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mercredi, 01 février 2012

La gazette de Solko n°16

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06:17 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : moodys, standard and poor's, hiver, neige | | |

mercredi, 01 décembre 2010

Ce que la neige ramène aux hommes

BEYSSON.jpg

Louis Antoine BEYSSON (1856-1912)

Locomotive dans la neige

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18:14 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : peinture, neige, littérature, louis antoine beysson | | |

Au commencement était la neige

Si Jean Giono est le romancier de la neige, Yves Bonnefoy en est bien le poète.  Le titre du recueil qu’il publie en 1991 (Début et fin de la neige) l’annonce comme une évidence : avec son commencement, sa durée, sa disparition, la neige possède bien, comme les mots, une histoire dont l'incarnation éclipse toute autre que la sienne. En quinze poèmes, Bonnefoy s'aventure à la déchiffrer 


Première neige tôt ce matin. L'ocre, le vert

Se réfugient sous les arbres

Seconde vers midi. Ne demeure

De la couleur

Que les aiguilles de pin 


C’est bien cela, tout d'abord, la première sensation de la neige : cet effacement progressif qui prend la forme d'une restriction du visible, immobilisant, dit le poète, le fléau de la lumière. Mais en même temps sa blancheur, qui  rend le miroir vide donne à nos gestes, nos pas, nos paroles, une nouvelle lisibilité. L’enfant, dit Bonnefoy « a toute la maison pour lui », puisque les temps de neige permettent une exploration de l’instant différenciée de celle des jours ordinaires :

 

A ce flocon

Qui sur ma main se pose, j’ai désir

D’assurer l’éternel 

En faisant de ma vie, de ma chaleur,

De mon passé, de ces jours d'à présent,

Un instant simplement : cet instant-ci, sans bornes

 

Illusion fugace, bien sûr. Mais illusion ô combien légitime ! Car elle assure la venue, concomitante à la sienne, de l’expérience poétique. Voilà pourquoi, en lieu et place de la construction d’un conventionnel bonhomme de neige, qui signerait une action humaine, l’enfant préfère s’enchanter de l’image qu’il saisit du manteau d’une « Vierge de Miséricorde » de neige :

 

« Contre ton corps

Dorment, nus,

Les êtres et les choses et tes doigts

Voilent de leur clarté ces paupières closes. »

 

Le monde est comme re-dit par cette neige. Le moindre accroc au silence de celui qui marche briserait la sérénité de cette comparaison. « J’avance », dit plusieurs fois le poète ; et « on dirait ». Voilà que cet enneigement du monde semble, à celui qui en écoute la chute,  un art poétique. Moment de dévoilement  :

 

« On dirait beaucoup d’e muets dans une phrase.

On sent qu’on ne leur doit

Que des ombres de métaphores. »

 

La neige sur laquelle nous avons avec le poète cheminé est ainsi devenue l'incarnation même du langage poétique. Sa matière visible. Nous voici à l’avant-dernier poème, à l’arrivée de la lumière. Soudainement christique, la neige, dont la présence pareille au verbe eut un commencement, va gouter dans sa chair l’expérience de la fin. Nous en serons le spectateur. Ou, plus poétiquement, l'auditeur : 

 

« Et c’est comme entrerait au jardin celle qui

Avait bien dû rêver ce qui pourrait être,

Ce regard, ce dieu simple, sans souvenir

Du tombeau, sans pensée que le bonheur,

Sans avenir

Que sa dissipation dans le bleu du monde.

 

Non ne me touche pas, lui dirait-il,

 

Mais même dire non serait de la lumière. »

 

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09:25 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : yves bonnefoy, poésie, neige, littérature | | |

dimanche, 01 février 2009

Chronique du 1er février

Je n’aime pas les 1er février. En règle générale, c’est tout le mois de février que je n’aime pas, non plus. Février, ce mois bancal et biscornu, le seul à n’être pas foutu d’arriver à 30 jours, voyez, même les années bissextiles. Je ne l’aime pas pour de multiples raisons. La première, c’est qu’il met fin sournoisement au premier mois de l’année. Il commence à peine qu’un douzième de l’année est déjà passé. Un douzième d’une année de plus : avec lui, sans bien s’en rendre compte, on quitte un commencement. On se dirige vers une fin. Ce n’est jamais drôle.

La deuxième - mais qui s’en souvient ?- c’est que chez les Etrusques, Februus fut le dieu de l’enfer et de la putréfaction. Pas vraiment joyeux. D’où le verbe  latin februo, faire des expiations religieuses, purifier, d’où le mois romain des purifications, ainsi nommé Februarius en raison de ces fêtes en l’honneur des morts.

Troisième raison, dans le calendrier républicain, février correspond en gros à pluviose, le temps des pluies. Le temps de la flotte qui dégringole sans discontinuer et celui des parapluies qu’on oublie partout, dans les bars, les autobus, les rames de métro.

Quatrième raison : les vacances de février, comme on dit, l’industrie de la neige qui est pire encore que l’industrie du sable et de l’eau salée, avec tous ces doryphores, comme en rigolent certains montagnards, produits par le tourisme de masse, qui s’abattent sur les stations telle vérole sur bas clergé, avec l’intention de jouir au plus vite de ce que leur foutu billet aller-retour leur donne droit d’espérer du climat. Pouark !

Si je cherche bien, il doit bien y avoir d’autres raisons de ne pas aimer le 1er février. Claude François est né un 1er février, tiens. Et je n’ai jamais supporté cette voix nasillarde que toutes les radios nous infligeaient quand j’étais adolescent, et ces claudettes empapaoutées comme des sapins de Noël autour du blondinet. Février, c’est encore le mois de la Saint-Valentin, le quatorze, très exactement, l’une des fêtes les plus idiotes qui soit, vous ne trouvez pas ?  D’ailleurs, n’est-ce pas aussi un quatorze février que la Chambre des députés, dans une séance présidée par Gambetta, a adopté La Marseillaise comme hymne national ? Moi, la Marseillaise, je ne l’ai jamais sifflée, ni sur un stade ni ailleurs ; je n’irai pas réclamer qu’on en changeât les paroles, mais enfin, je n’en fais pas non plus mon chant favori. Je n’oublie pas que février, c’est aussi le mois où commença la bataille de Verdun, l’une des batailles les plus épouvantables que les hommes se firent. Non, vraiment, les chansons de Clo-Clo, pas plus que les hymnes nationaux ne sont ma tasse de thé. C’est ainsi.

Mais bon, il a tôt fallu se faire une raison et vivre un par un tous les mois de l’année, ainsi qu'ils se présentaient. Février compris. Il va donc falloir passer celui-là, encore. C’est en février, il y a deux ans déjà, que l’immobilier américain est entré en crise et ce février qui arrive ne sera pas le mois de l'accalmie sur ce front-là non plus. Qui voit le bout du tunnel ? Ce qu'on peut chanter comme balivernes ! Pas grand monde, à vrai dire. Février 2009, on va commencer à le grignoter en espérant qu’il ne nous grignote pas trop la santé ni le moral, lui. Après, ce sera mars. Le mois du printemps et celui de saint-Joseph. Le troisième de l’année. Un des meilleurs, celui qui suit, je vous le dis. Une bonne raison - la seule peut-être - de ne pas désespérer de février : c'est lui qui y conduit. Et c'est ainsi qu'Alexandre est grand.

 

00:10 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : vialatte, février, actualité, calendrier, vacances de fevrier, neige | | |

jeudi, 08 janvier 2009

Chronique du vin chaud en hiver, de la marionnette et des petits glougloux

Il fait froid partout en Europe. Il neige sur le Sud de l'hexagone. Rien de tel qu'un petit coup pour se réchauffer. J'ai entendu dire ça et là que ce n'était pas exactement comme cela que ça se passait, et que l'alcool ne réchauffait en vérité rien du tout. Au contraire, même. Que ce n'était qu'une impression fausse et que le répéter tenait du lieu commun. N'empêche qu'hier soir, après cours, nous sommes allés boire un vin chaud au café la Cloche, rue de la Charité, - dont les problèmes sont encore en attente de solution - et n'en déplaise aux jeteurs de sorts, ça fait quand même du bien par où ça passe, un bon vin chaud. L'autre jour, au théâtre des Célestins, j'étais allé voir « Les embiernes recommencent », un spectacle d'Emile Valantin sur et avec Guignol. Trois textes, de la fin du dix-neuvième et du début du vingtième, exhumés par ses soins. 

Si j'en parle à présent, c'est à cause de cette affaire de grand froid, qui a mis tout le pays en branle-bas de combat, même les Bretons et les Marseillais, jusqu'à congeler la sardine du Vieux Port. Par association d'idées, en quelque sorte. Car c'est bien connu, l'ivresse, c'est bel et bien l'antithèse de la mort : celui qui boit, même avec excès, ne prouve t'il pas qu'il est bien vivant ? C'est ainsi que le lien entre le vin et la marionnette est bien plus fort qu'on ne le croit de prime abord. Francis Ponge ne dit-il pas dans Le Vin que "la flamme du vin transforme les corps articulés plus ou moins en guignols, pantins, marionnettes ?" Regardez par ailleurs cette photo inoubliable, celle du Bonhomme Cep Vermeil : Dirait-on pas, ce brave-là, une marionnette à gaine brandissant sa racine merveilleuse, sa trique magique, sa dive bouteille, toute sa fortune et tout son credo ?

cep vermeil.jpg

Pour en revenir à Gounod, si, comme tout le monde, je me souvenais de son Ave Maria, j'ignorais bien qu'il était aussi le compositeur d'un opéra inspiré du Médecin malgré lui de Molière. Sganarelle, comme Guignol, on ne connait que lui. Ces valets de comédie, rajoutez-y Scapin et Figaro, ont quelque chose d'éternellement réjouissant, de neuf à jamais, allez savoir pourquoi!  Passent, comme le chante le bon Guillaume, les jours et passent les semaines... or donc, dans le premier acte de cet opéra-comique oublié (1), Emilie Valantin a déniché une Chanson à boire bien moins interprétée aux quatre coins du monde que ne le fut l'Ave Maria, mais tout aussi plaisante  et, à la fin de son spectacle de Guignol, elle est parvenue, ce qui est une forme de miracle, à la faire chanter au public - tenez vous bien - du théâtre des Célestins.

Au passage, je dois dire que j'aime beaucoup le travail d'Emilie Valantin. Il y a toujours une grâce particulière à regarder ses marionnettes : comment elles se déplacent, s'assoient, s'immobilisent, vous regardent, et se jouent de l'illusion théâtrale dont elles sont nées. L'an dernier, j'avais raté son spectacle à la Comédie Française, la  Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança d’Antonio José da Silva. Mais je ne vais pas me lancer dans une discussion sur la marionnette, outrecuidante. A propos de celles de M. Signoret (au passage Vivienne à Paris, Anatole France a tenu ces propos délicieux, dans ses si élégants souvenirs (La Vie Littéraire) :  "j'ai vu deux fois les marionnettes de la rue Vivienne et j'y ai pris un grand plaisir. Je leur sais un gré infini de remplacer les acteurs vivants. S'il faut dire toute ma pensée, les acteurs, me gâtent la comédie. J'entends les bons acteurs. Je m'accommoderais encore des autres! mais ce sont les artistes excellents, comme il s'en trouve à la Comédie-Française, que décidément je ne puis souffrir". 

Ce n'est pas la chose la plus intelligente que Breton et sa tribu aient faite, de liquider aussi stupidement Anatole, qui les valait bien, tous. Quitte à s'en prendre à un cadavre d'académicien, dans les années 23-24 il y avait assurément bien pire. Preuve de leur total manque de discernement, à ces surréalistes. Enfin, je m'égare. Est-ce le vin ? Est-ce le froid ? Est-ce la marionnette ? Il est temps de conclure. Comme ni sur Daily Motions, ni sur You tube, je ne trouve la moindre trace des glougloux de Gounod, je vous laisse imaginer l'air, pour accompagner les paroles, que voici. Et c'est ainsi qu'Alexandre est Grand.

(doux)

Qu’ils sont doux

Qu’ils sont doux

Qu’ils sont doux

Bouteille jolie

 

(joyeux)

Qu’ils sont doux

QU’ils sont doux

Vos petits glougloux

Vos petits glougloux

 

(silence 2 temps)

Ah *Bouteille, bouteille

Bouteille, ma mie

 

(Très joyeux)

Ah !

Pourquoi, pourquoi

Pourquoi vous videz-vous

Mon sort ferait bien des jaloux

Si vous étiez toujours remplie !

 

Qu’ils sont doux

Qu’ils sont doux

Qu’ils sont doux

Bouteille jolie

 

Qu’ils sont doux

QU’ils sont doux

Vos petits glougloux

Vos petits glougloux

 

(Doucement)

Qu’ils sont doux …

 

( Très festif)

Qu’ils sont doux.

Vos petits glougloux

Vos petits glougloux

 

 (1) Opéra comique en 3 actes, créé le 15 Janvier 1858 au Théâtre-Lyrique de Paris.

07:00 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : vin chaud, froid, neige, hiver, vialatte, littérature | | |