mercredi, 26 octobre 2011
La gazette de Solko n°6
00:05 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : solko, europe, politique, actualité |
mercredi, 13 avril 2011
J'ai raté ma vie
De l’extrême bord de l’échiquier politique à l’autre, les agences de communication turbinent en ce moment à plein régime pour déterminer quels seront les grands thèmes porteurs de la prochaine campagne présidentielle.
Patrick Buisson, avec le pari électoraliste dans lequel il entraîne Sarkozy, tient le haut de l’affiche. Buisson se verrait bien en anti-Jacques Pilhan, l’ancien situationniste qui mit sur pied le plan marketing de Mitterrand, alors au plus bas dans les sondages, en inventant la petite main jaune de SOS racisme et tout ce qui fit la génération Mitterrand. Mais c’est loin d’être joué.
En face, les rengaines du PS sur la France qui souffre et le changement sentent un peu le replâtrage. On espère un vent d’outre Atlantique pour remplumer tout ça. Rama Yade et son positionnement bien senti sur la jeunesse n’a pas de mal à faire mouche. Sauf qu’entre Borloo et Hervé Morin, elle demeure un peu seulette sur cette thématique chez les centenaires valoisiens.
Il y a cependant fort à parier que l’actualité récente, tant africaine que japonaise, nécessite une reconfiguration de ces diverses stratégies déjà éculées. Aussi risque-t-on, d’ici l’automne, de voir surgir avec le Beaujolais Nouveau de nouveaux beaux jaseurs : sans doute la future légitimité du candidat Hulot se jouera-t-elle de ce côté-là de la partition.
Il est cependant on ne peut plus vrai que tendre l’oreille à tout ça risque d’être un peu vain. Je ne sais pas à combien se facture un plan de communication politique. Si j’en avais un à proposer pour séduire les électeurs de mai 2012, je le fourguerais volontiers à un des ces messieurs dames, avant de partir pour de bon en vacances en un coin de la planète pas trop déglingué. Mais je n’ai jamais été assez bon, c'est-à-dire assez cynique, pour tenter ce genre d’aventure.
A mon poignet ne pend donc ni menottes, ni Rolex.
J’ai raté ma vie.
Jacques Pilhan et François Mitterrand, au temps de la petite main jaune
00:00 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, ps, ump, nicolas hulot, france, europe, actualité |
jeudi, 21 octobre 2010
Une autre histoire ?
Tu voulais traverser l’obstacle
Et fracasser le mur
Et que ton cri portât loin
Mais l’élan figé en spectacle
Saigne sur
Le drapeau dans ta main
On a paraphé d’autres murs
En papier
Et murmuré d’autres traités
Bien plus durs
Qu'il faudrait percer de ta cible
Dès demain
Malgré les accords indicibles
Des quotidiens
06:22 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mur de berlin, europe, politique, actualité |
vendredi, 08 octobre 2010
La décennie qui vient
La première décennie du XXIème siècle est en train de s’achever sous nos yeux. Encore neuf comme celle-ci, et youp la boum, on change à nouveau de siècle ! Il est certain que passer de 2099 à 2100 fera moins de baroufle que passer de 1999 à 2000. Les enfants qui naissent à présent seront alors nonagénaires et avec le recul, pourront avoir un avis plus pertinent que nous autres qui ne seront plus sur le siècle qui se sera écoulé.
Quand me revient à l'esprit tout ce qui s’écrivait jadis (jadis, c’est désormais le vingtième siècle) à propos de cet an 2000, lequel tient désormais du naguère, j’ai tendance à penser que ce fut much ado about nothing. Et cela ne m’invite guère à faire des pronostics (enthousiastes ou catastrophiques) sur l’an 2100. Il est certain, comme l’affirma Montaigne en des temps désormais antiques, qu’« au plus élevé trône du monde si ne sommes assis que sur notre cul ». Voilà bien la seule chose dont on peut être certain qu’elle demeurera sûre.
Le très médiatique attentat du World Trade Center qui a ouvert la première décennie du nouveau siècle aurait, disent certains, été un événement suffisant pour signer notre entrée collective dans un nouveau monde. Sur le plan politique, sur le plan économique comme sur le plan culturel, cette première décennie n’aura été pour moi qu’une simple décennie de transition. On sent que c’est durant celle qui vient que vont se cristalliser les affirmations décisives qui structureront le monde de demain. La question de l’Europe, celle de la crise et sa gestion par les alternances de gouvernements socio-libéraux, la culture du numérique : voilà par exemple trois sujets-chantiers dont bien malin qui pourra prédire le futur.
Si je me tourne vers les derniers siècles, je peux m’amuser à dresser quelques constats :
1715 : fin du règne de Louis XIV et, ipso facto du siècle précédent marqué par l’absolutisme et le classicisme.
1815 : Chute définitive de l’Empire et retour des Bourbons sur le trône : les espoirs suscités par la Révolution sont bel et bien remisés dans les cartons de l’Histoire et le XVIIIème siècle s’achève dans les balbutiements de la Révolution industrielle qui permet à une bourgeoisie autoritaire d'assurer un pouvoir plein de morgue.
1914 : Une catastrophe sans précédent met brutalement fin au positivisme béat d’une Belle Epoque paradoxale. La Der des der, suivie bientôt par sa seconde, sera l’acte fondateur de la SDN et de tous les organismes à vocation de gouvernance planétaire.
Quid, alors, des années centrales 2010/2020 à venir, et comment envisager le véritable commencement du XXIème siècle ?
19:34 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, actualité, france, europe, société, culture |
dimanche, 13 juin 2010
Qui dit mieux ?
Une vraie bonne école pour tous, avec une moyenne de 63 élèves par instituteur. De quoi inspirer tous les gouvernements européens par ces temps de pénurie budgétaire. C’était en Allemagne, en 1916.
20:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, europe, luc chatel, éducation nationale |
samedi, 05 juin 2010
La ligne courbe de Thonet
Trente ans avant que l’Art Nouveau n’ait précisé toutes ses conceptions esthétiques et entériné partout le triomphe de la ligne courbe, le prussien Michael Thonet (1796-1871) mettait au point dans son petit atelier une méthode révolutionnaire pour courber le bois, grâce à laquelle il dispensait l’artisan du travail de découpe et de profilage, d’assemblage et d’emboitement. Sa technique consistait simplement à immerger des lames de bois mort dans de la colle et de l’eau bouillantes, puis de les placer dans des moules aux formes galbées. Après refroidissement, le bois retiré des presses conservait la forme souhaitée. Ayant observé que c’est le taux d’humidité qui faisait la différence entre les fibres de bois mort et celles de bois vivant, il affina peu à peu son système et s’appliqua à recréer en quelque sorte le cycle biologique en régénérant le bois privé de sève avec de l’eau bouillante puis en le faisant sécher dans la rêverie de ses arabesques. Ses meubles remportèrent un succès immédiat et, après avoir obtenu de l’empereur François-Joseph le privilège « de travailler en courbe toutes sortes de bois par un procédé chimique ou mécanique », il devint un industriel réputé dans toute l’Europe.
La reine de son catalogue fut bien cette fameuse Thonet n°14, fille de la Thonet n°4 en hêtre courbé. C’est le café Daum à Vienne qui, à partir de 1850, lança sa carrière héroïque. Là, au fil de sa longue existence, elle accueillit les plus augustes fessiers, dont ceux de Peter Altenberg, Franz Werfel, Sigmund Freud, Léon Trotsky, Stefan Zweig, lequel dans son très beau livre Le Monde d’hier écrivit : «Vienne était, on le sait, une ville jouisseuse, mais quel est le sens de la culture, sinon d’extraire de la matière brute de l’existence, par les séductions flatteuses de l’art et de l’amour, ce qu’elle recèle de plus fin, de plus tendre, de plus subtil ? » Ne dirait-on pas qu’il parle de l’art de tordre le bois inventé par Thonet ?
Zweig consacre plusieurs lignes à ces cafés viennois emplis de la 14, précisément.
« Le meilleur endroit pour nous instruire de toutes les nouveautés restait le café. Les cafés, à Vienne, constituent une institution d’un genre particulier, qui ne peut se comparer à aucune autre au monde. Ce sont en quelque sorte des clubs démocratiques accessibles à tous pour le prix modique d’une tasse de café et où chaque hôte, en échange de cette petite obole, peut rester assis pendant des heures, discuter, écrire, jouer aux cartes, recevoir sa correspondance et surtout consommer un nombre illimité de journaux et de revues. (1) Dans un bon café de Vienne, on trouvait non seulement tous les journaux viennois, mais aussi ceux de tout l’Empire allemand, des français, les anglais, les italiens et les américains, et en outre les plus importantes revues d’art et de littérature du monde entier, Le Mercure de France aussi bien que la Neue Rundschau, le Studio et le Burlington Magazine. Ainsi nous savions tout ce qui se passait dans le monde, de première main ; nous étions informés de tous les livres qui paraissaient, de toutes les représentations, en quelque lieu que ce fût, et nous comparions entre elles les critiques de tous les journaux ; rien n’a peut-être autant contribué à la mobilité intellectuelle et à l’orientation internationale de l’Autrichien que cette facilité de se repérer aussi complètement, au café, dans les événements mondiaux tout en discutant dans des cercles d’amis ».
Mobilité, orientation : ferais-je de la ligne courbe de Thonet une allégorie de l’intelligence, de la grâce, et de la culture ? Pourquoi pas ? Car il existe sûrement un lien entre la culture d’un homme et, comme l’évoquait Montaigne, le siège sur lequel il pose son cul. Elles étaient en tout cas fort aimables, ces Thonet art nouveau par toute l'Europe répandues, et je les ai à mon tour, et bien après Zweig, fort aimées. On voit passer parfois leurs pieds fins et leur teinte élégamment boisée lors d’une vente de bric et de broc. Pour une enchère d’une quinzaine d’euros, si personne n’insiste dans la salle murmurante, on peut ramener chez soi un spécimen de ce témoin irremplaçable et irremplacé de ce que fut l’Europe, au point culminant de sa culture.
(1) en 1913, le Café central de Vienne en proposait 250 à ses clients
19:08 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : stefan zweig, littérature, europe, thonet, café daum, vienne, culture, art nouveau |
samedi, 15 mai 2010
J'aime la façon dont il le dit
Carmen M. Reinhart & Kenneth S. Rogoff, This Time Is Different. Eight Centuries of Financial Folly, Princeton : Princeton University Press, 2009
Michael Lewis, The Big Short. Inside the Doomsday Machine, London : Allen Lane, 2010
Naomi Klein, The Shock Doctrine (La stratégie du choc : La montée d’un capitalisme du désastre), 2007
Bel apologue de Paul Jorion
Il y a l’animal et les parasites sur son dos…
Comment se fait-il que le dirigeants européens l’ignorent, ignorent ce genre de choses … ?
09:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paul jorion, crise, europe, politique |
samedi, 08 mai 2010
Le printemps de tous les parapluies
Quand on annonce le pire, chacun entrouvre son parapluie. Les dirigeants politiques aux affaires, d’abord. Ceux qui sont dans l’opposition et qui n’auraient pas fait mieux que les autres, ensuite. Cela fait déjà une fort jolie file.
Mais ce n’est pas parce qu’on ouvre un parapluie que la pluie cesse, l'avez-vous remarqué ?
L’Europe des dirigeants tente donc de sauver son euro, contre l’Europe des peuples qui n'a jamais été à son égard d’un enthousiasme débordant, c’est bien le moins qu’on puisse dire. L’Europe des dirigeants feint à nouveau d’ignorer à quel point la fondation de la zone qui porte son nom, de référendums bâclés ou annulés en traités bidonnés, a été aléatoire et repose sur un épais mensonge, protégeant d’un seul geste (ouvrir son parapluie) la loi dictée par « les marchés ». Les marchés ! Les milliards qui doivent être prétendument alloués à la Grèce retourneront ainsi dans la poche des spéculateurs impunis, dont tous ne vivent d’ailleurs pas aux Etats-Unis ou en Asie, mais certains en France, en Grande Bretagne, en Grèce ... Et l’on ne voit pas pourquoi ces dits spéculateurs se priveraient de s’attaquer à nouveau à des Etats affaiblis par ce plan de prétendu sauvetage, à l’Espagne, au Portugal, à l’Irlande, avant de guigner pour leurs tableaux de chasse de plus jolis morceaux. On n’a donc pas fini d’entendre le brusque déclic des baleines, et le soyeux son du tissu qui se tend du côté des banquiers non plus.
Sur ceux qui n’ont pas de parapluies, en revanche, l’orage risque de tomber longtemps. Et dru.
20:19 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : grèce, politique, europe, crise, parapluies, euro |
jeudi, 06 mai 2010
Le bon ordre dans la cité
Notre ville ne périra jamais par l’arrêt de Zeus et les desseins des bienheureux dieux immortels, car la gardienne au grand cœur, fille d’un père puissant, Pallas-Athénée, étend son bras sur elle. Ce sont les citoyens eux-mêmes qui, par leur sottise, esclave des richesses, veulent détruire la grande cité ; les chefs du peuple ont un esprit injuste ; ils sont près de subir de grandes épreuves, à cause de leur excessive démesure ; car ils ne savent pas contenir leurs désirs insatiables, ni prendre avec mesure et dans le calme les plaisirs du festin qu’on célèbre. Ils s’enrichissent en s’attachant à des actions injustes ; ils n’épargnent ni les biens sacrés, ni les biens publics, et volent, par rapine, l’un d’un côté, l’autre ailleurs ; ils n’observent pas les principes vénérables de justice ; la déesse se tait, mais elle garde en elle-même la notion de ce qui se passe et de ce qui s’est passé, puis à son heure elle ne manquera pas de venir et de punir.
Telle est la plaie incurable dont, maintenant, est envahie cette ville entière qui rapidement est tombée dans une vile servitude ; celle-ci a réveillé la révolution et la guerre qui dormaient et beaucoup d’hommes ont péri dans leur aimable jeunesse. A cause de ses ennemis, cette ville si aimable se ruine rapidement dans les ligues de partis, chères aux hommes injustes Tels sont les maux qui tourmentent le peuple et, parmi les pauvres, il en est beaucoup qui s’en vont vers une terre étrangère, vendus et chargés de honteuses chaînes. Ainsi le malheur public vient sous le toit de chaque citoyen, et les portes de la cour ne peuvent pas l’arrêter ; il saute par-dessus le mur élevé et trouve immanquablement sa victime, même si elle cherchait refuge dans une chambre reculée, au fond de sa maison.
Solon, « Le bon ordre dans la cité », - 594 avant JC.
07:30 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, europe, littérature, grèce, société, solon, crise |