lundi, 27 avril 2009
Du monde vraiment commun
Fragmentation de chacun devant la fortune, devant le destin, devant la culture et devant la santé. Depuis que nous ne constituons plus un peuple, n’avons-nous pas toutes les raisons de nous méfier les uns des autres ? Le potentiel pandémique du virus de la détestation d’autrui n’en est qu’à ses premiers balbutiements dans la mise à sac du monde commun. Pour résister à ses assauts, la raison est insuffisante et l’amour est improbable. Peut-être le vieil instinct de l’espèce, vieux réflexe de civilisé, encore que l’individu planétaire l’ait, en son sein, au neuf-dixième corrompu…
Demeure le sentiment de la nature, antique feinte de l'humanité, sur une planète déjà bien dévastée...
05:45 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pandémie, épidémie, société, philosophie, littérature, absurdité |
samedi, 25 avril 2009
Réflexion pour des années d'école
La pensée de haut vol s’apprend-elle ? S’enseigne-t-elle ? Dressage et exercice peuvent fortifier la mémoire. Des techniques de méditation permettent d’approfondir les temps d’intériorité et de concentration. Dans la formation des mathématiciens, des logiciens, des programmeurs et des joueurs d’échec peuvent être transmises des méthodes analytiques assorties d’un sens draconien des enchaînements formels. Pour autant qu’on sache, cependant, il n’est point de clé pédagogique de la créativité. Dans les arts comme dans les sciences, en philosophie comme en théorie politique, la pensée novatrice, transformatrice, semble naître de collisions, de sauts quantiques …
17:01 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : éducation nationale, george steiner, littérature, politique |
lundi, 30 mars 2009
Du libre-penseur et du chrétien
Au commencement de l'Argent, Péguy a cette phrase extraordinaire, avec laquelle une part de moi n'a cessé d'être, depuis que je l'ai lue : « Les libres-penseurs de ce temps-là (vers 1880) étaient plus chrétiens que nos dévôts d'aujourd'hui (1913) »
J'aime cette phrase et je l'ai beaucoup respirée, comme on respirerait un brin de mimosa ou de muguet, si juste. Avec gaîté, et malgré la tristesse de son constat, cette phrase proclame combien il est ridicule de s'affirmer de façon dogmatique comme étant un libre-penseur ou un chrétien, combien c'est même impossible quand en vérité, on ne peut qu'être de son temps, de sa condition, de sa place, de son monde. J'aime la senteur de cette phrase que je sens profondément juste : elle souligne - et pour le pire comme pour le meillleur- le primat de l'humain sur le théorique, du concret sur l'abstrait, de l'affection sur le cours des idées, de la chair incarnée sur le roseau pensant. Elle renvoie dos à dos libres penseurs et théologiens en leur rappelant qu'ils sont tous deux déterminés par l'appartenance au monde commun de leur génération, au sens le plus large, malgré la prégnance de leur foi ou de leur idéologie qui restent, l'une et l'autre, la foi et l'idéologie dont est capable leur époque.
00:13 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : charles péguy, littérature |
jeudi, 26 mars 2009
Juliette Récamier
« J'ai vu à Lyon le Jardin des Plantes établi dans les jardins en amphithéâtre de l'abbaye de la Déserte, maintenant abattue : le Rhône et la Saône sont à vos pieds ; au loin s'élève la plus haute montagne d'Europe, première colonne militaire de l'Italie, avec son écriteau blanc au-dessus des nuages. Mme Récamier fut mise dans cette abbaye... »
« Vous souvenez-vous, belle Juliette, d'une personne que vous avez comblée de marques d'intérêt cet hiver, et qui se flatte de vous engager à en redoubler l'hiver prochain ? Comment gouvernez-vous l'empire de la beauté ? On vous l'accorde avec plaisir cet empire, parce que vous êtes éminemment bonne et qu'il semble naturel qu'une âme s douce ait un charmant visage pour l'exprimer. »
Chateaubriand, Mémoires d'Outre Tombe, III, 2 et 3. Le buste est de Chinard (suivre le lien)
Lyon, Palais des Beaux Arts, Exposition Juliette Récamier du 27 mars au 29 juin
14:25 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, sculpture, juliette récamier, lyon, musée des beaux arts, chateaubriand |
mardi, 24 mars 2009
Hiver 56
Eau gelée de la fontaine recouvrant la grotte, tombant dans le bassin à Lyon. Hiver 56 : Un hiver que le printemps ne parvient pas à fendre. Merci à La Zélie pour le lien et la photo.
06:55 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : hiver 1956, lyon |
vendredi, 20 mars 2009
Polémique papale
« Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. » Première version : « au contraire on augmente le problème).
Dans les deux cas, si je sais lire, cela signifie : on ne peut réduire la lutte contre le Sida à la distribution des préservatifs. La proposition conditionnelle marquant clairement que l'extinction du fléau ne saurait être réduit à un seul geste technique (« si on n'y met pas de l'âme... »). Ceux qui attendent que le garant d'un dogme séculaire se plie à une idéologie actuelle évidemment l'entendent d'une autre oreille. Mais aucun pape ne peut ouvertement parler comme le chef d'une ONG ou d'un service sanitaire.
On comprend pourquoi Nicolas, Ségolène et autres consorts réduisent leurs déclarations à des propos type sujet/verbe/complément..., à une syntaxe et à un vocabulaire indigents, n'emploient plus ni conditionnel, ni subjonctif, etc... « Tous ensemble, tous ensemble », au moins, tout le monde comprend... Même si ça ne veut plus rien dire.
De l'aveuglement syntaxique à la mauvaise foi idéologique, il n'y a qu'un pas !
10:28 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (35) | Tags : sida, religion, benoit xvi, christianisme |
jeudi, 19 mars 2009
De manif en manip
Les professionnels de la manif ? de la manip ?
Z'ont bien une tête de damnés de la Terre, trouvez pas ?
Les seuls à être payés un jour de grève,
Ne l'oublions pas.
22:44 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : grève, syndicats |
vendredi, 13 mars 2009
Danse du printemps qui vient
Le printemps : on le sent chaque matin qui pousse, grignote, rabote la nuit. Il aura bientôt gain de cause. Pour quelques mois seulement. La ronde des saisons, telle celle d'une vieille, naïve et colorée danse macabre. Tout en bas, on reconnait Adam et Eve. Et tout en haut, leurs enfants dévorés puisque à la fin de la ronde, c'est toujours le tombeau qui aura gain de cause. L'aquarelle est de Johan Rudolf Feyerabend (1779-1814), réalisée en 1806 d'après une fresque de 1440 environ, du couvent des dominicains de Bâle.
18:01 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : danse macabre de bâle, johann rudolf feyerabend |
mercredi, 11 mars 2009
De l'inhumation et de l'incinération
Dans les églises, l'après-midi, on rencontre surtout des femmes.
Des vieilles femmes.
Une pancarte, dans la vitrine d'un marchand de vin, un peu plus tard:
« Si tu choisis de te faire incinérer, ce sera ta dernière cuite. Si tu préfères te faire enterrer, tu auras à coup sûr encore des vers dans le nez. »
Quel rapport me direz-vous entre ces deux remarques ?
Aucune.
Elles furent presque concomitantes, le marchand de vin étant non loin de l'église.
« Vivons, disait Desproges, heureux, en attendant la mort. »
22:30 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : humour, pierre desproges |