Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 30 avril 2013

Dix euros

Je passe de main en main, de poche en poche, car je suis fait pour ça : billet du libre marché et de la consommation, du social-libéralisme européen, je ne n’ai ni âme ni souvenir. Je ne suis signe de rien, je ne suis qu’un outil d’endettement pour les plus  pauvres et d’enrichissement pour les plus riches, qu’ils votent à droite ou à gauche, qu’ils prétendent ou non aimer la finance. Ma jeune histoire est celle de la propagation d’une inégalité de plus en plus accrue parmi les hommes.

On ne trouve sur mon corps rectangulaire que des ponts virtuels, car les matois financiers qui m’ont créé n’ont pu se mettre d’accord ni sur une effigie humaine, ni sur un bâtiment, ni sur une histoire commune ; le lieu dont je suis la monnaie n’est d’ailleurs ni un territoire, ni un pays, ni une nation. Ce n’est qu’une zone, pensez donc ! Voulu par des énarques, je ne représente que le délire informel des banquiers. Je n'ai plus rien de romanesque, hélas ! Je ne suis qu'une idéologie extrême et bien tue.

En Grèce, on me voue aux gémonies, on me traite de teuton.

Partout ailleurs, on se méfie avec raison de la façon sournoise dont j’échappe à toute souveraineté politique, à tout ancrage historique, à tout reflet poétique.

Je suis l’argent roi des dominants. Je suis la ruse extrême des spéculateurs. Je suis l'euro. 


b91_0302a.jpg


13:25 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : euro, argent, politique, europe | | |

dimanche, 28 avril 2013

Union nationale

D’après de récents sondages, l’Union nationale revient à la mode. L’Italie, pionnière en la matière (du moins sur le papier) avec le gouvernement d’Enrico Letta, inspirerait l’homme de la rue, qui plébisciterait à 78% (de favorables et plutôt favorables) un gouvernement de ce type en France. Le plus comique étant qu’à la tête de ce gouvernement, la personnalité jugée la plus capable serait François Bayrou, le grand perdant de la dernière présidentielle. Je me demande combien de mois il faudrait à un tel gouvernement pour devenir aussi impopulaire que l’actuel jobard  qui occupe à nos frais l’Elysée avec sa Cunégonde : le raisonnement de l’homme de la rue a beau être empli de bon sens (si gauche et droite ont échoué tour à tour, peut-être pourraient-elles réussir tous ensemble, tous ensemble,  yeah !!!), il repose n"anmoins sur du vent.

Pour ma part, je ne crois plus du tout que le changement soit utile aux peuples depuis qu’il est devenu un slogan usé jusqu’à la corde par tous les imposteurs qui l’ont utilisé tour à tour pour abuser d'eux. La palme du mérite revenant, en ce domaine, aux sinistres socialistes. Quant à la République, dès lors qu’elle ne peut plus frapper monnaie, je vois bien qu’elle n’est plus vraiment maîtresse d’elle-même ; dès lors qu’elle en est réduite à marier les homosexuels pour justifier ses devises d’égalité quand les disparités économiques en son sein atteignent des sommets inégalés et que le chômage est considéré comme un problème structurel par ses dirigeants, je vois bien qu'elle n'est plus fidèle à elle-même ; enfin, quand je trouve qu’elle est dirigée par un bande d’hommes de partis et de loges, les mêmes qui noyautent depuis quarante ans toutes les instances de pouvoir, et qu'ils se proposent  de continuer à le faire en faisant mine d'etre ensemble après avoir fait mine de s'opposer, je dois dire que cette République n'est plus mienne.

Quand il n’y a plus de monnaie souveraine et que les inégalités économiques sont devenues chroniques, que signifie alors  l’union nationale sinon, face à la toute puissante Troïka non élue, la mise au pas administrative de toutes les nations devenues sous-préfectures ? Encore un enfumage, dans un tel contexte, que l' Union nationale en question..

Je reste français, d’esprit, de langue, de culture, de racines.

Mais républicain de cette République ?  Très franchement, il y a vraiment de quoi se poser des questions.

vendredi, 26 avril 2013

A propos d'écrire (1)

Ce qui est plaisant dans l’écriture du roman, c’est cette double posture de l’homme qui sait et de celui qui ne sait pas. Il n’y a pas à tortiller, comme disait ma grand-mère, il faut laisser venir, laisser agir, laisser parler. Mais il faut aussi conduire, diriger, viser.

C’est un sérieux mélange de la plus extrême gravité et d’une pure fantaisie. Le romancier est un dictateur pour rire. Composer un personnage - ou pour un personnage, car derrière chaque être de papier se cache, n’en déplaise à Nathalie Sarraute et son air du soupçon, l’idée au moins d’une personne -, composer un personnage, c’est échapper à l’idéologie.

Et puis il y a le mot juste. L’esprit s’arrête parfois. Et c’est le trou.

On sait qu’un mot est attendu là, un seul. Et le reste de la phrase, du paragraphe parfois est au rendez-vous, mais le mot manque.

Ne reste alors que deux solutions : soit passer outre, se contenter d’un synonyme qu’on biffe et qui sert de pis aller, en attendant le lendemain ou une prochaine relecture. Soit l’attendre. S’allonger, fermer les yeux, guetter dans le silence comme un chat sa proie. Car si j’ai le pressentiment, même confus, du mot qui devrait se trouver à cette place, c’est qu’il existe. Les mots sont comme les personnages, n’en déplaise aux mythomanes du Nouveau Roman : il y a toujours une réalité derrière…

littérature,écriture,roman


20:47 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, écriture, roman | | |

jeudi, 25 avril 2013

Balzac & la vie élégante

Toujours étonné, avec Balzac, de m’apercevoir qu’il demeure toujours un réconfort. Trouvé ceci, dans son Traité de la vie élégante : « La vie élégante est, dans une large acception du terme, l’art d’animer le repos ». Et puis : « Un homme devient riche : il nait élégant. »  Et puis : « il faut avoir été au moins jusqu’en rhétorique pour mener une vie élégante »  Et puis : « Dans la vie élégante, il n’existe plus de supériorité. On y traite de puissance en puissance ». Et puis : « L’élégance travaillée est à la véritable élégance ce qu’est une perruque aux cheveux ». Et puis : « L’homme de goût doit toujours réduire le besoin au simple ». Et puis : « Le dandysme est une hérésie de la vie élégante. En effet, le dandysme est une affectation de mode. En se faisant dandy, un homme devient un meuble de boudoir. » Et puis : « Sont en dehors de la vie élégante les détaillants, les hommes d’affaires et les professeurs d’humanité ». Et puis : « Un noble pouvait faire des dettes, vivre dans les cabarets, ne pas savoir écrire ou parler, être ignorant, stupide, prostituer son caractère, dire des niaiseries, il demeurait noble. »  Et puis : « Dans notre société, les différences ont disparu. Il n’y a plus que des nuances. »

On trouvera là-dedans un certain nombre de propositions paradoxales : normal. Le paradoxe est constitutif de l’élégance, puisqu’elle n’est qu’un long apprentissage pour donner à l’acquis le plus sophistiqué l’air de l’inné le plus simple, qu’elle est en quelque sorte l’art de ne pas être ce qu’elle est, tout en l’étant malgré cela.

Capture.PNG


22:23 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : balzac, littérature, élégance | | |

mardi, 23 avril 2013

Désintégration, pourriture

Après Guy Debord, victime d’une exposition à la BnF, c’est au tour d’Hannah Arendt de devenir le martyr post mortem de la société du spectacle, enrôlée dans la machine à broyer la pensée contemporaine, en devenant l’héroïne du « biopic » (film biographique) de Margarethe Von Trotta.

hannah-arendt.jpg


Le personnage de la « philosophe juive allemande» (comme la publicité faite autour du film la présente), s’étale depuis quelques jours sur tous les murs de France et de Navarre, au dessus du nom écrit en capitales blanches d'Hannah Arendt. Sur fond de croix gammée, une Barbara Sukowa mise-en-plitée, qui ressemble autant à Hannah Arendt que Hollande à un grand président, et a davantage l’air de s’ennuyer à cent sous de l’heure devant sa page blanche, enroulée sur son olivetti d’époque, que de penser à quelque chose. Je n’irai pas voir ce navet probablement consternant, qui ne peut que réduire la philosophe des Origines du Totalitarisme et de la Crise de la Culture en fabricante de controverses à l’anglo-saxonne, mais je ne résiste pas à l’envie de la citer :

« La culture de masse apparaît quand la société de masse se saisit des objets culturels, et son danger est que le processus vital de la société (qui comme tout processus biologique, attire insatiablement tout ce qui est accessible dans le cycle de son métabolisme) consommera littéralement les objets culturels, les engloutira et les détruira. Je ne fais pas allusion, bien sûr, à la diffusion de masse. Quand livres ou reproductions sont jetés sur le marché à bas prix, et sont vendus en nombre considérable, cela n'atteint pas la nature des objets en question. Mais leur nature est atteinte quand ces objets eux-mêmes sont modifiés — réécrits, condensés,digères, réduits à l'état de pacotille pour la reproduction ou la mise en images. Cela ne veut pas dire que la culture se répande dans les masses, mais que la culture se trouve détruite pour engendrer le loisir. Le résultat n’est pas une désintégration, mais une pourriture, et ses actifs promoteurs sont une sorte particulière d'intellectuels, souvent bien lus et bien informés, dont la fonction exclusive est d'organiser, diffuser, et modifier des objets culturels en vue de persuader les masses qu'Hamlet peut être aussi divertissant que My Fair Lady, et, pourquoi pas, tout aussi éducatif. Bien des grands auteurs du passé ont survécu à des siècles d'oubli et d’abandon, mais c'est encore une question pendante de savoir s’ils seront capables de survivre à une version divertissante de ce qu'ils ont à dire. » (1)

Pendant ce temps, l’Assemblée Nationale ridiculise le pays en votant le mariage gay au nom des valeurs révolutionnaires, et sur la base d’un argumentaire en réalité très anglo-saxon  (à la Salut les Copains ou plutôt à la Têtu) alors que, sans gouvernance déterminée, il s’enfonce dans la récession. Le maçon Peillon qui songe à refonder l’école tente d’y introduire une nouvelle matière, « la morale laïque » Faire une morale simpliste aux têtes blondes et marier les homos, telle est leur politique. Je ne veux voir aucune tête qui dépasse et personne qui sorte du rang... L'ordre consumériste dans toute son originalité. La mélasse de l'égalitarisme républicain.

Et pour arranger le tout, le président du socialisme exsangue, guère plus capable de provoquer des chocs que des changements malgré sa rhétorique d’étudiant en communication des années 90, songe (paraît-il) à faire rentrer quelques momies républicaines de plus au Panthéon… Beaucoup, de part et d’autres de l’échiquier, craignent, à juste titre, que quatre ans de cette soupe recuite en Hollande, ça soit bien long…. 

(1) La Crise de la Culture.

 

hannah arendt,von trotta,sukowa,cinéma,mariage gay,peillon,morale républicaine


09:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : hannah arendt, von trotta, sukowa, cinéma, mariage gay, peillon, morale républicaine | | |

samedi, 20 avril 2013

Saint-Sébastien pleuré par Irène

La scène s’articule autour d’une diagonale qui aurait pu être déterminée par le tir de la flèche, fichée au sommet de l’abdomen de Sébastien.

Au sommet à droite, l’œil s’attarde sur ces trois figures de la pitié qui surplombent la scène, pareillement inclinées. Toutes trois portent coiffes. Une servante en pleurs, les yeux enfouis dans un linge, qu’elle maintient pressé contre ses paupières. Une orante au voile hiératique et bleu, mains jointes. Une troisième femme au voile rose et aux bras ouverts, les yeux noirs et luisants. Elle seule conserve le visage découvert et sur sa peau court la même teinte que sur le corps nu de Sébastien.

Ocre, bleu, rose : Pleurer, prier, plaindre. Occupant désormais le lieu d’où aurait pu surgir la flèche, trois sources de consolation, de réconfort, de compassion, prêtes à fondre avec grâce sur le corps du supplicié.

Entre ce groupe et le martyr, le corps incliné d’Irène.

Elle semble une bonne Loraine de Lunéville, avec son étroit corsage et ses manches luxueusement galonnées. Tout laisse à penser que c’est la fille du peintre. Un document des archives de Lunéville atteste que la toile, offerte à La Ferté, gouverneur de Loraine, en 1649, a été réglée 700 francs, et que six francs furent donnés « à la fille dudit sieur de La Tour pour reconnaissance à elle promise au sujet dudit tableau ».

De sa main gauche, Irène semble prendre le pouls vacillant de Sébastien. Un geste médical, presque moderne. Au contraire de la servante au voile rose, ses paupières sont closes. Elle cherche à ne rien perdre dans la nuit des derniers murmures de vie de ce corps blessé, qui ne doit pas encore mourir afin que Dioclétien parachève son martyre. Ce faisant, elle forme un couple avec lui, face au trio des pleureuses.

Il semble même que la torche qu’elle brandit -et qui illumine son front, ses manches, et le rebord d’un casque luisant, tout en bas de la ligne de lumière – ne soit là que pour éclairer de pudeur le sillon de larmes, brillant sous sa paupière gauche. Plutôt que de percer complètement les ténèbres, la lueur de cette torche à trois mèches fait très justement écho, dans le tableau, aux différents plissés des voiles, des robes et des galons de soie.

Tout au bas du tableau, gît le corps de Sébastien, évanoui. Sa position évoque une parfaite imitation du Christ, manière de rappeler la signification du martyre. Son visage est déjà absent, enténébré. Mais malgré cette pénombre prête à l’enserrer tout entier, sa nudité offerte à la vue des femmes ne se dérobe pas, non plus, à l’œil du spectateur. De sa blessure ne perle qu’une seule goutte de sang, dont la larme d’Irène est l’écho lumineux.

img222.jpg

La Tour, Saint-Sébastien pleuré par Irène, Louvre

cliquer sur l"image pour agrandir

15:19 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : la tour, saint-sébastien, sainte-irène, peinture, christianisme | | |

jeudi, 18 avril 2013

De la clarté et de la transparence

Ce n’est pas parce qu’une eau claire est transparente qu’il en est nécessairement de même pour l’être humain. Car l’eau n’est claire ou transparente que vis à vis d’elle-même, de sa substance.

Quand un être humain se sent clair, c’est généralement qu’il n’a rien à se cacher (et, ipso facto, à cacher aux autres). La clarté n'est ainsi un élément de la relation à autrui que dans un second temps. On peut, cependant, être clair vis à vis de soi-même, et cacher sa clarté aux autres. Par exemple pour éviter qu'ils ne la troublent.

La transparence, depuis Rousseau, c’est autre chose. On parle de transparence  pour désigner cet état rêvé de non mensonge (de non obstacle) dans la relation à autrui. Principalement la relation amoureuse, d’ailleurs.

Par extension, parler de transparence dans la relation humaine en général, c’est supposer qu’on se dise tout : y compris ses mensonges, sa non clarté. Ce faisant, on pourrait donc être transparent dans le mensonge. C'est la logique de l'aveu.

On le voit, transparence et clarté, dès lors qu’on passe du liquide à l’humain ne sont plus synonymes. Rêver une équivalence entre les deux, c'est suivre Rousseau dans ce qui est à la fois un songe, une fiction et une confession, mais cela n'aide pas à voir clair dans le fait politique.

Parler de transparence en politique peut avoir une certaine efficacité rhétorique, en effet. Mais cela n’aura jamais de signification. Car transparence et clarté, en politique, ne s'appliquant pas au même domaine, n'ont plus du tout le même sens (la même orientation non plus)

Sophisme des sectateurs, comme dirait Jean-Jacques...

07:07 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : clarté, transparence, politique, littérature, rousseau | | |

mardi, 16 avril 2013

Le maçon repenti

Les maçons obscurs du sacre de la transparence et de la clarté ont donc pesé de tous leur poids : au lendemain de la mascarade de moralisation que fut la mise à poil fiscale de tous les ministres, spectacle ce soir du maçon repenti. Mdr : Tout ça ferait un joyeux mélodrame à la Pixérécourt, pour éblouir un parterre de donzelles et de damoiseaux sur les boulevards. Mais quel pitoyable spectacle.

Le maçon repenti parle d’épreuve, de faute, d’être à terre, de pardon, de la dignité de ses amis, d’amour. Plus que jamais cuirassé, sûr de son logos, il blanchit tous ses frères, même en étant radié du grand Orient : qu’a-t-il dans le dos ? On ne le sait. On s’en doute.

Tournons donc cette page, puisque Cahuzac, qui a de toute évidence un bâillon sur la bouche, renie pitoyablement sa zone d'ombre (la plus intéressante, la plus romanesque, la plus authentique, sans aucun doute...). Il n’est pas un si grand escroc que ça. Moins que d’autres, en tout cas. En même temps, je le comprends. Il tient à sa peau, tout simplement. Qui l'en blâmerait ? Pas sûr, toutefois, qu'il ait bien compris qui sont ses véritables destructeurs.

Il demeure bien vrai, tout cela étant repéré, que nous avons autre chose à faire de nos vies que d'accorder trop d'attention à ces prédateurs politiques, et qu'il est bon surtout de s'occuper de soi.

 

18:45 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cahuzac, socialisme, grand orient, confessions, assemblée nationale | | |

dimanche, 14 avril 2013

Arracher les jours

 Je viens d’arracher un dimanche d’écriture au monde. Ça n’a l’air de rien, mais ce n’est pas évident : le boulot au lycée, brouhaha continuel et vain d’un présent désenchanté dans lequel sont englués élèves et professeurs ; le spectacle blasé de l’échec programmé de Hollande et de ses clowns, qui ont tous l’air d’exister il y a vingt ans en arrière de cela ; l’écoute désenclavée des colères de la rue de toutes natures, qui toutes ont leur légitimité, et qui, quoi qu’il arrive, n’aboutiront pas, parce que le pouvoir n’appartient plus à la rue, depuis un certain vote pour Maastricht.

Long travail, depuis début février, aux deux-tiers accomplis. Demeure un tiers. A peu près.

Impression de livrer un combat solitaire pour quelques-uns qui me liront. Impression de planer, déconnecté de ce qu’ils nomment le Réel, avec un personnage familier en train de prendre corps, ou un autre, figure, à l’esprit, plutôt que dans le bus ou le magasin, sur le trottoir, des inconnus, des étrangers. Et merci.

Quand ce roman sera achevé, ne pas penser encore à la quête d’éditeurs, trop décourageant ! Comme le sont ces piles d’invendus dans les centres de distribution d’objets culturels indéterminés, ce désamour patent de tout une peuple pour sa littérature, dont je suis le témoin attristé dans les écoles, depuis bientôt vingt ans. Trop long métier.

Parfois, ce n’est qu’une phrase d’écrivain piochée dans un livre au hasard qui relance la machine, met fin au découragement, au désœuvrement, comme le disait joliment Balzac. Car il faut éviter le suicide de son talent.(1) Ce n’est pas un vain mot que de dire que lorsqu’on s’attèle à l’écriture, on a pour frères tous ceux qui ont écrit, poussé la charrue devant, et creusé le sillon.

Quand vraiment ça peine, ça tire, ça coince, je contemple tel ou tel de leur visage. Sur le web, des photos des uns, des autres. J’ai devant moi dans mon bureau cette photo de Béraud à sa table de travail, par Blanc & Demilly, acquise en salle des ventes, l’an passé.

béraud,écriture,roman,littérature

Ce billet que je conclus n’est qu’une lucarne entrouverte. Pour m’aider à m’y remettre au prochain jour arraché, au prochain vol... 

 (1) Balzac, La cousine Bette

21:29 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : béraud, écriture, roman, littérature | | |