mardi, 01 juin 2010
Stats de mai
Un mois de plus. Un an de plus, également. Merci à tous les lecteurs, commentateurs, passagers de ce blogue.
Visiteurs uniques | Visites | Pages | Pages par jour (Moy / Max) | Visites par jour (Moy / Max) |
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2 532 | 8 483 | 28 257 | 911 / 1 495 | 273 / 396 |
Statistiques quotidiennes
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Date | Visites | Pourcentage | Pages | Pourcentage |
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01.05.2010 | 303 | 3.57% | 903 | 3.20% |
02.05.2010 | 250 | 2.95% | 787 | 2.79% |
03.05.2010 | 239 | 2.82% | 1 053 | 3.73% |
04.05.2010 | 245 | 2.89% | 843 | 2.98% |
05.05.2010 | 304 | 3.58% | 938 | 3.32% |
06.05.2010 | 309 | 3.64% | 1 158 | 4.10% |
07.05.2010 | 299 | 3.52% | 1 075 | 3.80% |
08.05.2010 | 348 | 4.10% | 1 495 | 5.29% |
09.05.2010 | 252 | 2.97% | 831 | 2.94% |
10.05.2010 | 306 | 3.61% | 1 005 | 3.56% |
11.05.2010 | 249 | 2.94% | 875 | 3.10% |
12.05.2010 | 269 | 3.17% | 837 | 2.96% |
13.05.2010 | 263 | 3.10% | 933 | 3.30% |
14.05.2010 | 322 | 3.80% | 1 074 | 3.80% |
15.05.2010 | 250 | 2.95% | 747 | 2.64% |
16.05.2010 | 270 | 3.18% | 886 | 3.14% |
17.05.2010 | 396 | 4.67% | 1 120 | 3.96% |
18.05.2010 | 267 | 3.15% | 875 | 3.10% |
19.05.2010 | 278 | 3.28% | 913 | 3.23% |
20.05.2010 | 222 | 2.62% | 786 | 2.78% |
21.05.2010 | 238 | 2.81% | 765 | 2.71% |
22.05.2010 | 252 | 2.97% | 796 | 2.82% |
23.05.2010 | 253 | 2.98% | 671 | 2.37% |
24.05.2010 | 293 | 3.45% | 1 003 | 3.55% |
25.05.2010 | 234 | 2.76% | 714 | 2.53% |
26.05.2010 | 300 | 3.54% | 860 | 3.04% |
27.05.2010 | 325 | 3.83% | 960 | 3.40% |
28.05.2010 | 254 | 2.99% | 836 | 2.96% |
29.05.2010 | 284 | 3.35% | 839 | 2.97% |
30.05.2010 | 297 | 3.50% | 783 | 2.77% |
31.05.2010 | 291 | 3.43% | 896 | 3.17% |
22:52 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : solko |
dimanche, 30 mai 2010
C'est la fête à Pétain
En ce jour de « fête des mamans » (1), il est bon de rappeler qu’en France du moins, c’est le maréchal Pétain qui inscrivit au calendrier laïc en 1941 cette habitude ingénue de célébrer les mères une fois l'an. Dès juin 40, Pétain avait compris que la France n’était pas prête à faire face à une nouvelle saignée démographique, après la rude boucherie de Quatorze Dix-Huit et toutes les séquelles endurées par une génération entière. Il choisit donc, avec la bénédiction de presque tous les cadres de l’armée, de nombreux hommes politiques et d'une bonne partie de la population, de donner au pays le temps et l’heur de se repeupler en signant l'armistice. Repeupler le pays pour retrouver un jour les moyens de la lutte et ceux de la suprématie : tel était le but avoué de cette politique nataliste dont surgit directement cette fête avec pour la légitimer des alibis antiques discutables. On sait comment tout ceci s'acheva dans une collaboration des plus funestes. La fête des mères s’est-elle dégagée de cette empreinte idéologique ? Oui, bien sûr. Mais pour aussitôt tomber dans une autre.
Le 24 mai 1950, elle fut pérennisée par la Quatrième République. En 1952 suivit la fête des Pères. Puis celle des Grands-mères. Puis celle des Amoureux. Et toutes les journées de ceci, de cela... Le commerce qui sait faire feu de tout bois s'est engouffré là-dedans peu à peu, puis a remplacé la religion et l’Etat dans la structuration du calendrier des consommateurs-géniteurs-électeurs-téléspectateurs que nous sommes devenus. Est-ce un acquis ? Je me souviens m’être toujours, comme beaucoup de gens, interrogé sur la valeur de ces fausses traditions, venues en supplanter d’autres depuis guère plus d'un demi-siècle. Et j’avoue m’interroger encore. Avons-nous besoin de tout cela ?
(1) Avez-vous remarqué comme ce mot qui appartient aux enfants leur a été peu à peu dérobé par toutes sortes de gens, et dans toutes sortes d'intentions ?
12:49 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : fête des mères, société, actualité, pétain |
samedi, 22 mai 2010
Tante Yvonne
C’est aujourd’hui la journée européenne de l’obésité. Je viens de l’apprendre. Plus de la moitié de la population européenne serait en surcharge pondérale, estime-t-on. Rien de bien neuf sous le soleil, ni sur les plages qui bordent le continent. Etonnante, la dernière phrase du Journal de Jules Renard :
«Je veux me lever, cette nuit. Lourdeur. Une jambe pend dehors. Puis un filet coule le long de ma jambe. Il faut qu’il arrive au talon pour que je me décide. Ça séchera dans les draps, comme quand j’étais Poil de Carotte ». J’en cause ainsi car on fête aujourd’hui précisément l’anniversaire de la mort de l’auteur de Poil de Carotte. (1910). De celui des Misérables, également.(1885). Comme quoi, tout passe. Léon Daudet, dans Fantomes et Vivants, s’en étonne en avouant avoir vu de près cette fin illustre. « La République, écrit-il, perdit son grand-père ». Et de décrire « le corbillard des pauvres qu’avait orgueilleusement réclamé le poète millionnaire », les discours au Panthéon, plus insignifiants encore que ceux de l’Arc de Triomphe où le catafalque avait été exposé deux nuits. Jolie phrase de Daudet, à propos de la crypte : « C’est ici la chambre de débarras de l’immortalité républicaine et révolutionnaire. On y gèle, même en été, et la torche symbolique au bout d’une main, qui sort de la tombe de Rousseau, a l’air d’une macabre plaisanterie, comme si l’auteur des Confessions ne parvenait pas à donner du feu à l’auteur des Misérables. »
Victor Hugo est mort le jour anniversaire de la naissance de Gérard de Nerval (1808) de celle de Richard Wagner (1813), de Conan Doyle (1859) et de tante Yvonne (1900) On fit toujours de tante Yvonne une figure opaque de la tradition, or je trouve dans l’article wikipédia qui lui est consacrée que sa mère fut la sixième femme à passer son permis de conduire en France. Mieux que Coco Chanel, en guise de modernité, non ? Il parait qu’après avoir rencontré son grand Charles, un jour de 1920, Yvonne dit à sa mère « ce sera lui ou personne. » Voilà qui s’appelle avoir un sens véritablement hugolien du destin, n'est-ce-pas ?
Février 1962. Yvonne de Gaulle et son mari inaugurent la salle des fêtes de Colombey-les-Deux-Eglises.
10:51 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : léon daudet, yvonne de gaulle, jules renard, littérature |
mercredi, 19 mai 2010
Les barres de l'infortune
Aujourd’hui, à midi, cette barre immonde va disparaitre du paysage. Qui va la regretter ? Certes, pas moi. Implosée...
J’ai passé une partie de ma vie dans un immeuble de ce genre, un immeuble hideux dans une banlieue autre que la Duchère (dans le neuvième arrondissement de Lyon), mais qui lui ressemblait. Oui, l'immeuble pourri où j’ai vécu ce qu’on appelle l’adolescence était bien du même genre. Comme si, à une époque, ces fumeuses années soixante & soixante-dix, on avait en effet décidé que dans le bétail humain, chaque membre se valait. Niveler les habitats, les êtres, les esprits, les traditions, les cultures, les âmes. Les gens de droite (Pompidou, Giscard et ses sbires), puis les gens de gauche (Mitterrand et les siens) n'ont à ça rien trouvé à redire. Au contraire... Habitat et humanisme... We are the world... Cette horreur de l'égalitarisme que je porte en moi me vient de là, d'eux. J'en ai expérimenté l'inanité dans le joyau de mon coeur. Pouah ! La banlieue... Que de conneries démagogiques n'ai-je pas entendu à son sujet, gens de gauche comme gens de droite confondus ?
Je revois le hall et ses boites aux lettres qui n’étaient alors pas encore disjointes., mais quel vide quel ennui ! Les ascenseurs pas encore détruits par des loubards incultes, mais quelle uniformité, quelle zone ... Les couloirs déserts, pas encore hantés par des garces de quatorze ans, mais quelle tristesse, quel sentiment d'abandon! Le gardien de la cité, homme débonnaire. Au-dessus des appartements (un assemblage cubique dérisoire,) des celliers. Ces immeubles avaient été construits pour les rapatriés d’Algérie, et furent longtemps gérés par les HLM. Au fur et à mesure qu’ils se sont enrichis, les rapatriés d’Algérie ont quitté ces lieux infâmes. Ils ont eu raison. Moi aussi, dès que j’ai pu. Il n’y a aucun charme, aucune gloire à vivre en banlieue. Rien. Banlieue = lieu du ban. C’est l’étymologie qui dit cela.
Il n’y a bien que Jack Lang pour oser déclarer que le rap est une culture. Et la banlieue, un lieu de vie...
De son appartement, place des Vosges…
Ah si. Le fils de Sarkozy, aussi. A ce qui parait. Le blondinet produit "le son du ghetto"... A suivre ICI
Ceux qui ont vraiment connu la banlieue pour avoir grandi dedans ne l’aiment pas et font ce qu’ils peuvent pour la quitter. Normal. Quel plaisir, aimer un enfer ? Un vide ? Du rien ? Ils ne vous diront jamais , comme Jack, et de ce ton-là, que le rap est une culture, ceux-là. Ni que la banlieue est un endroit fascinant.
Ils se réjouissent que tombent une à une les barres de l’infortune et de l’aliénation.
20:22 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : barre 220, duchère, banlieue, société, politique, urbanisme, la duchère |
lundi, 10 mai 2010
En mai, fais ce qui te plait
Aujourd’hui, lundi 10 mai 2010, vlan, un webzine de plus sur le net. Comme s'il n'y en avait déjà pas assez, par ce temps de crise ! Son titre est Non de non. Il est animé par Bertrand Redonnet, Stéphane Beau, Stéphane Prat et moi-même. Son édito, à découvrir ICI.
Demain, mardi 11 mai, drôle d’anniversaire en plein marasme politico-financier : Le 11 mai 1998, l’actuel président du FMI, ce cher Dominique Strauss Kahn, alors ministre des finances du gouvernement Jospin, lançait la frappe du premier euro.
Est-ce vraiment ce qu'il fit de mieux dans sa vie ?
Mercredi 12 mai, je vous en parlais déjà vendredi dernier, Patrick Dubost reçoit deux auteurs de la jeune maison Le Pont du Change, Roland Tixier et Christian Cottet-Emard, pour La Scène poétique. Chacun lira des extraits de son livre à la bibliothèque municipale de Lyon- Part Dieu. A ne pas rater. C’est à 18h30.
Jeudi 13 mai, c’est l’Ascension. Le festival de Cannes sera sur les rails après sa soirée d’ouverture de la veille. Ce serait drôle si la Méditerranée, soudainement capricieuse avait de nouveau l’humeur & l’humour de nous balayer tout ça d’une bonne et franche vague géante ; comme elle seule, depuis peu, en a le secret.
Vendredi, enfin, il y aura des chanceux pour faire le pont, d’autres non. La vie est injuste, et le fait sentir à chaque instant.
Photo : Nonnes sur la plage, près de Zandvoort, Hollande
21:00 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : nondenon, le pont au change, la scène poétique, littérature |
samedi, 01 mai 2010
Stats du mois d'avril
Merci une fois de plus à tous ceux qui passent par là, visiteurs connus et inconnus, et qui donnent à l'écriture de ce blog une raison d'être et de se prolonger.
Visiteurs uniques | Visites | Pages | Pages par jour (Moy / Max) | Visites par jour (Moy / Max) |
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Statistiques quotidiennes
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15:34 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : solko, avril 2010 |
mardi, 27 avril 2010
Bloy, Serge & Jules Bonnot
Le 27 avril 1912 mourait Jules Bonnot. Il y a de cela 98 ans Selon la légende, Bonnot avait été un temps le chauffeur privé de Sir Arthur Conan Doyle. Plus prosaïquement, il fut l’amant de l’épouse de Thollon, l'humble gardien du cimetière de la Guillotière à Lyon, et un petit malfrat de province avant de devenir le grand Bonnot, chef de la bande de la rue Ordener, révélée au grand public par le casse de la Société Générale à bord d’une mythique Delaunay Belleville verte et noire de 12 CV, modèle 1910, le 21 décembre 1911. La bande à Bonnot : Rien n’est plus ridicule que cette chanson de Joe Dassin, qui traine encore sur You Tube ou Daily Motions, rien de plus niais non plus que ce navet, les Brigades du Tigre, avec Clovis Cornillac et Jacques Gamblin.
Non…
Pour se souvenir de Bonnot, il faut lire ou relire les Mémoires d’un révolutionnaire de Victor Serge, journaliste à l’Anarchie qui fut assimilé par la police à sa bande et, pour l’avoir connu, aimé et protégé, qui fut condamné à cinq ans fermes, qu’il passa à la Santé puis à Melun, dans des conditions proprement épouvantables : isolement cellulaire la nuit, travail forcé le jour.. Voici le récit sommaire de la mort de Bonnot que fait Victor Serge dans ses magnifiques mémoires d’un Révolutionnaire récemment réédités par Laffont dans la collection Bouquins, avant le long récit du procès de la bande.
« Bonnot, surpris chez un petit commerçant, à Ivry, engageait dans une chambre obscure un corps à corps avec le sous-chef de la Sureté, Jouin, l’abattait de plusieurs balles de browning lâchées à bout portant, faisant un instant le mort sur le même plancher, puis enjambait une fenêtre et disparaissait. Rejoint à Choisy-le-Roy, il soutint un siège d’une journée entière en se défendant à coups de pistolet, écrivit dans les intervalles de la fusillade une lettre innocentant ses camarades, se coucha entre deux matelas pour se défendre encore contre l’assaut final, fut tué ou se tua, on ne sait pas au juste. »
Peut-être faut-il aussi jeter un œil dans le journal de Léon Bloy (Le Pèlerin de l’Absolu), qui relate ainsi l’événement en date du 29 avril :
« L’événement qui remplit toutes les feuilles et toutes les cervelles, c’est la capture et la mort de l’anarchiste Bonnot, chef d’une bande qui terrifiait Paris et la province depuis des semaines : vols, cambriolages, assassinats. En remontant jusqu’à Ravachol, je peux dire que je n’ai rien vu de plus ignoble, de plus totalement immonde en fait de panique et d’effervescence bourgeoise.
Le misérable s’était réfugié dans une bicoque, à Choisy-le-Roi. Une multitude armée a fait le siège de cette forteresse défendue par un seul homme qui s’est battu jusqu’à la fin, quoique blessé, et qu’on n’a pu réduire qu’avec une bombe de dynamite posée par un héros (!) qui a opéré en se couvrant d’une charrette à foin et cuirassé de matelas.
Les journaux ne parlent que d’héroïsme. Tout le monde a été héroïque, excepté Bonnot. La population entière, au mépris des lois ou règlements de police, avait pris les armes et tiraillait en s’abritant. Quand on a pu arriver jusqu’à lui, Bonnot agonisant se défendait encore et il a fallu l’achever.
Glorieuse victoire de dix mille contre un. Le pays est dans l’allégresse et plusieurs salauds seront décorés.
Heureusement Dieu ne juge pas comme les hommes. Les bourgeois infâmes et tremblant pour leurs tripes qui ont pris part à la chasse, en amateurs, étaient pour la plupart, j’aime à le croire, de ces honorables propriétaires qui vivent et s’engraissent de l’abstinence ou de la famine des pauvres, chacun d’eux ayant à rendre compte, quand il crèvera, du désespoir ou de la mort d’un grand nombre d’indigents. Protégés par toutes les lois, leur infamie est sans aucun risque. Sans Dieu, comme Bonnot, ils ont l’hypocrisie et l’argent qui manquèrent à ce malheureux. J’avoue que toute ma sympathie est acquise au désespéré donnant sa vie pour leur faire peur et je pense que Dieu les jugera plus durement.
Cette brillante affaire avait nécessairement excité la curiosité la plus généreuse. Ayant duré plusieurs heures, des autos sans nombre avaient eu le temps d’arriver de Paris, amenant de nobles spectateurs impatients de voir et de savourer l’extermination d’un pauvre diable. Le comble de l’infamie a été la présence, dans les autos, d’une autre armée de photographes accourus, comme il convient, pour donner aux journaux tous les aspects désirables de la bataille »
21:27 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : jules bonnot, victor serge, léon bloy, littérature, anarchie |
vendredi, 23 avril 2010
Collomb/Gaudin, même combat
Qu’on soit maire « de droite » ou maire « de gauche », quand on est maire d’une grande ville, il semble que ce soit devenu un sport municipal de brader les Hôtel-Dieu : A Marseille aussi, il est question de transformer l’ Hôtel-Dieu en hôtel de luxe. Situé au pied du quartier touristique du Panier, cet hôpital date, lui, du XVIIIème siècle et a été conçu par Mansart. Il est évidemment lui aussi classé monument historique. C’est le groupe Axa, associé à Intercontinental qui, pour un loyer de 2 millions d’euros, se propose d’y ouvrir un hôtel quatre étoiles. Toujours le même baratin : "une seconde vie pour l'hôpital", et toute cette argumentation démissionnaire qui brade au privé les joyaux patrimoniaux.
Interpellé de cette façon par son opposition : « Cette vente est une faute qui marquera gravement votre mandat. Vous serez celui qui a vendu l'âme de Marseille ! », voici comment Gaudin a répliqué : « Vous ne manquez pas de culot,. La mairie de Lille [PS-PC] a fait pareil avec un couvent situé en plein centre-ville ! »
Gaudin aurait pu aussi citer le socialiste Collomb qui fait la même chose que lui à Lyon …
Désespérant …
Sur ces différents blogs, des précisions sur le projet marseillais (cliquez sur les noms)
- Christian Pellicani, conseiller municipal communiste de Marseille
- Jean Paul Nostriano, solidaire citoyen unitaire
- Marseille vend son âme et l'Hôtel-Dieu (20 minutes)
18:04 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : hôtel-dieu, marseille, lyon, politique, patrimoine |
vendredi, 16 avril 2010
A propos de Jacques Seebacher
Je place en ligne l'article de Francis Marmande (Le Monde, 24 avril 2008), en hommage à Jacques Seebacher (10 avril 1930 - 14 avril 2008), ainsi que le billet que j'avais édité sur ce blog le mardi 22 avril 2008 lorsque j'avais appris son décès. A l'attention de tous ceux qui, comme moi, ont eu la chance d'être l'un ou l'une de ses étudiants et de croiser les lumineuses explications de ce très grand professeur. ICI, l'hommage que lui rend Guy Rosa dans la Revue d'histoire littéraire. Et ICI, une biographie détaillée.
J’apprends avec beaucoup de tristesse la mort de Jacques SEEBACHER. Dans le tintamarre médiatique, les grandes intelligences et les beaux esprits s'en vont fort discrètement. Jacques Seebacher a été mon professeur à Paris VII pendant plusieurs années. Je lui dois, comme beaucoup d'autres de ses étudiants, des centaines d'heures d'un plaisir exquis, rare, indicible : celui de comprendre un grand texte auquel on consacre, pour rien, quelques heures de sa vie. Et cela chaque semaine. Et cela durant plusieurs années. Jacques Seebacher qui prit la succession de Pierre Albouy était un spécialiste de Victor Hugo (il dirigea l'édition du centenaire dans la collection Bouquins).
C'était un dix-neuvièmiste complet, si une telle expression a du sens, un homme réellement cultivé, attaché à la transmission comme un paysan à sa terre. Je me souviens d'explications de lui de Michelet, de Renan, de Sainte-Beuve, de Musset, de Baudelaire, de Lamartine ou de Sand, bien sûr, mais également de Ronsard, de Racine, De Pascal, de Montesquieu, d'Apollinaire, de Valéry... Des explications scrupuleuses et lumineuses, au sens propre. Des explications généreuses, qui donnaient à leur auditeur l'impression d'être intelligent... Il était un professeur à la fois plein d'humour, de rigueur et d'intégrité, capable d'être cassant lorsqu'il se trouvait devant une personne qu'il jugeait malhonnête sur le plan intellectuel, heureux lorsqu'il apprenait qu'un de ses étudiants avait réussi quelque chose. La dernière fois que j'ai parlé avec lui, c'était de Béraud, par téléphone, il y a quelques années déjà. Je n'ai eu que très peu de véritables professeurs dans toute ma scolarité, déjà ancienne. J'en dénombre trois, tous de lettres : il était l'un deux. Il était parti à la retraite au tout début des années quatre-vingt dix.
L'époque, déjà, n'était plus trop littéraire, et avec son départ, j'eus l'impression, oui, qu'un siècle, qui jusqu'alors avait été mien, avait été nôtre, commençait à s'en aller aussi. Voici quelques lignes de lui que je tire de la préface qu'il avait alors rédigée pour Victor Hugo ou le calcul des profondeurs (PUF écrivains, 1991) :
« Voilà un peu plus d'un demi-siècle, en un Noël de guerre, un enfant de neuf ans commettait sa première inconvenance littéraire en demandant qu'on lui offre Les Misérables, pour en avoir lu un fragment dans ce merveilleux livre de lecture de l'école publique qui s'intitulait Une heure avec... Ce fut un couple d'Anglais, que l'invasion nazie allait bientôt contraindre à l'exil dans leur propre pays, qui consentit à ce caprice, avec les quatre volumes de la collection Nelson. « De l'Angleterre, tout est grand », dit l'auteur de L'homme qui rit. Peu importe de combien d'exils se compose toute pairie et de combien d'escarpements se conquiert le plain-pied quand on a compris comme Romain Gary et Ajar réunis qu'avec Hugo, l'éducation européenne consiste à avoir la vie devant soi ».
Le jour où Le Monde annonce la mort de Césaire, 18 avril 2008, on enterre Jacques Seebacher (1930-2008) du côté d'Amboise (Le Monde du 23 avril). Jacques Seebacher était un professeur de littérature de ce style disqualifié par la vulgarité qui règne : flamboyant, magnifique, contestataire, consentant à tous ses désordres et à toutes ses fidélités, amoureux du plaisir, désinvolte sur la forme et d'une exigence terrible sur les principes, dandy très capable de remplir la nuit des milliers de fiches érudites. Pour qui, ces fiches ? Certainement pas pour sa gloire, non : pour les groupes, les bandes, les tribus qu'il aimait susciter. Découvrant de très précieux secrets touchant à un manuscrit de Victor Hugo, assez en tout cas pour bétonner trois carrières universitaires et toute sorte de livres inutiles, il en fit des petits paquets soigneusement annotés de sa main, qu'il offrit en partage aux hugoliens de ses amis.
Il pratiquait l'amitié, la musique, le jardin, la conversation avec ce soin dilapidateur que d'autres mettent à naviguer sur MySpace. Jouait-il d'un instrument ? J'ai oublié de le lui demander. Il jouait de sa voix, sa voix grave, sa voix de viole de gambe, sa voix suave soudain cassante, sa voix aussi riche d'harmoniques que les vins dont il savait d'un coup de nez identifier les arômes. D'une intelligence féroce, soudain insupportable, cinglant, drôle, charmeur, méprisant, communiste et puis plus communiste sans en faire tout un plat mais sans se renier, constant de l'inconstance, il parlait sans notes, ne laissait jamais une phrase cul-de-jatte, ses mains alors semblaient des mésanges, un étudiant lui avait dit : « Nous, nous écrivons comme nous parlons, vous, vous parlez comme sont écrits les livres. » Ah oui !, Seebacher laissait tomber sans même y songer : « L'intelligence, ça s'apprend. »
Voilà, adieu berceau, cuillère en or dans la bouche en naissant, sapin de Noël, non, la vérité, c'est que l'intelligence, ça s'apprend. Ça ne tombe jamais du ciel. D'ailleurs, sauf pour les vélivoles et Galilée, le ciel n'existe pas. L'intelligence n'a rien d'un don, c'est une pratique.
Quels points communs entre Seebacher et Césaire, en dehors de ce 18 avril, jour de la Saint-Parfait ? Intermittents du communisme ? Bonne piste. Violemment autonomes ? Pas mal. Normaliens ? Soit. Mais l'Ecole normale, c'est bien joli, y entrer est à la portée de tous, le seul point qui compte, c'est de savoir en sortir. Ne pas s'y enterrer, il sera toujours temps au soir de la vraie mort. Ah oui, leur point commun : Hugo, la langue, le peuple, tout Hugo, le tendre comme le Hugo de La Bouche d'ombre. La langue, la farouche exactitude de la langue, seul accès à soi, au désir, donc aux autres, à la règle, à l'Histoire.
Seebacher, inconnu de tous, sauf de ces chercheurs aux mains nues en voie de disparition, et Césaire, le cri noir, la révolte, l'éloquence de la Révolution mâtinée de palabre, sortaient du peuple et s'en trouvaient gaillards. La colère noire chez Césaire, rien de cet "humanisme", cette "tolérance" dont se gargarisent tous les couteaux châtreurs de la classe politique (droite de droite et droite de gauche pour le coup confondues), répond à voix haute à l'intransigeance de Seebacher. La colère poétique. La colère théâtrale du Nègre. Nègre ou juif, disait-il, on ne naît pas nègre, on le devient. Nègre, ça sonne péjoratif ? Mais c'est pas nous qui l'avions inventé. La négritude, c'était une réponse à la provocation." Aujourd'hui, on veut imposer la sale habitude de mettre une feuille de vigne au racisme ambiant en disant "black".
Décidément, Guy Rosa, professeur lecteur de Hugo, Césaire et Seebacher, a raison : « Il est des morts qui meurent plus que d'autres. »
Francis Marmande, Le Monde,24 avril 2008.
00:23 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : jacques seebacher, littérature, paris7, enseignement, université |