thomas Jolly, c’est certain. Non qu'il donne à voir quelque chose de nouveau ; mais parce qu'il se souvient que le théâtre n'est vraiment original que lorsqu'il restitue, et donne d'abord à revoir.
©NicolasJoubard
19:27 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lyon, politique, jeanned'arc, manon thorel, henrivi, thomas jolly, piccola familia, croix-rousse, théâtre, shakespeare |
vendredi, 13 décembre 2013
Le Destin de Pierre
De 1912 à 1914, Henri Béraud a écrit plusieurs histoires de rencontres nocturnes avec des revenants, dispersés dans ses trois premiers recueils de nouvelles dits « lyonnais ». Cette familiarité avec les morts, principalement ceux de 48, lui sert de marqueur historique pour exprimer avec humour une certaine mélancolie devant le basculement du monde. Il y épingle la dilution du sentiment républicain, le triomphe de la censure bourgeoise, la duplicité de goût des honnêtes gens, la grossièreté des objets culturels offerts au peuple. Dans la nouvelle que voilà, qu’on peut trouver dans le Voyage autour du cheval de Bronze, il est question d’une rencontre avec l’illustre Pierre Dupont. Une histoire de statue, où le Festin de Pierre devient le Destin de Pierre...
LE DESTIN DE PIERRE
J’adore les histoires de revenants. C’est ma grand-mère qui en est la cause. La bonne vieille se plaisait le soir à raconter des légendes d’outre-tombe qui lui faisaient à elle-même, dans le silence de ses appartements, une peur horrible. Car elle croyait à ses histoires. Elle décrivait les fantômes avec le talent précis d’un petit peintre de l’Ecole Hollandaise, si bien que les apparitions, lutins feux-follets, ombres et sylphes me furent familières de bonne heure. Je rencontrerais le Spectre du Commandeur que non seulement je lui serrerais la main, mais que je taperais sur son ventre de pierre, cadette ambulante dont un vrai gone ne saurait s’émouvoir. Si ce fanfaron libertin de Juan avait connu ma grand-mère, il ne serait pas tombé roide en voyant « par la rampe invisible d’un songe » descendre la Statue, et le souper aux flambeaux qu’il avait commandé n’eût pas été perdu.
Donc j’aime les revenants, et ils me le rendent bien. Je ne puis me promener la nuit, dans les rues de Lyon, sans faire quelque rencontre fantastique. Nous causons en nous promenant comme des amis. Ma femme me demande pourquoi je rentre si tard : et elle se refuse à croire que je me suis laissé attarder par des morts. C’est cependant la vérité.
Pour ceux qui n’ont pas la frousse, causer avec un revenant est aisé ; Le difficile est de l’approcher. Il faut vous dire que la circulation des fantômes est interdite dans le département du Rhône, et, comme Saint-Pierre est un homme pareil à M… , ne voulant pas « d’histoires », il n’aime pas que ses pensionnaires rentrent le matin avec des contraventions.
Je le sais et cela m’aide à lier conversation avec ces noctambules flottants. Pas plus tard qu’avant-hier, j’ai fait la rencontre, rue de l’Annonciade, d’un Lyonnais que vous connaissez bien. Il avait une belle tête de Jésus pauvre, avec des yeux très bons, une redingote à larges pans et une cravate noire, comme en portaient les hommes de 48. C’est Pierre Dupont. Il pleuvait, et lui marchait, le dos sous l’averse en chantonnant. Je m’approchai et me fit connaître.
-Ah ! me dit-il, le père Baudin m’a parlé de vous. Il est occupé à refaire les dorures de la harpe de sainte-Cécile. Il a un mauvais caractère, mais ses calembours amusent profondément Saint-Giovan qui, bien qu’artiste, possède une âme pleine de candeur.
-Dites lui que son tableau Les Pivoines est en bonne place au Musée. Mais pourrais-je savoir ce qui nous vaut l’honneur… le plaisir…
- Je suis revenu en ce monde par curiosité. Les derniers arrivés là-haut nous ont dit qu’en dépit des concours, campagnes et encouragements de toute sorte, la chanson était morte chez nous.
- Hélas !
- Je sors d’un music-hall, comme ont dit aujourd’hui. Mes collègues élus n’ont pas exagéré. Est-il possible que la Fantaisie se soit brisé les ailes et noyé le cœur au point de chanter dans les corps de garde ? Ce que j’ai, ce soir entendu de goujates bêtises, de mornes crudités, de tristes ordures est inimaginable. Vous me voyez étonné.
- Et cela ne fait que grandir.
-Pauvres enfants ! Au moment où j’entrai dans ce lieu de luxe et de lumière, il y avait sur la scène une espèce de doux imbécile, vêtu de toiles à matelas, qui toussait un couplet insane suivi d’un refrain cent fois plus stupide. Et la foule écoutait et applaudissait. Puis des femmes et des hommes se sont succédé, susurrant et braillant à tour d e rôle des histories d’alcôve – et de quelle manière, ô Cupidon ! soulignant, des gestes cyniques, des allusions énormes, régalant la canaille altérée de salacités. Est-il possible qu’on permette de telles choses ?
- Cela est. Et je ne suis pas sûr qu’on ne les encourage pas. Les personnes qui combattent l’obscénité ne perdent point leur temps au café-concert. Ils sont occupés à faire condamner des écrivains, à chasser Mme Isadora Duncan, à vilipender Nijinsky, à poursuivre Willette, Willette l’admirable et troublant Willette, que tout et jusqu’à son nom appartient à ce génie de la pretintaille, de l’amour et des ris qui se nommait Watteau ! Les honnêtes gens cousent des caleçons pour des statues, mais ils tolèrent le beuglant, le vaudeville et le nu académique à trente centimes le fascicule. Ils dénoncent Charles-Henry Risch et vont prendre ses œuvres aux vitrines des libraires, fleurs rares parmi le fumier des Physiologies du Fouet et des Flagellations au XVIIIème siècle. C’est cela qu’on appelle être vertueux.
- Ah me dit le bon Pierre, je ne savais pas que le monde fût devenu si laid. Jadis, quand je chantais les Bœufs après boire, dans les jardins d’une guinguette, les gens du peuple étaient contents. Ils crachaient dans leurs mains et retroussaient leurs manches pour mieux écouter. Un jour, à Paris, en 1855, j’étais en voiture avec une jolie lorette qui était la maîtresse d’un ambassadeur de mes amis…
- Hum !
- Qu’avez-vous dit ?
- C’est l’ambassadeur quine passe pas !
- Mettons un commis d’ambassade. Nous arrivons au Jardin Turc, qui se trouvait boulevard du Temple. Nous bûmes de la limonade et, au bout d’un moment, nous vîmes sur la scène un beau ténor, avec des cheveux en coup de vent et un gilet de satin, pareil à ceux de M. Desnoyers. Il chanta une chanson qui parlait de fleurs, de beaux arbres et de papillons.
- Comme c’est beau me dit la dame.
- Cela s’appelle les Sapins, répondis-je, et c’est de moi.
Elle m’embrassa devant tout le monde, on me reconnut et des gens me firent la fête. A votre sale époque, il eût fallu que la chanson parlât de sommiers, de petites bretonnes et de cabanes bambou pour que la grisette applaudisse.
-Il n’y a plus de grisettes. La dernière était M. François Coppée. Il n’y a même plus de lorettes, et je ne sais pas s’il y a encore des femmes d’esprit. Ce qui plait le mieux aux personnes du sexe, ce sont le valses de barrière, rythmées à coups de chaussons, les « chaloupées » que dégoisent d’un air crapuleux des ténorinos en casquettes et cravates rouges ou des divettes en tablier à petites poches. Les temps sont changés.
-Oui, bien changés. Dites à Xavier Privas que, vivant, j’aurais voté pour lui, quand on le nomma Prince des Chansonniers
- Il m’a dit lui-même qu’il eût voté pour vous si vous aviez été de ce monde.
- C’est un bon Lyonnais.
- Oui.
La pluie cessa de tomber. Le ciel nocturne se constellait, et, dans le jardin des Chartreux, l’herbe mouillée faisait courir une odeur de printemps, fraîche et puissante, qui me transportait loin de la ville. Et quand je me tournai vers mon compagnon, pensant lui tirer quelques paroles concernant ces effluves de la glèbe, cette sueur de la terre qu’il avait si mâlement célébrée, je ne vis plus que le buste en bronze du chansonnier, luisant sous l’eau du ciel, dans l’aube claire d’une matinée de juin. C’est toujours ainsi que finissent les histoires !
Henry Béraud, Voyage autour du Cheval de Bronze, 1912, Tardieu éditeur
buste de Pierre Dupont
09:48 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, don juan, le festin de pierre, pierre dupont, henri béraud, lyon, humour, revenant, nouvelles, willette, xavier privas |
jeudi, 12 décembre 2013
L'écran et la mort
On hésite entre l’empereur Auguste et le petit père des peuples Staline.
A présent que s’est un peu calmée l’agitation médiatique autour de la mort de Mandela, on ne sait trop que penser ni que dire de cette déification en direct. Je n’arrive pas à me reconnaître dans cette religiosité sans dieu, parce que l’Histoire est emplie de trop mauvais exemples à son sujet. Et j’ai trouvé que le discours d’Obama était à la limite du discours d’un guru. Quant à tous ces anciens présidents se congratulant dans les travées, ça tenait à la fois de la maison de retraite et du Rotary Club.
Mandela c’est au fond la bonne conscience de l’Empire. C’est pourquoi son culte me laisse à la glace. Il n’est d’ailleurs pas anodin que la célébration se soit déroulée dans un stade. N’est ce pas dans le cirque que se déroulait l’apothéose des empereurs pour la plus grande joie des gens de rien ?
A l’autre bout de la chaîne de la notoriété, il est d’autres façons surprenantes de quitter le monde : cette petite fille laissée par sa mère sur la plage, jusqu’à ce que la marée l’emporte – à bien y regarder le sang se fige. Et puis on pense à autre chose, comment faire autrement, entre l’horreur et l’insignifiance ? La mort de deux soldats, à la croisée du politique et du milliaire, cérémonial glauque, nous reconduit à l’industrialisation de la guerre, aux sempiternels saluts républicains, comme si nulle leçon ne pouvait être tirée de l’Histoire. L’édification des peuples a besoin du spectacle de la mort à l’ère technologique comme au Moyen Age, cadavres jetés en pâture à la vénération, l’indignation, la honte, la perplexité des foules.
Mais la plupart des disparitions se déroulent sans grandes pompes, à l’abri de ce flux de spectaculaire que l’Empire concocte à notre intention, aussi puissant que dérisoire, et qui tourbillonne sans gloire ni progrès autour de nous, renouvelant les mêmes comportements, les mêmes consentements, la même servitude.
Chacun d’entre nous ne tient en réalité au fil que de quelques proches, loin des effusions médiatiques du grand nombre et de la masse opaque. Quelques êtres pour lesquels on s’inquiète dans la pudeur et dont on se réjouit en secret. Ils incarnent, au sein de cette aliénation généralisée, un doux souvenir de la liberté, quand nous sentons combien nous les aimons.
06:55 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : cadavre, mort, mandela, coluche, empire, vénération, télévision, communication, politique |
mardi, 10 décembre 2013
Lumière sur les Lumières
Le soir du 8 décembre, il n'y a pas si longtemps, étaient disposées, sur le sommet de la colline de Fourvière, à côté de la basilique, les lettres AVE MARIA. Et je me souviens avoir surpris - ça devait être en 2002 ou 2003, à l'occasion d'une soirée où la foule se presse devant les projections - ce propos assez sidérant derrière moi : Regarde le C est tombé. Je me retourne et je vois la figure d'un gaillard de 25 ans, environ, qui assurait ça d'un ton ferme à sa copine. Laquelle, d'une moue indifférente, lança un Ben Ouais, avant de se diriger vers une autre attraction. Depuis, d'ailleurs, le diocèse a remplacé AVE MARIA par MERCI MARIE, ce qui ne manque pas d'un certain ridicule quand on songe à Schubert ou Gounod, mais il parait que le ridicule ne tue plus, et en effet...
Hier, je surprends cette conversation loufoque entre deux étudiants qui marchaient dans la rue de Brest, en plein centre de la ville :
«- La fête des Lumières ? c'est les Illuminations de la Vierge qui sont à l'origine, je t'assure
- La Vierge ? Mais qu'est-ce qu'elle a à foutre là-dedans ? C'est à cause des frères Lumière qu'il y a cette fête...
- Les frères Lumière ? Mais non ! C'est la Vierge, je te dis...
- Alors, pourquoi ils projettent des images sur les murs comme des écrans ? Hein ? Tu peux me dire ?
- (;;;)
- Tu vois bien?. Je te l'avais dit. C'est pour les inventeurs du cinéma qu'ils font tout ça. La Vierge ! Pffeuu ».
Et voilà... C'est comme ça que les imbéciles et les incultes ont le dernier mot. Du bon boulot de maçons ! Vous me direz que les Lumières auxquelles la propagande maçonnique fait allusion sont à chercher du côté d'un esprit de l'Encyclopédie passablement détourné au profit de l'ordre marchand. Soit. N'empêche, l'amnésie fonctionne malgré les Merci Marie affichés et un certain consentement à l'oubli s'installe, qui craint de plus en plus en France. Mais peu de gens s'en rendent compte, préoccupés légitimement par les difficultés engendrées par la crise et bercés par le doux ronron égalitaire de la gauche plus que jamais inégalitaire, et habitués à bouffer du curé dans un geste patriotique. A quelques semaines des municipales, on lira avec intérêt cet autre témoignage d'un lyonnais exaspéré ICI.
Parole à la Callas :
09:33 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : lyon, illuminations, 8décembre, callas, fête des lumières |
lundi, 09 décembre 2013
Guadalupe et le merveilleux chrétien
Je me demande souvent ce qui a le plus nui au surnaturel : tous ceux qui l'ont nié, parce qu’à leur sens et à leur esprit il se révélait déraisonnable devant la science, incohérent devant la politique, irrationnel pour leur logique. Ou bien tous ceux qui l'ont revendiqué en tant que preuve extrême d'une quelconque et irréfutable existence de l'autre monde. Ces derniers ne s'apercevaient-ils pas qu’ils le rapportaient eux-mêmes (mais en sens opposé), au même rationnel en en faisant une étape de leur raisonnement, quand la ferveur du surnaturel ne peut, par nature, se contenter d’être prouvée ? Le surnaturel n'existe que pour bien montrer à chacun les limites de la raison, de sa raison. Et de tout ce qui enclot l'esprit dans la chaîne sans fin des causes et des effets, des preuves et des résultats, des naissances et des morts. Et comme il est vain de chercher à prouver son existence ou sa non-existence, quand la finalité n'est que de l'admettre ou non. Cette rhétorique du judiciaire, si typique de l'histoire des hommes et des conflits qui la divisent et les brisent, si éloignée du monde platonicien des Idées, l’est tout autant du merveilleux chrétien. C'est en poète que je crois.
Notre Dame de Guadalupe - 9 décembre 1531
Le Mexique fête aujourd'hui l'anniversaire de l'Apparition de la Vierge de Guadalupe, le 9 décembre 1531, à Juan Diego Cuauhtlatoatzin. Comme dans le cas de celles de Fatima ou de La Salette, les controverses à son sujet ont évidemment été nombreuses, opposant front à front deux raisons sûres de leur fait et des droits de l'emporter sur l'autre que les partisans tiraient de leur point de vue.
C'est oublier que chaque Apparition de la Vierge relève de ce merveilleux chrétien dont les raisonneurs de tous bords refusent à leur dépens de comprendre l'essence éminemment poétique, comme si ce mot et tout ce qu'il soulève en notre for intérieur était disqualifiant, alors qu'il est la qualité suprême, toute la qualité. L'essence même des âges ténébreux est de mépriser le Poétique.
Mon Dieu, s’il existe un autre monde, ce que j’espère, que la toute puissante raison n’y règne pas comme sur celui-ci, au vu des dégâts qu’elle y commit ! Semer le sérieux, revendiquer le sûr, établir des garanties, voilà qui ne sera jamais le fait des poètes. Puisse-t-il donc, ce surnaturel, n'être jamais prouvé, par quelque moyen que ce soit. Et qu’il conserve ce caractère ouvert, simple et généreux qui constitue – en quelque lieu qu’on le rencontre – l’essentiel de son mystère, de son miracle et de son indéfectible beauté.
06:07 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : vierge de guadalupe, merveilleux chrétien, surnaturel, raison |
dimanche, 08 décembre 2013
Lumières et Illuminations
Trois millions de visiteurs pour 120 artistes représentés et 80 événements répartis dans toute la ville : tels sont les chiffres officiels de cette quinzième version de la Fête des Lumières dont la municipalité de Gérard Collomb peut se prévaloir.
Les Illuminations, elles, ont plus de cent cinquante ans. Cent soixante et un, très exactement, puisqu’on date leur naissance du premier cortège à la lumière des flambeaux des Lyonnais, dédié à la mère du Christ, en 1852.
La seconde fête, en terme chronologique, est bien sûr celle des Lumières. Comme s’il lui fallait galoper un peu pour récupérer son retard, elle s’étale sur quatre jours, du 6 au 9, et enserre la première. Celle-ci ne dure qu’une soirée. L’une se veut, à en croire Georges Képédékian, le premier adjoint à la culture, « une dédicace à la Lumière, avec la ville mise à la disposition des artistes pour stimuler tout leur imaginaire et leur savoir-faire » ; l’autre demeure une dédicace à Marie, sous la protection de laquelle le ville est placée depuis 1643, comme en témoigne l’inscription lumineuse « Merci Marie » qui domine la ville.
L’une n’a pas remplacé l’autre. Les deux, en réalité, cohabitent.
Les Lumières, c’est l’irruption massive de la technologie et de la couleur un peu partout, parfois subtile, le plus souvent grossière, ignorante du lieu sur lequel elle se dépose. Les Illuminations, ce sont les lumignons alignés au tomber du soir sur les rebords des fenêtres dans des pots de verre. De colline en colline, ils se répondent tout en se mirant dans les fleuves. Ils éclairent la nuit dans le tremblement et la persistance des siècles, et ce malgré le déluge électrique éphémère sur les façades de pierre.
Les Lumières, ce sont ces cortèges silencieux, au coude à coude dans un centre ville où les rues sont transformées en voies d’entrée ou de sortie d’un événement à l’autre, sous la garde de CRS bleus, bras croisés. Les Illuminations, ce sont les processions jusqu’à Fourvière par les jardins du Rosaire, jusqu’à la basilique, dont celle présidée par le primat des Gaules à 18h30
Les Lumières, c’est un spectacle qui renouvelle ses fictions chaque année, parfois avec bonheur, souvent avec une lancinante monotonie, condamné par le logiciel à tourner en boucles répétitives de quart d’heure en quart d’heure. Les Illuminations, c’est une sollicitation pour l’imaginaire, devant la flammèche qui vacille dans le froid jusqu’au matin, à la pensée de tous ceux qui les allumèrent ici-même, et ne sont plus.
Les Lumières, malgré les chiffres municipaux, se bornent aux vivants, parce qu’elles ne s’adressent qu’à eux, consommateurs ou touristes. Les Illuminations contiennent tous les morts et surgissent de leur ferveur dans la profondeur du souvenir collectif. . Les Illuminations n’oublient pas les morts, à travers la bénédiction de la mère de Dieu.
Les Lumières, ce sont les parcours par les rues, les avenues. Les Illuminations, les haltes par les chapelles et les travées des églises
C’est pourquoi une fête n’est pas à l’origine de l’autre, comme veut le faire entendre une certaine propagande municipale (« Les Illuminations à l’origine des Lumières», comme si l'une appartenait au passé, l'autre au présent/futur ! ) Les deux ne sont même pas concomitantes tant, bien qu’elles fassent mine de partager le même, lieu, leurs espace-temps respectifs demeurent différents, ce qu'elles soulignent et proclament, tout comme le regard qu'on peut poser sur elles, restent antinomiques.
Il faut donc, pour comprendre leur étrange cohabitation, saisir le point de rencontre, le lieu où elles sont peut-être capables de se toucher, de se frôler: le grain de la pierre exposé à travers les joutes colorées qui tournoient sur elle. La permanence, face au volatile. Et, sous l’enchantement parfois réel du volatile, garder en soi la solide conscience du permanent. Tout un art, finalement,. Celui de rester visible, illuminé malgré la lumière.
14:33 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : lyon, illuminations, marie, fête des lumières, 9décembre |
samedi, 07 décembre 2013
Molly Bloom et les Illuminations
On dirait que le TNP est devenu une gigantesque machine à divertir le troisième âge ! Que de têtes chenues et de crânes dégarnis, tandis que la salle Jean Bouise s'emplit peu à peu. Dehors, c’est le commencement de la fête des Lumières. Du haut en bas du cours Emile Zola, une seule « bouche » de métro demeurait ouverte à chaque station, avec des agents de sécurité et des barrières pour guider la foule. La nuit tombée, l’asphalte luisant, longtemps que je n’avais pas fait le trajet Terreaux-Gratte-Ciel à pinces. L’hôtel de ville de Villeurbanne, cierge de sucre toujours aussi impeccablement stalinien, devant les petites cabanes de Noël en bois de part en d’autres de l’avenue Henri Barbusse.
Sur scène, à présent, un lit en partie défait attend la performance. Anouk Grinberg relance ici sa Molly Bloom, avant de se retrouver une fois encore aux Bouffes du Nord à Paris. Joyce, tout de même ! Je regarde autour de moi : Le symbole même de l'avant-garde littéraire des années trente n’intéresserait-il plus dorénavant que des seniors ? Comme la roue tourne ! Autour de moi, on ne que parle d'amis au cimetière, de frère a l'hôpital, de chute dans l'escalier. C’est alors que se pointe un garçon de salle qui insiste lourdement sur le fait que nous devons tous éteindre nos portables. Devant un parterre aussi hirsute et insoumis, ça fait sourire. A moins qu'il ne le juge, ce public, trop distrait, étourdi... «L’actrice, dit-il, a besoin de concentration ». Le chapitre 18 qui conclut en une phrase de monologue le roman de Joyce, on s'en doutait…
Puis Anouk Grinberg commence : « Oui puisqu’avant il n’avait jamais… » Ici, tout tient dans la restitution de ce texte qui doit surgir du corps même jusqu’à ce « j’ai dit oui » de la fin « je veux bien Oui. ». Du corps même. Et sans vulgarité. Gageure que seul l’instant de chaque mot – non pas de chaque phrase – mais de chaque mot, comme il vient à la fois à la bouche et à l’esprit – a rendu possible. Quand au bout d’une heure habitée, peuplée, hantée par ce Dublin et ces personnages avec lesquels le lecteur averti d’Ulysse est familier, et que le profane découvre comme naturellement, Anouk Grinberg vient saluer, ce qui l’unit à la salle un bref instant est une vérité première : Le texte de Joyce n’est ni hermétique ni abscons. Il est vous, moi, elle, dans le flux de l’esprit. Les rappels fusent. Yeux de feu, bonheur, la comédienne. Une réussite. Puis on se retrouve en marche vers le métro, seul dans la nuit.
© Pascal Victor – Artcomart
« Le voilà, le plus beau moment du théâtre, disait Béraud, quand on rentre à pied chez soi ». Quand la représentation a été aussi juste, c'est vrai. On se sent alors encore empli d'une présence dont on sait qu'elle tardera à s'évaporer. Pourtant, ce soir, un autre spectacle tourne en boucle par la ville. Du contemporain balourd. Lyon n’est plus qu’un gigantesque parc d’attraction, aux allées/rues gardées par des agents municipaux et des CRS. Inhibition/exhibition. Me demande ce que James Joyce écrirait à propos de ces cohortes d’adultes, se pressant par les rues obscures d’une projection sur façade à une autre. Tous ces monologues qui se heurtent et se bousculent. Mais les lumières en boucle anesthésient le flux de la pensée. N’en disent rien, sinon Oooh ou Aaahhh, ou bien c’était mieux l’année dernière, et puis passer à une autre attraction. Gosses portés sur les épaules. Doigts tendus, de ci de là. Ainsi tassés les uns contre les autres, au pas, de files en files. Étrange rencontre que celle de Molly Bloom et ce commerce de lumières, projeté à ciel ouvert.
Jadis, c'était la fête des Illuminations. Marie/Molly. Le consentement final qui clôt les 18 chapitres d'Ulysse est pensé, lui, telle une épiphanie. Dans la lumière diffuse qui rebondit de colonne en colonne à l'intérieur de l’église saint-Nizier, là où des badauds croisent des paroissiens et des fêtards, c'est le peuple d'aujourd'hui. Pas que des têtes chenues et des crânes chauves, non. On pourrait presque se croire, quelques secondes durant, perdu au détour d'une page du Dublin de Joyce. Paradoxalement, c'est bien le seul endroit de la ville : des Molly Bloom, y en a partout autour de moi. Des Leopold aussi. Des Stephen, des Milly et des Buck Mulligan. Vieux, jeunes. Des passés, des à venir. Une race immuable, les personnages. Je ressors. Sur le parvis de l'église, des marchands de vin chaud. Une épopée qui dure encore...
Molly Bloom, avec Anouk Grinberg,
jusqu'au 14 décembre 2013, TNP Villeurbanne, 20.00, durée 1h15
du 14 au 24 janvier 2014, Bouffes-du-Nord, Paris
13:25 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : théâtre, tnp, jean bouise, molly bloom, anouk grinberg, fête des lumières, lyon, illuminations, dublin, james joyce, littérature |
jeudi, 05 décembre 2013
Laurent Aigon, pilote
Au début il y a ce reportage. « Une petite maison au milieu de la forêt, dans le Médoc » Ça commence tout minou minou, très cosi, tout conte de fées. Crise du logement, le cockpit tient à peine dans la chambre des enfants. Ca rend le héros sympathique : d’autant plus qu’il le dit lui-même « il garde les pieds sur terre, il s’amuse ». Nous itou, bon public. » Et comme l’ami Jean Marc le souligne, « il faut coller à la réalité ». Collons donc. On se doute que « cet ingénieur amateur qui travaille dans la restauration » a acquis ses compétences quelque part. Ou donc ? Dans une école d’ingénieur, bien sûr. Vous allez voir que le détail a son importance.
Laurent souhaite développer son activité. Il a raison. Comme le dit la belle Perette du Pot au lait, qui ne fait des châteaux es Espagne ? « Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous, autant les sages que les fous ».Laurent, c’est un peu les deux. C’est ce qui fait son charme. Indéniable, le charme. Et puis quand on est court logé, c’est comme quand on est court vêtu. Surtout en temps de crise. Il le rappelle, il a les « pieds sur terre » mais s’adresse aux gens qui «rêvent d’aller en l’air ». Ce mec, c’est un peu l’homme de Vitruve. Vous allez comprendre : Beaucoup de grosses entreprises du secteur aéronautique ont contacté ce passionné qui passe sur le JT un jour. Un jour, coup de fil d’une entreprise qui ne bosse pas dans l’aéronautique. Ou alors un aéronautique très spécial. Et ça donne ça. Remarquablement efficace, la petite musique de fond. Prêtez lui une oreille attentive :
Dans le spot, on ne parle plus d’école d’ingénieur, vous l'avez remarqué, mais uniquement de restauration. En revanche il est question d’erreur d’orientation. L’école française l'a empêché de devenr pilote. Elle fait mal son boulot, si si ! tout le monde le sait. D'ailleurs Pisa a dégradé la note, comme S&P : 25ème, c'est pas jojo jojo pour l'héroïque patrie des Droits de l'Homme. Je me souviens avoir il y a longtemps dit ça, à des élèves partis faire les foutus tests PISA :
« - Vous formalisez pas les ptits gars, c’est pas noté ! C’est pour l’OCDE, profitez-en ; vous pouvez répondre n’importe quoi aux tests!
- Vraiment Monsieur, ils m’avaient dit ?
- Vraiment !»
Ils étaient revenus complètement enchantés, les chérubins. Elle est comme ça, la France, aussi. Il faut que l’international le comprenne. Emplis de branleurs et de blagueurs pour l’éternité, des pas sérieux pour un franc. Là ! En même temps, si tous les profs font comme toi m’expliqua doctement un jour une collègue à monture Afflelou... Bon où en étions nous ? A Pisa !
A Pisa et à Peillon, l'autre petit gars à monture. Il a dorénavant le feu vert de l'internationale, la lutte finale, tralala, pour porter le coup de grâce à Grenelle. Vous avez remarqué, sur le spot, quand il est question d’aller à l’école, où Laurent Aigon se dirige d'un clic, d'un seul,... Google, bien sûr ! Eh ! c'est la formation de demain. L'homme de Vitruve, vous disais-je. cet Aigon, Google ne s'y est pas trompé. Google ne se trompe jamais. D’ailleurs en vrai ce n’est même pas Laurent AIgnon qui a construit le cockpit. Trop humain malgré son regard d'acier. Trop français, le frenchie ! Lui, il ne fut qu’un exécutant et nous le raconte dans sa success-story d'un ton déjà professionnel. Vous l'avez un peu écouté yeux dans les yeux, devant son placard en formica ? Le poing levé : « c’est ça qu’y’m’faut. Je veux faire la même chose que ça… »
Non; le vrai créateur, la vraie école, c’est Google. Et le libéralisme a de belles ressources, bien qu'on ait voté tous ensemble tous ensemble contre le vilain président des riches Sarkozy. C’est pour ça que Peillon veut des connections dans les hameaux les plus reculés, qu’il a dit le ministre à bésicles. Tables de la Loi. ...Si si ! Toutes nos têtes blondes fabriqueront des cockpits d'avions plus vrais que nature et les mamans seront très fières. Plus vrai que celui d'Aigon, car on n'arrête pas le progrès, la ritournelle est bien connue. Quelqu’un a dit « fais de ta vie un rêve. J’ai simplement pris un rêve et j’en ai fait ma vie ». En rhétorique, ça s’appelle un chiasme. En philosophie, un sophisme. En marketing, Une trouvaille, convenons-en. Chez Google, on a de sacrées ressources pour innover... Les gens qui croient qu'un syndicat de profs peut lutter contre ça se trompent. Un syndicat de profs ne peut que collaborer. C'est bien connu.
Laurent AIgon, pilote, donc; C'est la fin du spot. Après la télé-réalité, une campagne d’un nouveau genre. La pub-réalité ! Fera date, cette campagne. Vends ta vie pour en faire un spot publicitaire. Après le biopic, le biopub. Comme quoi, ça mène à tout, Annie Ernaux. Après tout, nos vies sont-elles quelque chose d’autre ? Depuis que L’Oréal nous a appris que nous le valions bien, les marques nous aident à trouver notre place dans le monde. Nous aident à décompresser, être fun, à vivre ensemble dans la normalité conflictuelle du libéralisme. Un peu comme les saints d'autrefois, les pauvres saints à longues figures qui s’ennuient dans nos chapelles parce que plus personne n'osent les prier, et dont elles ont pris la place ! Beau et triste, comme du Barthes.
N’empêche. A Aigon, il manque une aile, ou un l, c'est selon, pour être vraiment impérial. Aller le chercher chez Google, c’est prendre un peu le risque de perdre tout ce qui fait le charme du français, le e muet. De finir gogol. Pour quelques temps encore, moi, je préfère l’école, qui l'a gardé son e, à travers toutes ses réformes. Plus pour longtemps.. Quand PISA et ses dignes valets locaux auront fini de la jeter à bas au nom de leur slogan d'égalité, il ne restera rien d’autre aux parents électeurs qu’un simple choix. Un choix ? Une option, plutôt, pour les classes moyennes saturées de taxes de la belle zone euro : «Fiston, pour réaliser tes rêves, tes passions, et tout le blabla qui va avec, ça sera Google ou le privé. Le méchant privé, l’école libre, tu sais bien, celle dont Tonton voulut un jour la peau, et où tous ses ministres mirent leurs mouflets en douce. Tu choisis ?
Tu sais plus qui c'est, Tonton ? Un monsieur qui pilota jadis l’Élysée. C'est sous son règne que l'histoire a commencé. Il y a laissé un clone en fonction. Il faut toujours que demeurent vives les forces de l'esprit...»
L'école, c'est l'avenir du monde, ton avenir fiston. Et donc, que vive longtemps Laurent Aigon, et qu'il vole bien, loin, et partout, le bon pilote de Google.
05:37 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : laurent aigon, pilote, google, l'oréal, élysée, peillon, éducation nationale, politique, france, la fontaine, le pot au lait, littérature, marketing, publicité, avenir, pisa, ocde, afflelou |
mardi, 03 décembre 2013
S'en prendre aux mots
Se traiter de Goebbels ne vaut pas mieux que se traiter de Pétain, de Staline ou de Kim Jong II.
Moi, la question que je pose à tous, c'est à quoi ça rime de vouloir interdire des mots, de légiférer à ce point nos existences que la parole devient un délit, de se laisser à ce point infantiliser par des malotrus et des cyniques. A quoi ça rime de confondre les mots et les choses, et quel type de maux (sans jeux de mots) bien plus grave ce genre de décisions d'un autre âge cela peut-il créer ?
Le premier étant de vivre dans un entre-soi dans lequel l'autre a été réduit au même par un sacré coup de force, ce qui est un comble pour tous ces gens de gauche qui prônent le multiculturel et la tolérance. C'est du multiculturel à leur effigie.
S'en prendre aux mots est une attitude puérile, c'est croire à la pensée magique, le contraire d'un acte adulte, intelligent et civilisé.
00:04 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (78) | Tags : censure, antiracisme, taubira, france, culture, littérature |