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mardi, 27 août 2013

S'en va t-en guerre

Punition, responsabilité, devoir, idée que se fait la France,  premier point, deuxième point, troisième point, démocratie,, il faut, on doit, communauté internationale, enfin, c’est pourquoi, je veux,  j"admets,  je propose, je, je  je … et Boum.!

Le pingouin s’en va-t-en guerre en faisant des dissertations d’énarque, tel un petit conseiller de Corrèze courant derrière la parole d’Obama et le prestige américain. Cette présidence, jusqu’alors ridicule, devient dramatique. Moralité : Il faut se méfier des hommes à bajoues et à paupières tombantes, qui ont des choses à prouver à leur papa et des revanches à prendre sur leurs électeurs.

Contrairement à tout ce qu'on a voulu nous faire croire, ce type n'est pas mieux que Sarkozy, il est pire.. Et nous ne sommes pas au bout des conséquences de la catastrophe hollandaise. 

17:31 | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : hollande, guerre, politique | | |

dimanche, 25 août 2013

Embrassons nous, Taubira

La scène est dans un bureau de tabac de Marignane.  Jeudi, vers dix-huit heures deux malfrats armés et cagoulés, dont un, on le sait à présent, est un multirécidiviste, abattent de sang froid un sexagénaire qui tentait de les arrêter, sous les yeux de sa femme et de sa petite fille de 15 mois.  Valls, le ministre de l’intérieur, se fend le lendemain d’un discours dans lequel il ne manque pas d’utiliser la rhétorique sarkozienne (pourtant honnie par la gogoche), qualifiant le malfrat de « barbare » et la victime de « héros ».  Il fera amende honorable le surlendemain en hurlant dans un micro, devant ses copains à La Rochelle qu’il est « un socialiste, un homme de gauche », en bras de chemise, à la limite de l’apoplexie et de l’extinction de voix. Dont acte.  

Ce fait divers sanglant– après de multiples autres - survient au moment où Taubira, la Garde des Sceaux, après avoir sapé l’autorité du mariage, s’apprête à saper celle de la peine de prison, en annonçant son projet de loi sur la probation,  concept judiciaire pondu par ses copains du syndicat de la magistrature. Espèrent-ils pouvoir ainsi  embaucher par centaines des contrats jeunes afin de devenir ce qu’on appelle, dans un pays quasiment entièrement désindustrialisé, « des travailleurs sociaux » ? Possible. Magouille sur les chiffres du chômage oblige. Avec ces gens-là, dont la duplicité est légendaire, on ne sait jamais ! Espèrent-ils réduire davantage le budget des prisons qui, comme les hôpitaux psychiatriques, sont invitées de plus en plus à ouvrir leur porte. Possible aussi. Cela évite clairement d’entretenir et de restaurer les anciennes, et d’en construire des nouvelles. On pense à Mandeville et à la fameuse fable des abeilles, dans laquelle il est expliqué que les fous et les truands en liberté constituent les ingrédients d’un marché dans lequel l’Etat a tout à gagner puisque cela crée des taxes et des emplois, et occupe la réflexion et l’énergie des citoyens. Probation, donc.

A propos de taxes, ni Valls ni Taubira, dont l’honnêteté intellectuelle n’est plus à prouver,  ne remettent en question la responsabilité des hausses délirantes des taxes sur le tabac décidées par leur gouvernement, c'est-à-dire par eux-mêmes, qui  transforme en or brun ou blond la cartouche de cigarettes, faisant un peu plus encore  des buralistes de quartiers des cibles de choix pour ce qu’il est convenu d’appeler en jargon de sociologue « la petite délinquance » et d eleur marchandise un aliment commode à récolter pour son économie parallèle de contrebande, petite délinquance habituée depuis le collège à rigoler devant tout ce qui incarne l’autorité de l’Etat, du prof dépassé au CPE compréhensif en passant par le chef d’établissement démuni et le ministre démago, de passage pour quelques mois aux affaires.

Pour l’Etat PS, les buralistes ne sont de toutes façon ni de grandes banques, ni de grands groupes. Comme chacun le sait, ils votent à droite voire à l’extrême, alors qu’ils se démerdent, ils valent peanuts, ces poujadistes ringards, tout juste bon à glisser un bulletin bleu Marine dans l’urne aux prochaines municipales. Quant aux malfrats qui s’entretuent, tant qu’ils ne s’attaquent pas à des députés ou à des ministres (et au vu de leur conscience politique, c’est pas demain la veille), ils resteront des jeunes incompris devant lesquels tout abus de langage finira un jour par être sanctionné après le recours d’une association d’indignés et trois marches silencieuses autour des mamans désolées.

On voit bien qu’au fond ce qui fait autorité dans l’esprit de ces ministres plus libéraux que libertaires, (mais cela revient au même, on le sait depuis longtemps désormais), comme dans celle des malfrats, leurs doubles inversés, c’est le pognon et non pas la justice. Dans une société où le châtiment n’a plus aucune autorité (et sur ce terrain là il faut admettre que la peine de mort avait un rôle symbolique à jouer), la loi du plus fort règne en maître, puisque les individus, dirigeants de haut vol comme loubards des cités, continuent eux, à s'octroyer le droit de tuer. Et le marché, toujours lui, qu’il soit légal ou parallèle, devient le seul objectif poursuivi par le politique.

Comme la tolérance à l’égard des couples d’homosexuel(le)s généralement plutôt CMS aisées et désireux d’enfants à câliner ouvre celui de la procréation assistée et autres merveilles technologiques onéreuses, le laxisme de l’Etat ouvre celui des outils de vidéosurveillance, des armes et des milices privées. Manière de faire en sorte que ce soit in fine l'autorité du marché et non celle de l'Etat qui règle l'affaire. Mandeville à nouveau. Cela, il faut être naïf comme un électeur du PS pour croire que le gouvernement ne s’en accommode pas, pourvu que les taxes rentrent. Les discours de prêtresse illuminée de la Garde des Sceaux et celui de cow-boy pré-pubère du ministre de l’intérieur sont finalement également hystériques, à l’un et à l’autre coin de l’échiquier des faux-culs. 

 

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14:16 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : valls, taubira, probation, la rochelle, marignane, sécurité, police, justice | | |

mercredi, 21 août 2013

Inassouvis, insatisfaits

Le monde entier nous immerge à notre insu dans la logique de la finalité.

Cela commence tôt, avec la note puis le diplôme, qui détourne l’attention vers un objectif d’insertion sociale (c'est-à-dire parmi les autres,  hors de soi), objectif de plus en plus précarisé. C’est la logique de l’esprit scientifique, entièrement focalisé vers un résultat à démontrer. Celle du négoce, de la procédure et du sport de compétition. C’est le cheminement du politique et sa volonté  insupportable de changer le monde ainsi que sa croyance puérile dans le progrès, qui le poussent à se fixer en permanence des objectifs décalés du Réel, au risque du ridicule comme on le voit aujourd’hui avec un premier ministre mobilisant pas moins de cinq de ses valets de pied, parce que 13 malfrats se sont entre-tués à Marseille en un an. C’est la logique de l’objet de consommation, dédié dès sa fabrication à son remplacement par un autre et celle de l’idéal de propagande, exclusivement  voué à dicter des comportements et à modeler des mœurs. Cette façon d’imaginer toute action humaine comme un parcours d’un point A à un point B s’est même furtivement glissée dans les idéologies du développement personnel issues des sectes qui se sont diffusées via l’entreprise et la publicité dans tout le corps social.

En deçà de cette logique mortifère, il y a celle du plaisir. Mais dans le monde inversé qui est le nôtre, le plaisir aussi peut se trouver contaminé par elle, dès que sa recherche devient aussi une fin en soi. Tous ces allumés du bonheur, tous ces ébahis de la santé, ces forcenés de la jouissance qu’on croise partout finissent souvent par s’engluer aussi dans la frustration qu’ils dénoncent, avec plus de radicalité encore.

Ce que nous désirons n’est pas d’ici. Ce n’est qu’en maintenant vivante cette soif inextinguible d’autre chose, les « merveilleux nuages » dont Baudelaire parle dans L’Etranger, qu’on peut vraiment demeurer vivant, c'est-à-dire inassouvi, insatisfait. Dans cette société du crime et du mensonge, il faut cultiver son désir comme les yogis cultivaient jadis dans la forêt leur respiration. La seule façon est de refuser de le nourrir exclusivement des objets, des sentiments et des idées dont l’instant sociétal (on ne peut même plus dire le présent, tant cette notion avait encore un peu de chair et leur monde n'en a plus) et les forces de la propagande nous abreuvent. Dans cette existence, je ne suis pas un consommateur, pas davantage un client. Mon désir ne me quittera qu'avec mon ultime souffle. Mon bonheur est tout entier dans mon inassouvissement et je n’ai pas de pires ennemis que ceux qui cherchent à tout prix à me satisfaire.

10:26 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : consommation, politique, société, désir, vie | | |

mardi, 20 août 2013

C'est la rentrée

C'est la rentrée des arnaqueurs du gouvernement, des pignoufs de l'assemblée, et plus généralement de tous les blaireaux du saint frusquin. Il faut pénétrer dans ces jours-là à petits pas, comme dans l'eau froide, en commençant par se poser les bonnes questions : qu'est-ce qu'on fabrique encore là nous autres


Un premier élément de réponse, pour débuter doucettement la saison nouvelle

avec feu Jean-RogerCaussimon

15:32 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : caussimon, le chat noir, montmartre, chanson | | |

samedi, 10 août 2013

Suivre sa pente

J’ai plusieurs fois commencé – il y a des années de cela – un récit de Gracq, mais jamais je n’ai pu aller jusqu’au bout. Peut-être que je tenterai une nouvelle fois le coup un jour, peut-être pas. Cet auteur est trop sec pour moi. J’ai dû avaler, jadis, En lisant en écrivant, qui est une mine pour les dissertations littéraires des concours d’enseignement, un peu comme Anatole France fut un pourvoyeur inépuisable de dictées, ou l’artificiel Arouet et ses médiocres contes à deux balles un fournisseur devant l’Eternel de pensées simples, pour bacheliers en culture de masses. Gracq lui, à l’étage au-dessus, livre des sujets de maîtrises et de doctorats depuis bientôt quarante ans, avec une même et généreuse abnégation.

En lisant en écrivant déborde de remarques de lectures où l’on sent l’avisé qui fait son devoir et prend sa pose. Je crois que Balzac a dû préférer Mme Hanska comme lecteur, que ce brave Julien qui ne peut s’empêcher d’être prof à chaque retour à la ligne. Mais je me souviens d’une remarque qui s’y trouve et qui m’avait frappé, parce que j’y entends plus une expérience d’écrivain, lorsque Gracq affirme qu’un roman doit suivre sa pente.

A moins que ce ne soit Gide (pour lequel je n’ai guère plus d’affection que Gracq). Il se peut que la remarque vienne du Journal d’Edouard, dans les Faux Monnayeurs. Sûr que c’est l’un ou l’autre, mais plus certain duquel. Flemme de rechercher. Pas grave. Ce billet n’est pas un cours et je suis en vacances, eh eh… Je demande donc au lecteur un peu d’indulgence pour ma mémoire encombrée.

Un roman doit suivre sa pente, c’est ça qui compte et je vous avouerai que c’est bien ça l’embêtant. Parce qu’il faut trancher dans le gras, tailler dans le vif, en jetant parfois à la poubelle des pages et des pages, voire en reconduisant dans les limbes dont ils sont sortis par mégarde ou par ennui certains personnages, des épisodes entiers auxquels on s’était attaché bêtement, bref, suivre la pente du roman, c’est contraignant. Mais il n’y a pas à tortiller, comme disait ma grand-mère, une petite voix vous fait entendre que là, non, c’est une autre pente, qui mène nulle part ou ailleurs…

Je suis donc en train de faire suivre sa pente au roman qui m’occupe depuis déjà février et qui sera, je l’espère, bouclé fin août. Drôle de vacances dans le passé  de mon pays et de moi-même, si si ! drôle de retraite et de retrait aussi, c’est une étrange ressource que l’écriture, qui vaut bien un été, croyez-moi. 

20:48 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (13) | | |

vendredi, 19 juillet 2013

Vacances

On annonce l'arrivée de grosses canicules. C'est le temps de se mettre au frais. Je vous souhaite un bel été et vous dis à bientôt, pour d'intrépides et nouvelles aventures

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Rubens  - Entrevue de Henri IV & de Marie de Médicis à Lyon, Louvre, détail

19:59 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | | |

dimanche, 14 juillet 2013

Son ombre, peut-être

La nouvelle est passée quasiment inaperçue en ce dimanche quatorze juillet : Suzanne Burrier, la doyenne des Français « s’est éteinte », comme on dit pudiquement. A l’âge de 112 ans. Dix de moins que Jeanne Calment, comme quoi ce qu’on nous raconte sur l’allongement de la vie tient de la billevesée.

Au Ventoux, il est interdit de dire qu’on a des soupçons devant la dégaine de celui qui « fait mieux que Lance Armstrong ». Froome et sa tête de E.T. surmoléculé  qui sprinte en pleine côte n’émeut pourtant plus personne. S’il porte bien le maillot jaune, faut dire qu’il porte mal la joie. Il remplit un contrat, l’air pincé. C’est tout. Le Tour mérite mieux.

L’Elysée aussi. La cravate de travers sous les quolibets,  hué, conspué, Hollande a récolté, l’air pincé, ce qu’il a semé. Puis, devant une pelouse de l’Elysée vide et mal taillée, il a parlé pour ne rien dire, « d’être optimiste », comme Sarkozy naguère, devant Claire Chazal qu’un inconnu avait recouverte d’un sceau d’excréments au sortir de TF1 il y a deux semaines. Drôle de pays.  Pendant ce temps, les cigarettes prennent 20 centimes.

En un week-end, Guillaume Pépy, patron de la SNCF, est devenu une star grâce à une éclisse. Il n’empêche. Je ne sais pas ce qui est le plus stupéfiant et horrible à la fois : se retrouver dans un wagon qui est projeté sur un quai, ou sur un quai et se recevoir un wagon en pleine figure. Les cellules de soutien psychologiques, comme les minutes de silence, ne font que masquer l'indicible. En haut lieu, on fait mine de découvrir que les infrastructures des « lignes malades » sont vraiment vétustes. Ce que tout usager normal sait depuis déjà longtemps.

L’héritier(e) de la couronne britannique aura de la classe : pour preuve, malgré tous les journalistes massés devant l’hôpital où sa mère s’apprête à lui donner naissance, malgré l’impatience des sujets de Sa Gracieuse, il a eu le bon goût de ne pas naître le jour de la fête nationale des Frenchies.  Dans ses Mémoires, Las Cases rappelle le propos de Napoléon à l’accoucheur de Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche, princesse de Hongrie et de Bohème, « qu’il n’avait qu’à se figurer qu’il accouchait une bourgeoise de la rue Saint-Denis ». Kate Middleton, qui n’est que la fille d’une bourgeoise du Berkshire aura droit, elle, à un accouchement de reine. Quant à Line Renaud, elle vient d'accéder au grade de Grand Officier de la légion d'honneur voulue par l'Empereur. Ainsi va le monde.

Pour finir, comme si les gens s'intéressaient encore aux timbres postes, Olivier Ciappa, l'un des auteurs du nouveau timbre choisi par le président de la République vient d'avouer qu'il lui a été inspiré par l'une des fondatrices des Femen, Inna Schevchenko, ce qui ne manque pas de provoquer émois et débats sur les réseaux sociaux. Mariane, une Femen... Ce monde, aussi vide de surprise qu'il est empli d'excès, décidément, ne mérite que la satire. C'est ce que dirait l'illustre neveu de Rameau, s'il errait encore parmi nous ;  celui qui riait de tout dans les jardins du Palais Royal et poussait le bois dans les beaux cafés... Son ombre, peut-être...

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Gravure de Fernand Siméon pour Le Neveu de Rameau, Jules Meynial Ed

Bibliothèque nationale de France, département Arts du spectacle, 

 

 

mercredi, 10 juillet 2013

Lambert en fumée

Tout le monde connait sa silhouette, à la pointe de l’ile Saint-Louis, quai d’Anjou. Il est classé monument historique depuis 1862. En 2007, le neveu de l’émir du Qatar Hamad Ben Khalifa-Al-Thani (celui qui vient d’abdiquer), Hamad Abdallah al-Thani,l'a rachèté pour la somme de 80 millions d’euros au baron de Guy de Rothschild, lequel mourut quelques jours avant la signature. L’auteur de la discutable formule, « juif sous Pétain, paria sous Mitterrand » y avait organisé des fêtes somptueuses avec son épouse Marie Hélène van Zuylen de Nievelt de Haar.

Il le tenait du milliardaire chilien Arturo Lopez Willshaw surnommé le roi du guano, qui y vivait avec son mignon, le richissime financier et collectionneur d’art Alexis de Rédé, un pote de Pierre Bergé, dont le peintre Pierre Le Tan écrivit ; « Il existe à Paris une poignée d’hommes qui, depuis des décennies, semblent ne pas avoir vieilli, ou presque. Ainsi l’élégant baron de Rédé, souvent drapé dans une cape et chaussé d’escarpins d’une extrême finesse. Ses cheveux d’acajou sont tantôt plaqués, tantôt légèrement bouffants. De loin, sa silhouette est celle d’un homme de quarante ans ».

En décembre 1969, ce dernier donna à l’hôtel Lambert un Bal Oriental qui lui couta un million de dollars et qui est encore considéré comme l’une des plus célèbre fêtes de l’après-guerre. Le maître de cérémonie, déguisé en prince mongol, y accueillait le Tout Paris de l’époque. Des esclaves noirs au torse nu portaient des torches dans le grand escalier menant à la salle de bal, tandis que des automates jouaient différents instruments dans la galerie d’Hercule, considérée à sa création comme une première ébauche de la galerie des glaces de Versailles

Pour assurer la transition entre fêtes parisiennes et fêtes arabes, le nouveau propriétaire a voulu transformer l’hôtel Lambert en « maison de famille », avec ascenseur pour voitures et salles de bains dans chacune des vingt chambres. Le chantier a alors été confié à Bouygues Rénovation privée, une filiale de Bouygues construction.

A titre d’exemples, la construction d'une salle de bains nécessite la destruction de l’ancien cabinet de Jean Baptiste Lambert (premier propriétaire et trafiquant notoire de biens immobiliers) et celle de l’ascenseur de défoncer un plafond peint à poutres et solives au dessus d’un bel escalier en bois sculpté au XIXème.

En décembre 2007, l’association Paris historique estima qu’avec un tel projet, il y avait « perte d’authenticité et de substance du  bâtiment ». Elle porta plainte pour « dénaturation de chef d’œuvre ». Elle obtint de Bertrand Delanoë qu’un projet de parking sous jardin (le premier jardin surelevé de Paris au XVIIeme), avec une porte pivotante percée dans le mur d’enceinte du XVIIe fût bloquée. Le ministère de la Culture s’en mêla et l’affaire devenant publique, chacun joua son image sous l'oeil de la planète entière ; Delanoë et la mairie de Paris doit se montrer capable d’attirer de grands investisseurs dans la capitale, Albanel et le ministère de la Culture de défendre le patrimoine français, les associations de ne pas avoir l’air intolérantes et les propriétaires qataris de demeurer des propriétaires respectueux des édifices qu’ils achètent.

Mais voilà que la Pologne s’en mêle à son tour : Avant le roi du guano et son éphèbe proustien, l’hôtel Lambert, avait appartenu au prince Adam Czartoyski qui avait accueilli sous ses plafonds  les nombreux exilés polonais en fuite devant la répression russe après la Grande émigration de 1831. A cette époque, l’hôtel avait connu de grandes fêtes romantiques et s’y croisaient Chopin, George Sand, Liszt, Balzac et Delacroix. L’hôtel lui-même, par les soins du prince, devint alors un centre intellectuel majeur de la résistance polonaise en Europe.  L’ambassadeur polonais, Tomasz Orlowski s’émeut donc de la destruction programmée de l’escalier du XIXe, principal témoin de cet épisode.

Depuis cette nuit, le feu, ce grand purificateur dont Léon Bloy écrivit à la fin de La femme pauvre qu'il est le symbole de la justice éternelle, met tout le monde d’accord. Cent quarante pompiers sont mobilisés pour éviter que ce haut lieu de luxe et de débauche ne parte définitivement en fumée. Hyperbolique et peut-être même un peu à côté de ses pompes, le maire de Paris vient de proclamer qu'un tel incendie faisait partie des épreuves que connait Paris...

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lundi, 08 juillet 2013

Le coureur perdu

 A la lucidité de Thibaut Pinot

Le podium n’était pas son rêve. Le podium n’en était qu’un des éléments les plus tangibles. Et pas davantage les micros tendus des journalistes. Ni les files de spectateurs braillant le long des routes. Tout cela ne tenait que de l’apparent. Sur le Tour comme ailleurs, on passe son temps à chercher de quelle sienne réalité l’apparent s’est fait la brume.

On lui avait parlé très tôt du mythe : Le podium devenu triomphe. Les micros devenus gloire. Les longues échappées de solitaire, chevalier devenu son propre cheval. Le pays tout entier au bout des pédales, et les plaines, les forêts, les pavés, les cols, les églises. Quelque chose du Graal encore vivant dans ce cycle de fer. Rouler dans une histoire.

Il y avait aussi les grands devanciers, les pionniers. Pas de légendes sans quelques noms propres, grappillés au Parnasse des Grimpeurs. Des noms et des surnoms : l’indomptable. Le cannibale. Le pirate. Tout ça justifia ses premiers efforts, dans – c’est ainsi qu’on le répète niaisement devant la caméra – son « rêve de môme ». Vivre le plus longtemps possible dans ses tout premiers albums de bandes dessinées, quand la ligne est bien claire et la route droite, chacun à sa place,  le monde et le peloton enchantés.

Mais alors, quel était son rêve ?

Satisfaire quelqu’un qui vous sourit, comme quand on est petit et qu’on court vers lui. Gagner sa reconnaissance. Conquérir son amour. Mais ce quelqu’un, qu’il est difficile à rencontrer à présent dans la foule des passants qui, déjà, arpente son existence ! A moins que ce ne soit soi-même, à bâtir ? Ne pas trop se poser de questions sur la selle. Pas le lieu ni l’heure. Les questions sont des portes ouvertes sur le rêve. Et dans le rêve, on a beau être invincible, on ne gagne jamais. C’est dans le Réel qu’il faut placer ses efforts. Là qu’il faut pédaler. Discours d’entraîneur. Sensations physiques.

Surtout, il y a la France. Nul n’est prophète en son pays, songes-y. A l’heure de la mondialisation frénétique et du règne de l’Autre marchand, il est plus facile de gagner le Tour quand on vient d’ailleurs, et que le lieu n’est qu’un stade comme un autre, qu’on ne s’embarrasse pas de lui ni de soi en lui.

Il les a donc accomplis, ses efforts.  On ne pourra, ça au moins, jamais le lui retirer. Il a même joui de les faire. Il est passé si souvent par lui-même qu’il s’est dépassé. Et dans la rage, il s’est arraché. C’est même devenu un plaisir, une raison, un but, un moteur. Un métier ? Des mois, des ans que ça l’agrippe. Gagner.

La compétition entre en soi, peu à peu. Se forge. Il faut avoir aimé la victoire de quelqu’un et subi en vaincu humilié sa propre défaite, ou celle de ceux qu’on aime. Après, ça pousse tel un sortilège. C’est banal et douloureux, un sortilège. Tu t’alignes au clan, tu t’intègres, tu te fonds, jusqu’à tous les surpasser. Ils ont gagné, tu as les ailes qu’ils ont voulues. Mais tu les as vaincus, tu voles au-dessus d’eux.

Par bonheur, il y a l’équipe, qui laisse à penser que la loi de la compétition n’est pas non plus souveraine. Le cyclisme est un sport collectif, te l’a-t-on assez rabâché ! Pourtant tu te sens tout seul sur la ligne. Si seul ! Quand tu grimpes et qu’il faut redescendre.

La compétition, finalement, oui, pourquoi pas. Même si tu n’aimes pas les compétiteurs, tu accepteras d’en devenir un. Tu trouveras bien le moyen de faire comme si c’était une solution, et pas une fin en soi. Tu tenteras d’obéir à sa règle, veillant à ne pas te briser. Tu réaliseras ton rêve sans le fracasser, comme un moteur ardent. Il va falloir t’aimer dans cette nouvelle peau. Tu essayes. Eux, ils disent que tu grandis. Tu progresses. Graine de champion. Un espoir, qu’ils t’appellent. Tu te méfies de leurs mots. Des clichés, leurs mots. Des clichés qu’ils se repassent. Le monde des people t’effraie et te fascine. Ecraser les autres, après tout, ce n’est qu’un jeu. Demain c’est toi qu’ils écraseront. Leur loi. C’est toi ou eux, n’est-ce pas ? Mais quand enfin tu auras gagné, tes ailes intérieures auront fondu. Eux, ils auront vaincu.

Dans la chaleur qui fige tout, la nervosité qui t’ébranle, leur monde t’apparaît : ton rêve ? Leur rêve… Tout reste encore à surpasser. Les vrais cols sont à l’intérieur, il faudrait pédaler les yeux fermés, oui, ne plus voir. Ne plus les voir.

Car derrière ces meutes massées sur la route, il y a la bêtise humaine. Le grand show qui avala des millions de figurants et même les plus Grands. Même les plus grands s’y sont brûlés. Ils ne furent jamais des dieux, on t’a menti, petit. Que des gladiateurs. Des imbéciles.

Derrière ces micros tendus, il y  a le vide. C’est bouleversant, ce vide, bien plus que celui des falaises. Tu voudrais le remplir de tes mots, mais le vertige te gagne devant ces journalistes qui ne font que leur boulot en tendant leurs micros. Ils suent. Eux-aussi, des crédits par-dessus la tête. Leur ligne, c’est le scoop. Eux, tu ne les as jamais cherchés. Ils sont là, pourtant. Des falsificateurs. Des imbéciles.

Il y a ce président de la République à lunettes venu parader, gras, infatué de lui-même, comme les autres refait du cheveu et des dents, faux de la tête aux pieds. Il parle de Tour propre, ah ! ah ! Son sourire, une grimace. Vanité, ses paroles. Un politique qui veut baiser l’Histoire. L’Histoire le baisera comme les autres. C'est le plaisir des peuples de les regarder tomber, un à un. Un imposteur. Un imbécile.

Et puis l’argent, surtout. Celui que tu fais gagner à ceux qui te mentent, Ils parlent de te faire gagner des étapes, il ne s’agit que de leur faire gagner des millions. Des millions, en veux-tu ?

L’argent, bien sûr. Les sponsors sont les pires. Eux, les puissants. C’est ton sang qu’ils doperont. Ton propre sang vaut-il ce jeu ? La question que tu n’oses poser à personne. Surtout pas à toi-même. Loyauté en allée. Tu es minuscule dans leur jeu.

Ah, s’ils pouvaient voir, ton mépris, dans ta tête !

Mais voilà que ton mépris te casse. Et toi, qui es-tu ?

Tu perds à présent quelques secondes. Décroché, comme ils disent. Et si tu décrochais, pour de bon ? Pour voir ? Tu as encore tant de choses à comprendre. Les jambes sont encore là, certes. Mais la tête, diras-tu, n’y était plus. Tes coéquipiers ont passé le col sans t’attendre. La voiture de ton entraîneur aussi. Ce qui devait te sourire ne te sourit plus. Le doute te brûle : ce qu’il faudrait, c’est gagner dans le monde dont ils t’ont fait rêver, pas dans celui-ci, qui pue.

Oui, mais…

C’est bien là tout le sens de l’épreuve. Tu t’éprouves. Tu penses alors qu’il ne faudrait pas penser. Tu dévales à plus de 80 kms heures les pentes du col. Mais les trajectoires fusent, les réelles et les irréelles. Quand tu franchis la ligne, il est trop tard. Tu diras que ta déception est immense. Tu aimerais avoir le temps de comprendre toute la force, la vivacité, la nature de ce que tu as entrevu : comme si l’apparent n’était fait que d’illusoire. Il en faut peu pour devenir un coureur perdu. 

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Daussy - Le Tour de France, 1945