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mardi, 14 juin 2016

#je suis chrétien

Le Christ nous offre à tous sa paix. Mais pour la ressentir, la recevoir, la garder, il faut accepter quelque chose de terrible : son sacrifice. Son sacrifice, sa Passion, sa Croix, comme un acte qui dépasse en foi, en espérance, en charité, tout ce que ce que nous pouvons, nous, avec nos simples vertus naturelles, accomplir. Tout, à jamais. Un acte plus haut, plus large, plus profond que les nôtres, qui fait de Lui sans que nous n’ayons quasiment rien d’autre à faire que cette simple reconnaissance, notre Seigneur, notre unique Seigneur, pour toujours.

Sans cette reconnaissance, cet agenouillement, on ne peut recevoir la paix du Christ. C’est ce que signifie « Nul ne vient au Père que par Moi ». Sans cette reconnaissance de l’action du Père à travers l’amour du Fils, et par l’accueil intérieur de l’Esprit qui procède d’eux, on ne se donne pas les moyens de recevoir sa paix et de ce fait, on se retrouve tel un juif, un musulman ou un athée qui, tous trois pour des raisons différentes, nient, contestent ou ignorent ce sacrifice. Et souffrent.

Car celui qui refuse le sacrifice du Christ en rémission de ses péchés n’a d’autre solution que d’apprendre à vivre avec ce péché ultime, c’est-à-dire avec la violence de son propre orgueil, de sa propre fierté qui, le radicalisant, l’ont perdu. Quelle fierté trouver en effet à être soi, devant un tel sacrifice ?  Et en effet, celui qui ne reconnait pas le sacrifice du Christ, le Christ ne peut pas prendre son péché, c’est-à-dire neutraliser sa violence et l’emmener, comme Il le promit au bon larron repentant, dans son paradis. Dès lors il doit, sa violence, la gérer comme il le peut, par des rites insuffisants ou par des lois toujours plus arbitraires. C’est l’engrenage fatal des sociétés non chrétiennes, où règnent la charia ou bien le code civil.

Et si le degré de cette violence monte, il faut alors des boucs émissaires. C’est ce que René Girard a très bien expliqué dans La Violence et le sacré.

Un monde sans pitié, disait Eric Rochant, dans un film déjà ancien, pour parler de notre société savamment déchristianisée par ses dirigeants depuis deux siècles. Il avait tort : L’humanisme a créé un monde sans repentir. On a pu, en effet, laisser la pitié aux hommes, elle ne leur servait dorénavant de rien, dans un monde où Dieu n’est encore toléré qu’à condition de n’avoir jamais engendré, comme l’enseigne si faussement Le Coran, ou de n’être qu’un Grand Architecte Lointain, comme le proclament si sèchement les Lumières. Elle ne leur sert de rien, s’ils n’ont plus de repentir.

Et donc, dans un monde qui n’a que l’humain pour finalité, le seul péché, le seul blasphème, le seul outrage, c’est de ne pas aimer l’humain quel qu’il soit. D’être, en quelque sorte, phobe. Xénophobe, homophobe, islamophobe, europhobe… Mais pour aimer à ce point, pour aimer ainsi, pour aimer tout le monde, pour aimer l’espèce, j’ai besoin de Dieu, évidemment ! Sinon je n’aime que moi-même et mon petit clan au sein de l’espèce, inutile de me conter des histoires. D’ailleurs ces petites communautés qui toutes revendiquent le droit d’être aimées, avec leur fierté, leur orgueil d’être ce qu’elles sont, de s’imposer à tous, sont-elles si aimables, si tolérantes elles-mêmes ?

L’homme en soi n’est pas suffisant pour être bon. De la même manière qu’un Dieu qui n’aurait pas engendré ne me sert de rien, un homme qui ne l’aurait jamais été ne vaut rien. Tout tient dans cette Trinité seule, rompez-là, rien ne vaut. Qu’en est-il de ces hashtags à bout de courses et de causes, #jesuisCharlie, #jesuisParis, #jesuisBruxelles,# jesuisgay, et désormais,  #jesuislapolice ?

Je ne suis rien de tout cela : pour ma part, #je suis chrétien et cela me suffit. Qu’un de ces idiots me tire dessus un jour, parce que je me serai trouvé au mauvais endroit, qu’il y réfléchisse bien : Il devra répondre de ma vie devant le Christ. Et puis, martyr pour martyr, il ne gagnera jamais dans son enfer que quelque mille vierges, quand il m’offrira à moi, et pour toujours, la vision béatifique qui est mon seul paradis…

Car c’est le Christ et le Christ seul qui a aboli par son sacrifice et pour chacun de nous cette distance que les sacrifices de toute nature, et les Jihad de toute sorte, et les commémorations en tous genres prétendent parcourir : est-ce vraiment si difficile à comprendre ?

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Sixtine, le crucifix, devant un détail de l'Enfer de la fresque du jugement dernier

samedi, 21 mai 2016

Panthéon

Au cœur du rione Pigna le prestigieux Panthéon : L’Antiquité l’avait consacré « à tous les dieux », c’est-à-dire au fond, à aucun. A celui des touristes, s’il existe, et des créateurs de circuits qui firent de lui un incontournable de Rome, entre Colisée et basilique saint-Pierre.

Le nom de son constructeur (Agrippa) gravé sur son portique a traversé les siècles : M.AGRIPPA. L.F.COS. TERTIVM.FECIT, ce qui signifie « Marcus Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit  ». Ovide, auteur des Métamorphoses, dans l’épilogue de cet autre monument du monde antique qu’est son extraordinaire compilation de mythes, écrivit ceci : « Enfin, je l'ai achevé cet ouvrage que ne pourront détruire ni la colère de Jupiter, ni les flammes, ni le fer, ni la rouille des âges ! Qu'il arrive quand il voudra ce jour suprême qui n'a de pouvoir que sur mon corps, et qui doit finir de mes ans la durée incertaine : immortel dans la meilleure partie de moi-même, je serai porté au-dessus des astres, et mon nom durera éternellement. Je serai lu partout où les Romains porteront leurs lois et leur Empire; et s'il est quelque chose de vrai dans les présages des poètes, ma renommée traversera les siècles; et, par elle, je vivrai. »

Il n’est pas certain que nous comprenions ce désir de postérité, d’immortalité, d’éternité, tel qu’il s’exprime dans ces lignes comme dans cet ancien temple aussi facilement que nous le croyons. Car si nous le croyions véritablement, nous l’appliquerions à nous-mêmes, et nous vomirions cette époque où seul l’éphémère est considéré, et qui a grossièrement proscrit de ses mœurs le respect de la longue durée.

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mardi, 03 mai 2016

Collector

Le propre de la société du spectacle telle que Debord l'a définie est d’accorder toujours à chaque élément de sa contestation la place marchande qui lui reviendra un jour ou l’autre dans son système. C’est ainsi que les meilleurs slogans du carnavalesque mai 68 vinrent finalement s’échouer dans une campagne de pub de la grande distribution : « il est interdit d’interdire de vendre moins cher », clamèrent à l’occasion des quarante ans du mouvement l’agence Australie, en quatre visuels déclinant les « combats » de l'enseigne qui lui avait passé commande : parapharmacie, essence, culture et sacs plastiques jetables. « Sous les pavés, la consommation », personne ne fut ainsi plus éloquent quant à la postérité de 68 que le bien nommé Leclerc. Avant de venir s’échouer dans cette salutaire mise à nu, les tracts contenant les slogans les plus détonants de ce funeste mois étaient passés, il est vrai, par quelques expositions à Beaubourg pour bobos nostalgiques, et avaient battu quelques records à Drouot, entre un vinyle des Beatles et une planche de Tintin. Les spécimens les plus brillants de la génération 68 qui s’étaient illustrés tout en braillant ni Dieu ni maître rue des écoles indiquaient par là où se trouvaient ses dieux et quels étaient ses véritables maîtres à penser.

Alors que l’Assemblée Nationale s’apprête une fois de plus à dilapider les voix et les sous des contribuables en de vains débats, la contestation de la loi El Khomri  [dont personne ne dénonce véritablement les pires méfaits][1], se poursuit dans la jeunesse, aiment à commenter sur les plateaux des chaînes infos les spécialistes de la vie politique française. Ils auraient aimé, ces spécialistes-là, avoir autre chose à se mettre sous la dent que la lassitude des riverains et l’exaspération des commerçants devant les scènes de casse et de dégradation. Il est certain, au passage, que si en lieu et place de Nuit Debout, un mouvement organisé par l’extrême droite eût porté sur la place publique la nécessité pour la France de quitter au plus vite la zone euro, peut-être que Hollande, Valls et ses sbires auraient commandé une évacuation manu militari des lieux. Sans doute les éminences socialistes espéraient-elles, au moment où, comme la comique ministre de l’Education Nationale, mi clown, mi garçon manqué, toutes exprimaient à demi-mots leurs soutien pour ce mouvement naissant, l’éclosion de je ne sais quel Podemos versus Marianne. Ils n’eurent qu’une « kermesse au milieu de l’indifférence », comme l’académicien Finkielkraut  le fit sagement remarquer.

Mais une kermesse, même insignifiante [ qu’est-ce qui a le pouvoir de signifier un peu plus qu’une image dans cette société du spectacle, dont le fondement est  la défaite de toute pensée? ] se doit d'avoir aussi ses slogans. Un slogan, c'est comme un selfie, un instantané de la vacuité qui passe avant de rejoindre l'insignifiant néant d'où il est sorti. Et j'avoue que ces deux visuels placardés à l'entrée d'un lycée par un vaillant militant, parce qu'ils expriment toute la stupidité des temps et toute la veulerie de ses dirigeants, méritent qu'on s'attarde sur eux quelques secondes. Parce que le slogan final par lequel se clôt la litanie pour décérébrés dysorthographiés qui clôt le second, oui, est vraiment collector...

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[1] l'article 6 stipule que «la liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées par l'exercice d'autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l'entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché.» Ainsi, le transfert des fêtes religieuses chrétiennes vers les fêtes musulmanes est en cours et l’islamisation des mœurs se met en place avec la bénédiction de ce gouvernement d’islamo gauchistes corrompus

mardi, 12 avril 2016

Agé de tant de baptêmes

Flotte dans toute la prose de Chateaubriand une rêverie intrinsèquement catholique et romaine qui trouve son point d’orgue dans cette citation des Mémoires où il est question de Milton : « Ce fut un événement mémorable, lorsque le XVIIe siècle députa son plus grand poète protestant et son plus sérieux génie pour visiter, en 1638, la grande Rome catholique. Adossée à la croix, tenant dans ses mains ses deux Testaments, ayant derrière elle les générations coupables sorties de l’Eden, et devant elle les générations rachetées descendues du Jardin des Oliviers, elle disait à l’hérétique né d’hier : Que veux-tu à ta vieille mère ? »

Celles et ceux qui apprécient le mémorialiste reconnaîtront tout de suite l’ironie avec laquelle il emploie le verbe « députer » pour personnifier un XVIIe siècle déjà bien coupable à ses yeux, comme aurait dit Philinte, ainsi que les déterminants possessifs « son ». Quand il voyage, François René est toujours sur les traces de quelqu’un, le Tasse à Ferrare, Byron à Venise, Milton à Rome, dont il doit en quelque sorte éprouver la majesté et finalement défier la grandeur pour mieux la relativiser. Députa, donc. Le mot choit du bout des lèvres, ou plutôt d’un coin de l’esprit, tout vif. On l’entend crisser sous la plume, comme pour déjà banaliser en creux ce voyage de l'auteur du Paradise Lost  qui, si grand poète et si sérieux génie fût-il, ne peut que l’être trois notes et trois nuances en-dessous de François-René que personne, jamais, n’aura jamais ainsi « député ».  A ce verbe, se faisant l’écho d’un dédain plus affirmé, répond « né d’hier » à la fin de l’extrait. Milton, l’ainé, se retrouve en raison de son protestantisme hérétique le cadet, en quelque sorte… le cadet de Chateaubriand qui parait soudain,âgé de tant de baptêmes, aussi vieux que Rome.

Une prosopopée hardie fait de la « grande Rome catholique » une sorte de poste de douane entre-deux mondes, avec un « derrière » et un « devant », des générations perdues d’un côté, rachetées de l’autre. On croit voir se dresser, face aux figures suggérées d’Adam chassé hors de l’Eden et du Christ méditant à Gethsémani, celle de Constantin jetant le paganisme dans les eaux du Tibre du pont de Milvius. Et Milton soudain paraît bien seul. Et Milton paraît bien jeune. Et Milton paraît bien petit. Rétréci dans le sein même de l'histoire avec un H majuscule. C’est le génie de Chateaubriand de parler ainsi à travers et à partir de l’histoire, d’épouser d’un trait de plume sa grandeur. « Les grands artistes, nous dit-il, à leur grande époque, menaient une toute autre vie que celle qu’ils mènent aujourd’hui : attachés aux voûtes du Vatican, aux parois de Saint-Pierre, aux murs de la Farnésine, ils travaillaient à leurs chefs d’œuvre suspendus avec eux dans les airs. Raphaël marchait environné de ses élèves, escorté des cardinaux et des princes, comme une sénateur de l’ancienne Rome suivi de ses devanciers et de ses clients. (…) Ces fameux artistes passaient leurs journées dans les aventures et les fêtes ; ils défendaient la ville et les châteaux ; ils élevaient des églises et recevaient de grands coups d’épée, séduisaient des femmes, se refugiaient dans des cloitres, étaient absous par des papes et sauvés par des princes » (2)

Comme Chateaubriand voyait en creux Michel Ange accroché à son échafaudage de la Sixtine en train de tracer les plis du manteau de Dieu, je crois le voir lui dans son exil d’après 1830, à Prague ou ailleurs, en train de défendre les châteaux de son vieux roi et d’élever l’ultime église où il avait déjà prévu de descendre, « un crucifix à la main ».

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Raphaël, Baptême de Constantin, Chambre de Constantin, Vatican

(1) Mémoires, 3°Partie, 2°époque, livre huitième, ch. 7

(2) Mémoires, 3°Partie, 2°époque, livre huitième, ch. 6

22:21 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : chateaubriand, milton, mémoires, paradise lost, rome, constantin, catholicisme, littérature | | |

mardi, 29 mars 2016

Résurrection 2

Ressentant en mon cœur une soif d’absolu, de paix, de dépassement incessant de toutes limites, et pour tout dire une véritable soif d’éternité, j’ai longtemps cherché parmi les normes terrestres ainsi que parmi les entorses à ces normes des manières de la combler. En dresser ici la liste serait fastidieux, inutile et douloureux tant je me suis confronté et parfois heurté en vain à toutes sortes d’êtres, d’idées, de comportements et de règles, animé par un désespoir de l’âme qui me fit à l’époque porter aux nues aussi bien Hölderlin que Dostoievsky, Céline que Lautréamont : disons que de la simple sensation à l’autosuggestion idéologique affirmée, j’ai épuisé beaucoup de chimères avant d’en revenir à ce que me soufflait à l’oreille raison la plus simple, et la plus nue : une telle soif d’éternité ne se pourrait étancher au sein de ce qui est mortel : inutile d’en quêter l’apaisement dans les choses de la vie finie, ce n’est donc qu’en passant par la mort que cette soif trouverait son apaisement. Facile à penser, me direz-vous, mais terrible à ressentir : Je vous l’accorde.

La vie chrétienne a cela d’antimoderne qu’elle s’éprouve telle une attente, me disais-je samedi soir au terme de la vigile de Pâques, alors que les diacres dévoilaient toutes les statues des draps violets qui les avaient recouvertes durant tout le temps de la Passion. Car le Christ est déjà ressuscité, que je ne suis toujours pas mort. Il est bien de ce point de vue l’alpha et l’Omega de toute vie spirituelle, comme le soleil est le commencement et la fin de toute journée, « avant que le monde fût »[1], celui qu’on ne cessera d’attendre et d’espérer. Je peux certes, en attendant de mourir tout à fait, commencer à mourir à moi-même, comme l’enseigne la vie de tous les saints. J’entre alors assurément dans un conflit avec le monde, conflit dont je me retrouve le seul à connaître toute la profondeur et tous les enjeux. Pour aller au Christ, écrivait Claudel, il y a le chemin de ce qui est clair et le chemin de ce qui est obscur, de ce qui direct et de ce qui est indirect, de ce qui est simple et de ce qui est nombreux, entremêlé, le chemin de la grâce, autrement dit, et celui du péché[2]. La proposition demeure avant tout romanesque, spectaculaire. Mourir à soi-même est un chemin quotidien qui manifeste moins de panache et consiste à laisser agir chaque jour la rencontre avec le Ressuscité, dans l’espoir de lui plaire.

Or l’idée qu’il nous faille passer par la mort pour être absolument comblé de joie est bel et bien à rebours de tout ce que cette époque, qui par toute la planète s’ingénie à effacer toute trace de nuit, préconise. On mesure alors tout ce qu’elle contient de luciférien. A cet effort de mourir à soi-même elle oppose en effet toutes les activités du développement personnel qui, pour peu qu’on les observe de près, ne sont rien moins que la recherche effrénée d’une solution dans toutes sortes d’activité, à l’endroit même par conséquent où demeure le problème.

A l’humilité qui plait à Dieu, l’époque oppose le culte de la prouesse, de la réussite, de la performance. A la liberté que donne Dieu, elle substitue un assistanat sous condition, à la palette des choix fondamentaux, la soumission à la gamme superficielle de ses options. A la vérité, elle oppose son exact contraire.

Car en nous immergeant dans le constant déni de notre propre mort, cette société luciférienne, dans son ensemble, nous contraint sans cesse au mensonge sur notre propre nature. Niant notre mortalité, comment s’étonner que nous ne parvenions plus, dès lors, à nous confesser pécheurs ? Il nous faut trop souvent, hélas, la perte d’un être cher pour découvrir toute l’immensité de ce déni que le diable qui, niant le péché, nie aussi la mort, a gravé en nous. Ou que, sur notre propre corps, nous découvrions un matin la trace palpable d’un nouveau pas vers notre vieillissement, imperceptible d’ordinaire. Nous comprenons alors que pour être heureux du lent acheminement vers la mort qu’est notre existence physique, il nous faudrait accepter déjà en notre corps la présence du cadavre qu’il deviendra un jour :  telle est la leçon de Lazare (revenu à la vie, et non ressuscité), tel est aussi celui du memento mori de la Genèse. Ce cadavre qu’on maquille, aseptise, cache, brûle, occulte témoigne pour le plus profond de nous-même que « poussière, tu redeviendras poussière… ». Le premier travail de la société luciférienne est ainsi d’occulter de nous la conscience de notre condition réelle sans quoi nul bonheur n’est possible :  oui, le premier mensonge par lequel cette société nous lie au mensonge qu’est son mode de vie est bien le déni de la mort. C’est ce mensonge là que la Résurrection du Christ, fruit de sa Passion, vient profondément déranger.

Car de morale ou religieuse, la question est devenue entretemps existentielle : Niant notre mortalité, nous nions aussi toutes les traces du péché originel et donc toutes les possibilités de Rédemption. Nous devenons des infirmes, pour ne pas dire des damnés, nous nous excluons du cœur même de la Trinité. Nous tournons le dos au Christ qui, au moment d’accepter sa mort, pria ainsi son père pour lui-même, ses disciples, pour la communauté des croyants : « Père l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie (…) La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean – 17, 1-3)

Au christianisme, donc, cette société luciférienne oppose sa propre religion falsifiée, celle d’un humanisme sans Dieu. Les vertus y deviennent des valeurs. La charité envers le prochain se mue en respect pour la personne, et l’on appréciera le saisissant passage du concret à l’abstrait. La fraternité, qui va de soi pour tout chrétien, si l’on se souvient que le Christ lui-même a porté son Père aux Gentils, aux Païens, aux non-Juifs, se mue en un antiracisme lui aussi devenu un prétexte creux pour sacraliser l’homme – quelle que soit sa couleur ou sa différence, qui passe au second plan. La tolérance envers toutes les minorités – puisqu’ils sont hommes, ils sont forcément parfaits –  tient du même mimétisme, relève de la même soupe. Le credo magique de cette nouvelle religion d’état étant l’amour [il y avait une pensée unique, voilà que s’impose à nous le sentiment unique], ceux qui résistent, protestent ou s’opposent sont forcément des semeurs de haine. Quant à l’ordre, n’étant plus inspiré ni maintenu par le Père, il l’est par César et ses caricatures. Dès lors, de divin, il devient dictatorial. Un stade de France cerné de tireurs d’élite censés intervenir en cas d’attentats pour sécuriser des spectateurs venus voir des footballeurs et sollicitant eux-mêmes la fouille au corps pour entrer dans l’arène, c’est quelque chose comme le Colisée, vous l’avouerez, mais en pire. En bien pire, l'Empire…

Le Christ est-il encore parmi nous ?

(A suivre…)

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[1] Jean – 17, 4

[2] Voir le monologue du jésuite dans la première scène de la première journée du Soulier de Satin,

19:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stade de france, attentats, christ, religion, littérature | | |

vendredi, 25 mars 2016

Retour à Bron (3)

Je découvre dans la presse que l'islamisation de la Tunisie procèderait de l'arrivée au pouvoir d'Ennahda en 2011. Cela me rappelle les âneries que les ministres et journalistes jettent du matin au soir en pâture à l'opinion en France, en expliquant, main sur le cœur, qu'Islam et République sont compatibles. Or, si Ennahda a pu arriver jusqu’au pouvoir, c'est que l'islamisation de la société tunisienne s’était déjà produite depuis longtemps, favorisée par des politiques de tolérance plus que douteuses. Idem, hélas avec la société française. Songer que Sapin s’en prend à la Belgique qui aurait laissé croitre des Molenbeeck en son sein : Le culot et l’incurie de ces gens donnent des frissons ! 

A titre de témoignage, ces photos de l'église Saint Etienne à Bron, où un cardinal mort depuis (qu'on n'hésitera bientôt plus à traiter de pédophile, au train où va la propagande), m'a solennellement confirmé. A l'époque, je trouvais déjà que si la France n'avait plus que de telles horreurs en béton à consacrer à Dieu, il devait y avoir un lézard quelque part. Comment imaginer alors un mal si profond ?



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Le rideau de fer a chu sur l'église de ma confirmation qui ressemble à un entrepôt désaffecté des pays de l’Est

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Une pancarte de fort mauvais augure, sur le mur du côté droit de l'église. Le « grand remplacement » aurait-t-il en catimini commencé ? Faut-il attendre qu’un parti musulman se présente à la présidentielle pour évoquer tous les risques que l’islamisation de la société opérée par la gauche au pouvoir fait courir au pays ?

La propagande d'État est telle qu'en parlant ainsi, on risque de passer pour un dangereux provocateur. Ils ont inventé ce concept d'incitation à la haine, comme si eux-mêmes invitaient à l'amour, alors que nous ne faisons qu'inciter à la raison en constatant les méfaits de leur politique et en dénonçant les amalgames dont eux-mêmes se rendent coupables en proclamant que tout se vaut. Non tout ne se vaut pas : sur le plan théologique, qu'ils me prouvent par exemple que la Passion et le sacrifice du Christ valent les rodomontades de Mahomet. Alors seulement je commencerais à accorder quelque crédit à leurs sophismes, et quelque légitimité à leur gouvernement.

 

mercredi, 23 mars 2016

Retour à Bron (2)

Comme midi avait sonné, je suis rentré dans la brasserie de la place, encore presque vide. Au plat du jour, tête de veau sauce gribiche  : du facile à mâcher qui tombait bien, en raison de sérieux ennuis dentaires qui m'assaillent en ce moment. Accompagnée d'une fillette de gaillac, ça irait. Autre point fort de l'endroit, pas de télé gueularde suspendue dans un coin. En face de moi, une photo de Doisneau représentant Prévert attablé dans un coin du Luxembourg, dirait-on, un chien noir à ses pieds. Prévert, c'est curieux, je pensais à lui pas plus tard que ce matin. Je me disais  :  "Notre Père qui êtes aux cieux, restez- y ..., faut-il être con pour penser des trucs pareils." Me fait penser au type qui se noit, submergé et fier de l'être et lance à des gens qui tentent de le tirer de là  : "la paix, les gars, foutez-moi la paix..." Mais tout à été dit à ce sujet, pas nécessaire d'y revenir. Prévert croule en paix. Je n'ai pour ma part jamais pris ce gars pour un poète, ni le petit œuf, ni rappelle-toi Barbara, ni surtout ces inventaires gratuits. Prévert, c'est le commencement de la poésie pour tous, de la langue d'instituteur ; c'est le commencement désastreux de la fin. Mais bon. Il fait beau dehors, la tête de veau est tendre et bien cuite et je ne suis pas à Bron pour parler Prévert....

L'école un peu plus loin. La où justement on m'entretenait jadis de Prévert, sans vraiment me convaincre. Pas trop bougée en apparence, jusqu'au pré vert qui servait et sert toujours de terrain de sport à ses côtés. En apparence seulement, au su des programmes qu'on y suit depuis que 40 ans de réformes destructrices se sont engouffrées sous son toit. Bien changée l'école, au vu de ces mères voilées se dispersant alentour, une fois leur marmaille confiée aux bons soins de la République. La République est bonne mère pour Allah, décidément ! Faut bien être adepte du hollandisme déclinant pour imaginer un seul instant que l'Islam lui rendra la monnaie de sa pièce... Tout ça tient, n'en déplaise aux illusionnistes de la gauche maçonnique, du « grand remplacement » cher à Renaud Camus. Qu'aurait fait ma mère face à une telle situation ? Trop démunie pour m'inscrire dans le privé... On en revient sans cesse au même et sordide levier de manipulation des peuples dans laquelle une certaine gauche prétendument morale et scandaleusement donneuse de leçons excelle.

J'approche justement de Bron Terraillon, terrains de jeux de l'illustre Benzema, qui furent miens jadis. Comme quoi en ces banlieues socialistes mieux vaut collaborer avec le système en apprenant à taper dans un ballon qu'à tenter de le contester en apprenant à manier la plume. Zemmour à raison : Sur les boîtes aux lettres de l'immeuble aujourd'hui rénové où vécut ma mere, rares sont désormais les Dupont et les Martin. Une impression désagréable, de dépossession se saisit de moi. Par une fenêtre,  les vociférations d'une télé : en pleine semaine sainte, on ne parle encore que de l'état islamique.  Et tous ces idiots qui font mine de n'y voir que du feu... Je ne sais si Allah est grand. Mais je le trouve particulièrement envahissant. 

A suivre

 

15:16 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bron, prévert, littérature, doisneau, renaud camus, benzema, zemmour | | |

mardi, 22 mars 2016

Retour à Bron

Le hasard m'a reconduit en saint-Saint-Denis de Bron, l'église où j'ai reçu la première communion. J'avais oublié la formidable rusticité du lieu. Loin de Saint-Ignace à Rome ou même de Saint-Denis en Croix-rousse ! Sobriété d'une croix en fer forgé noir, dont se contente le Christ, à laquelle est accrochée une branche de rameaux verte. Quelques jonquilles sur l'autel et sur le sol un vase de genets. Les bancs sont en bois clair. Où se sont dispersés celles et ceux qui à mes côtés portèrent, chacun en aube blanche également leur cierge jusqu'à l'autel, ce jour-là ? Et leurs proches qui occupaient ces bancs ?  Pour quelques mois encore, guère plus, on lisait encore la messe en latin. Grands-parents, parents, parrain, marraine, tous sont partis, quel étrange ballet que cette vie. Dans l'église déserte d'hommes demeure un grand calme que strient du dehors quelques notes aiguës d'oiseaux.

Mon âme attend le Seigneur, dit-on dans le De Profundis, « plus sûrement qu'un veilleur attend l'aurore » Ce qui veut dire que nous devons être plus certains de l'amour du Christ et de sa Résurrection que de l'existence de cette lumière matérielle qui tombe de ces vitraux transparents. Nous devons être plus assurés de la vie surnaturelle  que de la naturelle. Les chants d'oiseaux passeront. Cette église charmante dont tout a coup la colombe du vitrail jaune du fond me revient à l'esprit tandis que je la regarde, si bien que je me sais plus si je la contemple du point jadis ou du point de maintenant, cette église de Bron passera à son tour. Le sacrifice du Christ demeurera éternellement, peut-être pas dans la mémoire de tous, mais du moins dans celle de quelques-uns qui suffiront à constituer une multitude . Ce surnaturel prépondérant, c'est aussi lui que nous acclamons quand nous chantons avec Thomas d'Aquin dans son Tantum ergo, « que la foi supplée à l'insuffisance des sens»...

D'ici, comme tout ce qui se passe actuellement à Bruxelles paraît lointain ! Irréel  ! Je le sais, bien sûr, j'en suis informé, c'est tout. Je l'ai appris de ce smartphone sur lequel je compose ce texte. Familières, les cloches de Saint-Denis sonnent douze, tout comme autrefois. Et le joyeux carillon se met en branle. C'est le moment de publier ce billet...

(à suivre)

 

mercredi, 09 mars 2016

Saints de France et Chrétiens d'Orient

Je prie le front terni par la honte

Pour ces Chrétiens réchappés de la nuit

De l’Orient lâchement islamisé.

Marie, souriante au cœur, vive au bonheur,

Marie, ne permets pas qu’ils tombent.

 

Comble leur soif, leur faim sur les routes,

Apaise leur sommeil dans les camps.

Par l’onction que ton Fils reçut à Béthanie,

Par le cri qu’il poussa sur la Croix

Marie, ne permets pas qu’ils meurent

 

Et Vous, Saints du propre de  France,

Sainte Bernadette de Soubirous, saint Géry de Cambrai,

Saint Sulpice de Bourges et saint Nizier de Lyon,

Saint Julien du Mans et saint Hugues de Cluny,

Saint Roch de Montpellier et saint Germain d’Auxerre,

Saint Séverin de Paris et sainte Louise de Marillac,

Sainte Germaine de Pibrac et sainte Colette d’Amiens,

Saint Jean François Régis, apôtre du Velay,

Saint Martial de Limoges, apôtre d’Aquitaine,

Saint Frézal du Gévaudan, sainte Thérèse Couderc,

 

Sainte Jeanne Jugan de Cancale,

Saint Jean Vincent de Paul, aumônier des galères,

Saint Jean Baptiste de la Salle, saint Rémi de Reims,

Saint Léon de Carentan, sainte Geneviève de Nanterre,

Sainte Thérèse de Lisieux, saint Jean-Marie Vianney,

Saint Denis et ses compagnons,

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort,

Tous les Saints de Louis le Prudhomme  à Jeanne la Pucelle,

Réveillez ce pays vide de sens de son apostasie.

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08:21 Publié dans Des poèmes, Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chrétiens d'orient, france, littérature, poésie | | |