lundi, 25 mars 2013
Monsieur 31%
Monsieur 31%, prétendument « président pour tous », a réussi l’exploit de se foutre à dos en quelques mois :
- ses « alliés » du front de gauche, qui traitent aujourd’hui son ministre des finances de salopard.(1)
- les évêques de France et les dignitaires des principales religions qui, un dimanche des Rameaux, mobilisent contre sa réforme absurde des centaines de milliers de gens autour de l’Arc de Triomphe.
[Hasard ou pas, juste avant la première manif, la France rentrait en guerre au Mali. Juste avant celle-ci, Sarkozy est inculpé (ndrl).]
Monsieur 31% est pitoyable.
Alors, il se pose la question du renouement du dialogue encore possible avec l'opinion. Un dialogue qui ne soit pas une opération de communication de plus, comme les stratèges du novlangue PS en ont le secret depuis la Génération Mitterrand et autres fadaises.
Ce monsieur 31%, comme son prédécesseur, gouverne contre la majorité des Français qui ont rejeté la constitution européenne en 2005.
Il gouverne par ailleurs contre tous les Français, majoritairement de droite - mais pas seulement-, qui s’inquiètent à juste titre de la redéfinition de la filiation qu’entraîne à long terme sa loi inique et corporatiste.
Monsieur 31%, qui est arrivé à se faire élire ric-rac sur la détestation incessamment médiatisée de Sarkozy - manœuvre maintes fois dénoncée ici – a une légitimité aujourd’hui fort contestée, sur sa gauche comme sur sa droite. C’est un politicien fade, qui s’appuie sur un seul parti, pour quelques mois hégémonique encore dans les mairies et les régions, un parti influent et richissime, certes, mais d’ores et déjà promis à une belle faillite électorale : le parti socialiste d’Epinay bricolé pour Mitterrand il y a des années.
On attendrait d’un chef d’Etat rassembleur, d’envergure, qu’il fasse appel au référendum, sur une question sociétale remettant en cause les droits de la filiation comme sur la politique financière de son gouvernement, au sein d’une zone euro qui – il est vrai -n’a jamais eu de fonctionnement démocratique.
Monsieur 31% adresse au pays jeudi soir son énième discours communicationnel, si l’on compte tous les mensonges de campagne.
L’homme qui tient à rester dans l’histoire comme le président du « mariage gay » a-t-il choisi par hasard d’occuper le terrain médiatique un jeudi saint ?
Moi qui ai appris depuis longtemps à préférer la parole liturgique à la parole politicienne et au blabla socialiste, j’aurai évidemment ce soir-là mieux à faire que d’écouter ses balivernes.
De toute façon, la presse, à la botte du pouvoir en place (quel qu’il soit), répercutera suffisamment son discours pour qu’on sache à quoi s’en tenir. Monsieur 31% s’honorerait d’être un peu moins sûr de son fait et un peu moins autiste. Mais, comme son prédécesseur qui l’obsède étrangement au point qu’il est bien sûr que « tu ne le reverras plus », Monsieur 31% est un politicien de parti, sectaire et indécis, peu libre de ses mouvements, sans doute empli de dettes envers les loges et les lobbys qui ont assuré son élection, et qui ne sait pratiquer que l’arrogance et le népotisme.
Rien à en attendre, par conséquent. Et le pire est à craindre pour la suite de ce quinquennat mal engagé. Car on ne peut gouverner un pays comme un parti, la France comme le PS sans provoquer des dégâts irréparables.
1. Drôle, très drôle de voir les socialistes faire le coup de l'antisémitisme à l'un des leurs - l'un de leur ex, du moins...
07:05 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : hollande, mariage gay, manif pour tous, socialisme, pingouin, france |
dimanche, 24 mars 2013
Earth Hour : la rhétorique vaine du "sauvetage"
Earth Hour : de l’opéra de Sydney à la Tour Eiffel à Paris, les monuments qui font le monde ont été symboliquement éteints durant une heure hier soir, pour « sensibiliser la population » au réchauffement de la planète et aux économies d’énergie. On peut se demander au passage combien d’énergie aurait été économisée si, depuis 2007, date à laquelle cette opération de communication a débuté, tous les monuments avaient été effectivement éteints chaque nuit, été comme hiver. Ou si, plus simplement, on n’avait jamais pris cette habitude purement spectaculaire d’abolir la nuit dans nos cités, en éclairant pour rien des millions de bâtiments déserts, au frais du contribuable censé s'en enchanter.
Cette opération, plus festive qu’autre chose, ressemble tellement aux grands prédateurs que nous sommes. Nous avons besoin de cette bonne conscience, collective et médiatisée, qui est le propre de l’indignation et de la lutte collective post modernes, pour nous déclarer non plus sapiens mais au moins encore un peu homo. Eteindre la lumière quand on quitte une pièce, jadis un acte de bon sens individuel et d’économie personnelle, aujourd’hui un geste de lutte écologique et d’engagement « pour sauver la planète » ! Comment ne voit-on pas que tout ce discours prétendument socialisant (« citoyen »), qui se veut celui d’une collectivité consciente de ses actes, parasite bien plus la prise de conscience de chacun qu’elle ne la motive. Earth Hour n’est rien qu’un jeu, à la fois ridicule et symbolique.
Ridicule parce que tout le monde sait qu’il ne change rien à la situation : on se donne le droit de continuer la grand gâchis planétaire, en se l’interdisant une heure, juste pour s’amuser en poussant des cris stupides devant le spectacle d'une tour Eiffel, retournant pour une heure à l'obscurité.
Symbolique, parce que représentatif jusqu’au dérisoire, de tout ce que les démocraties d’opinion et leurs dirigeants produisent comme mesures couteuses et inefficaces, que ce soit dans l’économie, la santé, la justice, le sociétal (comme ils disent).
Littéralement, tous ces « pingouins » en cols blancs, qui se croient si nécessaires parce qu’ils passent leur temps à « sauver » (la planète, l’euro, les emplois, les retraites…), dans une rhétorique du naufrage qui pue en réalité les détournements de fond et les financements occultes, ne sont que des prédateurs du Bien public. D'une affaire à l'autre, d'un scandale à l'autre, à gauche comme à droite, chacun le dit, chacun le sait, et tout le monde continue à s'engager dans l'illusion colllective que génèrent leurs discours, sans cesse et partout martelés . A quand leur extinction définitive, le retour salvateur à la nuit noire de l'âme ?
09:45 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : earth hour, politique, tour eiffel, opéra de sydney, société |
vendredi, 22 mars 2013
Et maintenant, la sexualité des handicapés...
« On s'occupe de l'accès aux transports, du droit au logement, mais cet accès à la sexualité est un impensé total ». Jérôme Guedj, élu socialiste, entend bien rouvrir le débat sur « la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap ». C'est une vieille lune qui ressort régulièrement : en 2010, une proposition de loi avait déjà eté faite par Jean François Chossy, député UMP. Par ailleurs, il y a longtemps que, dans les foyers, les éducateurs volontaires soulagent, comme on dit pudiquement, la libido des handicapés ou bien aident les couples qui se créent à mener à bien leurs ébats lorsqu'ils n'y parviennent pas seuls.
Il y a ceux qui évoquent à nouveau une « initiative citoyenne », comme la vice présidente de l’association des paralysés de France, qui parle du droit à la jouissance comme le« dernier droit à conquérir pour les personnes en situation de handicap » Il y a ceux qui crient à « une forme de prostitution », comme la député de l’Essonne, Maud Oliver, qui explique que « répondre à l’isolement et aux souffrances des personnes handicapées par une service de nature sexuelle porte atteinte à leur dignité ». La porte parole de Osez le féminisme ne peut évidemment restée non plus muette (1) et explique « qu’une femme n’est pas un médicament pour un homme ». Le sénateur de l’Essonne parle carrément « d’une atteinte inacceptable aux droits et à la dignité despersonnes humaines.
Ce qui me turlupine pour ma part, ce n’est pas tant d’être pour ou contre, une fois de plus (2), car les deux positions peuvent en effet donner lieu à arguments valides. Ce qui me turlupine, c’est que l’Etat s’en mêle. Jérôme Guedj, après Jean François Chossy, ne veut-il pas faire parler de lui, plutôt que de la sexualité des handicapés ? Là réside plutôt la question. Dans ces hommes et ces femmes politiques qui s’emparent du sociétal (comme ils disent) pour occuper le champ médiatique de débats, épaulés par telle ou telle association, afin de laisser leur nom à une ordonnance ou à une loi, faire carrière, comme on dit.
Pour le trancher net, dirait l’Alceste de Molière, l'exploitation politique du sociétal fait tout simplement chier. L’Etat n’a pas à se mêler de tout, à statuer sur tout, à définir quel est le bien, le mal, le juste, l’injuste, le tolérable, l’intolérable. Encore une fois, tout le monde sait qu’il y a dans les foyers d’handicapés des éducateurs (trices), des masseurs (seuses) qui acceptent de soulager leurs besoins sexuels, d’autres qui s’y refusent. Qu'apporterait une loi en cette matière ? C’est une affaire de choix individuels, de conscience personnelle, de situations particulières. Affaire qui, lorsqu'il y a des abus de pouvoir d'un valide sur un handicapé, concerne la justice et elle seule.
Pourquoi l’Etat, de plus en plus impuissant à régler les difficultés économiques du pays de présidence en présidence, vient se mêler de ça ? En quoi ça le regarde ? Le sociétal, avec en premier lieu le mariage gay et maintenant la sexualité des handicapés, le judiciaire, avec les affaires Cahuzac et Sarkozy qui occupent le terrain médiatique, serviront-ils longtemps de diversion à l’impuissance politique généralisée qui paralyse la zone euro et le président en exercice en France ?
(1) Ce qui laisse à penser que le métier « d’assistant sexuel », s’il devient légal, est d'ores et déjà pensé comme un métier réservé aux femmes. On sait que dans les centres, les éducateurs comme les éducatrices soulagent les hommes comme les femmes
(2) Toujours cette pensée binaire, par laquelle se met en place, avec ce sujet comme avec un autre, toutes les opérations de propagande.
12:26 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sexualité, handicapés, guedj, essonne, maud olivier, société, politique, france |
mardi, 19 mars 2013
PS rime avec tristesse
Hier soir, la préfecture de Paris a interdit l’accès aux Champs Elysées de la « manif pour tous », aux places de la Concorde, de l’Etoile et des Invalides, dimanche prochain 24 mars. Motif : « des raisons impérieuses de sécurité ». Ah ah ah !
L’Elysée et Matignon, qui savent que toutes les places en TGV, en cars sont réservées, et que le nombre de gens venant en covoiturage ne cesse de croître, craignent une démonstration de force. Stratégie : Il s’agit de décourager le plus grand nombre, extrémiser les autres, provoquer le dérapage. Vieille méthode. Triste méthode. Tristes gouvernants. Triste gauche…
Voici donc l’Etat PS dans toute sa gloire, autorisant des manifestations en tous genres et redoutant une manifestation de défense de la famille, face aux lobbies de Bergé, Fourest et Taubira.
Voici la tolérance, le dialogue, le président pour tous, à l’œuvre…
Quelle tristesse, dans ce pays. Quel aveuglement. Quelle bétise. Quelle indécence, aussi ! Quelle décomposition, pour tout dire.
10:48 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : taubira, bergé, manifpourtous, mariage gay, dimanche24mars, politique, france, champs-élysées |
lundi, 18 mars 2013
Le pingouin
Il a dû avoir les fesses serrées, le pingouin (1), lorsqu’il a annoncé la signature d’un contrat Airbus à l’Elysée, avant d’aller avec Merkel et Barroso faire, ni plus ni moins ce que Sarkozy aurait fait. Mais où est passé l'antisarkozisme du petit parvenu corrézien, perdu dans le gotha européen ? Très bien pour son ego... Mais quid d’une condamnation minimale de ce qui se passe, par exemple à Chypre ? Nada. Pas un miot. Le socialisme à la française dans toute sa gloire. J’espère qu’il y aura du monde à Paris, dimanche, pour défiler contre les enfumages du pingouin et de sa clique, car pour cacher sa veulerie, le président ne fait rien d’autre que de déstructurer la filiation (Lien ICI sur un billet de 170 juristes). Le pingouin devrait méditer sur ce qui s'est passé dans l'Oise ce week-end.
(1) Je revendique les droits (Voir ICI, et ICI). Oui, je ne vous l’ai pas dit, Carla et moi, on est pote depuis longtemps (voir ICI)
(2) Ce qui se passe en ce moment à Chypre, à savoir la ponction sur tous les comptes des particuliers de 6,73% de leurs économies est un pas de plus vers un racket organisé qui tient du chantage maffieux dont le pingouin semble tout ignorer...
20:30 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : hollande, pingouin, chypre, europe, barroso, arnaque, socialisme, manifpourtous, mariage gay |
jeudi, 14 mars 2013
Un Christ sans croix ?
Durant toute cette semaine, les medias se sont découvert un intérêt presque hystérique pour le Vatican. Contre la porte de la Sixtine, le droit à l’information s’est heurté au droit au secret, le temps de la communication à celui de la communion, l’instant de la modernité, à la durée de la tradition. Et puis, les medias vont passer à autre chose, tandis que la liturgie va poursuivre son même chemin.
Durant toute cette semaine, les pronostics des journalistes ont circulé dans les salles de rédaction, et à travers eux, l’approche politique de l’élection du pape, qui s’est heurtée à l’approche religieuse qu’en font aussi les cardinaux, et qui n’appartient qu’à leur liberté. La perception politique du pape, qui l’assimile à un seul « chef d’état », voire de clan, est rendue à elle-même, quand débute avec le choix de ce nouveau nom, un nouveau pontificat où se mêlent politique et religieux.
A peine connue, la personne du nouveau pape est déjà critiquée par certains, admirée par d’autres, dans une approche purement historique (celle qui fait de lui le simple successeur de Benoît XVI) quand, dans une perspective eschatologique, sa seule charge demeure celle d’être le vicaire du Christ, successeur du seul Pierre, et que -peu importe quelle est sa personne en réalité-, Habemus papam.
Symboliquement, la confrontation de ces deux mondes qui se font face (celui de la société de l’information et celui de la religion) et le malentendu qui perdurera toujours entre eux, a été une nouvelle fois très joliment orchestrée par une opposition symbolique entre deux moyens de communication : d’une part la vieille fumée blanche, par laquelle le séculaire Vatican s’adresse « au reste du monde », et toute la technologie des caméras, satellites et autres gadgets numériques chargée de retransmettre en direct la cheminée de la Sixtine au « monde entier ». Une adresse, une retransmission. Deux malentendus, à nouveau..
Rien n’aura mieux résumé ce face à face et ce malentendu que cette phrase de la première homélie prononcée par François dans la chapelle Sixtine tout à l’heure : « Quand nous marchons sans la croix, quand nous bâtissons sans la Croix, et quand nous confessons un Christ sans croix, nous ne sommes pas les disciples du Seigneur, nous sommes mondains, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, tous… Mais pas des disciples du Seigneur »
Je sais pour ma part, je connais ce désir dément, cette tentation d'un Christ qui serait un Christ sans croix, d'un catholicisme qui deviendrait comme d'autres religions le sont, une simple philosophie du bonheur ou une religion de la paix inoffensive et de l'amour tolérant, qui ne demeurerait vivante que pour satisfaire la quête du bonheur et le droit à la satisfaction de chacun... la religion d'un Christ réformé si j'ose dire, à quoi tant de gens, naïfs ou malveillants, voudraient le réduire.
Le pape vient de condamner fermement cette voie (voix) comme étant diabolique. Bien plus qu'à cette fumée, et à tout ce carnaval médiatique, et à tous ces pronostics sur ce que serait la modernité de François, c'est à cette phrase, ce signe, que j'entends alors, que je comprends eh bien que oui, c'est entendu, le siège n'est plus vide, habemus papam...
Le retable d’Issenheim, par Grunewald (détail)
21:12 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : françois, habemus papam, catholicisme, grünewald, issenheim, pape, christ en croix, religion |
dimanche, 10 mars 2013
Au risque de l'humide
1. C’est un fait avéré qu’à des inconnus, mieux vaut toujours ne confier que le plus rétracté de soi-même, car la méduse ici partout régnante a tôt fait de transformer le beau corps des enfants en oblongues civières, striant de files acérées les corridors carrelés jusqu’aux derniers monticules. Et les socles où bruissent les néons des villes dans le soir, et les vapeurs orangées où nichent ses violentes demeures, n’ont qu’une allure (jamais très rassurante) de repos.
2. Elle campe dans l’ouragan. Elle virevolte, inassouvie, dans la fournaise de l’ornière, où la poudre est assoiffée. Elle file et l’ocelle de ses yeux, toujours en avance d’une crainte, d’un soupçon ou d’un rire, se saisit de qui lui tourne le dos. Moi, je suis devenu criard pour moi seul, à son contact. C’est par ce cri, évidemment, que me traîne la mort.
3. Regarde : J’ai placé au fond d’un lac le bûcher de mon existence. Malgré ma précaution, des bribes calcinées de charbon s’assoupissent en geignent dans la profondeur des algues brunes. S’assoupit aussitôt, au centre de l’eau verte, ce qui a trop regardé.
4. Dans la désillusion du trop souffrir, l’humide se retire inexorablement : On ne comprendra qu’au fil des mois, des ans, encore faudra-t-il accepter que la patience y soit à chaque fil écorchée, quelle métamorphose aride dérivera de la minutie de son précautionneux départ. La dislocation de mes failles eut beau donner naissance au rut des torrents qui ont balayé mes rocs, je me souviens de tout : Ce que je protège n’est pas mien dans le rite éconduit.
R.T. L'humide auteur, extrait
23:13 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, humide auteur, littérature |
vendredi, 08 mars 2013
Madame Rachou
Madame Rachou, la tenancière du Beat Hôtel. C’est aujourd’hui un hôtel relais de France, fade et sans saveur, pour touristes. A l’époque du Beat Hotel, Madame Rachou était veuve. Son mari, qui venait de mourir, avait peint leur nom qu’on voit sur la porte. On l'imagine, deux fois par ans, retirer les rideaux blancs de leur tringle pour les passer à la lessiveuse.
Là,on la voit rendre la monnaie à Peter Orlowsy, le compagnon de Ginsberg (aurait-on le ridicule de dire mari - ou épouse -aujourd’hui ?), qui un jour lui écrivit ceci :
« Conversations ou rêves-
sommeil ou maux de têtes
bite ou couille - verre ou eau-
je vais dans la salle de bains pour m'asseoir
sur les toilettes j'ouvre la
porte mais avant que j'arrive aux
toilettes il y a une autre porte
et puis une autre porte, et je
l'ouvre et rentre mais
il y a encore une autre porte
et à chaque fois la pièce rétrécit
un peu jusqu'à ce qu'en fin de compte j'aie l'impression d'être un
nain dans cette course de portes
dans une salle de bains minuscule, qu'est-ce qui s'est passé
tout ce que je veux c'est des bonbons - pas de toilettes-
laissez-moi tranquille - voulez-vous
danser, peut-être êtes-vous
amoureux de moi - est-ce que j'en vaux la peine ? »
Ce qui est émouvant avec madame Rachou, outre sa blouse à courtes manches, sa permanente, et le fait qu’elle ait ainsi ouvert son hôtel à tout ce que la lost génération compta de talents en vadrouille dans la capitale, c’est aussi cette affiche – on la decouvre mieux sur cette autre photo :
Une affichette pour Pacifico, une opérette programmée au théâtre de la porte Saint Martin, avec Bourvil et Guétary (nous sommes donc très exactement en 1958). La promotion de cette oeuvre immortelle à découvrir ICI.
Et c’est ce mélange de Ginsberg et de Guétary, de Bourvil et de Burroughs qui donne à madame Rachou toute sa grâce, toute sa classe. Bonne année, bonne santé, m'sieux dames...
Photos Harold Chapman
18:10 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bourvil, guétary, paifico, peter orlosky, madame rachou, beat hotel, lost generation, paris, litterature, allen ginsberg |
jeudi, 07 mars 2013
Beat hotel
Nous marchons à présent sur les pas de Ginsberg, Corso, Norse, Burroughs, Orlovsky, au 9 de la rue Gît-le-Cœur à Paris. Nous pénétrons dans un bistro au carrelage rouge sale. Le chat de la maison est gris et se nomme Mirtaud. Un noir de café coûte 30 centimes, le Pernod un franc. La pièce est minuscule. Pour l’agrandir, on avait placé un grand miroir derrière le comptoir, sur un mur encombré d’étagères recouvertes de dentelles poussiereuses et de bouteilles. Sur le comptoir un géranium en pot. L’hôtel est classé 13eme catégorie, à cause des rats et de l'hygiène d'avant-guerre.
Dans chaque piaule – au total il y en a 42, un sommier en acier recouvert d’un couvre-lit, un chevet en bois, une armoire à glace et une chaise. Une fenêtre à barreaux ouvrant sur la cage d’escaliers. Des chiottes turques à l’étage et une seule baignoire au rez-de-chaussée.
Ils ramassent des objets aux Puces qu’ils vendront plus tard dans des galeries new-yorkaises. Ils ont nom Bob Grosvenor et Verta Kali Smart. Dans la chambre 15, Burroughs écrit Naked Lunch et Soft Machine. Le Beat Hotel, c'est aussi l’antre où reçoit Gregory Corso. Ecrivains, mathématiciens, mannequins, peintres, modèles, photographes passent de chambres en chambres. Et Harold Chapman les fixe en ses photos.
Madame Rachou, propriétaire du Beat Hotel, William Burroughs. Début des années 1960.
Gregory Corso, chambre 41
Le café de l'hötel
Peter Orlovsky & Allen Ginsberg
19:44 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : beat hotel, gregory corso, william burroughs, paris, rue git le coeur, madame rachou, littérature, lost génération |