Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 28 juillet 2008

La parade de l'enfance morte

 « Je dois dire ce mot : instruire. S'instruire. Je n'ai pas honte de ce mot. J'ai étudié depuis le début, dès que j'ai décidé de devenir peintre.. Ma création était toujours découverte de faits que je ne connaissais pas. C'était, en quelque sorte, des études. C'était un voyage, découvrant de nouvelles terres; le but s'éloignait toujours, je laissais derrière moi des pays conquis... Les Artistes doivent étudier, découvrir, reconnaitre et laisser derrière eux des régions conquises. »

(Tadeusz Kantor- Leçons de Milan, Actes sud papiers, 1990) 

C'est encore Tadeusz Kantor, lui-même, qui définit le mieux son théâtre : 

« Œuvre qui n'exhale rien, n'exprime rien, n'agit pas ne communique rien, n'est pas un témoignage ni une reproduction, ne se réfère pas, à la réalité, au spectateur, ni à l'auteur qui est imperméable à la pénétration extérieure, qui oppose son opacité à tout essai d'interprétation, tournée vers NULLE PART, vers INCONNU n'étant que le VIDE, un «TROU» dans la réalité, sans destination, et sans lieu, qui est comme la vie passagère, fugitive, évanescente, impossible à fixer et à retenir, qui quitte le terrain sacré qu'on lui a réservé, sans rechercher des arguments en faveur de son utilité.
Qui EST, tout simplement, qui par le seul fait de son AUTO-EXlSTENCE MET TOUTE RÉALITÉ ENVIRONNANTE DANS UNE SITUATION IRRÉELLE ! (on dirait «artistique»). Quelle fascination extraordinaire dans cette inattendue RÉVERSIBILITÉ ! »

 

Kantor est né en 1915 à Wielopole, bourgade polonaise,  d'un père juif converti au catholicisme. Le nom de Kantor est indissociable de celui de  sa troupe de Cracovie Cricot 2, refondée en 1955. Cette troupe et les comédiens qui la composent,  sera sa chair, son cri, son argile, ses monstres. En France la découverte de la Classe morte en 1977, inspirée de Bruno Schulz et de Witkiewicz, sera un choc fondateur. Cette cohabitation entre les poupées de cire et les humains vêtus de noir abolit notre orgueil de vivants. Chacun porte sur son dos l'enfant qu'il fut, et qu'il a laissé mourir. Ces êtres, chacun pris dans son obsession (berceau, vélo, pion amorphe, soldat coucou dérisoire,...), pointent le doigt en l'air vers un ciel vide et terrifiant. Un traité des mannequins que d'autres appellent par exagération des hommes se tisse de pièce en pièce : La pieuvre (1956), Cirque (1960), Le petit Manoir (1961), Le fou et la nonne (1963), la poule d'eau, Les mignons et les guenons (1973), La classe morte (1975), Où sont les neiges d'antan (1979), Wielopole-Wielopole (1980), Qu'ils crèvent, les artistes (1985), Je ne reviendrai jamais (1988), Ô douce nuit (1990). Beaucoup sont des mises en scène du grand Witkiewicz.

Kantor a réussi à incorporer dans la totalité de son œuvre, que ce soit  la peinture, le dessin ou le théâtre, l'histoire du combat qu'il avait mené au nom de son âme d'artiste et aussi pour gagner le ravissement des spectateurs. L'art du XXème siècle était déchiré entre deux pôles : l'utopie de la forme pure prônée par le constructivisme, une vision rationnelle bien ordonnée, et la tradition littéraire du symbolisme, nostalgie d'un art rempli de significations et d'émotions. L'un des plus grands acquis de Kantor consiste à relier ces deux tendances et à soumettre les symboles et l'émotion à la discipline rigoureuse de la forme. « Je voudrais qu'ils regardent et qu'ils pleurent »  - répétait-il - et il parvenait à hypnotiser, d'une manière mystérieuse, les spectateurs. Pendant ses spectacles des gens pleuraient sous toutes les latitudes : au Japon, en Argentine, à Paris. Sans d'ailleurs connaître notre tradition ou notre langue ; sans avoir connu la biographie ou les commentaires de l'auteur, ils se sont livrés à l'émotion jusqu'aux larmes. Ainsi, le petit village perdu quelque part en Galicie - lieu reconstruit avec des bribes de la mémoire et avec des photographies déteintes - est devenu le centre du monde, le portrait troublant du siècle passé : avec sa cruauté et son héroïsme, avec la tragédie de l'Holocauste, avec le drame de l'asservissement. Le siècle de la guerre et de la mort, celui des utopies audacieuses et des révolutions artistiques : tout cela a trouvé une expression exceptionnelle dans l'œuvre de Kantor ; son art est en fait un témoignage personnel et en même temps universel. Et ce n'est qu'aux plus grands artistes que revient ce privilège.  (Krystyna Czerni)

Kantor est mort le samedi 8 décembre 1990 à Cracovie, en préparant les répétitions de  Aujourd'hui c'est mon anniversaire. La troupe joue quand même. Une chaise vide, une écharpe, le chapeau, Marie encore plus blanche que d'habitude, les jumeaux les yeux rougis. Kantor est là, il regarde. L'économie de la mort est florissante. Dans son testament méticuleux il fait de chaque spectateur-lecteur son légataire universel : « Si la maison s'effondre, les archives doivent rester».


 

Kantor : un extrait de La Classe Morte, l'entrée en scène de la parade de l'enfance. On ne se lasse pas de la regarder, tant la musique est envoutante, la scénographie obsédante, sous l'unique lampe à suspension.... A son pupitre, le maître d'école et metteur en scène, à deux pas toujours de ses comédiens, comme une matière qu'on ne peut lâcher trop longtemps. Kantor, le visage attentif et lointain, tel celui de James Joyce, l'œil d'aigle, comme taillé dans l'airain. Voilà une belle figure de l'exigence, de la recherche, de la lenteur, de  l'Idéal également, aussi saugrenu que celui puisse paraître de prime abord. KANTOR. Voici ce que, dans les Leçons de Milan (1986) il  dit, peu de temps avant de mourir, d'abord de la consommation, puis de la communication :

« LA CONSOMMATION OMNIPOTENTE

Tout est devenu marchandise, La marchandise est devenue dieu sanguinaire. D'effrayantes quantités de nourriture qui nourriraient le monde entier; et la moitié de l'humanité meurt de faim; des montagnes de livres que nous n'arriverons jamais à lire; les hommes dévorent les hommes, leurs pensées, leurs droits, leurs coutumes, leur solitude et leur personnalité. Des marchés d'esclaves organisés à une formidable échelle. On vend des gens, on achète, on marchande, on corrompt. Création : ce mot cesse d'être un argument sans appel.

Et voici un autre visage de la FUREUR de notre fin de siècle : LA COMMUNICATION OMNIPOTENTE.

On manque de place pour les originaux qui marchent à pied (il paraît qu'un tel moyen de locomotion aide à penser). Des vagues et des fleuves de voiture se déversent dans les appartements. On manque d'air, d'eau, de forêts et de plantes. La quantité d'êtres vivants croît de façon effarante : des hommes ....  Continuons : La COMMUNICATION qui s'accorde parfaitement avec les chemins de fer, les tramways, les autobus, a été jugée comme le concept le plus adéquat et le plus salutaire pour l'esprit humain et pour l'Art. Communication omnipotente ! son premier mot d'ordre : la  VITESSE, s'est rapidement transformé en un cri de guerre sauvage de peuplades primitives. La devise est devenue ORDRE. Le monde entier, toute l'humanité, toute la pensée de l'homme, tout l'ART doivent exécuter docilement.

Tout devient obligatoirement uniformisé, égalisé et... SANS SIGNIFICATION. »

 

Pour suivre, sur Kantor :

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/04/26/kantor-et-mallarme.html

 

12:37 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : théâtre, kantor, la classe morte, littérature, cricot2 | | |

samedi, 26 juillet 2008

Les Goncourt en vacances

Le site officiel de l'académie Goncourt ne brille pas par sa réactivité : ni le nom de Patrick Rambaud ni celui de Tahar ben Jelloun, les deux petits bleus élus en mai dernier, en remplacement de Daniel Boulanger et de François Nourissier, tous deux démissionnaires, n'y figurent encore. On voit bien que les académiciens aussi sont en vacances. A quoi peuvent bien ressembler les vacances beaujolaises de Bernard Pivot, depuis qu'il est à la fois académicien et retraité ? On suppose que ces vacances sont studieuses et se déroulent entre deux très hautes piles de romans, en attendant le 2 septembre, date de la publication de la première sélection. J'aime assez, sur ce site finalement très avare de renseignements, la précision suivante, dans la rubrique "fonctionnement" : Les académiciens Goncourt ne sont pas rémunérés. Guère de notes de frais, pas de jetons de présence, c'est un engagement et une collaboration bénévoles en faveur de la littérature" Diable ! Voilà qui fait honneur aussi bien aux deux jeunots qu'aux plus anciens :  Edmonde Charles-Roux (Présidente, 87 ans), Françoise Chandernagor (62 ans), Didier Decoin (63 ans), Françoise Mallet-Joris (77 ans), Bernard Pivot (73 ans), Robert Sabatier (83 ans), Jorge Semprun (84 ans) et Michel Tournier (83 ans). Pas grand chose, non plus, sur les nouveux statuts, malgré les appels médiatiques à la vertu qui défrayèrent cette saison la chronique. Je rappelle la liste publiée le 3 juin dernier des quinze romans ou essais à lire pour l'été. L'Académie précise bien que les futurs lauréats ne sont pas forcément dans la liste.

Carole Achache : La plage de Trouville (Stock)
Jean-Marie Borzeix : Jeudi saint (Stock)
Jacques Chessex : Pardon mère (Grasset)
Quentin Debray : Le moment magique (Le Rocher)
Jérôme Garcin : Son excellence, monsieur mon ami (Gallimard)
Antoni Casas Ros : Le Théorème d'Almodovar (Gallimard)
Annie Ernaux : Les années (Gallimard)
Jennifer Lesieur : Jack London (Tallandier)
Marie-Dominique Lelièvre : Sagan à toute allure (Denoël)
Virginie Linhart : Le jour où mon père s'est tu (Seuil)
Jean-Yves Masson : Ultimes vérités sur la mort d'un nageur (Verdier)
Boualem Sansal : Le village de l'Allemand (Gallimard)
Guy Scarpetta : La Guimard (Gallimard)
Chantal Thomas : Café de la mémoire (Seuil)
Denis Tillinac : Dictionnaire amoureux de la France (Plon)

Un test à faire, intéressant, sur le site de l'Académie : allez voir le "palmares", de 1903 à l'an dernier. Et recherchez : 1) Le dernier Goncourt que vous ayiez lu; 2) Le nombre de Goncourt que vous avez lu. Pour ma part, cela donne : 1) 1999, Jean Echenoz, Je m'en vais.  2) 15 ( sur plus de 100, je n'ai pas de quoi pavoiser...)

 

12:33 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : goncourt, littérature, lecture, vacances | | |

vendredi, 25 juillet 2008

Il faut sauver la planète

Sauver la planète ; un lieu commun : A quel point les causes les plus justes, les priorités les plus absolues, des évidences de bon sens deviennent, dans la bouche des politiques et grâce au travail incessant des médias, de véritables lieux communs, une sorte de fond sonore atemporel et complètement décalé de nos pratiques sociales quotidiennes (ce qui n'est pas, evidemment pas, la meilleure façon de leur rendre service ni de les faire entendre) ; à quel point le discours politique et le discours médiatique sont devenus les producteurs à débit constant de lieux communs : C'est ce que montre cette courte-video, un montage habile de Greenpeace, de façon comique et saisissante. Chacun de ces beaux-parleurs aura, en tout cas, réussi grâce à des chapelets de lieux communs, et jusqu'au dernier de la liste, " une fort jolie carrière", non ?


Production : PGLL

12:53 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, greenpeace, société, nature, actualité, environnement | | |

jeudi, 24 juillet 2008

Frais de poudre aux yeux

Voici le détail de la note de frais de la réception officielle de Napoléon III à Lyon, en 1860  (publiée par Le Petit Lyonnais en 1877) :

 

Décoration, tapisseries, pavoisage

66.000 fr
Illuminations, éclairage 40.000
Feu d’artifice 15.000
Frais de banquet 15.000
Logement des équipages 35.000
Sablage des rues 50.000
Eau de Cologne, parfumerie 21.000
Distribution au bureau de bienfaisance 30.000

Commentaire de Louis Maynard, qui rapporte le document dans son Dictionnaire de Lyonnaiseries ( tome 3, article Napoléon III) :  50.000 francs de sable, pour l’époque, ça n’était dejà pas mal ! Mais que dire de 21.000 francs d’eau de Cologne   J’en demeure rêveur… Malgré les discours de façade, à la suite des débordements de Rachida Dati en la matière, que dirait-il devant le détail de la réception de plusieurs dizaines de chefs d’Etat, à Paris, le 14 juillet 2008 ? Et quel Petit Lyonnais bien informé saura nous dire, au final, à combien s'élèveront, sous ce quinquennat, les frais de poudre aux yeux ?

 

22:05 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : histoire, politique, napoléon3, lyon, sarkozy, ump, gouvernement | | |

lundi, 21 juillet 2008

Luc Olivier Merson

Le premigiral05.jpger billet à quatre couleurs émis par la Banque de France est le billet de 100 francs type 1906,  sorti des caisses le 3 janvier 191O. On le doit au peintre Luc Olivier Merson (Nantes, mai 1846 - Paris, 13 novembre 1920), prix de Rome en 1869, auteur de la gigantesque et saisissante mosaïque du Sacré-Coeur de 475 m2, qui domine l'autel de la basilique montmartroise, ainsi que de plusieurs peintures murales dans l'Hôtel de-Ville de Paris, la Sorbonne, l'Opera-Comique. Touche-à-tout chanceux et boulimique, Luc Olivier Merson s'est également consacré à l'illustration littéraire : La Chevalerie de Léon Gautier, La chanson de Roland, Sainte Elisabeth de Hongrie de Montalembert, Notre Dame de Paris de Victor Hugo, Saint Julien l'hospitalier de Flaubert, Les Trophées de José Maria de Hérédia, La Jacquerie de Mérimée, Les Nuits de Musset etc.… Ci-contre, son portrait en belle gueule romantique, d'après Schommer.

B22.jpg

Ce billet de cent francs a fait date, en France comme à l'étranger, en raison des fesses dodues des angelots nus, qu'on découvrait sur la cartouche et qui jamais, ne se virent en aucun pays du monde sur aucune autre coupure : car l'argent, y compris sale, se doit d'avoir au moins l'air sérieux. Malgré de sévères critiques, il plut au public et connut l'une des plus belles carrières, de janvier 1910 jusqu'à l'échange des billets de 1945.   Au centre d’un décor rococo fabriqué de tout un fouillis de fleurs, de fruits et de branchages, se lisent les majestueuses majuscules de la Banque de France, toujours elles, gravées sur une stèle rectangulaire, au dessus de la somme de cent francs, payables en espèces, à vue, au porteur. Contre la stèle, accoudées, deux jeunes femmes. La paysanne, la citadine. Les deux Marianne, les deux France de ce temps-là, l'une portant fichu et ample robe telle Bécassine, l'autre voilures et boucles tressées. Un garçonnet rose, scandaleusement nu et grassouillet accompagne l’une et l’autre.

france_p078_v.jpg

Sur le verso plié en quatre du billet se tient un jeune forgeron flanqué d'un tablier de cuir, en manches de chemise, le galurin sur la tête. A sa droite une enclume sur laquelle, plus raide qu’un soldat de la garde nationale qu’on aurait passé en revue, le forgeron présente son marteau à la France entière, telle une décoration. Assis sur un banc de marbre, le torse droit et la main reposée à l’envers sur la cuisse, il se détache sur un fond doré telle la pauvre statue d’un simple commandé. Une jeune femme drapée, dans un voile rose qui laisse échapper son sein droit, lui présente en esquissant un pas de danse une corne d’abondance, et un autre garçonnet dévêtu (scandaleux!) lui tend un rameau d’oliviers et une couronne de lauriers.  Ces allégories, encadrées de chaque côté de la vignette par des frises et des moulures dorées, constituent au final une scène bien trop champêtre pour être académique, bien trop idéale pour être réaliste, bien trop composée pour être touchante, et bien trop mièvre pour être belle, si bien que la rêverie reste comme indécise devant leur énigme, qui est aussi celle de leur époque : Etranges allégories, qui tentent de modeler le moderne sur l'antique ou le contraire, on ne sait plus trop. Billets dont on devine la senteur épicée, à force d'avoir traîné dans ces porte-feuilles en cuir rapé du premier vingtième siècle.

Ce billet de cent francs, qui existe en deux versions (l'une signée Luc Olivier Merson, l'autre non) a connu une longévité exceptionnelle, puisque plus de soixante sept mille alphabets ont circulé tour à tour. Conçu pour des petits bourgeois aisés, il a finalement gagné peu à peu les poches des plus prolétaires ; sa longévité exceptionnelle, en effet, explique les fluctuations de sa valeur : de 1908 à 1945, véritable peau de chagrin suivant en cela la lente dévalorisation du franc lui-même, son pouvoir d’achat est passé de mille neuf cent trente quatre à  soixante trois francs. Extrait, pour conclure, d'une page de Gabriel Chevallier :  « Tout était facile en ce temps-là. Les villes n’étaient point surpeuplées, les appartements ne faisaient pas l’objet de folles surenchères. On voyait un peu partout des pancartes de locaux à louer, que des propriétaires, point dédaigneux du moindre revenu, louaient même à des mineurs. Le billet de cent francs valait cinq louis, qui tintaient clair et représentaient une immensité de plaisir. La pièce de cent sous, la thune, avait un pouvoir d’achat considérable. Avec une seule de ces pièces en poche, on pouvait emmener une mignonne plus loin que l’Ile-Barbe, et tout un jour, sur les bords de Saône, la régaler de campagne, de fleurs et d’horizons, de saucisson et de fritures, de promesses et de caresses, la gaver d’enchantements ».

 

.

15:21 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, société, argent, numismatique, écriture, peinture | | |

dimanche, 20 juillet 2008

Lyon Villeurbanne, même combat ?

Sur son propre blog, Romain Blachier soulève la question du rattachement de Villeurbanne et de Lyon. C'est vrai que tout natif ou habitant de l'une ou l'autre commune s'est forcément un jour dans sa vie, en longeant l'une ou l'autre des rues grâce auxquelles on passe, sans s'en rendre compte, de l'une à l'autre cité, posé la question. Villeurbanne, cité autonome, ou enclavée ? Dans le tome III de son histoire de Lyon, l'historien Kleinclausz rappelle deux trois faits : tout d'abord, le décret de rattachement au Rhône des communes de Bron, Vaulx, Vénissieux et Villeurbanne date de 1852. Il est donc contemporain de l’annexion à Lyon des faubourgs de la Croix-Rousse, Vaise et la Guillotière, même si ce ne sont pas les mêmes intérêts politiques qui sont à l'origine. Car dans le dernier cas, Napoléon III souhaitait neutraliser la ville de Lyon, à laquelle d'ailleurs il ôtait sa liberté municipale. La question de son extension sur la rive gauche du Rhône est d'une autre nature.

Le mouvement d’absorption des communes environnantes aurait pu se poursuivre, comme ce fut le cas, par exemple à Marseille. Les cités satellites se rattachent alors, un peu partout, en raison notamment des reseaux de tramways contemporains.  En 1874, le préfet Ducros mit à l’étude 2 projets en ce sens, dont un prévoyant l’annexion, à l’Est,  de toute la commune de Villeurbanne, d’une partie de Vénissieux. Le but était très mercantile, puisqu'il s'agissait de surveiller les droits d'octroi. Mais les édiles lyonnais hésitèrent. Affaire de gros sous :  A Villleurbanne, en effet, trop de travaux étaient à réaliser : percement de nombreuses rues, pavage et éclairage de toute la voierie, égouts à installer. Le président de la Commission, un nommé Ducruet, cite l’exemple de la Guillotière qui, depuis vingt ans, «a plus couté que rapporté». Un tel argument atténue les ardeurs. Et clôt les débats.

Le maire Augagneur remet l'affaire sur le tapis en 1903. Constatant que le centre de Lyon commence à se dépeupler au profit de la périphérie, il craint les fuites hors de la « ville-mère » des établissements industriels et commerciaux, sources bien évidentes de contributions. Déjà à l'époque, le contribuable lyonnais se plaignait d'être plus chargé que celui des communes de banlieue. Le principal argument du maire Augagneur est que la ligne de démarcation entre Lyon et Villeurbanne n’est déjà plus très sensible ; au parc de la Tête d’or, une simple rangée de hêtres… La commission fut, cette fois-ci, favorable. Les élus lyonnais, discernant plus clairement ce que supposait l'extension de leur ville étaient même près à moins se plaindre de l'accroissement des charges qui risquait d'en découler. Mais les villeurbannais, animés par un fort sentiment d’appartenance de classe, et au nom d’une tradition ouvrière déjà vivace, protestèrent vigoureusement contre le « Lugduni Dictator ». Vainement, les partisans de l'annexion firent valoir qu'il ne s'agissait plus que consacrer un fait acquis, en vue d'une collaboration plus féconde... Le 17 janvier 1906, Augagneur ayant quitté la mairie de Lyon, le projet de loi sur le point d'être présenté aux députés fut retiré. Il est vrai qu'Herriot, comme on disait alors "laissa faire".

A partir de ce jour, on considéra que la spécificité lyonnaise (au contraire de la marseillaise) était de suivre la logique de l'agglomération plus que celle de l'annexion. Le complexe urbain a ainsi traversé le XXème siècle et les lyonnais ont dû se résoudre à ce que Marseille devînt la deuxième ville de France (vieux débat) en avalant toutes ses banlieues, tandis que Lyon formait la deuxième agglomération urbaine en conservant les siennes. Même si l'antagonisme Lyon / Villeurbanne ne fut jamais aussi fort que celui entre Lyon et Saint-Etienne, il est certain qu'il se joua sur une opposition entre culture ouvrière & culture bourgeoise. Le clivage politique entre les deux villes fut ainsi très marqué : j'imagine mal Hernu, par exemple, en fervent défenseur de l'annexion...  Les temps ont changé. A prèsent, il faudrait demander à Christian Schiaretti s'il a, comme jadis le vosgien Maurice Pottecher, le sentiment d'être à la tête d'un théâtre vraiment populaire ou plutôt d'une scène dont le public est très boboïsé... Je ne suis pas au fait des tambouilles municipales, mais je sais que la venue du TNP à Villeurbanne a expliqué un certain temps le fait que la municipalité lyonnaise se soit détournée du théâtre au profit de l'opéra et de la danse. Je crois que les deux municipalités ont, de mandats en mandats, tissé des compromis assez subtils, souvent tacites, qu'une "fusion" aurait le mérite de faire voler en éclat. D'un autre côté, quand on regarde l'Histoire, on voit que les "intérêts" traditionnels liés à ladite fusion, ont disparu, puisque le développement du tissu urbain s'est déroulé comme si...  Mais bon. Je ne crois pas que l'habitant-lambda garde en tête ce genre de préoccupations, encore que tout soit possible. Qu'en pensez-vous  ?

10:28 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lyon, villeurbanne, politique, société | | |

samedi, 19 juillet 2008

La victoire, en chantant...

La taille-douce est une technique d’impression permettant, grâce à une gravure en creux réalisée dans le métal, de déposer une faible épaisseur d’encre en surimpression. Le relief obtenu est perceptible au toucher et l’image acquiert une plus grande netteté. Dès l'année 1852, les techniciens de la Banque s'étaient préoccupés des garanties que pouvaient apporter aux valeurs fiduciaires l'emploi de la gravure en taille-douce et avaient étudié les fines et artistques gravures des billets des banques américaines. En 1883, ces études reprirent d'une façon suivie, cette gravure ayant été déjà adoptée par les Russes et les Autrichiens. La Banque de France innovait cependant avec son procédé de taille douce à sec, ce qui permettait d'éviter le jeu du papier, et lui laissait la possibilité d'ajuster ses filigranes sur un papier très fin.

Le bil3a55c1fcbce06947fbe064593fd567a8.jpglet de 5 000 F type 1934, oeuvre peinte par Sébastien Laurent, puis gravée par Rita Dreyfus et Piel, est donc le premier en France à bénéficier de cette technique, censée décourager les entreprises de plus en plus habiles et perfectionnées des faux-monnayeurs. Outre cette caractéristique, ce billet se signale par ses qualités esthétiques. Il représente une effigie féminine symbolisant la France, drappée d'une toge, coiffée d’une couronne d’olivier et placée dans un cadre de feuilles de laurier. Saisie de profil, et reproduite parfaitement à l'identique sur chaque face, elle tient à la main une Victoire ailée, symbole heureux dont l’origine remonte au monnayage grec. La figure de cette Victoire Debout ayant quatre couleurs, les textes, les numérotages et les signatures en nécessitant huit, la coupure exige au total douze impressions. Un tour de force, pour l'époque.

Si la pose hellénique, la couronne d’oliviers, la chevelure lissée, le teint pâle, le sourcil épilé, l’épaule et la joue ronde de cette Victoire Debout lui conférent, à la bien observer, l’air nettement académique et quelque peu figé d’une star du cinéma muet, n'est-ce pas afin que ce mutisme (à jamais garantie par de fines lèvres rouges en forme de cœur) tînt confidentielle la comédie rusée des petits films qui se tournaient dans les alcôves et les palais de ces années mille neuf cent-trente, et sût taire à jamais la tragédie sans paroles des multiples faillites, la pantomime des récurrentes élections, les drames des captations d'héritages des grands-pères replets de notre modernité ?

Dans l’engrais de ces comédies, dans le terreau de ces héritages, dans le fumier de ces faillites, grâce à l'imposture d'une agitation politique qui allait faire asta.jpgtourner la planche à billets de plus en plus vite et  de plus en plus fort, un monstre nouveau, en effet, enfant conçu sur un air de piano en ces alcôves, vagissait. Il s’apprêtait à tordre le cou au monde des essences valéryennes comme à celui des déréglements rimbaldiens de tous les sens, et à saisir de sa poigne internationale les affaires du pays : l’homme du ciment, l’homme des produits chimiques, l’homme de la banque et l’homme de l’automobile, le mâle économique pour qui le franc Germinal venait d’être converti en franc Poincaré et qu'ébranlait de loin en loin une affaire Stavisky ou autre, voyait, en fumant des cigarettes odorantes, s'élever des dictateurs qu'il pensait d'opérette de pays en pays. L'Europe, la vieille Europe de Byron, de Goethe et de Chateaubriand, l'Europe des diplomates cultivés et celle des capitales en fêtes se métamorphosait lentement pour devenir dans les manchettees de ses journaux l'Europe des foules qui marchent en silence dans des rues couvertes d'affiches, l'Europe de la propagande, de Rome à Berlin et de Vienne à Moscou. Tournez, rotatives ! Et tournez, planches à billets !

Et pourtant, la toute-puissante et rageuse esthétique de la modernité, comme le vieil univers de l’épargne, découvrirent pour un temps, en cette Victoire Debout, leur bien commune égérie & leur fort précieuse muse : "N'avions-nous pas gagné la dernière guerre, disaient-ils en la bichonnant, et vaille que vaille rétabli peu à peu l'ordre ainsi que la prospérité ?"  Avec quelle prudence, quelle ingénuité, quel culot peut-être-même, cette Victoire Debout tient-elle en mains son trophée surestimé, prête à le glisser dans le gras porte-feuilles des seuls privilégiés ! Prostituée, comme une vraie fille des banques, mais sans en avoir l'air ! Insouciante, telle une star du cinema muet : Cinq mille francs ! Or dans cette coupure, la symétrie n’était qu’apparente : elle ne faisait que mettre en scène hypocritement un moment d’équilibre plus feint que réel ; durant la durée de circulation de ce billet à la taille belle et douce, de 1934 à 1944, son apparence d'équilibre n’allait cesser de se rompre, précipitant artisans et banquiers, industriels et commerçants, politiques et militaires, diplomates et ouvriers, artistes et paysans, prostituées et mendiants dans un mouvement continu d'exil hors de toute victoire, et de tout redressement, jusqu'aux fracas irrémédiables (et à cette heure-là inimaginables) que furent Auschwitz et Hiroshima.

 

09:30 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, littérature, anciens francs, billets français, victoire debout | | |

jeudi, 17 juillet 2008

Le neveu de Rameau

Une bonne nouvelle : il y a un spectacle digne d'intérêt à Avignon. Le metteur en scène, Ivo van Hove, est néerlandais et Pascal Adam est un peu sévère avec la "création" française, encore que.... A Lyon, il faut se contenter des pauvretés du pseudo-festival  "Tout l'monde dehors". Je me souviens d'une élue se réjouissant sous les ors des salons de l'Hotel de Ville du fait que cette manifestation, ma foi tristement lyonnaise, avait selon elle atteint la notoriété du Off d'Avignon ! J'osais penser qu'elle plaisantait, mais bon....  A Lyon, tout est possible.

Moimages.jpgn dernier rêve théâtral, c'eut été de monter Le neveu de Rameau avec Mickaël Youn et Bernard Kouchner. Vous ne trouvez pas que, plus jeune, avec une petite perruque, ce dernier aurait eu un bon petit air de Diderot ? Quant à Mickael Youn, depuis que je l'ai vu imiter le fox terrier en rut contre les mollets du figé Fogiel, le tout en direct, j'étais convaincu qu'il aurait fait un LUI prodigieux, plutôt que ses pitreries pas toujours de bon goût. Ah, le dialogue sur la vanité dans le Neveu ! Et la pantomime des gueux ! Terriblement contemporain, tout cela.... Mais bon. Vanité oblige, Bernard a trouvé qu'il avait mieux à faire en devenant Le neveu de Sarko. La pantomime des gueux, il la danse donc au premier degré, sur la scène du vrai monde ; la vraie scène a perdu quelque chose, mais la diplomatie se réjouit. Kouchner s'étant poudré la figure, du coup, Youn s'est désisté. Voilà comme capote un projet qui aurait emballé la France entière pendant une bonne saison. On aurait joué ça à Gerland, par exemple, pour faire la nique à Hossein et à son Stade de France.

A propos de Gerland, il parait qu'on vient de retaper toute la pelouse. La dernière fois, c'était en janvier 2007 et ça avait coûté 140 000 euros Cette fois-ci, il y en a pour 730 000 euros, mais la rénovation sera, jure-t-on du côté de l'OL plus durable car on a placé deux couches de gravier pour un meilleur drainage des eaux de pluie. A ce tarif ça fait cher le morceau de gravier et le brin d'herbe, trouvez-pas, les contribuables ? Claude Puel aura intérêt à faire mieux qu'Alain Perrin, et les Benzema et consorts intérêt de marquer un peu plus de buts qu'à l'Euro. Je me demande ce que le Neveu de Rameau aurait pensé de tout ça, lui. Rien sans doute ! Que ceux qui ramassent de l'argent à regonfle avec la misère des pauvres gens ont raison de sucer le micro ou de taper dans le ballon, tant que ça rapporte ! L'époque veut donc qu'on soit philosophe...  Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude...  Allez, si pour mon adaptation du Neveu, on rechigne à me donner la pelouse de Gerland, je serai pas chien, je me contenterai des pavés de la Cour du palais des Papes...

21:15 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : théâtre, avignon, gerland, littérature, lyon, humour | | |

mardi, 15 juillet 2008

Vie de troupe

Dans le tome XX de La Revue du lyonnais (1844) je trouve une analyse de trois registres de Molière, qui décrivent « les détails sur l’administration théâtrale et la mise en scène à l’époque », « les règlements et les recettes d’alors ». La troupe de Molière ne jouait que trois fois par semaine, les mardi, vendredi et dimanche. Dans le premier registre de la Comédie Française qui renferme le détail de 99 représentations (16 avril 1663 - 6 janvier 1664), on voit 8 fois Molière composer le spectacle entier avec une de ses pièces, avec deux 55 fois. 30 fois ses œuvres, peu nombreuses encore, fournissent une des deux pièces représentées. 6 fois seulement, la scène est laissée à d’autres auteurs. C’est donc pour Molière un total de 63 soirées complètes, et de 30 soirées en partage. Tandis que tous les autres auteurs comptent un total de 6 représentations pleines et 30 demi-représentations. Ces auteurs sont Corneille (Cinna, Sertorius et le Menteur – 17 fois) ; Tristan (Marianne, 9 fois), Rotrou (Venceslas, 5 fois) et Scarron (Don Japhet, L’héritier ridicule, 5 fois).

Dans le deuxième registre, contenant le détail de 87 représentations du 12 janvier 1664 au 4 janvier 1665, Molière remplit seul 62 soirées sur 87 (8 avec une seule de ses pièces, 54 avec deux). Il partagea 15 fois les honneurs de la représentation avec un autre et laissa sa place seulement 10 fois. Sur ces 25 représentations, Racine en compta 14 pour sa Thébaïde, Corneille et Scarron 3 chacun. L’auteur anonyme de la Bradamante ridicule eut les 5 autres soirées. Du 29 avril 1672 au 26 février 1673, (troisième registre consulté, beaucoup plus tardif), Molière ne fournit rien 4 fois seulement. Et sur les 118 représentations, il occupe la scène à lui tout seul 112 fois. Par rapport aux frais quotidiens, on constate que les recettes étaient plus conséquentes qu’aujourd’hui : Voici le détail des recettes des 32 représentations de L’Ecole des Femmes et de la Critique de l’été 1663, en livres et en sols

 

 

Vendredi 1er juin 1357 Dimanche 8 juillet 702
Dimanche 3 juin 1131 Mardi 10 532
Mardi  5 1352,10 Vendredi  13 570,10
Vendredi   8 1426,10 Dimanche  15 711
Dimanche 10 1600 Mardi  17 482
Mardi   12 1356,10 Vendredi  20 567
Vendredi  15 1731 Dimanche 22 780
Dimanche 17 1265 Mardi  24 422
Mardi 19 842,10 Vendredi  27 790
Vendredi  22 1025,10 Dimanche  29 723
Dimanche 24 937 Mardi   31 737
Mardi 26 800 Vendredi  3  août 631,03
Vendredi  29 1300 Dimanche  5 462
Dimanche  1er juillet 1309 Mardi    7 400
Mardi 3 930 Vendredi  10 682
Vendredi 6 830 Dimanche 12  392

 

Les frais ordinaires pour une représentation s’élèvent à 55 livres. Les frais extraordinaires varient davantage, de 4 à 379 livres (pour la première du Malade Imaginaire, et ce en raison du grand nombre de figurants). Se rajoutent à cela certains frais supplémentaires : « Les soldats » (gardes de service) reviennent à 9 livres chaque soir. Certains acteurs, non sociétaires, sont mentionnés dans cette rubrique, comme mademoiselle Marotte Beaupré  (3 livres chaque soir). L’éclairage à la chandelle revient à 6 livres : il fallait payer aussi les allées et venues des moucheurs. La « tare de l’or léger », estimée à peu près 13 livres, est un déchet qui se reproduisait à chaque représentation sur le montant des recettes : la monnaie d’or étant celle utilisée à l’époque, la rognure des pièces donnaient lieu à des dépréciations assez marquées, dont les théâtres étaient les principales victimes. Sur certains registres se trouve faite mention de charité (souvent adressée aux Cordeliers) et parfois même de messe. Les frais d’imprimeurs, sans doute compris dans les frais ordinaires, apparaissent parfois lorsqu’il y a un événement exceptionnel dans les frais supplémentaires : c’est alors deux affiches qui sont mentionnées en plus, pour un frais de 8 livres  (tout laisse à penser qu’on n’affichait habituellement qu’à la porte du théâtre). Les costumes des acteurs étaient renouvelés au fur et à mesure qu’ils s’usaient (ces derniers n’étaient pas liés à leur personnage, les costumes de théâtre, au sens moderne, n’existant pas encore).

Les frais d’un costume entier varient de 10 à 40 livres ; d’autres frais occasionnels, mentionnant des « maîtres de chant » ou des « maîtres à danser », occupés généralement pendant deux mois entiers, s’étendent entre 22 et 46 livres : Les parts de chacun se touchaient chaque soir. Une part s’élève environ à 3,5 livres. Deux en revenaient à l’auteur de la pièce. Molière, comme directeur et sociétaire, en touchait encore trois autres. Le prix des places allait de la somme de 15 sous (parterre) à celle de 5 livres (billet de loge). Les registres portent également trace des dons et des remboursements des frais de visites ou de séjours (sorte de répétitions générales accordées, en privé, à des Grands). Ces dons sont importants et s’élèvent souvent à plusieurs centaines, voire milliers de livres. Le 26 octobre 1663, on trouve : « Nous avons séjourné à Versailles depuis le 16 octobre jusqu’au 26 dudit mois, où nous avons reçu du Roi 3300 livres à partager, chacun 231 livres.» Le 26 février 1673, pour clore le dernier registre, on peut lire : « On n’a point joué dimanche 19 et mardi 21 à cause de la mort de M de Molière, le 17ème à dix heures du soir».

14:59 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théâtre, littérature, molière, revue du lyonnais | | |