vendredi, 13 avril 2012
Comme un point, disait Musset
Chercher la lumière du soleil vers ce qui ne fait que la refléter
S’abuser
Etre las de la nuit des hommes
La conquête de l’espace par l’homme a-t-elle augmenté ou diminué sa dimension ?
Hannah Arendt fait du premier pas de l’homme sur la lune la fin définitive de l’humanisme. Elle ne le dit pas, mais ça revient à ça.
Ma grand-mère n’a jamais voulu y croire. On posait un pied sale sur un rêve à la suavité millénaire
La lune, disait Musset, comme un point sur un I
Songe combien de générations d’hommes ce spectacle a pu lier
Relier dans un seul livre
Cyrano de Bergerac se prenant pour Hercule
On a marché sur la lune, génie d’un album en 1954
Et maintenant, sur quelle terre marche-t-on ?
Quelle déception, cette Terre des hommes
Qui aura bouffé jusqu'à la lune
C'est une toile sur panneau
Une école de Daumier
Fuir loin du siècle imbécile
12:58 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : musset, daumier, hannah arendt, lune, conquête de l'espace |
vendredi, 23 mars 2012
Ça les vaut
« Le fait qu'on soit passé du froid au chaud, j'ai l'impression que les choses récentes sont vieilles de trois mois » : Pendant que ma voisine de rang chuchote cela à son mari, les enchères grimpent, sur la petite commode à la fine marqueterie. On est à 580, et comme le souligne le commissaire priseur en pointant la salle apathique de l’ivoire de son marteau : Ça les vaut…
Elle a raison ma voisine, hier, c’était il y a trois mois. Depuis le temps que les bateleurs de tous crins sont partis en campagne, leur course aux sondages me semble déjà d’une autre ère et je me dis soudain que j’ai peut-être raté un épisode : Le président serait-il déjà (ré) élu ?
A présent que Merah est abattu, on commence à oublier l’horreur de son geste lâche et guerrier. Certains vont chercher des justifications du côté du père absent ou du refus d’embauche à l’armée, jusqu’à Valls qui cause «d’enfant perdu de la République », le démago, comme s’il n'avait fait que voler un scooter. Oubliant l’écologie, Joly redevient procédurière. Tout passe, compact, comme des objets à l’encan. Mais tous les objets ne pèsent pas le même prix.
Dehors, Mars est en effet plus que printanier. Jean Louis Borloo a dû apprécier, ce matin, qui promenait son Sarkozy de président dans le beau Valenciennes relooké. Il ne manquerait plus qu’un salafiste déjanté se mette là aussi à tirer sur tout ce qui bouge.
Pendant ce temps, plus personne ne sait trop où s’est régugiée Nafissatou Diallo. Mais DSK, qui, paradait en économiste distingué l’autre jour à Cambridge, demeure toujours place des Vosges. Les choses, quoi qu’il arrive, retombent inévitablement dans le bon ordre. Et il n’y a que des naïfs pour croire au changement devant les rodomontades d’un clown postmoderne à la Bastille. D’ailleurs on a pu voir que Hollande, durant les quelques jours qu’a duré l’intermède tragique de Toulouse, a tout fait comme Sarkozy, discours, visite d’école, recueillement, ce qui permet à son état-major de répliquer à Bernadette Chirac qui lance en plein conseil général de Corrèze « qu’il n’a pas le gabarit d’un président » « qu’il a l’étoffe d’un chef d’état »… Il n’y a qu’en France qu’on voit ça…
Mais pour l’heure, la vraie question que se pose tout bon électeur est de programmer dans quel lieu il va passer ses vacances après la fin du show électoral. Agoraphobes, l’endroit à fuir, cette année, ce sera Londres, à ne fréquenter que devant un écran. Sinon, France ou étranger ? Bretagne ou Méditerranée ? Seul ou accompagné?
19:06 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, vente aux enchères, société |
lundi, 09 janvier 2012
Le coup de Jarnac
Mitterrand avait fait son coup de Panthéon (au moins avait-il attendu d’être élu), Hollande a fait ce week-end son coup de Jarnac.
« En 81 avec la Corrèze, ce fut un court-métrage, en 88, le début du long-métrage. Aujourd'hui je me prépare pour une super production ! », a-déclaré petit François samedi à Egletons, avant d’aller invoquer « les forces de l’esprit » dans le cimetière où repose l’auguste Grenouille.
Enarque tout comme Giscard d’Estaing, Hollande n’a guère plus que Valéry le sens du spectacle (on se souvient de la chaise vide). Ce candidat « normal » en quête d’autorité et de légitimité a quelque chose de pathétique, tout comme l’ancien président allant déjeuner chez les Français ou jouant de l’accordéon pour, lui aussi, avoir l’air « normal ». Il ferait mieux de réfléchir à son programme plutôt que de promettre du spectacle. Un certain bon sens me pousse malgré moi à me méfier de ces gens qui ont besoin de proclamer ainsi leur « normalité », et de théâtraliser de louches filiations. Comme il est pathétique en tout cas de se dire qu’après quinze ans passés dans l’opposition, la monarchie socialiste qui règne dans les régions et les principales villes de France n’a trouvé que cet ancien secrétaire palot et sans imagination pour faire face à Sarkozy.
Si ce dernier demeure aussi honni par les Français, et si Hollande, piètre acteur en d’aussi superfétatoires spectacles n’est pas mieux inspiré, François Bayrou a un boulevard qui s’ouvre devant lui.
Hollande à Jarnac : la solitude pré-panthéonique ?
00:03 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : politique, ps, hollande, jarnac, présidentielle |
vendredi, 30 décembre 2011
Finir l'année
J’entre à reculons dans cette année car j’ai horreur des années électorales : chacun y prend des airs d’importance, les vieux poncifs sur le changement se répandent partout et finalement, après l’orgie démocratique, chaque électeur rentre bredouille. Les trésoriers des partis comptent leurs sous, les candidats guignent les sièges ou les strapontins sur lesquels poser leur derrière et le même spectacle reprend.
Pourtant, je ne suis pas mécontent de quitter 2011, qui ne m’aura pas été bienveillante, au point que j’ai même failli rester un bout de patte pris dans ses rets. Il y en aura une, d’année, il y en aura un, de mois, qui pour chacun d’entre nous seront les derniers. Et nous ne savons lesquels. Avant de se souhaiter bonne année, il faudrait déjà se la souhaiter entière, ce serait un commencement de conscience : Mors aequo pulsat pede pauperum tabernas regumque turres, disait le bon Horace, nous rappelant que la mort frappe d’un pied égal les chaumières des gueux et les palais des rois. Du temps que j’officiais à la morgue, j’y pensais chaque jour ; je me souviens avoir passé tout étonné l’an 86 et avoir écrit :
Il n’y aura donc pas 86
Sur la dalle de pierre grise
Mais en travaillant à nouveau parmi les vivants ordinaires, je suis redevenu insouciants comme ils le sont ; le mois de mai fut une piqûre de rappel : Dans quelle année et dans quel mois me prendrais-je les pieds ? Mystère des chiffres et des lettres.
Aussi toutes ces combines électorales du PS et de l’UMP, et ces pales figurants, Hollande, Sarkozy, dont les noms trottinent d’écrans en écrans et provoquent de telles passions, tant de tweets et de commentaires, quelle étrange vue de l’esprit font d’eux quelque chose, vraiment ? Puisqu’il nous faut des chefs, on devrait commencer à penser à eux 15 jours tout au plus avant l’élection, entendre un discours de l’un, puis un discours de l’autre et laisser le sort choisir plutôt que de subir cette incessante propagande des deux côtés et ce bourrage de crânes de lieux communs.
Il nous reste une journée et quelques heures, avant que 2011 ne s’égare. Songeons à finir cette année au mieux, avant de nous demander comment nous passerons la prochaine.
01:03 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : politique, 2011, 2012 |
dimanche, 16 octobre 2011
Le berger endormi
Il y a le sommeil du berger,
Et les craquelures du tableau,
Et dans l’assoupissement de chacun,
La même ruse du temps.
Boucher, Berger endormi, musée de Chartres
00:34 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : boucher, peinture |
dimanche, 11 septembre 2011
Larmes
Une certaine tradition a fait de la souffrance une manière réputée sublime de se frotter aux autres et presque privilégiée d'être au monde.
De l'expérience que j'ai pu faire de la souffrance, à quelque niveau que ce fut, j'ai pu constater qu'elle n'est en réalité que le ressort puissant au désir d'y mettre fin, et que la sublimation de la souffrance ne manifeste jamais qu'une posture morale, intellectuelle ou esthétique, quand la véritable plongée en ses eaux troubles ne constitue en réalité que le commencement du triste et inévitable acte de mourir.
Man Ray, Larmes, 1929
09:50 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : man ray, larmes, littérature |
vendredi, 19 août 2011
Gare à la rentrée
« La rentrée va être chaude ! » : c’est en passant devant une terrasse, l’autre après midi, que j’ai chopé au vol cette pensée, profonde et originale. A quoi songeait-il, l’individu qui la proféra d’un ton si hardi? A la récession, dont une tonitruante sœur Anne aura passé l’été à nous déclarer, aux infos comme ailleurs, qu’elle pointerait fatalement le bout de son nez sale sur nos cotes d’Azur et d’Armor, un jour ou l’autre ? Aux «mesures d’austérité », périphrase moderne pour dire la gabelle et autre dime que la gouvernance postmoderne a réinventées afin de donner au péquin moyen le sentiment dorénavant suranné qu’il demeure le citoyen d’une quelconque et prospère cité européenne ? A la médiocrité du personnel politique qui part en campagne léger et court vêtu ? Tout spécialement celui de cette stupide gauche, condamné pour être électoralement crédible dans l’opinion à faire mieux sur les marchés que celui de droite ! Et à convaincre à coups de y’a ka un peuple saturé de démagogie qu’il roule pour lui en plaidant haut et fort pour l’augmentation de l’impôt ? Ecoutez bonnes gens leurs riches, qui déjà donnent l’exemple… A moins qu’il ne fût simplement question de ce qu’on appelait jadis une saison nouvelle : saison théâtrale, saison des arts, saison culturelle et intellectuelle ? Au vu de la faune d’indigents avinés qui composait la tablée d’où l’aboiement fut jeté, c’est bien peu probable.
Alors ? Cette rentrée-ci sera-t-elle plus chaude qu’une autre ? Le bougre faisait-il référence aux émeutes des « révoltés » et autres « indignés », qui assurent par milliers, et pour pas même une rondelle de soda, la promotion de la dignité démocratique sur les écrans de Big Brother ? Indignés, pélerins, (je reprends les termes si comiques des infos…), les arrière petits enfants de Hessel et du dalaï lama contre ceux de Benoit XVI, comme quoi, l’histoire, quand ce n’est plus que du mauvais spectacle fabriqué et raconté aux gens par des VRP octogénaires, ça patine lourdement.
Dans sa kermesse médiatique, le signe est devenu si arbitraire et le monde si peu surprenant que la formule lapidaire pouvait au fond s’appliquer à n’importe quel événement filant, en boucles et en rondelles, par nos cervelles essorées. « C’est chaud !» : à moins qu’il ne fût plus prosaïquement question d’une affaire professionnelle ou sentimentale, individuelle autrement dit. On a beau être bientôt sept milliards de fourmis multiculturalisées, sa petite existence à soi, ça compte aussi dans la vaste fumisterie universelle, et c’est parfois bien chaud aussi : y’a qu’à voir la chronique malsaine des faits divers, disparitions, viols de laetitia, jessica, nafissatou et autres lolita, crimes en séries de dsk en patron, qui assurent en arrière-fond le confort moral des psychopathes refoulés qui se gavent à vingt heures des récits de Marie Drucker.
A moins encore qu’il ne fut question, moins métaphoriquement, du temps qu’il fait ?Souci éternel des hommes et des femmes, au fond bien plus fondamental que leur rouerie politique à tous deux ! De ce putain d’air africain, qui va encore se répandre par nos sentiers et nos rues, cet air cuit et recuit sur du sable pendant des jours et des nuits, jusqu’à en devenir vide de toute vie, et dont s’enchante les vendeurs de crèmes solaires et de sorbets chimiques ; cet air chasseur d'humidité, venu poignarder dans le dos jusqu’à la belle matineuse, et qu’il va falloir encore supporter jusqu’à l’orage... Oui, c'est chaud ! Et ce n'est, semble-t-il, qu'un prélude au show qui nous attend, sorte de bouquet final pour la surprise de tous. Au bar des amis, on en frémit d'avance...
19:35 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : crise financière, jmj, société, politique, météo, actualité, canicule dans le rhône, marie drucker |
jeudi, 14 juillet 2011
La fête à la grenouille
Cela pourrait s’appeler Pauline à la plage ou Martine à l’Elysée. Bon. Faut-il arrêter de publier les conneries que je fabrique sur ce logiciel pour apprendre à tant soit peu le manier ? Revenir à des choses plus sérieuses, des vrais billets, avec un fond, et puis une forme ? En même temps, si peu à rajouter sur l événementiel – on n’ose même plus dire le politique, hein… Tant il est avéré que les choses sérieuses se passent ailleurs, même pas sur un autre continent, peut-être sur une autre planète, allez savoir ?
En attendant, ça a beau être le mode été, il pleut, ça mouille, c’est la fête à la grenouille…
00:05 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : quatorze juillet, grenouille, dessin |
mercredi, 13 juillet 2011
Dandy
Les éclairs sans la pluie sur la ville figée;
Le vent sème l’odeur de terre mouillée d’ailleurs;
Persiste la chaleur étouffante, rode la clameur de l’orage,
On est comme en coulisses, ces grondements, l’eau tarde,
Des pas de solitaires, dans la rue, l’un siffle, l’autre marche,
Une voiture passe à presque minuit. A quand, la fraîcheur ?
Vingt bonnes minutes, déjà, qu'un orage sec contient notre sommeil..
Sur Illustrator, toujours, l'idée qu'à peu près je me fais d'un dandy
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01:05 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : dandy, orage, dessin, illustrator |