lundi, 30 janvier 2012
La fabrication d'un président
Si Sarkozy disparaît, pourront en tout cas le remercier tous ceux à qui il aura permis de vendre du papier, chiens de garde du sarkozisme comme chiens de garde de l’anti-sarkozisme, éditorialistes et autres. L’anti-sarkozisme est en train de devenir l’un des composants du politiquement correct, comme le fut en 2007 le sarkozisme lui-même.
Un autre mal apparait, le hollandisme, avant l’anti-hollandisme qui sera prompt à son tour à pointer le bout de son nez . Chirac et Mitterrand, avaient eu l’un et l’autre plus de temps pour construire leur « stature » (comme disent les politologues) que ne l’eut le petit Nicolas en 2007 et que l’a le petit François dorénavant. Le tour de passe-passe communicationnel qui consiste à changer en quelques mois un individu «normal » pour paraphraser l’ancien compagnon de Ségolène en quelque chose ou quelqu’un qui aurait une stature de chef d’Etat est de plus en plus périlleux, dès lors qu’il se fait à cette vitesse, sous l’œil des médias, et donc de l’homme de la rue . Il y faut la collaboration de ces machines électorales capables d’organiser ces grands meetings dans le genre de celui du Bourget pour Hollande 2012 ou de la porte de Versailles pour Sarkozy 2007. Il y faut les fausses confidences (j’ai changé /je n’ai pas changé), les petites phrases, le dérisoire des symboles . La fabrication médiatique d’un président est à ce prix. Un homme-produit, somme toute, et même surgelé, qui accepte d’être entièrement manufacturé par son accession au pouvoir. De ce point de vue, Hollande candidat ne fait que copier Sarkozy candidat qui, président, ne fait qu’imiter dorénavant ce que firent ses devanciers. On voit là la limite de la société du spectacle, de ce « show who must go on » en vertu de la loi des marchés.
Non, ce n’est pas la seule Cinquième République en tant que système politique qui montre ici ses limites, mais toute l’organisation sociétale d’un pays vieillissant, incapable de renouveler son personnel politique. J’en veux pour preuve une chose qui semble pourtant « à gauche » (enfin, ce n’’est plus qu'une expression pour localiser les gens, un peu comme sur un GPS) ne choquer personne, et qui cependant demeure si significative : ceux qui prétendent incarner le changement sont ceux qui ont perdu le pouvoir il y a quinze ans, les Hollande, Aubry, Mélenchon, Moscovici, Sapin, Mamère, et consorts : sexagénaires grisonnants et sans grande énergie. Il y a là plus qu’un paradoxe ; une imposture qui vaut déjà toutes celles de Sarkozy…
Comment l'homme du commun, le véritable homme du commun, l'homme pleinement normal réagira-t-il dans l'isoloir face à cette imposture médiatique qu'on appelle campagne ? Il n'a depuis longtemps plus "honte" de voter Le Pen. Même Le Pen ne suffit plus, à ses yeux, à dire sa rancoeur : Le Pen fait partie elle aussi du système. Il votera pour sa belle mère, pour son chien, pour une boite de camembert puisque elle aussi se nomme Président. Peut-être même qu'il ne votera pas. D'ailleurs, que signifie le vote, dans l'Empire ? Et, surtout, dans l'Empire en décomposition ? 0,60 euros par voix, si ma mémoire est bonne, qui part dans les caisses des partis. En temps de crise, ils n'ont pas honte, tous...
00:00 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, campagne |
Commentaires
Je suis d'accord avec ce billet, mais avec une nuance de taille... Que l'on aime ou pas le Président Sarkozy, il faut bien admettre qu'il avait une stature présidentielle bien avant 2007 (carrière ministérielle, charisme, don oratoire, etc..). F. Hollande n'a rien de tout ça. En outre, il ne fait qu'endosser les vieux habits moisis de F. Mitterrand. C'est un acteur, un pantin sans consistance propre.
Écrit par : Jérémie | lundi, 30 janvier 2012
Les communicants se chargeront d'en faire quelque chose. Reste à savoir si ça suffira.
Écrit par : solko | lundi, 30 janvier 2012
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