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vendredi, 15 novembre 2013

Des bien-pensants au XXIe siècle

Nous sommes loin, à présent, de La grande peur des bien-pensants, tant l’univers intellectuel du pays s’est dégradé. Pas facile, dès lors, de parler de bien-pensants, car cela nous ramène à la Libre parole de Drumont, et au magnifique essai que lui consacre Bernanos en 1931. Bernanos, comme d'autres, a été étrillé par tous les points de vue binaires et outrageusement simplifiés de la propagande officielle, passé sous les fourches caudines de BHL et de sa très puante Idéologie française qui lui valut les remontrances de son maître, Raymond Aron, mais lança sa carrière de bien-pensant alors même que le grand simulacre mitterrandien qui devait aboutir à Maastricht se mettait en place dans la carnavalesque et pluvieuse fête de la Bastille de mai 81.

La bien-pensance, dans les milieux bobos , qu’ils soient tendance NKM ou tendance Hidalgo,  c’est une posture de circonstance, qu'on adopte au fil des conversations, une sorte de convenance sociale qui n'est jamais non plus dénuée de religiosité. Voyez Edwy Plenel . C'est pourquoi n'importe quoi peut devenir de la bien-pensance, dès lors que la conviction s'estompe et que la nécessité intellectuelle du combat est remplacée par le consumérisme de salon ou l'opportunisme du journaleux. On n'est donc  - au moins pour la pose - pas très loin de Flaubert et de ses idées reçues, de Bloy et de ses lieux communs. Relisons, à propos de cette bien-pensance, ce qu’a écrit Bernanos  dans la conclusion de son essai de 1931 :

« C’est bien plus profond qu’il faut chercher  le germe vénéneux. Car la guerre des démocraties, la guerre des peuples, la guerre universelle a voulu son langage universel, lui aussi œcuménique. Pour le constituer, elle a pillé le spirituel comme le reste, fait débiter par tronçons à la vitesse maxima des rotatives une sorte de métaphysique à la fois puérile et roublarde, dont les mots les plus vénérables, Droit, Justice, Patrie, Humanité, Progrès, sortaient marqués d’un signe et d’un matricule, comme des bestiaux – au point que nous les vîmes servir depuis, avec une égale docilité, les convoitises américaines et le pacifisme hypocrite des banques »

« La dépossession progressive des Etats au profit des fortunes anonymes de l’Industrie et de la Banque, cet avènement triomphal de l’argent, qui renverse l’ordre des valeurs humaines et met en péril l’essentiel de notre civilisation s’est accompli sous les yeux d’hommes qui ont gravement hoché la tête, ou parlé d’autre chose »

Si aujourd’hui la gauche, bien plus que la droite, est saisie en flagrant délit de bien pensance, et se découvre nue et gangrenée par elle, c’est parce qu’elle a accepté l’ordre économique de l’Europe, l’affaiblissement de l’Etat, le sacre de la finance et du FMI, qu’elle a consolidé de ses propres mains la nouvelle économie qu'à présent elle dénonce dans toutes les instances où elle a été au pouvoir, tout en souhaitant se garder je ne sais quelle âme risible pour se préserver de je ne sais quel fascisme.

Elle a, comme la droite sarkoziste qu’elle vénère et vomit à la fois, renié le vote des Français de 2005. Elle s’est assise sur la légitimité populaire. Elle l’a conspuée.Tous ses discours pseudo-moraux sur la justice comme sur l’antiracisme, sur la démocratie comme sur l’honnêteté de ses élus (on n’a même plus besoin de citer les affaires pour les voir s’enfoncer dans le marais des sondages), sonnent dès lors creux, faux. Autrement dit, atrocement bien-pensants. Un chapelet de vœux pieux qui ne tolère même plus l’humour et serait à deux doigt de légitimer la censure, sous le règne du valeureux Valls et de l’hystérique Taubira.

Ramenées à une proportion inédite de 15%, les côtes de popularité du sordide pingouin et de tous ses ministres brailleurs ne sont que le reflet  de l’ineptie de ce discours insupportable et faux. Et de son impact sur une population relativement éduquée, exaspérée de s'entendre dire que son principal problème est d'être homophobe, xénophobe et raciste, tout en étant taxée à tous les étages de l'impôt.

Alors cette population les attend au coin de l'isoloir.En vain, me direz-vous, car l’Etat médiatico-policier triomphera toujours.Hélas, je le crois aussi.

Mais c’est bien l’ironie de toute cette mascarade, que le seul vote qui  puisse sauver la démocratie aux yeux de gens dont on ne s’attendait pas qu’il en fût un jour ainsi, soit celui dont la réputation est d’être le moins démocratique ! France, patrie des droits de l'homme, ha ! ha ! voilà où mènent,  après trente ans de langue de bois, trente autres années de bien-pensance. Je n'ai jamais songé que l'avenir était effrayant. Mais il est en effet, plus que jamais, obscur. 

jeudi, 14 novembre 2013

La république insultée, la Warner Bros protégée

Palapapam. Tsoin-tsoin... Christiane l’insultée, Christiane l’outragée montait au créneau hier soir sur France 2 face à un Pujadas qui en vit tant d'autres, pour sauver le pacte républicain en  danger. Rien de moins. On l’en remerciera, la République étant depuis peu en danger trois fois par jour, c’est vrai, avec les hordes de racistes xénophobes, homophobes et j'en passe qui l’habitent. Grande dame, Taubira explique qu'elle est évidemment blessée mais que ça n'est pas ça l'important (alors qu'à mon avis, ça n'est que ça l'important, la personne, mais bref). Et la voilà soudainement qui la ramène avec le ministre de la République. Ah, le ministre de la République ! C'est comme François et les sifflements. L'outrage au président ! La gauche drapée dans la raideur des fonctions, donc.

Puis, tout à coup, la voilà qui se met à expliquer qui est français et qui ne l’est pas, dans une tirade démentielle, du pur Guéant inversé. Taubira sort complètement de ses fonctions de Garde des Sceaux devant un Pujadas impassible, qui lui rappelle toute de même que la France est sans doute un des pays les moins racistes du monde. Mais, comme elle le fit avec l’homophobie, la dame théâtralise tant qu'elle le peut ce débat délicat sur le racisme et l’antiracisme –deux postures en vérité aussi odieuse l’une que l’autre- et se caricature elle-même au point de devenir aussi ridicule que ceux qu’elle dénonce. Car l’instrumentalisation de l’anti-racisme est aussi stérile que l’instrumentalisation du racisme, lorsqu’elles se font à fleurets aussi grossièrement mouchetés : que se serait-il passé si les militaires ou les gaullistes indignées de 69 avaient offert une telle couverture médiatique au Bal tragique à Colombey de Hara-Kiri en en faisant de manière aussi stupide une affaire d'Etat ? Mais il y aura toujours des bien-pensants pour vous expliquer que se rire d'un mort est moins grave que se rire d'un vivant...

La sacro-sainte République, donc ! Il faudrait expliquer à cette grande bourgeoise de Taubira que les problèmes des gens  - y compris ceux qui sont noirs et pauvres de surcroît (– c'est-à-dire réellement discriminés –)  ne sont pas sémantiques, comme elle le dit avec une fougue comique, mais économiques. L'imposture de ce petit jeu commence à puer autant qu'à craindre, et ce gouvernement aux abois, après avoir clivé le pays avec son mariage gay, en taxant de surcroît les gens comme jamais aucun autre ne le fit devient aussi lassant que carnavalesque.  Il risque de laisser derrière lui une société plus exaspérée que jamais par son amateurisme et son intolérance. La pleine responsabilité en reviendra au pingouin, gestionnaire désastreux qui pense qu’il récoltera peut être les fruits d’une réélection en laissant semer partout une telle discorde et une telle zizanie. Tactique mitterrandienne ringarde, d'un autre siècle et d'un autre âge.C’est inquiétant. Enfermé dans sa posture commémorative, son autisme est aussi profond que ne l’est, à l’Assemblée, le lyrisme hystérique, nasal et déhanché de Ayrault, la raideur pincée de Valls qui se prend désormais pour Clémenceau et les envolées hystériques de Taubira qui s’érige dans sa folie mégalomaniaque en une Ségolène providentielle de l’anti-France. Tous ces donneurs de leçons commencent en effet à frôler plus que l’incompétence, la folie.

Pendant ce temps-là, des décisions de justices aberrantes sont tenues, comme celle-ci qui condamne l’administrateur du site de partage de fichiers Forum DDL  à verser 1 million d’euros de dommages et intérêts pour contrefaçon par diffusion ou représentation (appréciez les termes) d’œuvres d’art (appréciez aussi) au mépris du droit d’auteur.

Le détail ? le voici :

- 269 000 euros à la société des producteurs

- 203 000 euros à la Warner Bros

- 145 000 euros à Disney Pictures

- 127 000 euros  à Paramount pictures

Pour ne citer que les plus emblématiques…

Qui est au fond Jeffrey Bylina, l’administrateur en question ? Je n’en sais rien, sinon qu'il a 21 ans, qu'il est sans l'sou et habite chez ses parents. Et qu'il est peut être noir, jaune ou blanc mais soudain ça n'a plus d'importance. Étrange justice, qui prend le parti de la Warner Bros et de Disney Pictures contre un môme un peu bidouilleur de 21 ans qui vit encore chez ses parents. Les juges de Thionville, qui ne cèdent jamais à la moindre pression politique ni à aucun lobbie,  y ont rajouté 10 mois de prison avec sursis pour l'exemple, le fun, et la bonne mesure. Justice en la vertu de laquelle on nous demande de croire parce qu'il n'y aurait rien de plus sacrée, qu'elle en République. C'est vrai qu'il faut défendre la création et la propriété intellectuelle des grandes firmes sur le web, contre les vilains internautes et les méchants hackers qui le défigurent. par leurs exactions. La bonne blague ! Vous me direz qu'il n'y a entre Taubira et ce fait d'(in)justice aucun lien. Justement. Le fossé béant entre les propos tenus et les actes, c'est le pli de cette société, où la bonne parole vidée de sens commun s'érige en loi sacrée, tandis que les faiseurs de divertissements s'en mettent plein les poches, sans que personne ne s'en indigne.

mercredi, 06 novembre 2013

Tranche de vie en France hollandaise

Je ne m’inquiète pas pour le sort de cette désormais grande bourgeoise de Taubira, politicienne rouée autant que rompue aux coups. Elle a été nommée par le pingouin pour jouer le chiffon rouge et exciter les militants les plus radicaux du FN dont la montée, croit le pingouin, devrait lui assurer une risible réélection digne de celle de Chirac en 2002. Cet homme est un expert dans les mauvais remake, il a sa revanche de petit acteur de seconde zone à prendre, c'est terrible !  Je ne m’inquiète pas parce que la Christiane fait le job, tout simplement, comme le Manuel à l'autre coin de la cheminée, et ma foi assez joliment. Faut dire aussi que le job est bien payé. Sauf que le coup de l’antiracisme, on nous l’a déjà fait, et ça ne prend plus.

Ça ne prend plus d’ailleurs auprès de beaucoup de gens, fort heureusement. Je m’inquiète davantage pour l’état de la société placée aux commandes des manœuvres politiciennes du pingouin et de ses sbires sans scrupules. Pour preuve, cet incident : nous rentrions dans l’autobus, deux profs, assez fatigués d’une journée de cours, comme d’autres travaillant dans divers secteurs,  claqués aussi. Soudain, une bande de jeunes arabes assis au fond fout le bordel, parle fort, lance de la musique, donne des coups dans une banquette, interpelle tout le monde. Une femme un peu plus âgée  (vingt-cinq ans) leur demande d’arrêter. Ils ont l’air de se connaître, encore que ça ne soit pas sûr. Début d’une altercation qui demeure uniquement verbale, même s’il me semble voir voler un chewing-gum qu’on lui colle dans les cheveux.

C’est de la bonne  racaille. Des pros. Ils viennent de se lever, partent en virée dans les bus la nuit tombée. En forme, quinze à vingt ans, coupe mi-nazis, mi gigolos, même air d’ailleurs de petits jouisseurs vides. Pratiquants sans doute de sports de combat dans des salles de sport bien équipées, avec l’argent de l’économie parallèle des cités. Tout le monde se sent bien con, sa journée dans les pattes. Personne n’a envie d’intervenir, heureusement la femme est partie, et l’incident semble clos.

Entre eux, ils commencent à se traiter, comme ils disent, l'air con, s’envoyer des coups sur la tête mutuellement, tant que ce n’est qu'entre eux se dit tout le monde... Soudain, le bus est à l’arrêt, voilà qu'ils s’en prennent à la porte, la secouent, en se crachant dessus les uns les autres, en poussant des cris. La porte ne ferme plus. Mollards dégoulinant sur la vitre. Tous s’en vont, il y a dégradation de matériel, ça craint. Des animaux.

Pas de flics à l’horizon. Quand bien même il y en aurait, que risquent-ils ? Deux d'entre eux réinvestissent le bus. Un homme, excédé, leur dit ce qu’il pense. Les injures fusent. Bientôt les autres rappliquent, le temps que le chauffeur ferme le bus. On traite l'homme qui est intervenu de bâtard, il réagit, le ton monte. Les têtes se couvrent de cagoules. Tout ça se réglera dehors.

Nous  sommes deux à rentrer du lycée, nos cartables à la main. Nous descendons au même arrêt que l'homme. Il y a un tunnel pour piétons. Désert. Il l’emprunte en courant devant nous. La nuit est tombée. La racaille contourne le tunnel par la route pour le coincer à l'autre bout. Le mec a le temps de rentrer dans un café, les autres n’ont pas le temps de le rejoindre.  Qu’aurions-nous pu faire, à deux, seuls, s’ils l’avaient tabassé à sept devant nous ? Tout ça se passe à Lyon, ville jadis civilisée.

Et pendant ce temps là, l’Assemblée des Impuissants continue à prendre des airs de vieille fille outragée ! Pauvre Christiane, traitée de singe par une dangereuse tête de liste du FN ! Elle a déjà le soutien de Leonora Miano, le récent prix Fémina. Mais que tout ce beau gratin se souvienne qu'on ne changera pas aussi facilement les gens qui vivent loin des paillettes : Christiane a fait du bon boulot et ça marche. Marine a gagné 20% d’électeurs dans le bus, ce soir, au bas mot. Le pingouin cependant devrait faire attention. Machiavel volait à une autre hauteur que ses cheveux teints et ses bésicles de travers.  Sa stratégie nulle, ses manœuvres bas de gamme, risquent bien non pas de lui assurer une réélection, mais de lui coûter la fin anticipée de ce lamentable quinquennat en cours. C'est ce que je finis par espérer. Et ce ne sont pas les incantations des deux B qui changeront grand-chose à la valse des faux-culs....

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samedi, 14 septembre 2013

Do you like or dislike front républicain ?

Le front républicain est le socle marketing et électoral de Hollande et de ses sbires. Il a vu le jour en 2002, lors de la sinistre farce qui a permis la réélection d’un Chirac à bout de vues, de convictions, de propositions. Sans doute trouve-t-il son origine dans les diverses cohabitations entre les deux partis qui se partagent le gâteau des votes des Français depuis leurs fondations respectives, le PS d’Epinay de Mitterrand en 1971, le RPR de Chirac en 1976, devenu UMP en 2002.

Ces deux machineries électorales qui ont vidé de sa substance idéologique la vie politique pour la soumettre à l’Europe et aux marchés n’ont que ce concept aussi ridicule qu’étriqué de front républicain à opposer une fois de plus à l’inévitable croissance du bébé commun qu’ils se sont faits dans le dos l’un de l’autre à force de langue de bois, de démagogie, de corruption interne et de mascarade de leurs propres identités respectives : je veux dire le FN de la famille Le Pen, qui pour exister n’a besoin que de recueillir le ressentiment violent qu’ils inspirent l’un et l’autre et à juste titre au sein de la population.

Pendant que dans ce pays qui n’est plus que l’ombre de lui-même, on se paye ainsi de mots creux sous la présidence d’un être aussi falot qu’imprévisible, le monde continue à marcher. Les bruits de bottes, fort heureusement, s’estompent (provisoirement). Car les marchés qui gouvernent le monde et les machineries de propagande qui cimentent les opinions continuent leurs funestes travaux de dépeçage de la culture et de fragmentation de la pensée. Une fois n’est pas coutume, Nauher sur son blog pose la bonne question et s’en prend au bon ennemi, en renvoyant dos à dos les partisans du bijoutier et ceux du braqueur pour s’en prendre à Marc Zuckerberg et son système Like and dislike. C’est vrai que sur fesses de bouc le monde est simple. La petite phrase de Fillon peut croiser le fait-divers de Nice : d’un côté, de bons sociaux-démocrates contesteront le droit de se faire justice soi-même tout en idolâtrant Taubira, de l’autre des vilains poujadistes défendront leur voisin commerçant et leur conception de l'ordre en votant bleu Marine. Le front républicain contre le front national, tu kiffes l’une ou l’autre dame et tu dislikes celle que tu ne kiffes pas, tu comprends ? Sur ton écran plat, une reine noire et une reine blanche comme aux échecs, sauf que tu ne fais jamais que regarder les autres jouer à ta place dessus.

Pour finir, c’est la journée du patrimoine dépecé, détourné, vendu, monté en manèges ou en carnaval, comme on veut. Y’a des gens pour faire la queue des heures pour visiter les lieux de l’impuissance qu’habitent les pantins qui taxent et taxeront encore le monde du travail, des courbes statistiques à la place de la cervelle et des dettes comme ça devant les vrais puissants. Ils se laissent photographier, emplis de fausse empathie devant ces visiteurs comme des maîtres d’école devant des enfants. Me demande ce qu’ils pensent de tous ces crétins. Me demande, vraiment… Au fond, la seule bonne nouvelle, c’est qu’on va enfin cesser de crever de chaud. L’automne doux s’installe sur nos toits. Nous n’avons, c’est vrai, qu’une chose à faire au milieu d'un tel foutage de gueule. Le plus difficile. Loin de tout ça, prendre soin de soi.

dimanche, 25 août 2013

Embrassons nous, Taubira

La scène est dans un bureau de tabac de Marignane.  Jeudi, vers dix-huit heures deux malfrats armés et cagoulés, dont un, on le sait à présent, est un multirécidiviste, abattent de sang froid un sexagénaire qui tentait de les arrêter, sous les yeux de sa femme et de sa petite fille de 15 mois.  Valls, le ministre de l’intérieur, se fend le lendemain d’un discours dans lequel il ne manque pas d’utiliser la rhétorique sarkozienne (pourtant honnie par la gogoche), qualifiant le malfrat de « barbare » et la victime de « héros ».  Il fera amende honorable le surlendemain en hurlant dans un micro, devant ses copains à La Rochelle qu’il est « un socialiste, un homme de gauche », en bras de chemise, à la limite de l’apoplexie et de l’extinction de voix. Dont acte.  

Ce fait divers sanglant– après de multiples autres - survient au moment où Taubira, la Garde des Sceaux, après avoir sapé l’autorité du mariage, s’apprête à saper celle de la peine de prison, en annonçant son projet de loi sur la probation,  concept judiciaire pondu par ses copains du syndicat de la magistrature. Espèrent-ils pouvoir ainsi  embaucher par centaines des contrats jeunes afin de devenir ce qu’on appelle, dans un pays quasiment entièrement désindustrialisé, « des travailleurs sociaux » ? Possible. Magouille sur les chiffres du chômage oblige. Avec ces gens-là, dont la duplicité est légendaire, on ne sait jamais ! Espèrent-ils réduire davantage le budget des prisons qui, comme les hôpitaux psychiatriques, sont invitées de plus en plus à ouvrir leur porte. Possible aussi. Cela évite clairement d’entretenir et de restaurer les anciennes, et d’en construire des nouvelles. On pense à Mandeville et à la fameuse fable des abeilles, dans laquelle il est expliqué que les fous et les truands en liberté constituent les ingrédients d’un marché dans lequel l’Etat a tout à gagner puisque cela crée des taxes et des emplois, et occupe la réflexion et l’énergie des citoyens. Probation, donc.

A propos de taxes, ni Valls ni Taubira, dont l’honnêteté intellectuelle n’est plus à prouver,  ne remettent en question la responsabilité des hausses délirantes des taxes sur le tabac décidées par leur gouvernement, c'est-à-dire par eux-mêmes, qui  transforme en or brun ou blond la cartouche de cigarettes, faisant un peu plus encore  des buralistes de quartiers des cibles de choix pour ce qu’il est convenu d’appeler en jargon de sociologue « la petite délinquance » et d eleur marchandise un aliment commode à récolter pour son économie parallèle de contrebande, petite délinquance habituée depuis le collège à rigoler devant tout ce qui incarne l’autorité de l’Etat, du prof dépassé au CPE compréhensif en passant par le chef d’établissement démuni et le ministre démago, de passage pour quelques mois aux affaires.

Pour l’Etat PS, les buralistes ne sont de toutes façon ni de grandes banques, ni de grands groupes. Comme chacun le sait, ils votent à droite voire à l’extrême, alors qu’ils se démerdent, ils valent peanuts, ces poujadistes ringards, tout juste bon à glisser un bulletin bleu Marine dans l’urne aux prochaines municipales. Quant aux malfrats qui s’entretuent, tant qu’ils ne s’attaquent pas à des députés ou à des ministres (et au vu de leur conscience politique, c’est pas demain la veille), ils resteront des jeunes incompris devant lesquels tout abus de langage finira un jour par être sanctionné après le recours d’une association d’indignés et trois marches silencieuses autour des mamans désolées.

On voit bien qu’au fond ce qui fait autorité dans l’esprit de ces ministres plus libéraux que libertaires, (mais cela revient au même, on le sait depuis longtemps désormais), comme dans celle des malfrats, leurs doubles inversés, c’est le pognon et non pas la justice. Dans une société où le châtiment n’a plus aucune autorité (et sur ce terrain là il faut admettre que la peine de mort avait un rôle symbolique à jouer), la loi du plus fort règne en maître, puisque les individus, dirigeants de haut vol comme loubards des cités, continuent eux, à s'octroyer le droit de tuer. Et le marché, toujours lui, qu’il soit légal ou parallèle, devient le seul objectif poursuivi par le politique.

Comme la tolérance à l’égard des couples d’homosexuel(le)s généralement plutôt CMS aisées et désireux d’enfants à câliner ouvre celui de la procréation assistée et autres merveilles technologiques onéreuses, le laxisme de l’Etat ouvre celui des outils de vidéosurveillance, des armes et des milices privées. Manière de faire en sorte que ce soit in fine l'autorité du marché et non celle de l'Etat qui règle l'affaire. Mandeville à nouveau. Cela, il faut être naïf comme un électeur du PS pour croire que le gouvernement ne s’en accommode pas, pourvu que les taxes rentrent. Les discours de prêtresse illuminée de la Garde des Sceaux et celui de cow-boy pré-pubère du ministre de l’intérieur sont finalement également hystériques, à l’un et à l’autre coin de l’échiquier des faux-culs. 

 

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14:16 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : valls, taubira, probation, la rochelle, marignane, sécurité, police, justice | | |

mardi, 19 mars 2013

PS rime avec tristesse

Hier soir, la préfecture de Paris a interdit l’accès aux Champs Elysées de la « manif pour tous », aux places de la Concorde, de l’Etoile et des Invalides, dimanche prochain 24 mars. Motif : « des raisons impérieuses de sécurité ». Ah ah ah !

L’Elysée et Matignon, qui savent que toutes les places en TGV, en cars sont réservées, et que le nombre de gens venant en covoiturage ne cesse de croître, craignent  une démonstration de force. Stratégie : Il s’agit de décourager le plus grand nombre, extrémiser les autres, provoquer le dérapage. Vieille méthode. Triste méthode. Tristes gouvernants. Triste gauche…

Voici donc l’Etat PS dans toute sa gloire, autorisant des manifestations en tous genres et redoutant une manifestation de défense de la famille, face aux lobbies de Bergé, Fourest et Taubira.

Voici la tolérance, le dialogue, le président pour tous, à l’œuvre…

Quelle tristesse, dans ce pays. Quel aveuglement. Quelle bétise. Quelle indécence, aussi ! Quelle décomposition, pour tout dire.


10:48 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : taubira, bergé, manifpourtous, mariage gay, dimanche24mars, politique, france, champs-élysées | | |

lundi, 28 mai 2012

A nos Zemmours (2)

A quelques jours de son procès,  mardi prochain le 29 mai 2012 à 13h30 à la 17ème chambre correctionnelle du TGI de Paris pour diffamation, RTL a fait le buzz en annonçant son intention de se séparer du chroniqueur Eric Zemmour. Compte-t-elle, en faisant une aussi grossière allégeance, demeurer longtemps la première radio de France ? Car ce n’est évidemment pas en virant Zemmour de RTL qu’on bâillonnera le mouvement d’opinion profond et disparate dont il est l'un des porte-paroles, bien au contraire. C’’est plutôt même le résultat inverse qu’on risque d’obtenir : outre la publicité faite aux ouvrages du pamphlétaire, RTL passe ouvertement - l'Assemblée Nationale pas encore renouvelée - pour une radio  léchant avec une suspecte suavité les bottes  du nouveau pouvoir élyséen

A peine ce licenciement annoncé, on a pu lire ça et là une défense du polémiste qui s’est toujours faite sur le même mode bien faux-cul :

1.J’ai horreur de ce que dit Zemmour  (variante :je n’écoutais pas Zemmour…)

II Mais au nom de la liberté d’expression… bla bla  

Pour ma part, ce n’est pas au nom de la liberté d’expression elle-même que cette éviction m’indigne, Mais au nom de la défense de la bonne et joyeuse polémique, art dans lequel Zemmour excelle.  Vous allez me dire que c’est la même chose. Non pas ! La liberté d’expression, dans un univers médiatique entièrement surgi et bâti dans la propagande (voir Bernays) est de toute façon inexistante puisque les chroniqueurs admis sur les antennes doivent se situer dans tel ou tel sillon des quelques débats simplifiés que leur impose le grand show qui les rétribue. Mais la polémique est un genre, comme le lyrisme ou le dramatique, ou encore le patinage artistique, si vous voulez. Un genre tout en nuances, en outrances, en raffinement, en brio et en excès ; un genre éminemment spectaculaire (on parlait de joutes verbales – fut un temps), stylé (il engage tous les registres de langue et toutes les figures de style)  et particulièrement littéraire, car on ne peut polémiquer si on confond sans arrêt le mot et la chose, ce que les temps simplistes et médiatiques dans lesquels nous avons le malheur de vivre font de plus en plus, à la plus grande joie des cabinets d’avocats.

Il fut un temps où la parole publique exposait et où le pamphlétaire était un homme en danger. Encore une fois, je ne crois pas que Zemmour risque grand-chose dans cette aventure, sinon de voir sa carrière, comme après sa prudente  éviction par le très conformiste Laurent Ruquier du plateau de On n’est pas couché, relancée autre part. C’est plutôt RTL qui risque de passer pour une radio de couilles molles, et Taubira pour un Robespierre en jupons…  Etait-ce là l'ultime but recherché ? Sait-on jamais....

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00:33 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : zemmour, rtl, taubira, politique | | |