mardi, 30 avril 2013
Dix euros
Je passe de main en main, de poche en poche, car je suis fait pour ça : billet du libre marché et de la consommation, du social-libéralisme européen, je ne n’ai ni âme ni souvenir. Je ne suis signe de rien, je ne suis qu’un outil d’endettement pour les plus pauvres et d’enrichissement pour les plus riches, qu’ils votent à droite ou à gauche, qu’ils prétendent ou non aimer la finance. Ma jeune histoire est celle de la propagation d’une inégalité de plus en plus accrue parmi les hommes.
On ne trouve sur mon corps rectangulaire que des ponts virtuels, car les matois financiers qui m’ont créé n’ont pu se mettre d’accord ni sur une effigie humaine, ni sur un bâtiment, ni sur une histoire commune ; le lieu dont je suis la monnaie n’est d’ailleurs ni un territoire, ni un pays, ni une nation. Ce n’est qu’une zone, pensez donc ! Voulu par des énarques, je ne représente que le délire informel des banquiers. Je n'ai plus rien de romanesque, hélas ! Je ne suis qu'une idéologie extrême et bien tue.
En Grèce, on me voue aux gémonies, on me traite de teuton.
Partout ailleurs, on se méfie avec raison de la façon sournoise dont j’échappe à toute souveraineté politique, à tout ancrage historique, à tout reflet poétique.
Je suis l’argent roi des dominants. Je suis la ruse extrême des spéculateurs. Je suis l'euro.
13:25 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : euro, argent, politique, europe |
Commentaires
Je l'aimais bien moi, ce billet bleu avec son "boa ouvert", son Petit Prince, et le regard lointain de Saint-Exupéry. Tout une symbolique, tout un monde qui est entrain de volé en éclats.
Et je ne l'aime guère ce vilain qui billet de dix Euros, sensé être le "remplaçant" du billet de cinquante Francs - Rappelons au passage que qu'il "vaut" en réalité 65 Francs!...
"Cinquante balles", c'était quelque chose pourtant! Il m'est arrivé de le "flamber" d'un coup pour album de BD, mais "cinquante balles" c'était aussi, et surtout, la perspective d'un bon moment avec les copains, de quoi aller au ciné, manger, et il en restait encore dans le porte-monnaie!
Je réalise aujourd'hui qu'avec ce chiffon de dix euros, je ne peux même plus m'offrir la seule séance de cinéma! Quand au même album de BD il coûte aujourd'hui dix Euros, autrement dit, quinze Francs de plus!
Il n'y a aucune excuse à une pareille flambée des prix, loin de tout ce qu'on nous avait assuré! C'est du racket organisé et rien d'autre!
Écrit par : Sarah. S. | mardi, 30 avril 2013
erratum: "entrain de volER", bien sûr.
Écrit par : Sarah. S. | mardi, 30 avril 2013
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