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dimanche, 13 juin 2010

Qui dit mieux ?

Une vraie bonne école pour tous, avec une moyenne de 63 élèves par instituteur. De quoi inspirer tous les gouvernements européens par ces temps de pénurie budgétaire. C’était en Allemagne, en 1916.

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20:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, europe, luc chatel, éducation nationale | | |

La plaine mortelle

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Ridicule, dit Obama à propos de l’effort entrepris par BP pour endiguer la fuite de pétrole. Minuscule, réplique Tony Hayward, pour qualifier le volume de pétrole se dispersant dans le volume total d’eau de l’océan : Ridicule, minuscule : ne dirait-on pas que ces deux hommes ne parlent que d’eux-mêmes ?  « Il est dommage que la nature ait besoin de nous confronter violemment à notre propre insignifiance pour nous rappeler l'ordre des choses. » tance de son côté Nicolas Hulot, vertueux représentant de l’écologie presque politique.

Tandis que l’action BP plonge en Bourse, Obama la suit dans les sondages. Du coup, certains commencent à s’émouvoir du sort prochain, qui de son cours, qui de sa popularité. Comme si c’était cela qui comptait ! Que peut-on pourtant attendre de ces deux minuscules et de ces deux ridicules ? C’est évidemment tout le système, dont le mode de vie qui nous est imposé nous rend complices qui a grignoté chaque jour et finit sous nos yeux de lentement dévorer la beauté du monde. La planète évidemment survivra à nos exactions collectives. Mais dans quel état ? Et pour son bien, sans doute n’y serons nous plus. Poséidon et son trident, lentement abîmé par et dans la conscience des hommes, aura changé sa vague douce en un miroir, où réapprendre notre propre noirceur. La plaine liquide d’Homère sera redevenue méticuleusement mortelle.

17:54 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : obama, tony hayward, bp, marée noire, actualité, politique, société | | |

samedi, 12 juin 2010

Les Nuls de l'In-foot

Très pervers, le foot : il y a ceux qui ne parleront que de ça, et ceux qui ne voudront pas en entendre parler. Y’a ceux qui soutiendront la France, ceux qui souhaitent qu’elle gicle au plus vite. Dans les deux cas, le foot prend une place qu’il ne devrait pas avoir, vraiment pas, ni dans notre imaginaire ni, évidemment, dans la société. Les medias et les politiques seront parvenus à en faire une sorte de référence. Et quelque position qu’on prenne, on se retrouve à la prendre par rapport à lui. Lui. Le foot. Le foot, c’est comme Sarkozy, qu’on soit pour ou contre, on en parle. Se déchiffre là sa parenté avec le pouvoir. Le foot a bien pris le pouvoir, hélas : Pouvoir idéologique avec ce concept bidonné de France black-blanc-beur. Concept qui, dans sa paroissiale, stupide et médiatique tolérance a oublié les jaunes (désolé, y’avait que trois couleurs sur l’ancien drapeau). . . Pouvoir médiatique, car c’est bien le foot qui incarne le spectacle total aux yeux d’une bonne partie de la population. Pouvoir commercial : qui s’insurge véritablement des salaires de tous ces connards, joueurs, entraîneurs, présidents de clubs, journalistes sportifs ?(1) On te dira que c’est toi le connard, l’aigri, le jaloux… Pouvoir culturel, enfin, puisque comme l’a souligné l’excellent Nauher , même les guignols de la direction du PS courent derrière les Ribéry et consorts en prétendant que le foot c’est de la culture…

Histoire de songer à autre chose, et de se faire plaisir, une perle rare (je crois) : le sourire de Hitchcock

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(1) Eugène Sacomano, le bon Eugène de « Ooonnnnn refait le match », sur RTL, monnaye de simples et vulgaires piges à 5000 euros, par exemple, tandis qu’on trouve audacieux un propos de Rama Yade qui n’est qu’un simple propos de bon sens, sur l’incongruité d’un hôtel de luxe pour l’équipe des joueurs français, lesquels dans cette affaire ne représentent bien évidemment qu'eux-mêmes et leurs propres intérêts. La France, qu'on lui foute la paix.

06:46 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, afrique du sud, les bleus | | |

vendredi, 11 juin 2010

Le spleen de l'usine

Des portails fermés des usines

Où sont entrés matin les ouvriers habiles

Des cours fétides des entrepôts

Du parfum criard des cantines

Des vélos des automobiles en files

Des fenêtres fumées des bureaux

De l’aspect m’as tu vu des vitrines

Où se mêle au charme l’outrance servile

Des cent bruits brassés des bars et des bistrots

Du multiple bouquet de faces anonymes

Du geste inconscient et fier de la ville

Des néons graffitis affiches journaux

J’entends sourdre la plainte quotidienne

Des hommes vers la paix

Car je connais la mienne.

 

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Jean Couty - Route, tunnel & cheminées

09:43 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poèmes | | |

jeudi, 10 juin 2010

Tant que les filles sont jolies...

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13:53 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | | |

mardi, 08 juin 2010

La table de Claude (4)

Son passé, précisément : peut-être serait-il moins ténébreux si l’on m’en touchait quelques mots à l’école. Je pressens des convulsions terribles, quand je compare la pierre et le pavé anciens, par exemple, aux visages qui m’entourent. Des distorsions à peine crédibles. Des foules de gens sont passées par là avant nous, ont empilé ces pierres derrière lesquelles nous habitons. Ont laissé des formes, des odeurs. Des histoires dont les traces demeurent malgré le silence. Mais je ne dispose d’aucun instrument de navigation pour mesurer les écarts amoncelés entre un dix-neuvième siècle qui s’effiloche sur le tain des statues, des façades, des cheminées – et que dire des précédents ? - et ce vingtième qui nous pousse, tous. Devant les statues moussues que je croise dans le jardin du Palais Saint-Pierre, je demeure stupide et sans passerelles. Les adultes qui m’entourent manquent de temps pour m’en causer. Pourquoi évoqueraient-ils le passé? Ils n’ont pas, je le vois bien, de temps à perdre avec ça.  Et puis ils ont leur histoire, celle du temps qui est en train de leur filer entre les doigts, la seule au fond qui parait les intéresser. Est-ce parce que je sens confusément qu’elle ne sera pas la mienne, leur histoire, que je demande des précisions. Cette manie de questionner, disent-ils,  me passera bien. Et pourquoi ci, et pourquoi là ? Qu’y puis-je, si je sens trop d’absents ? Un univers de signes en décomposition, sur certains murs peints, au fond des porte-cochères, un autre qui s’élabore, auquel je ne comprends rien.  Un silence comme celui des alcôves avant de s’endormir, juste après la prière, un silence qui m’intrigue. Le monde paraît vaste. De quoi demain sera-t-il fait ?  C’est ainsi. Il faut grandir.

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Quand les explications sont uniquement scolaires, c’est-à-dire théoriques, quand à force d’être des leçons, elles ont entièrement cessé d’être des réponses, sans doute est-il légitime d’aller quêter le sens ailleurs. De tendre l’oreille à autre chose qu’à des hommes.  Des martinets, des corneilles, au matin, s'expriment aussi par delà le carreau des fenêtres. Les oiseaux d’ici sont en fait très causants. Et jamais, semble-t-il, absolument satisfaits. Vindicatifs, pour ne pas dire revendicatifs. Même si  leurs disputatios voltigeantes ne m’enseignent rien du passé de la ville, on dirait, curieusement, qu'elles me relient à lui. Leurs ancêtres, comme eux, devaient vitupérer aussi fort, c’est presque sûr.  On ne peut affirmer si c’est de colère ou de joie. Ça, qui bizarrement me rassure. Pour une raison que j’ignore, ils ne sont jamais tranquilles, comme le sont trop les humains chez qui je soupçonne quelque imposture. Plutôt que de me prodiguer des sourires assez niais dans l’ensemble, les oiseaux de la colline fuient quand je m’approche d’eux, en dandinant du croupion, ou en battant des ailes, lestement.

( A suivre)

07:11 Publié dans La table de Claude | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : martinets, corneilles, littérature, palais saint-pierre | | |

lundi, 07 juin 2010

Un dimanche ordinaire

Ce matin, sur la place, sont arrivées une trentaine de personnes. Certaines en maillots bleus. Des hommes, des femmes, entre trente et cinquante ans. Ils ont investi le lieu comme si c’était la cour d’un camping à Palavas les Flots : des glacières, deux barbecue, des sacs, des pliants et leurs foutus jeux de boules. Eux, elles. Comme si c’était chez eux. A une heure de l’après midi, ils ont commencé à enfumer tout le coin avec leur saloperie de fumée puante. Nous avons appelé la police nationale qui nous a dit qu’elle avait d’autres chats à fouetter. Le type au standard m’a donné le numéro de la municipale. Quand j’ai appelé, un répondeur m’a redirigé sur un service, enfin. Une voix.

J’ai expliqué au policier municipal que deux barbecues empuantissaient la place tandis qu’une trentaine de beaufs commençaient à jouer aux boules en gueulant : « on est des champions… On est champions… » Quand ils seraient avinés, ou plutôt abierés, ça allait devenir quoi ? Le type m’a dit qu’une voiture allait passer.

Un peu plus tard, en effet, une voiture de la police municipale est arrivée. Ils sont allés voir les types. Ils leur ont causé quelques instants.

Un peu plus tard, dix minutes à peine, toujours de la fumée. Nouvel appel. Mais cette fois-ci, lorsque la police arrive, c’est pour nous demander de descendre les rejoindre. Nous leur expliquons la situation. Les policiers municipaux nous expliquent qu’ils leur ont demandé d’éteindre leur barbecue, que ça devait prendre un quart d’heure. Ça ne fume plus, à présent. Nous comprenons qu’ils ne veulent pas se déplacer à nouveau pour ça.

Le barbecue en effet est éteint. Ils commencent à jouer aux boules. A hurler à chaque « but ». Gros rires gras. C’est la culture foot, m’a dit un jour quelqu’un. A chaque fois que tu marques, tu gueules. Tu gueules parce que tu jouis. C’est comme ça. Et ça promet.  Pourvu que les autres cons, là-bas, se ramassent au plus vite une bonne branlée. Rama Yade a proféré quelque chose de sensé à propos de cette foutue « culture foot ». Elle a  jugé indécent (il serait temps !) le choix d'un hôtel de luxe pour héberger les Bleus pendant la première phase de la Coupe du monde. Pour une fois qu’un membre de ce gouvernement disait quelque chose de décent, justement, il fallut bien qu’un autre le rabrouât. C’est venu de l’inénarrable Roselyne Bachelot, qui a fait la leçon à sa jeune collègue. Entre temps, vers quinze heures, il a plu. Fort. La place s’est vidée. Ouf. Les beaufs se sont barrés dans un café.

Une heure plus tard, les revoilà. Ils ont gueulé comme des veaux, comme s’ils étaient chez eux sur cette place. Espace public, espace privé… Ils ont gueulé, braillé, vociféré trois bonnes heures. Je préfère n’en rien dire de plus, de ces humains-là. Et de ces humaines, également. Pas un sexe pour racheter l'autre. Quel avenir, pour l'homme... Tous viennent de partir. Laissant des empilements de canettes, des sacs poubelles, des détritus. Il flotte à nouveau. Merci, la pluie. Si les noctambules n’en rajoutent pas tout à l’heure, les employés municipaux se chargeront de déblayer toute cette merde. Eux sont payés. C'est comme ça qu'il faut penser de nos jours. C'est pour ça que je parle d'alcoolisme municipalement organisé, et d'abrutissement étatiquement entretenu. Les employés municipaux, dans l'histoire : des domestiques, rien de plus. Qu'est-ce que vous croyez ? Les citoyens ? Des vieux cons. Un dimanche ordinaire. Vivement l’hiver.

 

 

08:06 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : société, football, rama yade, nuisance, barbecue, politique | | |

samedi, 05 juin 2010

La ligne courbe de Thonet

Trente ans avant que l’Art Nouveau n’ait précisé toutes ses conceptions esthétiques et entériné partout le triomphe de la ligne courbe, le prussien Michael Thonet (1796-1871) mettait au point dans son petit atelier une méthode révolutionnaire pour courber le bois, grâce à laquelle il dispensait l’artisan du travail de découpe et de profilage, d’assemblage et d’emboitement. Sa technique consistait simplement à immerger des lames de bois mort dans de la colle et de l’eau bouillantes, puis de les placer dans des moules aux formes galbées. Après refroidissement, le bois retiré des presses conservait la forme souhaitée. Ayant observé que c’est le taux d’humidité qui faisait la différence entre les fibres de bois mort et celles de bois vivant, il affina peu à peu son système et s’appliqua à recréer en quelque sorte le cycle biologique en régénérant le bois privé de sève avec de l’eau bouillante puis en le faisant sécher dans la rêverie de ses arabesques. Ses meubles remportèrent un succès immédiat et, après avoir obtenu de l’empereur François-Joseph le privilège « de travailler en courbe toutes sortes de bois par un procédé chimique ou mécanique », il devint un industriel réputé dans toute l’Europe.

La reine de son catalogue fut bien cette fameuse Thonet n°14, fille de la Thonet n°4 en hêtre courbé. C’est le café Daum à Vienne qui, à partir de 1850, lança sa carrière héroïque.  Là, au fil de sa longue existence, elle accueillit les plus augustes fessiers,  dont ceux de Peter Altenberg, Franz Werfel, Sigmund Freud, Léon Trotsky, Stefan Zweig, lequel dans son très beau livre Le Monde d’hier écrivit :  «Vienne était, on le sait, une ville jouisseuse, mais quel est le sens de la culture, sinon d’extraire de la matière brute de l’existence, par les séductions flatteuses de l’art et de l’amour, ce qu’elle recèle de plus fin, de plus tendre, de plus subtil ? »  Ne dirait-on pas qu’il parle de l’art de tordre le bois inventé par Thonet ?

Zweig consacre plusieurs lignes à ces cafés viennois emplis de la 14, précisément.

thonet.jpg« Le meilleur endroit pour nous instruire de toutes  les nouveautés restait le café. Les cafés, à Vienne, constituent une institution d’un genre particulier, qui ne peut se comparer à aucune autre au monde. Ce sont en quelque sorte des clubs démocratiques accessibles à tous pour le prix modique d’une tasse de café et où chaque hôte, en échange de cette petite obole, peut rester assis pendant des heures, discuter, écrire, jouer aux cartes, recevoir sa correspondance et surtout consommer un nombre illimité de journaux et de revues. (1) Dans un bon café de Vienne, on trouvait non seulement tous les journaux viennois, mais aussi ceux de tout l’Empire allemand, des français, les anglais, les italiens et les américains, et en outre les plus importantes revues d’art et de littérature du monde entier, Le Mercure de France aussi bien que la Neue Rundschau, le Studio et le Burlington Magazine. Ainsi nous savions tout ce qui se passait dans le monde, de première main ; nous étions informés de tous les livres qui paraissaient, de toutes les représentations, en quelque lieu que ce fût, et nous comparions entre elles les critiques de tous les journaux ; rien n’a peut-être autant contribué à la mobilité intellectuelle et à l’orientation internationale de l’Autrichien que cette facilité de se repérer aussi complètement, au café, dans les événements mondiaux tout en discutant dans des cercles d’amis ».

 

Mobilité, orientation : ferais-je de la ligne courbe de Thonet une allégorie de l’intelligence, de la grâce, et de la culture ? Pourquoi pas ? Car il existe sûrement un lien entre la culture d’un homme et, comme l’évoquait Montaigne, le siège sur lequel il pose son cul. Elles étaient en tout cas fort aimables, ces Thonet art nouveau par toute l'Europe répandues, et je les ai à mon tour, et bien après Zweig, fort aimées. On voit passer parfois leurs pieds fins et leur teinte élégamment boisée lors d’une vente de  bric et de broc. Pour une enchère d’une quinzaine d’euros, si  personne n’insiste dans la salle murmurante, on peut  ramener chez soi un spécimen de ce témoin irremplaçable et irremplacé de ce que fut l’Europe, au point culminant de sa culture.

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(1)  en 1913, le Café central de Vienne en proposait 250 à ses clients

19:08 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : stefan zweig, littérature, europe, thonet, café daum, vienne, culture, art nouveau | | |

vendredi, 04 juin 2010

Associons-nous

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La dernière conférence de la saison de L’Esprit Canut, toujours au Cinéma Saint-Denis, se déroulera mercredi prochain 9 juin 2010. André SOUTRENON et Mimmo PUCCIARELLI parleront d’une belle, longue et riche histoire, celle des associations.

17:06 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : esprit canut, saint-denis | | |