lundi, 22 février 2010
En noeuds pap' et noir et blanc
Cette image fut, en son temps (juillet 1972), un exemple de communication politique en bonne et due forme : voyez comme le président Pompidou et le chancelier Willy Brandt, sur les épaules de qui la communauté européenne repose, ont l’air, les mains dans les poches l’un et l’autre, décontracté. Marchant en devisant sur des centaines de petits cailloux blancs, lumineux, les dirigeants du vieux monde se portent bien. Sous peu (quelques mois) on va commencer à parler de crise à la télé. (1) Mais pour l'heure, dans le parc de la Villa Hammerschmidt à Bonn, voici une nuit de juillet douce à souhait, en nœuds pap’ et noir et blanc, qui possède quelque chose à présent devenu presque cinématographique, j’entends par là un charme irréel et séduisant dans le geste de la main, pour les Européens hygiénistes et politiquement corrects que nous sommes devenus …
(1) C'est le 5 juillet 1972 que le président Pompidou signa un décret qui créait les régions. A ce sujet, je remarque que l'enthousiasme est à son zénith. Quel est le nom des prochaines élections ?
20:18 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : pompidou, bonn, willy brandt, politique |
samedi, 20 février 2010
Générations ?
Le concept – (ou la notion) de génération, tel qu’à partir des « années soixante » les sociologues les plus dévoués à la société du spectacle l’ont institué, m’a toujours mis fort mal à l’aise. Peut-être parce que j’ai passé mon enfance dans une solitude relative, parmi des gens de tous âges, des parents d’avant-guerre, si on peut parler ainsi, et des grands-parents de la Belle Epoque. Et que tout empli de cette solitude qui ne me pesait pas, bien au contraire, j’ai très tôt lu. Je me suis baladé ainsi en esprit parmi des gens de toutes les générations. Sur les pas de certains auteurs, j’ai pu même remonter très loin dans le temps, je l’avoue. Fictivement, me dira-t-on. Et alors ?
J’ai donc très tôt appris à respecter les disparus. Plus même, à ressentir pour eux une sorte de sympathie en regardant les pages, les toiles et les pierres qu’ils avaient laissées. La cohorte des baby-boomers, qui me précédait de peu, la génération Salut des Copains, lorsque mes yeux se sont ouverts sur quelques-uns de ses spécimens, mes yeux ont eu plutôt envie de se refermer qu’autre chose, je dois bien l’avouer. Depuis quelques années, je vois partir à la retraite les gens de cette « génération ». La cohorte tumultueuse laisse peu à peu le champ libre. Sylvie Vartan, et Françoise Hardy sont nées en 1944, Sheila en 1945. Elles étaient, ces trois là, leurs « vedettes » et je ne sais combien d’actuels sexagénaires ont épinglé sur le mur de leurs chambres « d’ados » leurs jolis minois, qui alors n’étaient, ni l’un ni l’autre, refaits. Pour ma part, dès que j’ai eu l’âge d’aller dans des « concerts », j’ai préféré aller écouter ceux de Barbara. Née, elle, en 1930, la génération précédente, la même que Brigitte Bardot (née en 1934) qui accepte superbement aujourd’hui de faire, comme on dit pudiquement, « son âge »… Grâce lui soit pour cela rendue.
Les baby-boomers vont-ils nous manquer ? J’avoue leur avoir toujours préféré soit des gens de mon âge, soit des gens beaucoup plus vieux dont la plupart sont morts à présent, soit des gens bien plus jeunes qu’eux. Les affinités électives plutôt que les regroupements générationnels, donc. J’ai bien eu quelques bons camarades parmi eux. C’est ce nombre, cette culture de masse et cette société de consommation absolue, que les meilleurs d’entre eux ont violemment critiqués, mais qu’ils auront collectivement laissé passer durant les deux septennats d’un président roublard, qui pose problème, si l’on peut dire. Et je m’aperçois en écrivant ceci, que ceux-là de leur génération que j’ai aimés étaient tous des solitaires, très mal à l’aise parmi eux. Comme je le suis, moi. Décidément.
23:14 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : société, brigitte bardot, sylvie vartan |
lundi, 01 février 2010
Littérature lyonnaise
Après La fabrique d'un quartier et Charles Clément, canut lyonnais,
L’ESPRIT CANUT propose :
REFLETS DU TERRITOIRE DANS LA LITTERATURE LYONNAISE
Conférence par Roland Thevenet
Le Mercredi 3 février à 20h 30
Cinéma Saint-Denis
77 grande rue de la Croix-ROUSSE
Entrée 5 euros
De Sénèque à Jules Michelet, de Maurice Scève à Jean Reverzy... C’est surtout entre 1830 et 1930, alors que le destin de la ville et son identité sont liés presque exclusivement à la Fabrique de la Soie, que cette Comédie Lyonnaise eut pleinement droit de Cité. Nous suivrons durant cette soirée sa naissance difficile, ses heures de gloire et son déclin, tout en nous posant la question de ses enjeux et de sa légitimité.
06:21 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : esprit canut, conférence, littérature lyonnaise, solko |
jeudi, 21 janvier 2010
Les jours de janvier
Les jours obscurs de janvier, que commence à grignoter la vorace et terrifiante luminosité du soleil, sont, de tous, les plus infiniment précieux.
23:38 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : janvier, hiver |
vendredi, 15 janvier 2010
Tout ça rime avec ...
De la politique, dans les sociétés actuelles, ne demeure plus que le caractère spectaculaire. Eclatante démonstration avec le coup d’éclat de Vincent Peillon hier, refusant in fine de participer au débat A vous de juger au nom, dit-il, de la « résistance ». Le sale gosse ne manque pas d’air.
En face, Marine Le Pen et l’art de la réplique vacharde, lorsqu’elle s’adresse à Besson en lui rappelant qu’en l’absence de Peillon, il peut bien jouer « le rôle du socialiste et du responsable UMP. » Vieille partition, dans le registre plus classique du « je vous ai vu quelque part vous, c’était pas dans le café d’en face ? ». La fille à papa joue sur du velours.
Besson, justement, la mine compassée du pompier de service – ou du majordome, aussi pro dans une maison que dans une autre : «Vous ne faites rien, moi j’agis ». Résistance d’un côté, peuple de l’autre : les grands mots sont lâchés, et ne veulent plus rien dire.
Et Arlette Chabot, dans le rôle de l’ouvreuse indignée, assurant le public que si, si tout avait été bien préparé et que la chaîne n’est en rien responsable de toute cette gabegie. Dans le public (c’est dommage) personne n’a les moyens de foutre le boxon en criant remboursez. On imagine les matons de France 2, dans le genre des vigiles de Carrefour.
Pas un pour racheter l’autre, donc, dans ce vaudeville même pas indigne, carnaval juste ridicule, et qui n’abuse et ne fait marrer personne dans le pays. Car la triste logique de cette scène médiatique, c’est qu’une fois qu’on est monté dessus, on parle à sa hauteur, tout simplement. Susciter un peu d’espoir, un peu de ferveur, un peu de désir, alors que l’exercice de la parole est si contraint, c’est peine perdue. Pas une posture n’en peut racheter une autre. Parler ou ne pas parler, se montrer ou ne pas se montrer, cela revient au même. Lamentable Peillon, pitoyable Besson… Tout ça rime avec petits ...
Voilà qui laisse augurer de la qualité des débats lors des prochaines présidentielles : injures molles et slogans creux entre nains se faisant face, dans une partition à bout de souffle ; et on se demande bien qui trouvera les mots pour réanimer le cadavre.
Pendant ce temps-là, la cohérence idéologique de chaque camp se délite. Il y avait naguère la tradition polémique pour lâcher un peu de lest dans ce jeu de dupes. Mais à force de tout légiférer, y compris la parole, la tradition polémique a été interdite de séjour. Même le fou du roi s’est embourgeoisé et la trique de Guignol bande irrémédiablement mou face à ces olibrius... Hier, un titre sur le journal local m'a bien fait marrer : L'épidémie de grippeH1N1 est terminée. Tout citoyen, autrement dit, qui attrapera le virus devra-t-il être passé par les armes ? C'est que dans le même temps, la campagne pour les régionales vient de commencer...
12:01 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, ump, parti socialiste, actualité, société |
vendredi, 01 janvier 2010
Pont La Feuillée (3)
22:41 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pont la feuillée, 2010 |
Pont La Feuillée (2)
Et donc, bonne année à toutes et à tous.
00:40 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : 2010 |
samedi, 26 décembre 2009
Escapade
A bientôt...
17:24 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (5) |
lundi, 14 décembre 2009
Cellule 2009
Fendons-nous de quelques banalités bien tranchées, puisqu’une nouvelle semaine nous montre impudiquement le bout de son lundi : j’ai du mal à croire, pour rien vous cacher, que nous allons bientôt pénétrer, comme un couteau de boucher à l’intérieur d’une viande saignante, dans le vif hasardeux d’une toute nouvelle décennie. On me le dit pourtant un peu partout, d'almanachs en calendriers, sans compter les Pères Noëls comme des sacs qui déjà trainent leurs guêtres au milieu de sapins abattus sur les places et dans les grandes surfaces : tel serait bien le cas. Et que ce serait même foutrement irrémédiable... Bon sang, j'aurais donc pas vu défiler les neuf fois douze mois des premières années du troisième millénaire ? Où étais-je donc ?
Guère plus que le cortège de tous ceux des dernières décennies du deuxième, d’ailleurs. Ils sont passés, les gueux, goutte à goutte, d’un geste imperceptible. C'est rien du tout un mois, pas plus qu'un moi.
Du coup, j’aurais envie d’écrire 09 partout, ce matin, sur les murs à la peinture blanche, sur les abribus au feutre noir, sur tous les visages que je croise, et sur les dernières feuilles des platanes qui cèdent à l'hiver, finalement, sur chaque flocon de neige et sur le vent.
Et je me console en me disant que si je vois si peu les ans passer, c’est à cause du calendrier uniforme de la société du spectacle qui a tout fait tout pour qu’ils se ressemblent tous les ans, nos ans, c'est sûr. Rien ne ressemble plus à la mort de Mickael Jackson que celle d'Edith Piaf ou que celle de Johny Halliday, vous allez voir. Rien ne ressemble plus à une fête des Lumières qu'une fête de la musique, et qu'une guerre en Irak qu'une guerre en Afghanistan.
Fut un temps, je m’étonnais toujours, quand une année tirait à sa fin, de demeurer là, moi aussi. Encore là !, me disais-je en me rasant, un beau matin de décembre. Avec cette tête changeante qui avait l'air de ne pas bouger d'un iota. Et je sortais pour humer l’air des rues. J'aurais avalé le monde.
Maintenant, même plus.
J’ai pris l’habitude de vivre.
Et cela ne m’étonne plus d’avoir des mains, des pieds, un regard. De tous ces organes depuis si longtemps explorés, de tous ces petits rites sans surprises, de toute cette peau, ces ongles, ces cheveux, est-il vraiment sage d'attendre pourtant quelque étonnement ?
Qu'avons-nous le droit d'espérer, franchement, de l’an prochain ?
C’est l’instinct seul, qui s’oppose. L’instinct finit toujours par récupérer la pensée sans fondement du calendrier du spectacle, par lui trouver non pas un sens, mais au moins une direction, et le soumettre à sa volonté de perdurer. Alors le locataire de sa propre viande se rassure, se conforte, vous savez.
Quelques jours jours encore dans la cellule 2009 du temps qu'il fait, puis l'an neuf, au gué, au gué. Champagne pour tout le monde. Il suffira de passer le pont.
Sisley - Le pont d'Argenteuil - Orsay.
07:32 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : an 2009, littérature |