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dimanche, 31 mars 2013

La peur et l'étonnement

Quoi de plus lyrique, quoi de plus rationnel également, que cette découverte du tombeau vide, tel que le texte de Luc le relate ? Les femmes, tout d’abord, le découvrent. Elles sont perplexes, puis saisies d’effroi. Exhortées par les anges qui apparaissent, elles se souviennent alors des paroles du Christ : « il faut que le Fils de l’Homme se relève de la mort le troisième jour ». Elles se souviennent de ces paroles et elles sont rassurées.

Alors elles vont voir les apôtres.

Les Onze qu’elles rencontrent pensent qu’elles radotent. Ils sont incrédules. Peut-être même moqueurs. Pierre se rend à son tour au tombeau et le découvre vide : il en revient étonné.

En quelques lignes, les sentiments humains fondamentaux sont ainsi égrenés.

Devant l’inconnu, la perplexité.

Devant l’effroi, le souvenir, le recours à la parole, l'amour.

Devant l’irrationnel, la moquerie.

Devant l’incompréhensible, l’étonnement.

Ce récit, indépendamment de ce qu’il conte, ordonne les instants de la vie intérieure, en en fixant les seuils et les passages de l’un à l’autre. C’est pour cela qu’il est un acte de raison. En son centre, un grand absent, celui qui, métonymiquement, n’a laissé que des « linges » et qui, à partir de ce jour, parce qu’il devient vraiment un mystère, domine la scène en devenant le grand présent.

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Fra Angelico, La Résurrection du Christ 

(couvent de San Marco, Florence.)


samedi, 30 mars 2013

Courts métrages

Les Courts métrages de Jean Jacques Nuel se proposent à la lecture (silencieuse ou à voix haute) tels de petits textes centrés sur un personnage (le Caméléon), un lieu (Le passage du temps) une situation (l’Amant de Thérèse)… On pourrait dire que Nuel est à la fois  l’homme des incipits et des clausules : chaque texte, en effet, en trois ou quatre phrases, saisit un élément du Réel qu’il enserre entre un début et une fin, comme le clip/clap d’une même prise de vue ; d’un texte à l’autre, la sensation de décousu qui pourrait naître du recueil s’estompe au fur et à mesure que se fabrique une vision du Réel propre à l’auteur.

Dans l’univers de Nuel, l’homme est pris au piège du mécanisme qu’il a mis en route et dans lequel, tout en se survivant à lui-même, il est condamné au mieux au surplace, au pire à la régression. D’où l’impression qui se dégage, mêlant un zest d’humour pince sans rire à un zest de fantastique diffus, une nostalgie sans lyrisme à une observation pointilleuse du Réel : Le dernier texte, qui met en scène un périphérique se resserrant chaque année  « d’un minuscule cran de sept mètres » autour d’une agglomération est à ce titre emblématique du recueil ; un recueil de 80 brèves, pour 80 jours, à découvrir en prenant son temps.

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Courts Métrages, de JJ Nuel, Ed. Pont du change, Lyon, 2013

On peut par ailleurs retrouver des textes de  Jean Jacques Nuel sur La Cause Littéraire ainsi que quelques Courts métrages sur You tube :


08:39 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, nuel, courts-métrages, pont du change, lyon | | |

mercredi, 27 mars 2013

Embolie

Il était seul dans l’appartement ce matin-là, quand le réveil sonna. Sept heures trente, presque : la perspective de retrouver le bureau, les dossiers, les collègues, après le long week-end qui venait de s’écouler ne le réjouissait guère. Cela traçait devant ses pas sur le parquet comme un sentier étroit, un obstacle à son réveil. Il se leva cependant, pâteux de l’esprit comme de la bouche. Un sentier qui le conduirait au bureau aussi surement que le soleil se lève et se couche, ou que toute trajectoire peut se réduire à la ligne droite.

Il avait ôté tous les vêtements de la nuit et s’apprêtait à enjamber la paroi de la baignoire lorsqu’une douleur fulgurante emplit la partie droite de sa poitrine. Il dut poser le pied sur l’émail et demeura un instant dans cette position stupide, une jambe dans la baignoire et l’autre sur le carrelage de la salle de bains, la main au thorax, le sourcil froncé et des larmes lui montant aux yeux.  Le cœur ? Cela se pouvait-il, sur ce côté-là ? A moins que cela ne fut nerveux, mais quelle obscure raison ? Sa première impression fut que c’était sérieux, très, même. Il parvint à sortir sa jambe gauche de la baignoire, entrevit son visage dans la glace. Eméché, pas rasé, l’animal.

Il ouvrit le robinet du lavabo, s’empara d’un gant et entama ce qu’on appelait jadis une toilette de chat, histoire de ne pas puer, au cas où.  L’évidence d’un pressentiment contre lequel il luttait tout en s’y abandonnant, qu’il aurait sans doute besoin d’être malgré tout présentable. Cette pensée le reconduisait au bureau. Pouvait-il s’y rendre comme cela, la chevelure aussi sale ? Il s’empara d’un flacon, fit couler avec sa paume droite de l’eau sur ses cheveux, de l’autre quelques gouttes de shampoing. Les bras ainsi levés, la douleur s’estompait. La fraîcheur de l’eau, juste ce qu’il fallait de mousse, le parfum du shampoing le rassérénait. C’était certes absurde de se laver les cheveux ainsi debout entre deux arrivées d’eau, mais il pouvait encore se dire que le train-train habituel n’était encore perturbé par rien qui serait définitif.

Pourtant, lorsqu’il se pencha en avant pour se rincer avec le pommeau de la douche, il crut défaillir, comme si la douleur revenue le poussait en avant dans la baignoire. Coup du lapin. Ce deuxième assaut eut raison de ses doutes : la douleur cette fois-ci ne passait plus. Appeler les pompiers ? Pour récupérer et passer  un à un ses vêtements, il économisa au mieux ses gestes et ses efforts. Les pompiers risquaient de tarder et comment entreraient-ils dans l’appartement s’il s’effondrait entre temps ? Téléphoner à un ami qui habitait non loin, c’était prendre le même risque. Il fallait pourtant agir, avec au-dedans cette douleur au côté droit dont il se demandait à présent si ça ne montait pas de l’estomac. Il emplit de croquettes le bol du chat, dans l’idée qu’il risquait d’être absent plusieurs jours.  Il se dit que le mieux était de ne déranger personne, ni ami ni pompiers, mais qu’il était urgent de quitter ce lieu où il n’était visible de personne.

En portant sa main au thorax, il descendit à petits pas les escaliers de l’étage. En poussant la lourde porte en bois de l’immeuble, il ressentit une très nette difficulté pour respirer. C’était sérieux, que croyait-il ? En même temps, l’idée que son corps le lâchât d’un coup ne lui était pas familière, comme l’étaient, par exemple, l’odeur et la chaleur de ce trottoir. Il pouvait bien faire  quelques pas encore, jusqu’à l’arrêt du bus d’en face, dedans il y aurait une place assise, et quelques arrêts plus tard, il serait en sécurité à l’hôpital. Il ne dérangeait ainsi personne, ne prenait pas le risque de se ridiculiser pour le cas où tout ça ne serait que crampes, et satisfaisait quand même aux injonctions de plus en plus pressantes intimées par son instinct de survie. Cet état curieux, froid, insensible, méthodique, qui n’exigeait que de l’efficacité. Ici, il était visible. Qu’il tombât, on le ramasserait.

C’était l’heure où chaque ouvrière de la ruche se rendait à son job. Lui aussi, ne s’y rendait-il pas ? Une partie de lui-même était en route, une autre assise là, sentait peser de plus en plus lourdement le poids de chaque instant,  avec la difficulté croissante pour se saisir d’un souffle nouveau. S’il voulait arriver à l’heure, il faudrait presser le pas. Ne lui venait nullement à l’esprit que sa journée avait déjà  bifurqué vers autre chose, même si très lucidement il attendait ce bus qui l’arrêterait juste devant l’hôpital Il se disait qu’après une consultation aux urgences, renseigné sur son état, ce ne serait qu’un minime retard. Avait-il sur lui son portable ? Tâtant les poches de son veston, il fut rassuré d’y palper son relief, son portefeuille également, sa carte vitale. Ouf. Malgré cette lourdeur écrasante dans la poitrine, il pouvait donc encore reposer sur quelques automatismes, compter sur eux, hein : que se serait-il passé si sa carte vitale n’était pas toujours dans son portefeuille, son portefeuille dans sa veste, et ainsi de suite. Son portable, pour prévenir tout à l’heure le bureau de son retard ? Euh Euh… Il devait être un peu plus de huit heures du matin, la rue emplie de bagnoles et de leurs klaxons, ça pue terriblement, les uns dans une file, les autres dans une autre, la même direction. L’air lui venait encore, bien sûr, nécessitant de sa part de plus en plus d’attention, de plus en plus d’efforts. Dès qu’il bougeait le bras, la  douleur dans le thorax s’engouffrait. Le bus ne venait pas. Pouvait-il tenter d’aller à pieds ? Au fond, l’hôpital ne se trouvait qu’à un quart d’heure de marche.

 

Quelques pas suffirent à le convaincre du caractère hasardeux de l’aventure. Il serait plus sage de se rasseoir et d’attendre, décidément. Qu’il tardait, ce foutu bus !  Son regard se posa sur ses carreaux du premier, juste en face. Ils étincelaient. La veille, il avait pris le temps de nettoyer toutes les vitres. Son regard se figea.  On venait  de l’arracher à ce lieu. Son lieu. Leur lieu. On ? Qui était ce on ? Il songea qu’il serait ridicule qu’il mourût au printemps, quand sa saison préférée était l’automne. Pourquoi, foutre, tout le monde est-il entiché de ce printemps ? Détestable est le printemps ! Le printemps n’est qu’un commencement, quand l’automne est la véritable origine, dans l’humus nourricier. Il regardait ces fenêtres, dont une force douloureuse entre ses cotes venait de l’extirper, le bus ne venait pas, personne qu’il connût aux alentours. Peut-être était-ce mieux qu’on ne le surprît point dans cette étrange situation. Interloqué, il songea à l’humus nourricier. Tous au trou, in fine. L’idée qui l’avait souvent fait sourire lui serrait à présent le cœur. A moins que ce ne fut le manque d’air. La pollution, partout. Là-bas, il reconnut le bruit de ce moteur contre lequel ils avaient souvent pesté en regardant la télé, fenêtres ouvertes. Le bus qui passait juste sous leurs fenêtres. Fallait-il la prévenir ? Inutile de l’inquiéter, non plus, avant d’être  sûr de quelque chose. Il fit un signe au chauffeur. Jeta un dernier coup d’œil aux carreaux sur lequel rebondissaient les rayons du matin. Pria pour les revoir, lorsqu’ils furent mangés par un tournant de la rue peut-être décisif. 

21:15 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : embolie, santé, littérature, nouvelle, croix-rousse, hopital | | |

lundi, 25 mars 2013

Monsieur 31%

Monsieur 31%, prétendument « président pour tous », a réussi l’exploit de se foutre à dos en quelques mois :

- ses « alliés » du front de gauche, qui traitent aujourd’hui son ministre des finances de salopard.(1)

- les évêques de France et les dignitaires des principales religions qui, un dimanche des Rameaux, mobilisent contre sa réforme absurde des centaines de milliers de gens autour de l’Arc de Triomphe.

[Hasard ou pas, juste avant la première manif, la France rentrait en guerre au Mali. Juste avant celle-ci, Sarkozy est inculpé (ndrl).]

Monsieur 31% est pitoyable. 

Alors, il se pose la question du renouement du dialogue encore possible avec l'opinion. Un dialogue qui ne soit pas une opération de communication de plus, comme les stratèges du novlangue PS en ont le secret depuis la Génération Mitterrand et autres fadaises.

Ce monsieur 31%, comme son prédécesseur, gouverne contre la majorité des Français qui ont rejeté la constitution européenne en 2005.

Il gouverne par ailleurs contre tous les Français, majoritairement de droite - mais pas seulement-, qui s’inquiètent à juste titre de la redéfinition de la filiation qu’entraîne à long terme sa loi inique et corporatiste.

Monsieur 31%, qui est arrivé à se faire élire ric-rac sur la détestation incessamment médiatisée de Sarkozy  - manœuvre maintes fois dénoncée ici – a une légitimité aujourd’hui fort contestée, sur sa gauche comme sur sa droite. C’est un politicien fade, qui s’appuie sur un seul parti, pour quelques mois hégémonique encore dans les mairies et les régions, un parti influent et richissime, certes, mais d’ores et déjà promis à une belle faillite électorale : le parti socialiste d’Epinay bricolé pour Mitterrand il y a des années.

On attendrait d’un chef d’Etat rassembleur, d’envergure, qu’il fasse appel au référendum, sur une question sociétale remettant en cause les droits de la filiation comme sur la politique financière de son gouvernement, au sein d’une zone euro qui – il est vrai -n’a jamais eu de fonctionnement démocratique.

Monsieur 31% adresse au pays jeudi soir son énième discours communicationnel, si l’on compte tous les mensonges de campagne.

L’homme qui tient à rester dans l’histoire comme le président du « mariage gay » a-t-il choisi par hasard d’occuper le terrain médiatique un jeudi saint ?

Moi qui ai appris depuis longtemps à préférer la parole liturgique à la parole politicienne et au blabla socialiste, j’aurai évidemment ce soir-là mieux à faire que d’écouter ses balivernes.

De toute façon, la presse, à la botte du pouvoir en place (quel qu’il soit),  répercutera suffisamment son discours pour qu’on sache à quoi s’en tenir. Monsieur 31% s’honorerait d’être un peu moins sûr de son fait et un peu moins autiste. Mais, comme son prédécesseur qui l’obsède étrangement au point qu’il est bien sûr que « tu ne le reverras plus », Monsieur 31% est un politicien de parti, sectaire et indécis, peu libre de ses mouvements, sans doute empli de dettes envers les loges et les lobbys qui ont assuré son élection, et qui ne sait pratiquer que l’arrogance et le népotisme.

Rien à en attendre, par conséquent. Et le pire est à craindre pour la suite de ce quinquennat mal engagé. Car on ne peut gouverner un pays comme un parti, la France comme le PS sans provoquer des dégâts irréparables.

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1. Drôle, très drôle de voir les socialistes faire le coup de l'antisémitisme à l'un des leurs - l'un de leur ex, du moins...


07:05 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : hollande, mariage gay, manif pour tous, socialisme, pingouin, france | | |

dimanche, 24 mars 2013

Earth Hour : la rhétorique vaine du "sauvetage"

Earth Hour : de l’opéra de Sydney à la Tour Eiffel à Paris, les monuments qui font le monde ont été symboliquement éteints durant une heure hier soir, pour « sensibiliser la population » au réchauffement de la planète et aux économies d’énergie. On peut se demander au passage combien d’énergie aurait été économisée si, depuis 2007, date à laquelle cette opération de communication a débuté, tous les monuments avaient été effectivement éteints chaque nuit, été comme hiver. Ou si, plus simplement, on n’avait jamais pris cette habitude purement spectaculaire d’abolir la nuit dans nos cités, en éclairant pour rien des millions de bâtiments déserts, au frais du contribuable censé s'en enchanter.

Cette opération,  plus festive qu’autre chose, ressemble tellement aux grands prédateurs que nous sommes. Nous avons besoin de cette bonne conscience, collective et médiatisée, qui est le propre de l’indignation et de la lutte collective post modernes, pour nous déclarer non plus sapiens mais au moins encore un peu homo. Eteindre la lumière quand on quitte une pièce, jadis un acte de bon sens individuel et d’économie personnelle, aujourd’hui un geste de lutte écologique et d’engagement « pour sauver la planète » ! Comment ne voit-on pas que tout ce discours prétendument socialisant (« citoyen »), qui se veut celui d’une collectivité consciente de ses actes, parasite bien plus la prise de conscience de chacun qu’elle ne la motive. Earth Hour n’est rien qu’un jeu, à la fois ridicule et symbolique.

Ridicule parce que tout le monde sait qu’il ne change rien à la situation : on se donne le droit de continuer la grand gâchis planétaire, en se l’interdisant une heure, juste pour s’amuser en poussant des cris stupides devant le spectacle d'une tour Eiffel, retournant pour une heure à l'obscurité.

Symbolique, parce que représentatif jusqu’au dérisoire, de tout ce que les démocraties d’opinion et leurs dirigeants produisent comme mesures couteuses et inefficaces, que ce soit dans l’économie, la santé, la justice, le sociétal (comme ils disent).

Littéralement, tous ces « pingouins » en cols blancs, qui se croient si nécessaires parce qu’ils passent leur temps à « sauver »  (la planète, l’euro, les emplois, les retraites…), dans une rhétorique du naufrage qui pue en réalité les détournements de fond et les financements occultes, ne sont que des prédateurs du Bien public.  D'une affaire à l'autre, d'un scandale à l'autre, à gauche comme à droite, chacun le dit, chacun le sait, et tout le monde continue à s'engager dans l'illusion colllective que génèrent leurs discours, sans cesse et partout martelés . A quand leur extinction définitive, le retour salvateur à la nuit noire de l'âme ?

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09:45 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : earth hour, politique, tour eiffel, opéra de sydney, société | | |

vendredi, 22 mars 2013

Et maintenant, la sexualité des handicapés...

« On s'occupe de l'accès aux transports, du droit au logement, mais cet accès à la sexualité est un impensé total ». Jérôme Guedj, élu socialiste, entend bien rouvrir le débat sur « la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap ». C'est une vieille lune qui ressort régulièrement : en 2010, une proposition de loi avait déjà eté faite par Jean François Chossy, député UMP.  Par ailleurs, il y a longtemps que, dans les foyers, les éducateurs volontaires soulagent, comme on dit pudiquement, la libido des handicapés ou bien aident les couples qui se créent à mener à bien leurs ébats lorsqu'ils n'y parviennent pas seuls.

Il y a ceux qui évoquent à nouveau une « initiative citoyenne »,  comme la vice présidente de l’association des paralysés de France, qui parle du droit à la jouissance comme le« dernier droit à conquérir pour les personnes en situation de handicap » Il y a ceux qui crient à « une forme de prostitution », comme la député de l’Essonne, Maud Oliver, qui explique que « répondre à l’isolement et aux souffrances des personnes handicapées par une service de nature sexuelle porte atteinte à leur dignité ». La porte parole de Osez le féminisme ne peut évidemment restée non plus muette (1) et explique « qu’une femme n’est pas un médicament pour un homme ». Le sénateur de l’Essonne parle carrément « d’une atteinte inacceptable aux droits et à la dignité despersonnes humaines.

Ce qui me turlupine pour ma part, ce n’est pas tant d’être pour ou contre, une fois de plus (2), car les deux positions peuvent en effet donner lieu à arguments valides. Ce qui me turlupine, c’est que l’Etat s’en mêle. Jérôme Guedj, après Jean François Chossy, ne veut-il pas faire parler de lui, plutôt que de la sexualité des handicapés ? Là réside plutôt la question. Dans ces hommes et ces femmes politiques qui s’emparent du sociétal (comme ils disent) pour occuper le champ médiatique de débats, épaulés par telle ou telle association, afin de laisser leur nom à une ordonnance ou à une loi, faire carrière, comme on dit.

Pour le trancher net, dirait l’Alceste de Molière, l'exploitation politique du sociétal fait tout simplement chier. L’Etat n’a pas à se mêler de tout, à statuer sur tout, à définir quel est le bien, le mal, le juste, l’injuste, le tolérable, l’intolérable. Encore une fois, tout le monde sait qu’il y a dans les foyers d’handicapés des éducateurs (trices), des masseurs (seuses) qui acceptent de soulager leurs besoins sexuels, d’autres qui s’y refusent. Qu'apporterait une loi en cette matière ?  C’est une affaire de choix individuels, de conscience personnelle, de situations particulières. Affaire qui, lorsqu'il y a des abus de pouvoir d'un valide sur un handicapé, concerne la justice et elle seule.

Pourquoi l’Etat, de plus en plus impuissant à régler les difficultés économiques du pays de présidence en présidence, vient se mêler de ça ? En quoi ça le regarde ? Le sociétal, avec en premier lieu le mariage gay et maintenant la sexualité des handicapés, le judiciaire, avec les affaires Cahuzac et Sarkozy qui occupent le terrain médiatique, serviront-ils longtemps de diversion à l’impuissance politique généralisée qui paralyse la zone euro et le président en exercice en France ?

(1) Ce qui laisse à penser que le métier « d’assistant sexuel », s’il devient légal, est d'ores et déjà pensé comme un métier réservé aux femmes. On sait que dans les centres, les éducateurs comme les éducatrices soulagent les hommes comme les femmes

(2) Toujours cette pensée binaire,  par laquelle se met en place, avec ce sujet comme avec un autre, toutes  les opérations de propagande.

12:26 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sexualité, handicapés, guedj, essonne, maud olivier, société, politique, france | | |

mardi, 19 mars 2013

PS rime avec tristesse

Hier soir, la préfecture de Paris a interdit l’accès aux Champs Elysées de la « manif pour tous », aux places de la Concorde, de l’Etoile et des Invalides, dimanche prochain 24 mars. Motif : « des raisons impérieuses de sécurité ». Ah ah ah !

L’Elysée et Matignon, qui savent que toutes les places en TGV, en cars sont réservées, et que le nombre de gens venant en covoiturage ne cesse de croître, craignent  une démonstration de force. Stratégie : Il s’agit de décourager le plus grand nombre, extrémiser les autres, provoquer le dérapage. Vieille méthode. Triste méthode. Tristes gouvernants. Triste gauche…

Voici donc l’Etat PS dans toute sa gloire, autorisant des manifestations en tous genres et redoutant une manifestation de défense de la famille, face aux lobbies de Bergé, Fourest et Taubira.

Voici la tolérance, le dialogue, le président pour tous, à l’œuvre…

Quelle tristesse, dans ce pays. Quel aveuglement. Quelle bétise. Quelle indécence, aussi ! Quelle décomposition, pour tout dire.


10:48 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : taubira, bergé, manifpourtous, mariage gay, dimanche24mars, politique, france, champs-élysées | | |

lundi, 18 mars 2013

Le pingouin

Il a dû avoir les fesses serrées, le pingouin (1), lorsqu’il a annoncé la signature d’un contrat Airbus à l’Elysée, avant d’aller avec Merkel et Barroso faire, ni plus ni moins ce que Sarkozy aurait fait. Mais où est passé l'antisarkozisme du petit parvenu corrézien, perdu dans le gotha européen ? Très bien pour son ego... Mais quid d’une condamnation minimale de ce qui se passe, par exemple à Chypre ? Nada. Pas un miot. Le socialisme à la française dans toute sa gloire. J’espère qu’il y aura du monde à Paris, dimanche, pour défiler contre les enfumages du pingouin et de sa clique, car pour cacher sa veulerie, le président ne fait rien d’autre que de déstructurer la filiation (Lien ICI sur un billet de 170 juristes). Le pingouin devrait méditer sur ce qui s'est passé dans l'Oise ce week-end.

 

(1) Je revendique les droits  (Voir ICI, et ICI). Oui, je ne vous l’ai pas dit, Carla et moi, on est pote depuis longtemps (voir ICI)

(2) Ce qui se passe en ce moment à Chypre, à savoir la ponction sur tous les comptes des particuliers de 6,73% de leurs économies est un pas de plus vers un racket organisé qui tient du chantage maffieux dont le pingouin semble tout ignorer...

 

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jeudi, 14 mars 2013

Un Christ sans croix ?

Durant toute cette semaine, les medias se sont découvert un intérêt presque hystérique pour le Vatican. Contre la porte de la Sixtine, le droit à l’information s’est heurté au droit au secret, le temps de la communication à celui de la communion, l’instant de la modernité, à la durée de la tradition.  Et puis, les medias vont passer à autre chose, tandis que la liturgie va poursuivre son même chemin.

Durant toute cette semaine, les pronostics des journalistes ont circulé dans les salles de rédaction, et à travers eux, l’approche politique de l’élection du pape, qui s’est heurtée à l’approche religieuse qu’en font aussi les cardinaux, et qui n’appartient qu’à leur liberté. La perception politique du pape, qui l’assimile à un seul « chef d’état », voire de clan, est rendue à elle-même, quand débute avec le choix de ce nouveau nom, un nouveau pontificat où se mêlent politique et religieux.

A peine connue, la personne du nouveau pape est déjà critiquée par certains, admirée par d’autres, dans une approche purement historique (celle qui fait de lui le simple successeur de Benoît XVI) quand, dans une perspective eschatologique, sa seule charge demeure celle d’être le vicaire du Christ, successeur du seul Pierre, et que -peu importe quelle est sa personne en réalité-, Habemus papam.

Symboliquement, la confrontation de ces deux mondes qui se font face (celui de la société de l’information et celui de la religion) et le malentendu qui perdurera toujours entre eux, a été une nouvelle fois très joliment orchestrée par une opposition symbolique entre deux  moyens de communication : d’une part  la vieille fumée blanche, par laquelle le séculaire Vatican s’adresse « au reste du monde », et toute la technologie des caméras, satellites et autres gadgets numériques chargée de retransmettre en direct la cheminée de la Sixtine au « monde entier ». Une adresse, une retransmission. Deux malentendus, à nouveau..

Rien n’aura mieux résumé ce face à face et ce malentendu que cette phrase de la première homélie prononcée par François dans la chapelle Sixtine tout à l’heure : « Quand nous marchons sans la croix, quand nous bâtissons sans la Croix, et quand nous confessons un Christ sans croix, nous ne sommes pas les disciples du Seigneur, nous sommes mondains, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, tous…  Mais pas des disciples du Seigneur »

Je sais pour ma part, je connais ce désir dément, cette tentation d'un Christ qui serait un Christ sans croix, d'un catholicisme qui deviendrait comme d'autres religions le sont, une simple philosophie du bonheur ou une religion de la paix inoffensive et de l'amour tolérant, qui ne demeurerait vivante que pour satisfaire la quête du bonheur et le droit à la satisfaction de chacun... la religion d'un Christ réformé si j'ose dire, à quoi tant de gens, naïfs ou malveillants, voudraient le réduire.

Le pape vient de condamner fermement cette voie (voix) comme étant diaboliqueBien plus qu'à cette fumée, et à tout ce carnaval médiatique, et à tous ces pronostics sur ce que serait la modernité de François,  c'est à cette phrase, ce signe, que j'entends alors, que je comprends eh bien que oui, c'est entendu, le siège n'est plus vide, habemus papam...

 

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Le retable d’Issenheim, par Grunewald (détail)