mardi, 22 mars 2016
Retour à Bron
Le hasard m'a reconduit en saint-Saint-Denis de Bron, l'église où j'ai reçu la première communion. J'avais oublié la formidable rusticité du lieu. Loin de Saint-Ignace à Rome ou même de Saint-Denis en Croix-rousse ! Sobriété d'une croix en fer forgé noir, dont se contente le Christ, à laquelle est accrochée une branche de rameaux verte. Quelques jonquilles sur l'autel et sur le sol un vase de genets. Les bancs sont en bois clair. Où se sont dispersés celles et ceux qui à mes côtés portèrent, chacun en aube blanche également leur cierge jusqu'à l'autel, ce jour-là ? Et leurs proches qui occupaient ces bancs ? Pour quelques mois encore, guère plus, on lisait encore la messe en latin. Grands-parents, parents, parrain, marraine, tous sont partis, quel étrange ballet que cette vie. Dans l'église déserte d'hommes demeure un grand calme que strient du dehors quelques notes aiguës d'oiseaux.
Mon âme attend le Seigneur, dit-on dans le De Profundis, « plus sûrement qu'un veilleur attend l'aurore » Ce qui veut dire que nous devons être plus certains de l'amour du Christ et de sa Résurrection que de l'existence de cette lumière matérielle qui tombe de ces vitraux transparents. Nous devons être plus assurés de la vie surnaturelle que de la naturelle. Les chants d'oiseaux passeront. Cette église charmante dont tout a coup la colombe du vitrail jaune du fond me revient à l'esprit tandis que je la regarde, si bien que je me sais plus si je la contemple du point jadis ou du point de maintenant, cette église de Bron passera à son tour. Le sacrifice du Christ demeurera éternellement, peut-être pas dans la mémoire de tous, mais du moins dans celle de quelques-uns qui suffiront à constituer une multitude . Ce surnaturel prépondérant, c'est aussi lui que nous acclamons quand nous chantons avec Thomas d'Aquin dans son Tantum ergo, « que la foi supplée à l'insuffisance des sens»...
D'ici, comme tout ce qui se passe actuellement à Bruxelles paraît lointain ! Irréel ! Je le sais, bien sûr, j'en suis informé, c'est tout. Je l'ai appris de ce smartphone sur lequel je compose ce texte. Familières, les cloches de Saint-Denis sonnent douze, tout comme autrefois. Et le joyeux carillon se met en branle. C'est le moment de publier ce billet...
(à suivre)
12:06 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruxelles, bron, saint-denis, littérature, thomas d'aquin.de profundis |