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mercredi, 29 avril 2009

Addicted

Ces gens-là finiront par me rendre Sarkozy sympathique. Entre Ségolène la recalée ridicule qui présente ses excuses au nom d'un pays qui ne l'a jamais élue, et Chirac qui continue, comme si un troisième mandat l'avait couronné imperator à vie à parler au nom des Français, Carlito Bruni-Sarkozy a, c'est vrai, l'air soudainement presque normal d'exercer ses fonctions. Le monde a besoin de la Chine, a proclamé Chirac, dans une sorte d'imitation de visite officielle de Chef d'Etat (qu'il n'est plus).

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mardi, 28 avril 2009

Comme cul et chemise

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20:12 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : faux culs, sarkozy, zapatero, politique, sommet de madrid | | |

lundi, 27 avril 2009

Du monde vraiment commun

Fragmentation de chacun devant la fortune, devant le destin, devant la culture et devant la santé.  Depuis que nous ne constituons plus un peuple, n’avons-nous pas toutes les raisons de  nous méfier les uns des autres ? Le potentiel pandémique du virus de la détestation d’autrui n’en est qu’à ses premiers balbutiements dans la mise à sac du monde commun. Pour résister à ses assauts, la raison est insuffisante et l’amour est improbable. Peut-être le vieil instinct de l’espèce, vieux réflexe de civilisé, encore que l’individu planétaire l’ait, en son sein, au neuf-dixième corrompu… 

Demeure le sentiment de la nature, antique feinte de l'humanité, sur une planète déjà bien dévastée...

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05:45 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pandémie, épidémie, société, philosophie, littérature, absurdité | | |

dimanche, 26 avril 2009

Littoral

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Wajdi Mouawad sera l’artiste associé du Festival d’Avignon 2009, où il présentera quatre spectacles arrangés en « quatuor », le tout étant nommé  « Le sang des promesses » : Littoral, Incendies, Forêts, puis Ciels. Les trois premiers volets existants seront repris en continu dans la Cour d'honneur (on parle déjà, à ce sujet, "de nuit-culte");  le dernier volet, Ciels, sera créé un peu plus tard au parc des expositions de Chateaublanc.  «De 22h30 à 6h30 du matin, il faut, précise Vincent Baudriller (codirecteur du festival), remonter à l'intégrale du Soulier de satin de Claudel, il y a une quinzaine d'années, pour trouver un pari aussi fou. » Soit. Hortense Archambault (codirectrice du festival) annonce que « Wajdi », c’est  « un certain retour au texte et à la narration, avec des réflexions complexes sur le monde actuel et ses violences ».

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samedi, 25 avril 2009

Réflexion pour des années d'école

La pensée de haut vol  s’apprend-elle ? S’enseigne-t-elle ? Dressage et exercice peuvent fortifier la mémoire. Des techniques de méditation permettent d’approfondir les temps d’intériorité et de concentration. Dans la formation des mathématiciens, des logiciens, des programmeurs et des joueurs d’échec peuvent être transmises des méthodes analytiques assorties d’un sens draconien des enchaînements formels. Pour autant qu’on sache, cependant, il n’est point de clé pédagogique de la créativité.  Dans les arts comme dans les sciences, en philosophie comme en théorie politique, la pensée novatrice, transformatrice, semble naître de collisions, de sauts quantiques …

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17:01 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : éducation nationale, george steiner, littérature, politique | | |

mercredi, 22 avril 2009

On parle de Béraud...

Conférence LA FORCE DU TEMPS, par Roland Thevenet : On parle de Béraud, vendredi prochain (à partir de 18 heures) aux XANTHINES, 33 rue de Condé, dans le deuxième arrondissement : Henri Béraud (1885-1958) est l'un des auteurs les plus importants de la génération des "enfants humiliés" (l'expression est de Georges Bernanos, son conscrit). C'est l'occasion, dans une lecture contemporaine et dépassionnée, de découvrir (ou de rédécouvrir) une œuvre foisonnante et méconnue : des poèmes, plusieurs reportages européens, de nombreux romans historiques, et des récits de souvenirs, où se trouvent les pages parmi les plus belles de celles qui furent écrites sur Lyon.

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06:10 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : béraud, xanthines, la force du temps | | |

mardi, 21 avril 2009

Cérémonies sans fin

Dimanche soir aura lieu la énième cérémonie des Molières. Foutu calendrier, comme il passe ! On se demande ce qui pourrait ébranler quelque peu ce programme ironique dans lequel on nous suggère plus ou moins de faire tenir nos existences, et qui égrène ses soirées  en paillettes d’années en années et d'écran en écran, comme si tout avait été déjà dit, écrit, joué, nominé. Comme si le théâtre était mort. C’est un vieil habitué des princesses et des princes, des révérences et des coupes de champagne rose, le vieux Frédéric Mitterand, qui tentera de conférer un peu de piquant à la soirée. Voilà qui promet. Trois écuries sont en lice pour le Molière du théâtre public : la Comédie Française, le TNP ou le TNS. Christian Schiaretti se taille d’ailleurs une part de lion : son Coriolan, plusieurs fois nominé, ne représente-t-il pas, au fond, ce que le théâtre subventionné peut produire de plus conventionnel -c'est-à-dire de ni pire ni meilleur, pour la bonne santé des abonnements et des soirs de galas ? des acteurs formés à s’envoyer la réplique (quelle qu’elle soit) sur un plateau vide et mouvementé, de façon claire et intelligible afin qu’on l’entende cette putain de réplique, même si on est mal placé, tout au fond. Pour le Molière de la mise en scène, Schiaretti se retrouve en compétition avec Braunschweig, Lidon, Lavigne, Nordey et Long. Le suspense est insoutenable. Ces paroles de Tadeusz Kantor, tristes, magnifiques et par lui prononcées au moment de la fondation du théâtre Cricot 2, en 1955, lequel d’entre nous aura donc la force d’aller les hurler sur la scène moisie du théâtre de Paris, dimanche soir à 20h30 ?

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00:26 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : théâtre, tadeusz kantor, schiaretti | | |

lundi, 20 avril 2009

Roger Caillois et la lecture

Le fleuve Alphée est une sorte d'autobiographie fantasmée que Roger Caillois publia en mars 1978, quelques mois avant de recevoir le Grand Prix de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre, quelques mois avant de mourir (21 décembre 1978). Toujours perspicace, toujours belle causeuse, la critique de l’époque vit alors dans Le Fleuve Alphée une sorte d’annonce par l’écrivain lui-même de sa fin à venir. Roger Caillois aura passé un peu plus de soixante-cinq ans sur Terre. Son enfance qui s’écoula dans les décombres de Reims bombardée, son enfance, dit-il, « la guerre en avait complété l’isolement ». Le choix du titre pour ce bref récit le confirme : Caillois fut un fleuve. Un solitaire.

Il y a dans la brève biographie qu’Odile Felgine lui consacre en introduction des paragraphes étonnants. Je relève, par exemple, celui-ci, qui m’a fait rêver un moment hier soir, alors que je sortais tout juste du manuscrit de Madame Bovary (voir billet précédent) :

1959

Mai. Roger Caillois achète en son nom propre un appartement 34, avenue Charles-Floquet, près du Champ-de-Mars et de l’Unesco. Il va le peupler, au fil du temps, d’objets magiques chinés à Paris, rapportés de ses voyages, de tableaux, de livres d’artistes, d’insectes dans des boites et de plus en plus de pierres, exposées sur des grilles de boulanger. Son intempérance (et celle de sa femme) s’accentue, à mesure que progressent son goût de l’accumulation et sa tendance à la pétrification.

Caillois fut un grand collectionneur de minéraux. Un bref aphorisme, afin de s’en bien expliquer : « Dédaigneux des Annales, le sage contemple en silence ses archives de silice, où aucun mot ne relate aucun événement »

 

Je retiendrai surtout de lui cette autre formule, pour qualifier l’espèce humaine : l’espèce épisodique. Cela a sans doute quelque rapport avec la conscience glanée en sa prime enfance, celle de cet enfant « jouant dans les décombres » (de très belles pages là-dessus, dans Le fleuve Alphée). Quelque rapport. Mais c’est aussi un bel acte de  lucidité, oui, comme en témoignent ces quelques lignes :

« L’histoire montre que, dans le monde proprement humain, nul n’est à l’abri de la menace invisible et symétrique de l’aubaine rencontrée. Une mesure politique qui ne paraissait pas mettre en péril les institutions, un changement dans les mœurs qu’on estimait anodin aboutissent à long terme à la chute d’un empire. Une décision monétaire fâcheuse ouvre une cascade d’échecs, puis de désastres, qui conduit à l’écroulement d’une économie. Dans le domaine de l’art, une innovation estimée seulement plaisante ou ingénieuse amène de surenchère en surenchère la ruine de l’idée même de l’art. Les circonstances ou les engrenages qui sont à l’origine des réussites les plus complexes et les plus admirables de la vie ou de la technique sont aussi capables de défaire, sans que l’intelligence, la volonté, l’obstination y puissent grand-chose, ce qui fut édifié par une continuité bien tempérée. »

Caillois fut un insatiable lecteur. Jeune écrivain au sein d'une génération  - l'une des dernières -  que ne dominaient pas encore les empires de l'instant, faits d'images et de sons.  L'une des dernières générations à bénéficier d'un environnement encore relativement calme, malgré l'Histoire qui s'emballait - et donc capable de produire quelques véritables écrivains : les  temps d'avant la catastrophe médiatique. « A partir du moment où un enfant sait lire, son esprit, comme les eaux du fleuve Alphée, est mêlé et livré à l’immensité des eaux marines… Il lui est très difficile, sinon impossible d’en sortir.  (…) Un beau jour, je fus brusquement transporté de la campagne dans un monde entièrement nouveau, un de ceux où la somme inépuisable des connaissances et des expériences humaines est conservée, archivée, répertoriée, qui plus est : aisément disponible, pourvu qu’on ressente la curiosité d’en tirer quelque chose. Il suffisait alors de savoir lire. Aujourd’hui, ce n’est même plus nécessaire : lire demande un apprentissage : il n’en est pas besoin pour regarder et entendre. Hier était encore le temps de la lecture souveraine. »

 

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05:42 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : le fleuve alphée, roger caillois, littérature, reims bombardée, lecture | | |

dimanche, 19 avril 2009

Flaubert dans du formol

J’ai passé une partie de la soirée dans du formol. Curieuse sensation, à vrai dire, sur ce site Madame Bovary de l’Université de Rouen. On entre (Consulter, feuilleter, etc...) On entre et on se promène à travers les 4500 feuillets du manuscrit de Flaubert, en plaçant en vis-à-vis l’un des six brouillons du manuscrit ainsi que sa transcription. Ils s’y sont mis à 130 pour déchiffrer la calligraphie parfois difficile de Flaubert : joli travail, certes troublant, qui nous rapproche et nous éloigne à la fois du crissement de la plume sur l’original et du bel acte d’écrire à la main.

Travail aux allures de prouesse technologique et génétique, qui fait de Flaubert l’objet docile et quelque peu momifié d’une bizarre expérience : ce sont ses pages, oui, voici ses propres feuillets. Merveille et dérision de la technologie, splendeur et misère, ses pages reproduites à l’identique et se promenant d’écran en écran, de vous à moi, feuillets au vent ; les pages de Flaubert comme dans du formol en chacun de nos écrans, lui qui proclamait -comme si c’était un exploit- d’y être parvenu enfin après tant de siècles de littérature : avoir fait un livre sur rien. Rien ! Le voilà donc, ce livre sur rien, ce rien mis à la disposition des foules démocratiques. Mon doigt sur l’écran, pour se saisir des lignes, comme, enfant, mon doigt contre la vitrine de la confiserie. Mais ce n’est qu’une impression d’érudition, un simulacre de connaissance, qui épatera les imbéciles, forcément : quelques chercheurs, sans doute, y trouveront leur vrai compte ; cela sauve-t-il cette folle entreprise ? Gustave s’était-il jamais douté que son manuscrit serait ainsi pris en otage, bribe par bribe et ligne à ligne pour ne pas dire mot à mot par les forcenés de la numérisation ? En voyant toutes ces ratures, on pense au gueuloir, c’est sûr, le gueuloir du forçat de Rouen : « Je vois assez régulièrement se lever l’aurore (comme présentement), car je pousse ma besogne fort avant dans la nuit, les fenêtres ouvertes, en manches de chemise et gueulant, dans le silence du cabinet, comme un énergumène ! » écrit-il le 8 juillet 1876 à madame Brenne. Et pour peu qu’on ait à un moment donné dans sa vie fréquenté avec curiosité, passion, estime, envie ou simplement ennui ce texte magnifique (pour moi, j’avais dix-sept ans, c’était dans une petite maison d’un village de Savoie, durant des vacances de juillet - une maison demeurée comme en état, je croyais entendre les pas d’Emma sur le parquet en planches paysannes, et lire sa mélancolie dans les frises fanées de la tapisserie des chambres, et entendre les lieux communs de l’après dîner sous les tonnelles, entre l’abbé et Homais), des souvenirs de lecture peuvent émerger d’eux-mêmes. J'imagine ce fou, au treizième étage d'une tour dans une quelconque métropole du monde, devant son ordi où defilent les lignes du maître, lui aussi, vociférant, gueulant... D’eux-mêmes...  

Ci-dessous une page du manuscrit (les clichés de Homais sur Paris) et sa transcription.

 

 

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