samedi, 25 avril 2009
Réflexion pour des années d'école
La pensée de haut vol s’apprend-elle ? S’enseigne-t-elle ? Dressage et exercice peuvent fortifier la mémoire. Des techniques de méditation permettent d’approfondir les temps d’intériorité et de concentration. Dans la formation des mathématiciens, des logiciens, des programmeurs et des joueurs d’échec peuvent être transmises des méthodes analytiques assorties d’un sens draconien des enchaînements formels. Pour autant qu’on sache, cependant, il n’est point de clé pédagogique de la créativité. Dans les arts comme dans les sciences, en philosophie comme en théorie politique, la pensée novatrice, transformatrice, semble naître de collisions, de sauts quantiques …
Il n’est pas de démocratie pour le génie, rien qu’une terrible injustice et un mortel fardeau. Il en est, peu nombreux comme disait Hölderlin, qui sont forcés de saisir la foudre à pleines mains.
Ce déséquilibre et ses conséquences, l’inadaptation de la grande pensée et de la création aux idéaux de la justice sociale est une neuvième source de mélancolie.
George Steiner, Dix raisons possibles à la tristesse de pensée – Albin Michel (2005)

17:01 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : éducation nationale, george steiner, littérature, politique |
Commentaires
Écrit par : Chr. Borhen | samedi, 25 avril 2009
Et le poil encore plus hérissé à cette assertion que grande pensée et création sont inadaptées aux idéaux de justice sociale. Même si nous sommes là dans un autre registre. Bien sûr que la science n'est pas bonne ou mauvaise en elle-même ; elle est, c'est tout ; et c'est à la philosophie et à l'éthique de trancher. Même chose pour les arts, c'est l'homme créateur et pas la création elle-même qui se préoccupe d'idéal de justice.
Je ne sais pas si j'ai lu Steiner. Son nom me dit quelque chose, mais à regarder sa biblio, non.
Écrit par : michèle pambrun | samedi, 25 avril 2009
Pour moi, les élèves sont dans un monde avant 1965 et l'institutrice après.
Pour tout dire, quand j'ai vu la première rangée, je me suis retrouvée et presque reconnue dans mes photos scolaires des années 1952 - 1960. Quel choc!!!!
D'ailleurs pour m'en remettre, je les ai re-regardé.J'ai le cafard!
Je vous en veux Solko!
Écrit par : la zélie | samedi, 25 avril 2009
Combien de copieur pour un créatif? J'ai 63 ans, j'ai du rencontré 1 ou 2 créatifs.
Je suis très heureuse de les avoir rencontrer ( dans les domaines que je connais, et c'est pas du tout les vôtres, enfin je crois).
Écrit par : la zélie | dimanche, 26 avril 2009
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
Et comme il est difficile de la pratiquer ! Fuir les lieux communs qui nous imbibent ! Poser les préjugés sur la table ! Penser est de plus en plus difficile dans la société du son et lumière et de l'instantané. Et les écoles, lycées, universités sont de plus en plus en dissolution dans ce son et lumière là, hélas. Penser est une activité exigeante et rare.
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
Écrit par : Le Photon | dimanche, 26 avril 2009
Alors quoi, penser que cela est dépendant du projet de société que l'on se donne et se demander pourquoi chacun n'a pas la possibilité d'entrer à l'Ecole centrale de Paris, ou à l'ENPC ou à l'Ensam ou l'Ensimag de Grenoble ou aux Mines à Paris, ou Polytechnique ou etc., ce serait être bourré de préjugés qu'il faudrait laisser sur la table ?
Les lieux communs qui nous imbibent, c'est à la table de travail qu'on tente de s'en défaire, mais ils sont aussi à moment donné ce liant nécessaire pour que les hommes se parlent. Faisons-nous un peu confiance !
Écrit par : michèle pambrun | dimanche, 26 avril 2009
Et je ne me sens très peu capable de suivre Steiner sur ce terrain ; par manque de connaissances d'abord et puis parce que je ne suis pas à l'aise dans la pensée pour la pensée.
Je préfère parler d'expérience et de ce que je connais. Ce à quoi nous nous affrontons chaque jour de vie est déjà tellement immense...
Bon dimanche Solko.
Écrit par : michèle pambrun | dimanche, 26 avril 2009
Ces petits cadres sont encore une fois bien étroits et génèrent du malentendu. Que dans les écoles que vous citez se transmettent du savoir, des techniques, Steiner ne le conteste pas. Qu'il faille y faire régner de la justice sociale non plus. Que l'élite y apprenne le libre effort de la pensée, c'est pour lui une autre affaire. Au contraire, même, l'école (et peut-être spécialement les grandes écoles) ne fait que fédérer du lieu commun. Et donc, dit-il, les apprentissages de la pensée et de la créativité relèvent d'une autre expérience que celle de l'école et ne se peuvent programmer. Je rajouterai : heureusement.
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
L'école n'étant plus qu'un lieu -parmi d'autres- de communication des connaissances, elle ne peut qu'apparaître obsolète aux yeux de bon nombre d'adolescents. Ouverte sur le monde, elle est devenue ce que des sociologues complaisants et des économistes sourcilleux ont voulu qu'elle devienne : un instrument de sociabilisation au service du politique. Dès lors, sa fonction principale n'est plus d'apprendre à penser (même de manière sommaire) aux gens; mais plus prosaïquement d'éviter la guerre civile et de satisfaire les exigences du marché. Accessoirement, on peut encore y trouver quelques informations qui ne sont pas dans des mangas, l'industrie du cinéma, des jeux video et de la chansonnette débilitante. Est-ce encore bien utile, dès lors que tout est miné en amont ?
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
Écrit par : Rodrigue | dimanche, 26 avril 2009
Et il y a un point sur lequel je ne suis pas votre raisonnement Rodrigue, c'est "détecter assez tôt les individus brillants afin de les aider". C'est chaque individu qui doit recevoir le maximum, maximum d'attente positive, maximum d'aide, maximum de connaissances, maximum de respect et à moins d'avoir affaire à des tarés, le retour est là, forcément.
Écrit par : michèle pambrun | dimanche, 26 avril 2009
Oui, là, j'entends bien ce que vous dites.
Je pense néanmoins que l'apprentissage de la pensée peut se faire aussi à l'école et que la littérature a un rôle important à y jouer.
Écrit par : michèle pambrun | dimanche, 26 avril 2009
On peut parler de professeurs "d'avant et d'après", reste qu'il faut définir :
-avant et après quoi ?
et surtout parler aussi :
- de l'administration d'avant et d'après,
- des programmes d'avant et d'après,
- des élèves d'avant et d'après,
- des medias d'avant et d'après,
- de la société d'avant et d'après...
Ce qui n'est pas dénué d'intérêt, loin de là.
Mais représente un sacré boulot !
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
Vous avez sans doute raison dans l'idéal, mais l'expérience prouve qu'il faut arrêter de sacrifier les meilleurs élèves au nom d'un égalitarisme théorique et vain. Car le résultat est que l'école publique est vidée peu à peu de tous ses meilleurs élements, que leurs parents placent dans le privé, et devient un lieu de simple socialisation où la transmission de la culture devient une entreprise quasiment infaisable, et dont patissent les quelques "éléments brillants" que leurs parents ne peuvent, précisément, pas placer ailleurs.
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
Vous posez là Solko tout le problème de la pédagogie, c'est-à-dire comment on travaille avec un groupe-classe à l'appropriation de notions, de connaissances. Je pense que personne ne s'est attelé à ce chantier tellement il est vaste. Je suis persuadée que la façon de faire n'est pas seulement un monologue du prof qui déviderait ce qu'il sait à un tableau vert, à charge pour les esprits brillants de saisir au vol tout ce qu'ils savent assurément saisir.
Il y a beaucoup de choses à revoir, à commencer par faire travailler les profs sur les représentations qu'ils ont dès le début. Et pourquoi depuis des décennies on a toujours dans les classes grosso modo 1/3 de bons, 1/3 de moyens, 1/3 de mauvais et malheur à qui n'aurait que des bons, il aurait baissé ses exigences et pourquoi des concours et pas des examens portant sur des contenus réellement enseignés et non cherchant à piéger des élèves au prétexte qu'il faut apprendre à être malin. Y a-t-il vraiment de la place, des bonnes places, pour tout le monde et le système n'est-il pas fait pour justifier l'injustifiable ? Parmi la trentaine d'élèves de chacune des classes que vous avez chaque année (ou les élèves en amphi) n'y a-t-il vraiment que le petit nombre qui réussit qui est "valable" ? Tant de déficience alors dans l'espèce humaine ? Ah non ? on n'ose pas dire ça ? On préfère dire qu'il y en a de plutôt manuels, de moins conceptuels ? Ben voyons ! Finalement je me demande même pourquoi on perd son temps à en envoyer certains à l'école : ah oui, éviter la guerre civile.
Mais l'école elle, de la maternelle à l'université comme on dit, est parfaite, n'a rien à revoir... Roulez Jeunesse !
Ce n'est bien sûr pas contre vous tout ça, c'est l'évocation d'un système, un putain de système dont je NE PEUX PAS penser qu'il est bon, tellement il fait de dégâts.
Écrit par : michèle pambrun | dimanche, 26 avril 2009
Écrit par : solko | dimanche, 26 avril 2009
Écrit par : Rodrigue | lundi, 27 avril 2009
Mais ce que je viens d'écrire là n'est qu'évidence, sans doute plaisantiez-vous et c'est très bien.
Écrit par : michèle pambrun | lundi, 27 avril 2009
Ils sont très mignons ces petits avec leur mine réjouie et chafouine. Il faut dire que l'instit a l'air sympa.
Écrit par : michèle pambrun | lundi, 27 avril 2009
12 mômes, c'était plutôt l'effectif d'une classe unique de campagne. Ils semblent, là, du même âge...
Écrit par : michèle pambrun | lundi, 27 avril 2009
Écrit par : solko | mardi, 28 avril 2009
Je suis pour ma part plutôt méfiante vis-à)vis de l'école Steiner comme de toutes ces écoles qui s'adaptent à l'élève.
Je reste fidèle à l'esprit de Jules Ferry !
L'école Steiner a eu des influences pernicieuses sur l'école de la république qui peut donner l'impression de couler les élèves dans un moule mais avait le mérite de leur donner des repères aussi bien en grammaire qu'en morale.
Bien sûr aujourd'hui se pose la question de la fiabilité du moule....
Écrit par : Rosa | mardi, 28 avril 2009
Écrit par : Pascal | mardi, 28 avril 2009
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