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mercredi, 01 décembre 2010

Ce que la neige ramène aux hommes

BEYSSON.jpg

Louis Antoine BEYSSON (1856-1912)

Locomotive dans la neige


Ce que la neige ramène aux hommes des villes qui l’ont perdu, c’est tout d’abord le silence. Le relatif silence des rues, presque solide à l’oreille, comme une matière que sa rareté a rendu noble, tant dopé par le vacarme incessant des moteurs est devenu le citadin automobilisé.

Ce que furent ces mêmes boulevards, ces mêmes avenues, ces places et ces rues avant que les engins ne s’y répandent, la consistance du silence nous le rend tel un spectre bref.  A cette écoute, certains ont peur, et l’on pourrait presque rougir. Dans ce silence, et à l’échelle de nos pas, une autre façon d’habiter. L’écho des Anciens qui peuplèrent ces quartiers.

L’autre qualité que la neige ranime dans l’espèce, c’est l’attention. Cette attention du chauffard, réajusté à une plus juste dimension, et qui ne roule qu’à peine sur l’espace verglacé, à petits bruits mouillés.

Celle, non loin, du piéton à chaque pas.

Dans ce plaisir de marcher, qui n’est plus d’arriver quelque part, mais d’éviter la chute, il retrouve sa prudence.

Il y a toujours une impatience, deux yeux rouges de colère, une force productive  pour voiler ces puérils enchantements. Les voiler, ne jamais les rompre.

 

18:14 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : peinture, neige, littérature, louis antoine beysson | | |

Commentaires

Ayant dû marcher une demi-heure dans la neige à six heures du matin, j'avoue y avoir pris beaucoup de plaisir : souvenir de mon enfance savoyarde...
Mais ta très belle photo m'évoque ce passage de Zola...

Au loin, après une dernière courbe, la tranchée lui apparut, en ligne droite, ainsi qu'une longue fosse, comblée de neige. Il faisait plein jour, la blancheur était sans bornes et éclatante, sous la tombée continue des flocons. Cependant, la Lison filait à une vitesse moyenne, n'ayant plus rencontré d'obstacle. On avait, par précaution, laissé allumés les feux d'avant et d'arrière ; et le fanal blanc, à la base de la cheminée, luisait dans le jour, comme un oeil vivant de cyclope. Elle roulait, elle approchait de la tranchée, avec cet oeil largement ouvert. Alors, il sembla qu'elle se mît à souffler d'un petit souffle court, ainsi qu'un cheval qui a peur. De profonds tressaillements la secouaient, elle se cabrait, ne continuait sa marche que sous la main volontaire du mécanicien. D'un geste, celui-ci avait ouvert la porte du foyer, pour que le chauffeur activât le feu. Et, maintenant, ce n'était plus une queue d'astre incendiant la nuit, c'était un panache de fumée noire, épaisse, qui salissait le grand frisson pâle du ciel. La Lison avançait. Enfin, il lui fallut entrer dans la tranchée. A droite et à gauche, les talus étaient noyés, et l'on ne distinguait plus rien de la voie, au fond. C'était comme un creux de torrent, où la neige dormait, à pleins bords. Elle s'y engagea, roula pendant une cinquantaine de mètres, d'une haleine éperdue, du plus en plus lente. La neige qu'elle repoussait, faisait une barre devant elle, bouillonnait et montait, en un flot révolté qui menaçait de l'engloutir. Un instant, elle parut débordée, vaincue. Mais, d'un dernier coup de reins, elle se délivra, avança de trente mètres encore. C'était la fin, la secousse de l'agonie : des paquets de neige retombaient, recouvraient les roues, toutes les pièces du mécanisme étaient envahies, liées une à une par des chaînes de glace. Et la Lison s'arrêta définitivement, expirante, dans le grand froid. Son souffle s'éteignit, elle était immobile, et morte

Écrit par : Rosa | mardi, 07 décembre 2010

@ Rosa : Il est presque acquis que le peintre avait ce passage en tête quand il a peint cela, me semble-t-il. Ou peut-être les toiles de Monet sur le même motif

Écrit par : solko | mardi, 07 décembre 2010

Cela m'a donné l'occasion de faire une recherche sur ce peintre lyonnais qui a l'air très intéressant. Je crois que ce tableau est à Lyon...
En effet on pense à Monet...
Je ne suis pas spécialiste, mais on se demande pourquoi certains peintres sont plus connus que d'autres...
Plus beaucoup de temps à consacrer à la blogosphère...

Écrit par : Rosa | lundi, 13 décembre 2010

Bonjour
où peut-on voir ce tableau ? à Lyon ?
merci

Écrit par : ott | vendredi, 19 avril 2013

Ce tableau est désormais dans une collection privée. Il a été exposé à l'occasion d'une vente en 2010

Écrit par : solko | samedi, 20 avril 2013

Bonjour Rosa. C'est toujours un plaisir de vous réentendre. Les Xanthines vont bien ?

Écrit par : Michèle | mardi, 14 décembre 2010

Les commentaires sont fermés.