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vendredi, 17 septembre 2010

2000 ans, rien de plus

Sincèrement surpris, en ce jour qui ressemble à tant d’autres, d’être encore vivant dans ce monde trop bien connu de moi. Le lendemain, impression d’être encore très jeune dans ce même monde, et qu’il me réserve encore beaucoup de surprises : se méfier, somme toute, des ressentis.

Quand je pense au nombre incalculable de cadavres qui sont passés par ces trottoirs, me demande évidemment combien de temps  va continuer encore la plaisanterie… Ces fantasmes récurrents des medias à propos de la fin du monde ne seraient-ils pas une envie sourde et commune d’échapper à la fin solitaire qui nous guette ?

Nous avons toujours l’impression d’être des modernes par rapport à tous les Anciens qui nous ont quittés. Ridicule, ce sentiment d’être très loin d’eux, cette certitude d’être devenus des autres, cette croyance dans le progrès, dans notre société …

A raison de quatre générations  par siècle, seulement 80 générations nous séparent du temps du Christ. Une poignée d’ancêtres, en somme, des rayons en éventails de quatre vingt naissances et de quatre-vingt morts jusqu’à l’an 0…  2000 ans, rien de plus.

 

musicien ukraine 1910.jpg

22:41 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, calendrier, antiquité, actualité | | |

jeudi, 01 juillet 2010

L'Premier d'Chuyet

Café des sports de Chuyet-les-Mimosas : Texte publié avec l’accord de son patron.

Tous les premiers de mois sont des jours un peu tordus, un peu flambards, un peu nazes, faut ben le reconnaître, disait l’autre, en se grattant le plexus solaire à s’écorcher jusqu’au sang. Tous, ô ben oui, avec leur volonté d’pas être des jours zordinaires en se donnant le titre de premier d’queuq’chose, de queuq’ moi : Le premier d’Novembre, le premier d’l’An, le Premier du mois d’Avril, le Premier Mai. Mais y’a ren d’pire, a ben y regarder dans l’blanc d’l’œil, de tous ces jours prétentieusement princeps que le premier d’ce foutu mois d’Chuyet.  Pour preuve, y’a que l’premier d’Chuyet,  la moitié du pays (celle qu’est pas ahoutisée jusqu’au trognon extrême) trouve qu’y a plus une seconde à perdre avant d’se changer de pied en cap en surface pour crème solaire. En vlà qui fait de sacrés files et des bouchons, et c’est comme ça tous lez’ans qu’le Bon Dieu fait pour pas grand’chose, dirait-on. 

Notez ben qu’le Premier d’Chuyet se prend pas pour l’ombre d’un pauvr' caca, alors que c’est ren que le 182 ème jour de l’année, après tout ! Cent quatre vingt deuxième !!! A ben y regarder.  Mais comme il en reste  encore pile 183 à tirer avant d’en être débarrassé (de l’année,  en tout entier) le premier d’Chuyet se gonfle les pectoraux et joue l’costaud: pile à la moitié qu’y s'dit. Et c’est vrai  que c’est un jour où tous les tarifs augmentent, mince de chier ! Un mauvais jour à passer, donc. Encore une entourloupe !  En déplaise à tous ceux qui  y sont nés et y fêtent leur Annie verse Air, quand y’s’met en plus à faire trop chaud comme en c’moment, c’est ben l’jour l’plus con d’l’année !

Et là-d’ssus l’patron lève son verre, et tout l’comptoir trinque avec lui.   

22:09 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : 1er juillet, calendrier, vacances, politique, france, chuyet-les-mimosas | | |

dimanche, 01 février 2009

Chronique du 1er février

Je n’aime pas les 1er février. En règle générale, c’est tout le mois de février que je n’aime pas, non plus. Février, ce mois bancal et biscornu, le seul à n’être pas foutu d’arriver à 30 jours, voyez, même les années bissextiles. Je ne l’aime pas pour de multiples raisons. La première, c’est qu’il met fin sournoisement au premier mois de l’année. Il commence à peine qu’un douzième de l’année est déjà passé. Un douzième d’une année de plus : avec lui, sans bien s’en rendre compte, on quitte un commencement. On se dirige vers une fin. Ce n’est jamais drôle.

La deuxième - mais qui s’en souvient ?- c’est que chez les Etrusques, Februus fut le dieu de l’enfer et de la putréfaction. Pas vraiment joyeux. D’où le verbe  latin februo, faire des expiations religieuses, purifier, d’où le mois romain des purifications, ainsi nommé Februarius en raison de ces fêtes en l’honneur des morts.

Troisième raison, dans le calendrier républicain, février correspond en gros à pluviose, le temps des pluies. Le temps de la flotte qui dégringole sans discontinuer et celui des parapluies qu’on oublie partout, dans les bars, les autobus, les rames de métro.

Quatrième raison : les vacances de février, comme on dit, l’industrie de la neige qui est pire encore que l’industrie du sable et de l’eau salée, avec tous ces doryphores, comme en rigolent certains montagnards, produits par le tourisme de masse, qui s’abattent sur les stations telle vérole sur bas clergé, avec l’intention de jouir au plus vite de ce que leur foutu billet aller-retour leur donne droit d’espérer du climat. Pouark !

Si je cherche bien, il doit bien y avoir d’autres raisons de ne pas aimer le 1er février. Claude François est né un 1er février, tiens. Et je n’ai jamais supporté cette voix nasillarde que toutes les radios nous infligeaient quand j’étais adolescent, et ces claudettes empapaoutées comme des sapins de Noël autour du blondinet. Février, c’est encore le mois de la Saint-Valentin, le quatorze, très exactement, l’une des fêtes les plus idiotes qui soit, vous ne trouvez pas ?  D’ailleurs, n’est-ce pas aussi un quatorze février que la Chambre des députés, dans une séance présidée par Gambetta, a adopté La Marseillaise comme hymne national ? Moi, la Marseillaise, je ne l’ai jamais sifflée, ni sur un stade ni ailleurs ; je n’irai pas réclamer qu’on en changeât les paroles, mais enfin, je n’en fais pas non plus mon chant favori. Je n’oublie pas que février, c’est aussi le mois où commença la bataille de Verdun, l’une des batailles les plus épouvantables que les hommes se firent. Non, vraiment, les chansons de Clo-Clo, pas plus que les hymnes nationaux ne sont ma tasse de thé. C’est ainsi.

Mais bon, il a tôt fallu se faire une raison et vivre un par un tous les mois de l’année, ainsi qu'ils se présentaient. Février compris. Il va donc falloir passer celui-là, encore. C’est en février, il y a deux ans déjà, que l’immobilier américain est entré en crise et ce février qui arrive ne sera pas le mois de l'accalmie sur ce front-là non plus. Qui voit le bout du tunnel ? Ce qu'on peut chanter comme balivernes ! Pas grand monde, à vrai dire. Février 2009, on va commencer à le grignoter en espérant qu’il ne nous grignote pas trop la santé ni le moral, lui. Après, ce sera mars. Le mois du printemps et celui de saint-Joseph. Le troisième de l’année. Un des meilleurs, celui qui suit, je vous le dis. Une bonne raison - la seule peut-être - de ne pas désespérer de février : c'est lui qui y conduit. Et c'est ainsi qu'Alexandre est grand.

 

00:10 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : vialatte, février, actualité, calendrier, vacances de fevrier, neige | | |