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lundi, 13 février 2012

Le torchon brûle

Tandis que le candidat du PS, avec sa gueule de monsieur Homais et son « rêve français » tente d’investir je ne sais quel « pôle républicain », tandis que le candidat président, avec sa gueule de hussard et son « combat pour les valeurs » part en chasse sur « les terres du front national », il est des images qu’on ne peut ni cacher ni montrer : celles de la réalité des incendies à Athènes, ceux qui sont spontanés comme ceux qui sont provoqués. On ne peut les cacher, on les montre donc, furtivement, entre deux actualités, le « froid  polaire » et les agitations des sieurs Hollande et Sarkozy qui s’en vont en campagne, comptant sur ces deux non-événements pour détourner l’attention du torchon qui brûle.

 

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Cela n’empêche pas, évidemment, le  torchon de brûler.

07:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, ps, sarkozy, hollande, athènes, grèce, crise de la dette, euros | | |

samedi, 11 février 2012

L'Astrée techno

Il y a loin du vocabulaire amoureux contemporain aux jeux galants qui avaient cours du temps d'Honré d'Urfé, né par temps frisquet d'un 11 février de l'an 1567. Avec les bergers de l'Astrée, nous voici en Gaule, au Vème siècle de notre ère, dans cette partie de la plaine du Forez qu’arrosent les eaux limpides du Lignon : « Auprès de l’ancienne ville de Lyon, du côté du soleil couchant, il y a un pays nommé Forez qui en sa petitesse contient ce qui est de plus rare au reste des Gaules… » Ainsi débute le roman inachevé d’Honoré d’Urfé, dont les douze premiers livres parurent en 1607, tandis qu’autour du bon roi Henri IV, triomphait la mode des pastorales.  En 1610, l’année de Ravaillac, est éditée la seconde partie. Sur ce lien, le texte mis en ligne par Paris Sorbonne.

Se replonger quelques instants dans les aventures d'Astrée et de Céladon, c’est une bonne façon de couper court aux intrigues médiatiques contemporaines et de rompre avec l'à peu près linguistique qui nous sert de langue nationale et de langage amoureux. Imaginons par exemple une traduction en français contemporain de cette phrase, piochée au hasard; c'est Silvandre, s'adressant à Diane : «Ma maîtresse, ne plaignez point la peine que vous avez prise de venir jusques ici; car encore que vous vous soyez un peu détournée, toutefois vous verrez une merveille de ces bois.» 

Lire l'Astrée en 2012, c'est tout à la fois probablement s'aventurer en une terra incognita fort périlleuse, s'adonner à une véritable ascèse de l'esprit, et prendre le risque d'une perplexité sans fond. Je m'y étais frotté il y a bien longtemps, lorsque j'étudiais La Nouvelle Héloise de Rousseau. Les années 80 épousaient le déclin et la somnolence d'un président pharaonnique et malade, et le quartier latin n'avait déjà, (de latin), que le nom. Bref, le siècle précédent s'effilochait dans l'ignorance des amours entre bergers et bergères, dans le mépris des ruisseaux et des nymphes, et dans l'oubli des pastorales d'Henri IV. Aussi, ce croustillant feuilleté de culture savante m'avait-il déjà passablement ennuyé, n'étant moi-même plus capable de surprendre l'écho d'un roman national dans le tissu du roman sentimental (comme la préface de je ne sais plus quel universitaire m'y invitait). Quel musicien audacieux serait à présent capable de mettre en musique ce sonnet de l'Astrée en pur langage françois ? Sur un fond techno qui rendrait les paroles inaudibles, il n'est pas dit après tout qu'un certain goût de l'époque pour le frivole et le décalé ne lui assurerait pas un petit succès...

 Mon Dieu quel est le mal dont je suis tourmenté ? 
Depuis que je la vis ceste Cleon si belle, 
J'ay senty dans le cœur une douleur nouvelle, 
Encores que larron son œil me l'ait osté. 

  Depuis d'un chaud desir je me sens agité, 
Si toutefois desir, tel mouvement s'appelle, 
De qui le jugement tellement s'ensorcelle, 
Qu'il joint à son dessein ma propre volonté. 

  De ce commencement mon mal a pris naissance, 
Car depuis le desir accreut sa violence, 
Et soudain loing de moy le repos s'envola. 

  Au lieu de ce repos nâquit l'inquietude, 
Qui serve du desir bastit ma servitude : 
Voila quel est mon mal, mais mon Dieu qu'est cela ?
 

 

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Tapisserie représentant Astrée et Céladon au bord du Lignon (Bastie d'Urfé)


09:55 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : l'astrée, honoré d'urfé, littérature, henri iv, pastorales | | |

mercredi, 08 février 2012

La Gazette de Solko n°17

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00:05 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, assemblée nationale | | |

mardi, 07 février 2012

Toutes les civilisations valent bien une campagne présidentielle

La  petite phrase a fait mouche. C’est fait. Dans les états-majors de tous les partis, elle a joué son rôle sordide. « Allumer le feu », dirait un certain rocker presque septuagénaire et amateur lui aussi de lieux communs. Dans le calendrier de la campagne, elle a tenu son rang. « Toutes les civilisations ne se valent pas », et son corollaire tout aussi absurde, « toutes les civilisations se valent », cimentent ainsi chez les éditorialistes de tous crins une polémique bipolaire digne d’un café du commerce qu’on aurait réduit à sa portion de clients la plus alcoolisée.

Que penserait de tout cela un spécialiste de la question comme Georges Dumézil ? Rien, sans doute, sinon qu’il est détestable de perdre son temps et qu’il n’y a rien à penser de ce type de formules, le « tout se vaut » étant aussi dénué de  perspective et de sens que le « tout ne se vaut pas. » : Hamon d’un côté, Raffarin de l’autre, un débat s’élève pourtant ! Le Président de la République et le Chef de l’opposition la ramènent à leur tour. Le plus étonnant étant in fine le silence de ceux qu’on appelait jadis les intellectuels (voire les érudits)  pour tenter de recentrer la question.

Une telle phrase a donc une fonction : créer le buzz. Faire qu’une journée encore se déroule, durant laquelle on parle de la campagne. Démocratie spectaculaire oblige, la vie médiatique du pays va devoir battre au rythme de la campagne, c’est à dire de ces formules creuses mais si efficaces auprès des militants, puisqu’elles ont l’air de définir pour chaque camp ce que sont le Bien et le Mal, le Vrai et le Faux, le Juste et l’Injuste. De quoi simplifier la vie de l'électeur de base qui n’a plus qu’à placer son indignation dans le parti de son choix. Bref, le Pour et le Contre.

A coups de formules communicationnelles, les deux camps jaugent ainsi leurs forces chez les sondeurs, les militants, les sympathisants. Ces formules dont les mois qui viennent fourniront de nombreux exemplaires (on aura même besoin pour se décider devant l’urne d’un kit complet)  animent ce que Julien Benda dans la Trahison des Clercs appelait la passion politique : ce penchant funeste et si dérisoire qui pousse un intellectuel, au nom du « réalisme », à s’engager dans le champ du politique, à faire rentrer les passions politiques dans ses activités de clercs.

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Julien Benda

Relisons brièvement ces quelques lignes que j’en tire ce matin :« Pour en revenir à l’écrivain moderne et aux causes  de son attitude politique, j’ajouterai que non seulement ils sert une bourgeoisie inquiète, mais qu’il est devenu lui-même de plus en plus un bourgeois, pourvu de toute l’assiette sociale et de toute la considération qui définissent cet état, l’homme de lettres bohème étant une espèce à peu près disparue, du moins parmi ceux qui occupent l’opinion ».

En soulignant l’adéquation entre les changements apportés au statut social des écrivains et la structure de leur esprit, Benda anticipait le monde contemporain : il annonçait déjà la naissance de l’insupportable bobo de gauche, frère jumeau du bien-pensant de droite, la réduction de la vie intellectuelle critique à du lieu commun communicationnel adaptée aux réseaux sociaux et, pour parler bref, la défaite de la pensée. Sa conclusion elle-même, lorsqu’il se fit le chantre de « l’existence désintéressée » face aux « passions politiques » porte tous les germes de l’abstention populaire qui menace les états-majors politiques des deux camps, et qu’ils  cherchent à combattre par ce genre de tactiques de partis aussi minables qu’éculées, qu'on appelait jadis de la propagande.

dimanche, 05 février 2012

Ciel de suie

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On a souvent comparé Lyon à une ville du Sud, vantant sa lumière et sa pierre gallo-romaine. Mais c'est trop vite céder aux charmes trompeurs de l'été.  L'hiver, Lyon retrouve sa lumière native et sa nature véritable, quand sous le sortilège de son dieu qui lui vint un jour d'Irlande ou des brumes de Norvège, elle se met à ressembler à Bruges ou Dublin, sous la robe  incontestable d'une fille du Nord.

De là vient cette passion froide et cette fidélité extrême qui sommeille au fond du tempérament lyonnais, si l'on en croit toute la littérature écrite en ce pays-là. Tempérament que nul n'a mieux exprimé qu'Henri Béraud dans son roman Ciel de Suie. 

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06:27 Publié dans La table de Claude | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : henri béraud, littérature, lyon, lug, italie, irlande | | |

samedi, 04 février 2012

Vote utile et double contrainte

Les effets de l'injonction paradoxale dans l’interaction humaine ont été décrits par Paul Watzlawick dans le chapitre 6 de Une logique de la communication, titré « La communication paradoxale ».  C’est  là que s’élabore la fameuse théorie de la double contrainte, popularisée par le Collège invisible de Palo Alto.

Il y explique que la double contrainte se manifeste dès lors que dans une relation intense entre un destinateur et un destinataire,  un message est émis de telle sorte que :

-         Il affirme quelque chose

-          Il affirme quelque chose sur sa propre affirmation

-         Ces deux affirmations s’excluent

Pour que la double contrainte soit portée à un effet maximal, il faut que le récepteur du message soit placé dans l’impossibilité de sortir du cadre fixé par le message, soit par une métacommunication critique, soit par le repli. De sorte que celui qui se risque à dénoncer la double contrainte soit sanctionné en passant pour une sorte de méchant ou de fou.

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Ce qu'affirme l'image et ce qu'affirme la légende s'excluent mutuellement. 

En appliquant cette analyse à la campagne éléctorale qui se met en place, on s’amusera ici à débusquer la façon dont cette stratégie est bien présente à plusieurs niveaux dans les messages qui sont proposés aux électeurs par les différents candidats.

On commencera par un message particulièrement pervers envoyé par les deux principaux, ceux qui sont censés – au nom d’une sorte de droit de cuissage républicain- se trouver de droit au second tour : celui  du vote utile.

La notion de vote utile est utilisée à gauche comme à droite en référence au résultat prétendument tragique du 21 avril 2002 et à la propagande médiatique qui a suivi pour le dramatiser dans l’opinion publique

Elle joue sur cette notion de double contrainte parce qu’elle enferme dans une sorte de culpabilité les électeurs peu convaincus par la capacité des candidats officiels de l’UMP ou du PS à représenter qui la droite, qui la gauche (1), et enclins à utiliser le premier tour pour le faire savoir, dans le discours d’une apparente stratégie qui les conduiraient in fine à plébisciter par deux fois le candidat qui n’est pas à l’origine celui de leur choix, à l’inscrire définitivement dans la connotation « de droite » ou « de gauche » censée être la sienne, et à le plébisciter de la scandaleuse façon dont le fut Jacques Chirac, dont le score en vérité dérisoire fut digne d’un Napoléon III de la Cinquième République.

L’électeur se trouve dans ce cas de figure contraint de voter pour un candidat officiel non pas parce le message de son programme le convainc (il affirmerait quelque chose), mais parce on lui dit qu’il est utile par défaut qu’il  s’en contente. (affirmation sur la première affirmation créant l’injonction paradoxale).

Contraint de voter pour un candidat qui n’est pas vraiment le sien  au premier tour et pour « le moins pire » au second, l’électeur se trouve ainsi enfermé dans un ultimatum électoral qui n’a, si on regarde de près le processus, plus grand chose de démocratique, mais dont la propagande médiatique lui dira qu’il participé à « la Victoire » ou à « l’Histoire » en étant un « bon citoyen ».

Deux seules façons de s’échapper de cette double contrainte aliénante, soit métacommuniquer, soit fuir : dénoncer publiquement l’imposture ou ne pas voter. Dans les deux cas en effet, les sectateurs zélés qui défendent « le parti » ne manqueront pas de lui dire qu’il est soit un « méchant », soit un « fou »

(1)             Signifiés il faut bien le reconnaitre de plus en plus abscons

13:06 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, ps, ump, palo alto, double contrainte, vote utile | | |

jeudi, 02 février 2012

James Joyce a 130 ans

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A la main. Pas encore, l'ordi. Pas encore. Le papier se gratte. Faut que ça crisse. Traits, tracés, lettres. Partir et revenir. Bruire. C’est aujourd’hui l’anniversaire de Joyce. L’ aurait 130 ans. Des pleins et des déliés. 130. Bigre, le bougre.

130 ans ! Il y a peu, Le Figaro titrait : « Vivre 130 ans, l’incroyable révolution de la science ». Assembler ses molécules comme des legos. Régénérer les organes. Hop là ! Tripatouiller le dedans. Laboratoires sans fin. Dans leur folie démocratique, les scientifiques de mes deux déclarent « abolir les inégalités génétiques ». Finirai par plus adhérer du tout à l’égalité si ça continue. Sauver ses gènes de leur sans-gène.  L'égalité à tout prix. Envers et contre tous. Jusque dans la programmation céleste. La ruche sans issue. Pour tous, en plus… Pouarkkrr…. De quoi vous  dégouter, si le spectacle de leur propagande électorale ne l’avait déjà fait. Pour de bon. Sarkozy déplumé. Hollande enfariné. Pitres pour des pitres. Jamais d'honneur, là-dedans. Jamais.

130 ans, c’est Jeanne Calment + 8. Mais Jeanne n’a laissé aucun écrit. Nothing, nada. Oubliée, la Calment. S'est laissée séchée paresseuse. Dans le trou, à présent. Comme tout le monde. Le trou, la tombe, la fin du voyage. C’est le point crucial. Le point où convergent toutes les lignes de Joyce. Le point de création, d’où tout sort, aussi. Ithaque la pure. Le cœur qui bat, la tombe. « Un  type pourrait vivre dans son coin tout seul toute sa vie. Oui, il pourrait. Mais tout de même il aurait besoin de quelqu’un pour le descendre dans le trou qu’il aura pu creuser lui-même » Ça aussi, ça sort d’Ulysse. Page 162. Collection folio, tome 1.

C’est tout le contraire de ce qu’ils disent, les scientifiques, les politiques, les chiens de garde. Vive la mort ! Sans mort, pas de solidarité. Pas de talent. James Joyce a eu 130 ans tout seul. Comme un grand. Un très Grand même. A force de gratter sa plume. A la poigne de la rature. Comme un vieux merle. Du dandysme, là-dedans. Pas peur de son élitisme. De sa morgue. En a fait quelque chose, lui.

Nous quittons tous la maison paternelle comme le fit Stephen, pour chercher infortune. « Peut-être pourriez vous y retourner », suggère Bloom, dans l'Abri du Cocher. La taverne, tout est là. Suggestion de l'impossible retour. Retour, quand même : « Il revient  après toute une vie d’absence à ce point du monde où il est né, où il fut toujours, jeune ou vieux, un témoin silencieux, et là, son voyage terminé, il pante son murier. Et meurt. La séance est levée.»

130. Le bon âge des patriarches : «Le nombre de mes années de migrations est de cent trente. Les jours de ma vie ont été peu nombreux et mauvais et je n'atteindrai pas le nombre des années qu'ont duré les migrations de mes ancêtres. », se plaint Jacob à Pharaon. Durer et puis durer. Dieu s'endure. Pas tous capables de tenir. Pas tous. Et Ulysse, combien ? Qui me dira l'âge d'Ulysse au dernier instant ? 

Lira-t-on encore Joyce dans 130 ans ?  Demander, interroger, mener l’enquête autour de soi, sondages Ipsos, Sofres, Opinion Way : qui a lu Ulysse d’un seul trait ? Sondez, sondez voir, pour voir. Et Finnegans ? Qui s’est tapé Finnegans ? Les Morts, à la limite. Huston au secours. La pellicule, plus la page. Triche. Mais qui s’est tapé Finnegans sans ciller ? Moi pas. Moi pas pu. Qu’importe ! A partir de quand un écrivain survit-il à sa disparition physique ? Je veux dire, à partir de combien de lecteurs, pour exister, grand âge ? Chêne qu'on n'abbat plus. Combien longtemps ? Comme le descendre dans son trou, tout ça, tout pareil. Lire, descendre dans ses mots. L’enrober Pastiche. Dure encore. Dure encore, aujourd’hui. Un feuillet de lui, là-haut. Fortiche.

Aujourd’hui, James Joyce aurait 130 ans. Aujourd’hui, James Joyce a cent trente ans. 

00:00 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, james joyce, 130 ans, ulysse | | |

mercredi, 01 février 2012

La gazette de Solko n°16

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06:17 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : moodys, standard and poor's, hiver, neige | | |

lundi, 30 janvier 2012

La fabrication d'un président

Si Sarkozy disparaît, pourront en tout cas le remercier tous ceux à qui il aura permis de vendre du papier, chiens de garde du sarkozisme comme chiens de garde de l’anti-sarkozisme, éditorialistes et autres. L’anti-sarkozisme est en train de devenir l’un des composants du politiquement correct, comme le fut en 2007 le sarkozisme lui-même.

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Un autre mal apparait, le hollandisme, avant l’anti-hollandisme qui sera prompt à son tour à pointer le bout de son nez . Chirac et Mitterrand, avaient eu l’un et l’autre plus de temps pour construire leur « stature » (comme disent les politologues) que ne l’eut le petit Nicolas en 2007 et que l’a le petit François dorénavant. Le tour de passe-passe communicationnel qui consiste à changer en quelques mois un individu «normal » pour paraphraser l’ancien compagnon de Ségolène en quelque chose ou quelqu’un qui aurait une stature de chef d’Etat est de plus en plus périlleux, dès lors qu’il se fait à cette vitesse, sous l’œil des médias, et donc de l’homme de la rue . Il y faut la collaboration de ces machines électorales capables d’organiser ces grands meetings dans le genre de celui du Bourget pour Hollande 2012 ou de la porte de Versailles pour Sarkozy 2007. Il y faut les fausses confidences (j’ai changé /je n’ai pas changé), les petites phrases, le dérisoire des symboles . La fabrication médiatique d’un président est à ce prix. Un homme-produit, somme toute, et même surgelé, qui accepte d’être entièrement manufacturé par son accession au pouvoir. De ce point de vue, Hollande candidat ne fait que copier Sarkozy candidat qui, président, ne fait qu’imiter dorénavant ce que firent ses devanciers. On voit là la limite de la société du spectacle, de ce « show who must go on » en vertu de la loi des marchés.

Non, ce n’est pas la seule Cinquième République en tant que système politique qui montre ici ses limites, mais toute l’organisation sociétale d’un pays vieillissant, incapable de renouveler son personnel politique. J’en veux pour preuve une chose qui semble pourtant « à gauche » (enfin, ce n’’est plus qu'une expression pour localiser les gens, un peu comme sur un GPS) ne choquer personne, et qui cependant demeure si significative : ceux qui prétendent incarner le changement sont ceux qui ont perdu le pouvoir il y a quinze ans, les Hollande, Aubry, Mélenchon, Moscovici, Sapin, Mamère, et consorts : sexagénaires grisonnants et sans grande énergie. Il y a là plus qu’un paradoxe ; une imposture qui vaut déjà toutes celles de Sarkozy…

Comment l'homme du commun, le véritable homme du commun, l'homme pleinement normal réagira-t-il dans l'isoloir face à cette imposture médiatique qu'on appelle campagne ? Il n'a depuis longtemps plus "honte" de voter Le Pen. Même Le Pen ne suffit plus, à ses yeux, à dire sa rancoeur : Le Pen fait partie elle aussi du système.  Il votera pour sa belle mère, pour son chien, pour une boite de camembert puisque elle aussi se nomme Président. Peut-être même qu'il ne votera pas. D'ailleurs, que signifie le vote, dans l'Empire ? Et, surtout, dans l'Empire en décomposition ? 0,60 euros par voix, si ma mémoire est bonne, qui part dans les caisses des partis. En temps de crise, ils n'ont pas honte, tous...

00:00 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, campagne | | |