Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 20 février 2010

Générations ?

Le concept – (ou la notion) de génération, tel qu’à partir des « années soixante » les sociologues les plus dévoués à la société du spectacle l’ont institué, m’a toujours mis fort mal à l’aise. Peut-être parce que j’ai passé mon enfance dans une solitude relative, parmi des gens de tous âges, des parents d’avant-guerre, si on peut parler ainsi,  et des grands-parents de la Belle Epoque. Et que tout empli de cette solitude qui ne me pesait pas, bien au contraire, j’ai très tôt lu. Je me suis baladé ainsi en esprit parmi des gens de toutes les générations. Sur les pas de certains auteurs, j’ai pu même remonter très loin dans le temps, je l’avoue. Fictivement, me dira-t-on. Et alors ?

J’ai donc très tôt appris à respecter les disparus. Plus même, à ressentir pour eux une sorte de sympathie en regardant les pages, les toiles et les pierres qu’ils avaient laissées. La cohorte des baby-boomers, qui me précédait de peu, la génération Salut des Copains, lorsque mes yeux se sont ouverts sur quelques-uns de ses spécimens, mes yeux ont eu plutôt envie de se refermer qu’autre chose, je dois bien l’avouer. Depuis quelques années, je vois partir à la retraite les gens de cette « génération ». La cohorte tumultueuse laisse peu à peu le champ libre. Sylvie Vartan, et Françoise Hardy sont nées en 1944, Sheila en 1945. Elles étaient, ces trois là, leurs « vedettes » et je ne sais combien d’actuels sexagénaires ont épinglé sur le mur de leurs chambres « d’ados » leurs jolis minois, qui alors n’étaient, ni l’un ni l’autre, refaits. Pour ma part, dès que j’ai eu l’âge d’aller dans des « concerts », j’ai préféré aller écouter ceux de Barbara. Née, elle, en 1930, la génération précédente, la même que Brigitte Bardot (née en 1934) qui accepte superbement aujourd’hui de faire, comme on dit pudiquement, « son âge »… Grâce lui soit pour cela rendue.

Les baby-boomers vont-ils nous manquer ? J’avoue leur avoir toujours préféré soit des gens de mon âge, soit des gens beaucoup plus vieux dont la plupart sont morts à présent, soit des gens bien plus jeunes qu’eux. Les affinités électives plutôt que les regroupements générationnels, donc. J’ai bien eu quelques bons camarades parmi eux. C’est ce nombre, cette culture de masse et cette société de consommation absolue, que les meilleurs d’entre eux ont violemment critiqués, mais qu’ils auront collectivement laissé passer durant les deux septennats d’un président roublard, qui pose problème, si l’on peut dire. Et je m’aperçois en écrivant ceci, que ceux-là de leur génération que j’ai aimés étaient tous des solitaires, très mal à l’aise parmi eux. Comme je le suis, moi. Décidément.

23:14 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : société, brigitte bardot, sylvie vartan | | |

Commentaires

Mon dieu Solko, cela faisait longtemps que vous n'aviez pas parlé de Brigitte et Sylvie!!!!!!!!!

Écrit par : Sophie | samedi, 20 février 2010

@ Sophie : C'était histoire de vous forcer le commentaire, si j'ose dire.
Le contraste entre ces deux façons de vieillir, cela dit, est saisissant et mérite qu'on en parle, je trouve.

Écrit par : solko | samedi, 20 février 2010

Mais tout à fait d'accord! ceci dit j'ai de la tendresse pour elles deux...Bon, blague à part quand j'ai lu le titre du billet j'ai cru que vous alliez parler de Thibaudet et de son obsession des générations, eh bien pas du tout, makache!

Écrit par : Sophie | samedi, 20 février 2010

@ Sophie : Je vous propose un truc : vous faites revenir Albert sous l'éventail, avec une entrée mais alors fracassante, tonitruante, hein.
Et moi, je fais un billet ici sur "le mythe des genérations chez Thibaudet". Aie. Je m'avance un peu.

Écrit par : solko | samedi, 20 février 2010

Moi, Je vous trouve formidable, Solko !!!!

Écrit par : Brigitte Bardot | dimanche, 21 février 2010

Du suspens, pour Thibaudet, fois deux!
Les deux modèles Brigitte et Sylvie témoignent de ce que pour survivre au sein de cette société du spectacle il faut gravement se déguiser: Sylvie continue sa carrière à ce prix, Brigitte a laissé l'image pour son oeuvre personnelle. Cela revient à ne pas laisser couler le flot des générations, être à part, ce qui nous dédouannerait de faire notre boulot, celle de prendre sa place dans les générations justement, et ce n'est pas donné d'avance. Au delà de la réalité des générations, vraie pour tout temps, c'est peut-être bien le désir affiché d'en figer le cours qui crée ce malaise et ce besoin de distance salvatrice.

Écrit par : Marie-Hélène | dimanche, 21 février 2010

Heu Solko...je fus tout près de Sylvie...et je maintiens, en bonne soixantehuitarde...que notre génération qu'elle vienne de France ou d'ailleurs...avait encore une culture qu'elle savait défendre, savait chanter et écrire. Je ne suis pas fan des chansons de Sylvie...pas plus que de Johnny...avant les sixties, seventies, il y avait du "sonnant et trébuchant" comme dirait le notaire... et après...c'est un peu le vide. Les survivants (es) de Morin à Moreau, pour ne rester qu'en France...ma révérence. Mon bon "Repos du guerrier".
Et merci de votre éclectisme.

Écrit par : Sylvaine | dimanche, 21 février 2010

"président roublard" ! en ces temps de contrôle politique strict, notre actuel occupant de l'Élysée serait capable d'y voir une atteinte indirecte à la dignité de SA fonction. Il ne vous resterait plus que l'exil. Berlin, avec Marie NDiaye, vous en avez tellement envie ? Ne poussez pas trop l'inconscient/ce, jeune homme (je vous appelle "jeune homme" parce qu'il faut bien réactualiser notre vocabulaire générationnel et "monsieur", c'est de l'esprit de sérieux, comme on dit dans les médias qui ont pour fonction de combattre/masquer le désarroi ambiant).

Écrit par : nauher | dimanche, 21 février 2010

@ Brigitte Bardot : Très honoré de votre passage par ces pages bleues. J'avoue que je ne trouve rien de plus à dire, au risque de passer pour un benêt : comme Jean-Jacques, je crois avoir toujours eu un peu l'esprit d'escaliers. Je dis "un peu" histoire de bien manier l'euphémisme.

Écrit par : solko | dimanche, 21 février 2010

@ Marie Hélène : Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire par "figer le cours" : devenir une image comme Vartan ou se retirer du monde de l'image comme Bardot ?

Écrit par : solko | dimanche, 21 février 2010

J'ai relu plusieurs fois et dans des temps différents, pour essayer d'entendre ce que vous disiez dans ce texte.
Ce qu'il m'est resté de la première lecture, c'est l'image de cet enfant, lisant beaucoup, et entouré de personnes de tous âges.
Et je pensais à ce scientifique spécialiste de l'étude de la formation des planètes, qui disait avoir passé son enfance en Arizona, dans la cave du grand-père, laquelle cave était un musée de météorites. A deux ans l'enfant connaissait tous les noms des météorites du "musée".
Ce que votre texte me fait maintenant me dire, c'est que dans ce monde hédoniste du tout présent, où avant moi les vieilleries et après moi le déluge, nombre d'individus sont des monades, sans liens, incapables de se représenter la "génération" des arrière-grands-parents. Parce que l'esprit "générationnel", coupe les ponts, coupe les attaches.

Écrit par : Michèle | dimanche, 21 février 2010

@ Solko: par "en figer le cours", je signifiais figer le cours du temps qui est celui des générations également (et alors oui une des tentaives pour le faire et de vouloir en effacer toute trace que ce soit par la chirurgie esthètique ou le culte du jeunisme etc.). Ce serait alors plutôt s'accrocher à une image, et en l'occurence, une qui serait éternellement jeune, et de fait figée.

Écrit par : Marie-Hélène | dimanche, 21 février 2010

@ Sylvaine : Pour moi qui vient juste après eux, les deux mots qui me viennent à l'esprit quand on me parle de "soixante-huitards" sont "nombre" et "images". Si, comme vous le dites, "c'est un peu le vide" depuis, n'est-ce pas un peu la faute de cette génération qui était au pouvoir dans les années 80/90, et qui a largement plébiscité la société du spectacle sous toutes ses formes, tout en jouant à fond avec des comportements politiques assez ambigus ? D'ailleurs est-ce un hasard si cette génération s'est choisie pour icône le notable européen Cohn-Bendit, né en 1945, que dénonçait déjà Guy Debord (né en 1931)?
L'analyse, je vous l'accorde, est rapide et ne concerne que l'adhésion du plus grand nombre et non pas les marginaux talentueux que cette génération (comme les autres) a su aussi cultiver.

Écrit par : solko | dimanche, 21 février 2010

@ Michèle : C'est tout à fait ça : d'un coté une conscience des différents âges de la vie, laquelle a toujours permis aux humains de tout âge de se situer les uns par rapport aux autres, et de l'autre, cet "esprit générationnel", qui est un phénomène de mode (et donc de commerce)et qui est le propre de monades, en effet -je me souviens de l'essai de Gilles Chatelet "vivre et penser comme des porcs" qui abordait la question.
Historiquement parlant, Filipacchi et son "salut les copains", et toute l'industrie de l'image qui va avec, me semble bien être en amont du phénomène.
Je ne vois pas à quel scientifique vous faites allusion, mais l'image de la cave emplie de météorites me plait beaucoup.

Écrit par : solko | dimanche, 21 février 2010

Puisque vous parlez dans une réponse de Cohn Bendit, il faut souligner que la France sait "conserver" ses hommes politiques,y compris les Zéternels contestataires (pensons à Krivine ou Laguiller). 68 ou l'art paradoxal du formol.

Écrit par : nauher | dimanche, 21 février 2010

@ Nauher : Je risque alors de finir à Berlin, bien que l'expérience ne me tente guère. Depuis le début, Sarkozy me fait plus l'effet d'un VRP (efficace) que celui d'un président. En disant cela, je protège mes arrières. Si on me demande ce que signifie VRP, je pourrai toujours dire "very representative person".

Écrit par : solko | dimanche, 21 février 2010

@ Marie-Hélène : Alors vous préférez vous aussi Brigitte à Sylvie ?

Écrit par : solko | dimanche, 21 février 2010

Bilingue et facétieux... Vous pourriez essayer la langue de bois ? (mais je me permets de douter de vos capacités en la matière)

Écrit par : nauher | dimanche, 21 février 2010

Oui, je remarque son courage: être elle-même quant bien même c'est à rebours.

Écrit par : Marie-Hélène | dimanche, 21 février 2010

C'est fou ce qui se dit comme trucs intelligents chez vous ! il faudra que je revienne avec mes animaux. L'esprit de l'escalier, j'aime beaucoup !
vous croyez que ça se danse ?
,J'espère aussi que votre esprit de l'escalier n'est pas en limaçon, parce que "bonjour les torticolis ! "Le monde hédoniste du tout présent" de votre copine Michèle, moi je le trouve formidable aussi. Vous lui passerez bien le bonjour de ma part.
Enfin voilà, je suis contente d'être ici.

Écrit par : Brigitte Bardot | dimanche, 21 février 2010

A propos de cette réflexion sur les "générations", j'ai pensé à "La Grande intrigue" de François Taillandier, et je trouve très éclairant (c'est le cas de le dire), ce qu'en écrit Pascal Adam :

"(...) qu'aujourd'hui tout est violemment éclairé de partout, l'homme n'a plus d'épaisseur, de mystère.(...)

http://theatrummundi.hautetfort.com/archive/2007/12/22/il-n-y-a-personne-dans-les-tombes-de-francois-taillandier.html

Écrit par : Michèle | lundi, 22 février 2010

Complètement d'accord Solko. Je ne veux pas m'étendre, et certains qui furent aux barricades dont Dany et Chevènement...restent presque intègre,...je n'ose plus parler du docteur qui faisait escale chez nous quand il soignait les Biafrais...oui oui...nous avons fait cette grande "débâcle" sous couvert de libertés revendiquées. Nous sommes coupables si la jeunesse actuelle a complètement perdu et repères et identité. Et le nain et sa clique ... Idem dans mon îlot où siège Rousseau. Mais n'oublions pas aussi que nous avons libéré la femme, ou presque ! "vaille que vaille" avec et sans "bougeoir". Bien à vous, mon cadet.

Écrit par : Sylvaine | lundi, 22 février 2010

Ah, je lis donc votre billet "à rebours" Solko. Je ne regrette pas d'être venu. C'est tout ce que je peux dire. A bientôt.

Écrit par : Jean Glorieux | mardi, 02 mars 2010

(pardon c'était moi)

Écrit par : tanguy | mardi, 02 mars 2010

C'est vrai vous etes formi formidable Solko
PS:Merci a celui qui m'a fait connaitre votre blogue,je reviendrai bientot.

Bien à vous.

Écrit par : Laurent | mardi, 26 octobre 2010

@ Laurent : Un certain vent de l'est (à moins qu'il ne soit vent poitevin) me fait accroire que je sais le "celui" dont vous causez. Les amis de nos amis sont nos amis. Alors, bienvenue

Écrit par : solko | mardi, 26 octobre 2010

Les commentaires sont fermés.