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lundi, 28 juillet 2014

Interlude


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samedi, 26 juillet 2014

Voyager (2)

Un jour, j’ai fini par détester l’avion. Ou plutôt, pour être très précis, les aéroports. Pendant une bonne décennie, j’ai fréquenté ces lieux plus que de coutume, assurément. Une certaine fascination - en grande partie fabriquée - à l'esprit. J’ai conservé pieusement de vieux passeports, sur lesquels trônent encore, comme des enluminures d’un autre siècle, d’anciens visas. Ma première prise de guerre date ! C’est un tampon négligé, vite fait, au terme d'une longue file d'attente  avec la feuille d’érable de l’immigration Canada. Puis, à la page suivante, une autre rectangle massif, portant la signature de Donald E Wells, - et me revient cette ballade jusqu’à l’ambassade américaine de Lyon pour obtenir le sésame, et tout ce qui me trottait alors à la tête... Je retrouve avec émoi les tampons d’embarquement à Douvre, ce vieux ferry balourd aux odeurs de peinture et de pétrole, et les mouettes qui jappent par dessus le pont, et les douaniers Welcome, et le stop sur l’autre bord de la route, jusqu’à Edimbourg. L'année suivante, le nom d’un autre consul amerloque : les pays de la Liberté est le pays des larges signatures. Ils ne doivent plus ni l’un ni l’autre être de ce monde, ou bien vieillards grabataires et gâteux, la destination commune atteinte, ces dignitaires... Adieu Floride, adieu Californie, adieu Denver et Kansas City.

Un matin, nos passeports cessèrent d’être bleus. Sans jeu de mots, je continue à penser que nous avons perdu beaucoup au change dans l'entourloupe. République française, une ligne au-dessous de  Communauté européenne… Le début des visas, non plus tamponnés, mais collés. De quelconques vignettes en gage d'une espèce de modernité démocratique, de conformité administrative. Et le visa perdit de son romantisme. Sauf en Inde, où se conservent toujours plus longtemps les bonnes manières. La protection des vaches sacrées, indolentes aux carrefours, sans doute. Allez savoir pourquoi la Cote d’Ivoire et ses vieux bus de la RATP chercha bien tôt à se donner un genre que le Bénin, avec ses chantiers soviétiques en jachères, ignora un  plus long moment ? Vint la généralisation des miles à toutes les compagnies : la prime au plus fidèle. La resquille en troupeaux d'abonnés. La guerre des prix entre Air France et United Airlines. La capitalisation des miles ouvrit la porte à la capitalisation des voyages. Déjà du temps du hitchhicker, on était loin de Gérard, mais  là… 

J’ai fait de belles rencontres dans les avions...

Je me souviens des longs courriers, aux films d’action pour tenir en éveil chacun chacune. Et – lorsque le ministre Evin, pour entrer dans la grande histoire de la culture de masses, partit à la chasse aux cigarettes, je me souviens des grappes de fumeurs amassés au fond du cockpit, parlotant devant les chiottes... Et puis plus de fumeurs du tout...  Le moment des escales, parfois cinq ou six heures, à moitié éveillé sur un siège inconfortable. Des lumières d'avions naviguant interminablement sur des pistes, tout ce que j’ai connu de la Roumanie de Ceauscescu…

 

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Ce ne sont pas les avions, non, mais bel et bien les aéroports qui me sont devenus odieux.  Déjà bien avant le 11 septembre, mais alors depuis… Quelque chose entre le poste de police, l’arrêt de bus, le supermarché et la plage bondée, bref… Tu seras bientôt numérisé, mon frère, digitalisé de la tête aux pieds... Ils étaient loin, les Dimanche à Orly, que chanta un jour avec talent Bécaud. L'avion était devenu comme l’ascenseur ou la salle de bains qu'évoque Bécaud. Alors, un peu comme j’ai cessé d’aller au cinéma, j’ai cessé de prendre l’avion, qui n'avait plus rien de l'oiseau de nuit... La cigale s’est embourgeoisée. Sédentarisée. Posée et reposée, en des latitudes plus intérieures : d’autres voyages, sans agents de sécurité ni systèmes de surveillances. 


06:32 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bécaud, aéroports, donald e wells, passeports bleus, voyages | | |

vendredi, 25 juillet 2014

Lever le pouce et dormir à la belle

Impression d’avoir juste perçu les derniers arômes du voyage, tel que l’ancienne Europe le concevait, au temps des échappées en sac à dos, à la Kerouac,  disait-on alors. J’écoutais un reportage sur le « marché des nouvelles auberges de jeunesse », qui tentent de détourner vers elles la clientèle des hôtels bas de gamme ;  et je pensais qu’alors, même une auberge de jeunesse, je trouvais ça cher. Pas seulement cher, d'ailleurs. inapproprié...

C’était bien mieux, plus économique et plus agréable, en ces temps que je levais le pouce, de dormir à la belle, dans des parcs, des forêts et des plages. Je me souviens d’une nuit dans une forêt bavaroise, juste au-dessus du château de Ludwig, à Füßen. J’avais l’esprit empli de Parsifal, et les feuilles, et les herbes chuchotaient autour de moi, et le ciel sur ma tête était en alerte, et je me sentais l’héritier le plus libre des récits de voyage dont je m’étais gargarisé avec mes potes, durant mon année de première, ceux de Nerval tout particulièrement, - qu’on appelait entre nous Gérard avec une moue de grand initié, pour prendre la pose tout en jouant au yams et tirant sur nos pipes après les cours, au bistrot du lycée.

Je me souviens de ces clop clop clop qui s’approchaient du duvet bleu dans lequel je m’étais enfoui jusqu’au crâne, puis de ce cheval immobile au dessus-de moi, et de ce policier hollandais assis dessus, m’expliquant obligeamment, dans un anglais des plus châtiés, qu’au Vondlepark, il y avait des zones réservées pour les gens qui dorment dans des duvets, et que celle que j’avais choisi n’en était pas une. Puis il m’avait accompagné dans cette zone, clop, clop, clop, moi le suivant hirsute, pas réveillé. Tout autre chose que la nuit passée au poste à Venise, qui devait être en avance d’un millénaire puisqu’il y était déjà interdit de dormir dans les parcs.

 

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Château de Ludwig, Füssen

Aujourd’hui, on ne pionce plus dehors – à moins d’avoir été jeté à la rue, ce qui est tout autre chose. Les SDF – si le terme sans-abri est ancien, le sigle lui appartient à notre hideux novlangue – y sont les seuls, car la rue s’est plus encore que le reste radicalisée, dans la jungle post moderne.  La violence règne en maître sur les trottoirs et les quais de nos villes, y faire le Kerouac n’aurait plus de sens. C’était les derniers effluves. Cette route, qui partait de Lyon, traversait l’Italie, puis la Yougoslavie, la Grèce, la Turquie, avant de filer vers Kaboul et les Indes, le retour de Khomeiny  l’a soudainement murée. D’ailleurs la jeunesse en mal d’Absolu ne lorgne plus sur les cimes du Népal, mais sur les mirages du Jihad. La planète est pleine. Et le rêve de Perceval et celui de Bouddha a marqué le pas devant celui d’Allah.  Il est certain que c’est beaucoup moins drôle…

 

06:53 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (2) | | |

mardi, 22 juillet 2014

Il pleut des humains

La mort sur les écrans, comme une réalité falsifiée. Ce témoignage effrayant d’une ukrainienne, témoin du crash du MH17, et qui ailleurs, dans un autre texte, serait d’une redoutable poésie, d’une redoutable beauté, d’une redoutable efficacité : « il pleuvait des humains ». Invraisemblables, inconcevables, et pourtant frappant l’être pour dire une réalité bouleversant jusqu’aux entrailles, ces quelques mots s’échappaient des lèvres de cette femme simple, comme ils auraient chu de celles de saint  Jean de Patmos. Autour de ces dépouilles recueillies dans des sacs en plastique et amassées dans un wagon réfrigéré, les Dirigeants du désastre jouent leur partie d’intimidation : et voilà des anonymes devenus otages de cette diabolique partie d’échec entre des puissances politiques dont on ne peut, ni d’un côté ni de l’autre, imaginer toute la corruption. Et du coup, ils semblent aussi, les Obama, les Hollande, les Poutine, faire partie de cette chute, entrer dans le ballet de cette déchéance, entraînant avec eux tout le reste, tous les autres, il pleut, oui, il pleut des humains. Partout.

Ailleurs, c’est à Gaza. Des obus trouent le sommeil de gamins pour les déchiqueter dans leurs lits, des quartiers entiers sont rasés, et ces mêmes dirigeants croient qu’il suffit de témoigner de leur émotion pour que tout rentre dans l’ordre, que la chair n’aura pas de mémoire, et qu’ils n’auront de compte à rendre à rien ni à personne, tant leurs électeurs sont effectivement amnésiques. Mais les Netanyahu et les Mahmoud Abbas et les Khaled Mechaal aussi font partie de ces hommes qui tombent, regarde les ces dirigeants, et cette pluie, et ce gouffre dans lequel ils entraînent leurs peuples, au fil de cette guerre qu’ils se refilent comme une boule de poison, de générations en générations.

On parle des morts sans plus se rendre compte de ce qu’on en dit. Un journaliste expliquant tout à l’heure la raison pour laquelle deux ministres français se sont déplacés dans l’Aube suite à l’accident d’un minibus et la mort de quatre enfants et deux adultes  [c’est vrai, après tout, ce ne sont pas des soldats qui sont morts, et la responsabilité de l’Etat n’est nullement engagée : que venaient-ils foutre là, les ministres, sinon pleuvoir eux aussi comme tous les autres ? ], le journaliste donc, déclara : avec quatre enfants, le curseur est placé très haut et les ministres devaient se déplacer… Et le journaliste aussi se mit à pleuvoir, et il chut sans fin lui aussi parmi tous les autres dans ce vide de tout qu’il répandait autour de lui-même, car à force de dire n’importe quoi, on devient n’importe quoi.

 

Il pleut des humains, et nous ne savons plus nous-mêmes, entraînés par l’orage, si nous faisons partie de cette averse ou si seulement nous en recevons l’horreur et la peine sur le front.  Et au cœur de cette tornade glacée, nous nous disons chacun, le cœur anxieux (à moins d’être un idiot achevé) : comment ne pas tomber ? Il pleut des humains, oui madame, comme cela est bien dit. Et cette pluie anesthésie en nous tout itinéraire tracé, tant nous nous sentons fine goutte, et impuissante et qu’un rien évaporerait même si c’est vrai que nos cœurs avant d’être de furieux grêlons furent eau de source, eau non falsifiée, et que de toutes ses forces il s'en souvient.

23:17 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, mh17, gaza, aube, saint jean, patmos, apocalypse | | |

lundi, 21 juillet 2014

Deux poids, mille mesures

Au moment où Israël « passe la barre des 500 morts » (1) Cazeneuve juge « intolérable » ce qui s’est déroulé à Sarcelles. Le ministre de l’intérieur et son gouvernement feraient bien mieux de juger « intolérable » ce qui continue de se passer à Gaza, et que les images qui défilent en boucle sur les écrans des banlieues françaises, images d'immeubles calcinés, de voitures incendiées, de cadavres d'enfants dans les gravas, laissent augurer. Drôle de pays, vraiment, où dans la bouche des gouvernants, la dénonciation des crimes d’hier sert de paravent au mutisme sur ceux d’aujourd’hui. 

Sur les écrans, un manichéisme sans vergogne oppose un peu partout les bons et les mauvais, le méchant Poutine et le gentil Obama. Mais il n’y a ni bons ni méchants, il n’y a que des gouvernements soumis aux intérêts financiers de leurs élites. Et les élites mondialisées, qui s’enrichissent et survolent de capitale en capitale le sale business de la planète en fureur, voudraient que les pauvres, qui ne quittent jamais leurs faubourgs, aient du monde, la même vision, béatement universaliste qu’eux ! 

La schizophrénie de ces gouvernants est terrible : ils ont rêvé de mondialiser le commerce, le tourisme, l’information, la culture. Ils ont voulu la libre circulation des biens et des personnes, et s’étonnent de récolter au passage celle des conflits. Mais un enfant de sept ans aurait pu leur expliquer qu’elle était inévitable. Comment, donc, douter qu'organiser partout le chaos était parfaitement pensé de leur part ?  Et j’ai bien peur qu’ils ne fassent que commencer à récolter que ce qu’ils ont semé parmi nous…

On parle beaucoup de l’exode des Palestiniens devant les Juifs,  celui des Chrétiens devant les Islamistes en Irak passe du coup étrangement inaperçu dans les medias occidentaux. L’évêché de Mossoul a été incendié. Imagine-t-on la mosquée Sainte Sophie à Istanbul, ou la synagogue Aben Danan à Fes subissant un tel traitement dans une indifférence générale ? Il y a dix ans, dix mille Chrétiens vivaient là, dans ce qu’on considérait comme la capitale du christianisme en Irak. Il n’en reste que 200 aujourd’hui. Sur leurs maisons on grave le « N », qui signifie Nazaréens : à ses côtés, une inscription en arabe : « bien immobilier, propriété de l’Etat Islamique ». 

Ici, l’exode des Palestiniens devant les Juifs, là, celui des Chrétiens devant les Islamistes. Partout les mêmes exactions. Les mêmes folies. Sauf chez ceux qui détiennent et le pouvoir et l’argent. Des bons d'un côté ?  Des méchants de l'autre ?Cherchez l'erreur...

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Mossoul, évêché en feu

 

 (1)   Langage cynique des journalistes entendu sur BFM

10:18 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cazeneuve, sarcelles, gaza, israél, poutine, obama, mossoul, conflits, christianisme, judaïsme, islam, guerre | | |

vendredi, 18 juillet 2014

La gardienne du ragoût

C’est une grande question que de définir ce qu’est  la justice. Il faut – comme souvent – revenir à l’étymologie.  Justice, on le sait, a pour origine le mot latin jus, juris, un neutre latin de la troisième déclinaison, dont  Gaffiot qui cite Cicéron donne en sens 1 « le droit, la justice » (omnes viri boni jus ipsum amant…  tous les hommes de bien aiment le droit en lui-même). Cette justice, la République en a fait une sorte d’allégorie qui jadis trônait avec sa ridicule balance maçonnique sur ses billets de banque, entre celle du Commerce et celle de l’Industrie. Les livres d’école nous ont appris à la respecter, à grands coups de citation de l’Esprit des Lois et autres penseurs des Lumière. Et pour certains, à la craindre.

Un deuxième sens, plus discret et sans aucun doute plus instructif, apparaît tout en fin de l’article du Gaffiot, et après deux colonnes d’exemples, tous plus grandiloquents les uns que les autres. Jus juris signifie jus, sauce, brouet. Et de fait, le Robert à l’article du mot français jus rappelle que l’étymologie du mot est bien également  jus juris. Justice et jus de viande sont deux mots français descendant d’un même étymon. En grammaire, on appelle cela des doublets.

L’explication en est simple, je la tiens d’un vieux professeur de latin du temps sérieux de jadis, qui nous avait donné une version de Tite Live dans laquelle un général romain ayant gagné une guerre contre un chef africain se voyait offrir par ce dernier au soir de la défaite un jus, c'est-à-dire un ragoût de porc. Et le vieux professeur de nous expliquer que la justice était si mal rendue à Rome qu’on avait donné son nom à un ragout, à moins que ce ne fût le contraire : il se pouvait bien que le ragoût ait donné son nom à la justice, tant les iniquités des décisions de justice constatées entre citoyens étaient grandes. Le chef africain, en proposant ce plat au général romain, sacrifiait donc à un rite militaire avec une mordante ironie, puisque ce dernier, en tant qu’hôte, ne pouvait refuser de se nourrir en sa compagnie de cette si bonne justice.

Rien n’a changé depuis l’Empire, n’en déplaise à l’Esprit profané des lois. Chaque jour apporte son lot d’exemples, tragiques ou badins, aux citoyens qui se demandent, bras ballants : que pouvons-nous faire ? La Garde des Sceaux, grenouille outrecuidante, devrait se rappeler lorsqu’elle évoque le « respect des décisions de justice », qu’elle n’est jamais, comme le furent ses prédécesseurs, que la gardienne du Ragoût,  c'est-à-dire d’une cuisine politique qui, de Rome jusqu’à nos jours, n’a eu de cesse de demeurer répugnante et même, dans certains cas, odieuse.

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Allégorie de la justice

© Ordre des avocats de Paris

jeudi, 17 juillet 2014

Les coureurs dans les vignes

Il y a bien, dans le Tour de France, le meilleur comme le pire.

Le pire, tout d’abord : cette caravane interminable qui balance sur les routes de France des tonnes de saloperies ; non, pas des fruits secs ou des biscuits bio, mais des chips emplies de sel et de gras et des haribos sucrés, par grappes sur les familles amassées le long des talus. Le Tour de France, comme la Coupe du Monde ou une campagne électorale, c’est avant tout une gigantesque opération de communication

Qui en contient d’autres, selon le principe des poupées gigognes. Celles des sponsors, des partenaires, des équipes, de la gendarmerie nationale, des médias, des coureurs eux-mêmes, bref … Chacun y communique qui pour sa chapelle, qui pour son maillot.L'objet publicitaire traîne partout, comme la carte de visite au salon du livre. 

Le côté spectaculaire de l’affaire, aussi, bigarré, festif et coloré. Certains diraient peut-être franchouillard ou beauf, je n’en sais rien. Dimension indéniable, le peuple  que les medias ont façonné au sortir des Trente Glorieuses, dans toute sa splendeur. Derrière tout cela, il y a les belles choses.

Quand la caravane est passée et qu’on attend les coureurs, cette route soudainement vide, telle un tapis sinueux parmi les vignes. Comme elle brille, silencieuse. On s’y balade à pieds ou en vélo, on y musarde en paix, on y goûte le silence et la sûreté comme au temps de l’avant Denis Papin. La route est libre, le moment est irréel, le silence reprend ses droits, plus une bagnole, c’est la fête aux lézards et aux lapins.

Les coureurs sont loin encore. Suivre le Tour, cela n’a de signification réelle que symbolique, car il faut avoir en tête que le cycliste est autant un individu affranchi que le membre assujetti d’une équipe. Et le peloton se vit comme une petite cité, une corporation, avec sa hiérarchisation presque féodale. On sent bien que tout exploit individuel ne peut survenir que de très loin, et que nul ne gagne contre cette étrange municipalité roulante.

Hier, il y avait pour finir la campagne beaujolaise.  Le Beaujolais, c’est le pays des vignes et des pierres dorées. C’est un beau coin de France, d’Odenas à Oingt, de Saint-Laurent à Chatillon, sinueux au vertical, par des chemins qui ne savent pas ce qu’est le plat, autant qu’à l’horizontal, à travers les coteaux où le raisin mûrit. Il faisait 35°, sur le pays. « Ça cogne aujourd’hui », disait jadis ma grand-mère, en plantant sur ses cheveux blancs un chapeau de paille, d’été en été plus esquinté. Puis nous allions cheminer par ces coteaux brûlants, jusque la rivière. Mais eux ne musardent pas. Ils ont une victoire d’étape, une place au classement, un rang à tenir, une prime et une augmentation en tête.

Le Tour est joli parce que la France est jolie : j’entends, cette France des paysages, cette France déconnectée des métropoles, du commerce, de la politique et des écrans. Cette France de la transmission. J’ai entendu une mère crier à son petit qui courait devant :  «Ça cogne, mets ton bob ! ». Et lui plongeait malicieusement sa main dans un sachet de haribos, pour en enfourner deux ou trois dans sa bouche.

Aujourd’hui encore, il y a eu des chutes, des abandons. Le Tour n’a de sens et de beauté que s’il est compris comme métaphore de la vie. J’ai appris aujourd’hui le décès d’un de mes anciens élèves. Il avait l’âge de ces coureurs, il s’est tué en vélo, paraît-il.  

Et puis la course se prolonge, se poursuit. Elle va se poursuivre au-delà de cette étape, au-delà de ce Tour 2014, avec son lot de consolations impossibles, de dépassement de soi, de renoncements  et de victoires. Au-delà de ces coureurs et de ces spectateurs. Un long fil ... Chanceux sont ces coureurs de le disputer,certes, ces spectateurs d’y participer à leur façon.  C’est ainsi que j’ai fini par lire le Tour, malgré sa caravane publicitaire, le grand show du village départ, les clips culturels de France-Télévision et la pauvreté des éléments de langage des commentateurs, de « satisfaire un besoin naturel » à « avoir des sensations dans les jambes»…A l'instant, les coureurs étaient dans les vignes.  Ils seront bientôt  dans les alpages. Un jour, ils ne seront plus. Nous non plus. Nous n'avons qu'un dossard. Comme le chantait Barbara, accrochée à son piano comme ceux-ci à leurs vélos, artiste jusqu'au bout des doigts comme eux, à leur façon, jusqu'au bout des pieds, l'important, c'est de bien faire son numéro.

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22:00 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : beaujolais, tour de france, cyclisme, littérature, barbara | | |

mercredi, 16 juillet 2014

Selon que vous serez puissants ou misérables ...

Ha ha !  Neuf mois de prison ferme pour avoir traité Taubira de "singe" ! Cinq ans d'inéligibilité !  50 000 euros !  L'indépendance de la justice !  Ha ha ! Et les socialistes, évidemment, trouvent cela "normal" ! Moi je suggère la prison à vie pour les descendants de Saussure, qui mit à jour l'arbitraire du signe. Un aïeul pareil : Criminel. Brûlez de toute urgence le Cours de Linguistique Générale, ô dignes socialistes et vertueux antiracistes. Autodafé immédiat et police de la parole... Votre bêtise atteint de tel sommet qu'elle est à peine croyable !

En prison pour un mot : il n'y a que l'Inquisition qui fit mieux. La Taubira qui, par ailleurs, songe à relever à 21 ans la majorité pénale ! Et l'on prétend ensuite que la "justice" n'est pas à la botte du politique ? Mais qui nous débarrassera de cette égérie du mariage gay, hystérique et nuisible, et de tous ses complices, prédateurs politiciens naviguant sans cesse à vue entre l'excès et le laxisme; Combien de temps va-t-il falloir pour que les gens se réveillent ? Dans un pays où le blasphème est toléré  (on peut se balader seins nus dans une église et certains juges se demandent même si tout cela relève encore de la provocation puisque les seins nus sont autorisés sur les plages), la simple insulte est ainsi condamnée. Il y aurait des personnes sacrées ?

Taubira l'a dit fermement sur TF1 un soir : Elle veut faire la révolution sémantique dans ce pays. C'est à dire légiférer sur les mots plutôt que sur les actes et, ce faisant, inévitablement abolir l'arbitraire du signe. Cela avait commencé avec son président-pingouin  (il faudrait donc au passage aussi condamner Carla Bruni pour cette comparaison animale osée) , et le retrait du mot race de la Constitution. Interdire certains mots : pensée hystérique, lâche et orwellienne. Et on appelle cela gouverner ?  Dans sa déclaration, Taubira vient de bégayer "je ne commente pas les injustices", avant de se reprendre "les décisions de justice".  Décidément, après le prisonnier innocent de Hollande, le lapsus règne en maître au gouvernement... Tout cela se payera - comme le reste - cher, très cher dans les urnes...

 

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Adorons Taubira, déesse universelle 

mardi, 15 juillet 2014

La peau du normal

Faut bien reconnaître que Sarkozy avait souvent un parler et des manières de marchand de tapis. Mais devant la beaufitude de son successeur, il va finir par ressembler à un prince de sang...

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20:34 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollande, quatorze juillet, allocution, élysée, présidence normale | | |