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jeudi, 31 mai 2012

L'Annonciade

Pour faire un bon polar, il faut d'abord un vrai quartier. Cette vérité bien connue de Simenon, Didier Fond l’a reprise à son compte dans le roman qu’il vient de publier chez Chloé des Lys. Sur les pentes de la colline de la Croix-Rousse à Lyon, autour de cette rue Pouteau où il a grandi dans les années soixante, il délimite donc un périmètre qui s’étend de la montée de l’Annonciade à la côte Saint-Sébastien. La rue Pouteau, étroite et tout en escaliers successifs, c'est lorsqu'il fait chaud beaucoup de lumière tombant abruptement sur beaucoup d'ombres. Les murs des petits commerçants de naguère suintaient de ragots en tous genres. C’est en tendant vers eux l’oreille, en les recueillant, en les croisant, que le narrateur de l’Annonciade a filé son texte. De l’entrelacs des cancans émergent alors peu à peu des silhouettes, des personnages, une intrigue, une époque, un quartier.

 

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rue Pouteau de nos jours, théâtre de l'Annonciade dans les années soixante 

Dans la tradition littéraire lyonnaise, la toponymie très spéciale de la Croix-Rousse, avec ses escaliers, ses pentes, ses hauts immeubles  et ses traboules, a donné naissance à plusieurs formes d’écrits : le flamboyant lyrisme de certains récits poétiques, dont Béraud demeure le maître inégalé; un réalisme sociologique aujourd’hui suranné, dont les nombreux romans de la Fabrique qui fleurirent entre 1880 et 1930 sont les exemples les plus aboutis ; le polar, enfin, celui qu’un Léon Daudet, un Charles Exbrayat, un San Antonio, voire même un Paul Jacques Bonzon et sa série des six Compagnons de la Croix-Rousse (dont Fond a sans doute été un vibrant lecteur dans son enfance) ont - sur différents registres et pour des publics différents- tour à tour incarné. Terre de passions brumeuses, de mystères reclus ; terre de cancans, rajoute avec malice l’auteur de l’Annonciade

 C’est donc bien dans le sillage de cette dernière tradition lyonnaise qu’il inscrit sa voie (voix) : mais derrière un théâtre populaire à la Audiard, si léger qu’on pourrait le croire futile, perce comme chez les romancières anglaises à la si cruelle voix, la profondeur d’un drame familial que le dénouement, placé sous les auspices de l’Archange Saint-Michel qui domine la ville et ses secrets d’alcôve, rend d’autant plus retentissant. Il faut lire cette Annonciade, qu’on habite à Lyon ou non, qu’on ait ou non connu cette société aujourd’hui engloutie des employés de bureaux et petits commerçants des années soixante dont le divertissement principal était déjà (et un peu) la télé, mais encore (et principalement) la rue et tout ce qui se tramait derrière les rideaux à demi-tirés des voisins… 

 

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L'Annonciade - Didier Fond - Chez Chloé des Lys - 2012

01:45 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : l'annonciade, didier fond, lyon, croix-rousse, littérature | | |

mercredi, 30 mai 2012

Gazette de Solko n°29

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10:36 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, égypte, matignon | | |

mardi, 29 mai 2012

Jean Antoine Meyrieu (2)

Jean-Antoine avait conservé le parfum de la ferme dans le sel de sa peau. Il avait beau se tenir à présent droit au métier, loin de la terre, des bêtes, de la dépendance au temps qu’il fait, et de toute les inquiétudes dont il avait vu se creuser en quelques saisons le front de Jean-Claude, dès qu’un peu de chaleur se saisissait du chahut de l’atelier, l’odeur du paysan, faite de bouses, d’orages et de foins, montait encore d’entre le cuir de ses cuisses et celui de ses aisselles.  Tandis qu’il surveillait l’agnolet, son esprit brouillé galopait alors vers ce temps qu’il avait cru perclus dans le tréfonds de soi-même. Ce n’était ici que les odeurs de la fosse d’aisance et celles des eaux ménagères stagnant entre les pavés de la cour que la sueur au travail attrapait contre soi jusqu’au soir, et dont elle emplissait le coton de ses nuits. Une odeur aigrelette qui avait tout enrobé et contre laquelle luttait la sueur de sa mémoire. Là-bas ! Se pouvait-il d’être d’humeur si tournante ? Mais le regard d’Etiennette mère, lorsqu’il avait quitté Aveyze, un regard à trancher un clou, l’avait fait citadin quoiqu’il lui en coutât pour le restant de ses jours

Pour lutter contre ça, il y avait le soir. Quand la journée était tirée, il allait retrouver le calme en quelque coin esseulé d’où l’on voyait la ville s’épandre à ses pieds. Ce confluent où s’entassaient des toits de tuiles à boc et tabac et qui n’avait jamais été qu'un mythe hostile et lointain pour son père défunt, ses reins confus de crampes lui donnaient sens : il avait gagné d’y être recensé chaque année dans le territoire des Grandes Terres, auprès d’Etiennette dont bientôt le ventre allait s'emplir. Il tendait le bras, clignait de l’œil puis, entre le pouce et l’index portés vers le vide, enserrait l’une et l’autre rive de la Saône, ce pont de pierre.si imposant de l’autre côté de l’eau mais d’ici presque malingre comme une planche en bois par-dessus un ruisseau : voilà, c’était ça, ce n’était que ça et c’était tout ça à la fois le sentiment d’être en ville, sentir bruissant autour de soi tous ces compagnons à l’œuvre, se dire puissant de leurs forces amoncelées là, de tous leurs métiers multipliés jusqu'à la plaine par les quatre coins de l’horizon…

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Pont de Saône, daguérréotype, 1843

16:40 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jean antoine meyrieu, littérature, lyon, pont de saône | | |

L'État et les banques, les dessous d'un hold-up historique» par Myret Zaki et Etienne Chouard


L'État et les banques, les dessous d'un hold-up historique par Myret Zaki et Etienne Chouard, 3 décembre 2011 (fonderie KUGLER)

La conférence-débat dure deux heures trente. En cause, la loi de 1973, mise sur pied par Pompidou et jamais remise en cause par ses successeurs, devenu l'article 123 du traité de Lisbonne, voté par Sarkozy et Hollande en choeur. En cause, les credit default swap, vous connaissiez ?... Et ce que dit Chouard de la monnaie entre la 37ème minute et la 40ème minute, c'est exactement ça. La monnaie apparait quand vous empruntez, la monnaie disparait quand vous remboursez... En France, on n'est pas citoyen, on est électeur, vers la 57ème minute..  Et vers une heure,  Il suffit de mettre des milliards, et les électeurs, ils viennent ! Ah ah ah !

Ce qu'il faut qu'on change, c'est qui écrit la Constitution, dit Chouard vers une heure 15. Il touche là un point crucial : l'Europe actuelle est un piège politique dont il faut sortir. J'en suis pour ma part convaincu et c'est pourquoi je ne vois aucune différence entre Hollande et Sarkozy, n'en déplaise à tous ceux qui acceptent la diversion hollandaise (et non pas le changement). La manière dont Chouard résoud le problème, c'est la restauration du tirage au sort des constitutionnels, ce qui reste pour l'instant théorique et a priori utopique ... Elle se heurte à mon sens à une question qui n'est jamais soulevée et qui est celle du grand nombre que nous sommes. Au moins a-t-elle l'avantage d'ouvrir une brèche...


00:18 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chouard, myret zaki, dette, globalisation, politique | | |

lundi, 28 mai 2012

Du cinéma plus-que-parfait

Vu  (revu) M le Maudit hier soir (ou ce matin) sur la 3 (France 3).  Film plus que parfait au sens grammatical du terme, tant le passé durant lequel il me paraissait parfait est à présent accompli. Parfaits, ces noirs et blancs d’une autre époque, ces perspectives et ces plans insistants sur une autre mode, d’autres meubles, (clubs notamment), d’autres briques et d’autres façades, une typo datée et des chapeaux  vissés sur le crâne. Cigarettes aussi, coupes de cheveux, cols de chemises ouverts sous nœuds de cravates défaits, téléphones noirs et télégraphistes échappés du muet : une époque, ce qu’il en reste et sa mythologie d’être un classique du septième art, c’est quoi ça ?

Me revint aussi l’époque durant laquelle je regardais M le Maudit, justement, – heure du ciné club demain c’était le lycée - , pantalons pattes d’éph’, tapisseries cubistes au salon et meubles en teck, Guy Lux et les cartes perforées de  son Palmarès aux chansons, la couleur partout, Girardot dans Mourir d’aimer et Piccoli dans Max et les Ferrailleurs qu’elles étaient lointaines les années 31 de monsieur Fritz Lang il y avait quarante ans de cela et qu’ils étaient intimidants ces mots d’Art et d’Essai, comme  sont éloignées, dissociées, perdues à présent celles durant lesquelles je regardais M le Maudit pour la première fois, et son long monologue en plan fixe à la toute fin, le criminel agenouillé et sanglotant devant ses jurés la pègre prête à le lyncher comme dans une page de Kafka, un temps passé qui en a rejoint un autre d’avant l’abolition de la peine de mort et les voici comme juxtaposés en leur bobine chacun sur la frise oh comme on est loin de Cannes et de son palmarès, du cinéma plus-que-parfait, vraiment…

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02:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cannes, fritz lang, m le maudit, cinéma | | |

A nos Zemmours (2)

A quelques jours de son procès,  mardi prochain le 29 mai 2012 à 13h30 à la 17ème chambre correctionnelle du TGI de Paris pour diffamation, RTL a fait le buzz en annonçant son intention de se séparer du chroniqueur Eric Zemmour. Compte-t-elle, en faisant une aussi grossière allégeance, demeurer longtemps la première radio de France ? Car ce n’est évidemment pas en virant Zemmour de RTL qu’on bâillonnera le mouvement d’opinion profond et disparate dont il est l'un des porte-paroles, bien au contraire. C’’est plutôt même le résultat inverse qu’on risque d’obtenir : outre la publicité faite aux ouvrages du pamphlétaire, RTL passe ouvertement - l'Assemblée Nationale pas encore renouvelée - pour une radio  léchant avec une suspecte suavité les bottes  du nouveau pouvoir élyséen

A peine ce licenciement annoncé, on a pu lire ça et là une défense du polémiste qui s’est toujours faite sur le même mode bien faux-cul :

1.J’ai horreur de ce que dit Zemmour  (variante :je n’écoutais pas Zemmour…)

II Mais au nom de la liberté d’expression… bla bla  

Pour ma part, ce n’est pas au nom de la liberté d’expression elle-même que cette éviction m’indigne, Mais au nom de la défense de la bonne et joyeuse polémique, art dans lequel Zemmour excelle.  Vous allez me dire que c’est la même chose. Non pas ! La liberté d’expression, dans un univers médiatique entièrement surgi et bâti dans la propagande (voir Bernays) est de toute façon inexistante puisque les chroniqueurs admis sur les antennes doivent se situer dans tel ou tel sillon des quelques débats simplifiés que leur impose le grand show qui les rétribue. Mais la polémique est un genre, comme le lyrisme ou le dramatique, ou encore le patinage artistique, si vous voulez. Un genre tout en nuances, en outrances, en raffinement, en brio et en excès ; un genre éminemment spectaculaire (on parlait de joutes verbales – fut un temps), stylé (il engage tous les registres de langue et toutes les figures de style)  et particulièrement littéraire, car on ne peut polémiquer si on confond sans arrêt le mot et la chose, ce que les temps simplistes et médiatiques dans lesquels nous avons le malheur de vivre font de plus en plus, à la plus grande joie des cabinets d’avocats.

Il fut un temps où la parole publique exposait et où le pamphlétaire était un homme en danger. Encore une fois, je ne crois pas que Zemmour risque grand-chose dans cette aventure, sinon de voir sa carrière, comme après sa prudente  éviction par le très conformiste Laurent Ruquier du plateau de On n’est pas couché, relancée autre part. C’est plutôt RTL qui risque de passer pour une radio de couilles molles, et Taubira pour un Robespierre en jupons…  Etait-ce là l'ultime but recherché ? Sait-on jamais....

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00:33 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : zemmour, rtl, taubira, politique | | |

dimanche, 27 mai 2012

Trombone mutant

Il était une fois Usinor, fondé en 1948, groupe qui prit la suite des Forges et Aciéries du Nord et de l’Est et des Hauts Fourneaux, et des Forges et Aciéries de Denain-Anzin. En février 2002, ce groupe industriel fusionnait avec son homologue espagnol (Aceralia) et luxembourgeois (Arbed) pour donner naissance à Arcelor qui se retrouvait ainsi le premier producteur mondial en octobre 2004 avec 42,8 millions de tonnes soit 4,5% du marché mondial. En mai 2006, le groupe fut racheté par son rival Mittal, dirigé par l’indien Lakshmi Mittal et son fils Aditya Mittal. Lakshmi Mittal avait défrayé la chronique en 2004 en mariant sa fille avec Amit Bhatia à Vaux le Vicomte et au Château de Versailles, mariage qui avait coûté 55 millions d’euros et qui fait encore partie des plus coûteux de tous les temps.

Pour 24 millions d’euros, avec 2.200tonnes d’acier en provenance de son groupe (Espagne, Allemagne, Luxembourg, Belgique, États-Unis, Chine et… France) et 19 000 litres de peinture rouge,  Lakshmi et son fils Aditya se sont offert le droit de porter quelques heures à travers les rues de Londres la flamme olympique le 27 juin, à la veille de la cérémonie officielle, en finançant Trombone mutant, ou cette Tour Eiffel ivre, comme les Anglais ont baptisé ce nouvel objet d’art contemporain. Œuvre de son compatriote Anish Kapoor, elle est l’occasion, dit le PDG indien « de montrer au monde la qualité exceptionnelle de notre acier ». La tour qui devrait survivre à ces JO comme celle d’Eiffel a survécu à l’Exposition Universelle parisienne devrait d’ailleurs s’appeler officiellement ; Arcellor Mittal Orbit… Essayez, pour le fun, de prononcer le tout à l’Anglaise, juste pour vous rendre compte.

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A Florange, où l’on craint un démantèlement des outils de production à chaud de la Fensch, et où le chômage technique perdure, cet engagement à hauteur de plus de 20 millions dans la tour olympique fait grincer les dents. Avec la crise et les difficultés du groupe, on estime que le PDG aurait pu dépenser tout autrement cette somme. S’il l’avait mis dans l’usine de Florange et celle de Liège, par exemple, cela aurait permis d’investir pour faire repartir un jour les hauts-fourneaux. Frédéric Weber, le porte-parole de l’intersyndicale,  a donc écrit au président du CIO pour en rendre compte. Il attend toujours sa réponse.

 Interrogé à ce propos sur FR3, le sénateur Mélenchon élude curieusement, en glissant un « l’art est la respiration du monde » où transpire ici comme ailleurs sa volonté de ne surtout pas apparaître comme réactionnaire.  Dans le même ordre d’idée son créateur, Anish Kapoor, rappelle pour faire face à tous les quolibets des Anglais (de trombone mutant à narguilé géant) tous ceux que dut subir Gustave Eiffel en son temps :  « Je viens de lire toutes les critiques qu’avait reçues la tour Eiffel lors de son ouverture au public », mais si à l’époque « elle a été taxée d’objet le plus atrocement laid, on n’y pense plus à l’heure actuelle ! » Argument d’autorité qui fera taire tous ceux que la peur de passer pour un imbécile ou un fâcheux réac fera taire. Il était une fois Usinor...

mercredi, 23 mai 2012

De la République et des extrêmes

Les tripatouillages financiers que les divers montages de sauvetage ou de sortie de la Grèce de la zone euro sont proprement incompréhensibles par la plupart des gens appelés à voter dans les divers pays européens. Coup de poker politicien, le catéchisme de la croissance est en train de remplacer dans le discours des politiciens celui de l’austérité ; le monde économique est ainsi peuplé de credo qu’on vient marmonner en groupes devant les électeurs, tel ou tel cierge à la main.  Ici comme ailleurs, les mots sont illusoirement dotés de pouvoirs qu’on croirait magiques : eurobonds, projects bonds. Les chiffres qui s’alignent ne donnent même plus le tournis, tant la disjonction entre économie et raison est accomplie : Jamais l’arbitraire du signe monétaire n’a été aussi palpable et impalpable. Nous vivons dans la dette souveraine, plus dans l’état souverain. Nous vivons dans l’irrationalité de la valeur.

Du coup, les solutions dites politiques : rembourser, ne pas rembourser, mutualiser, nationaliser… échappent elles-aussi à l’entendement. Toutes, semble-t-il, se valent, pour peu qu’elles soient démocratiquement débattues. Illusion dans laquelle prolifèrent les medias. Comme elles voltigent sous la plume des chroniqueurs, on a l’impression que toutes pourraient s’essayer au fil des alternances. Comme la finance est devenue un jeu virtuel avec le porte-monnaie du consommateur, la politique en est devenue un des plus sordides avec la cervelle du citoyen. Dans les deux cas, comment s’étonner que la confiance si scandaleusement hypothéquée du chaland s’évapore comme neige au soleil ?  Car dans les deux cas, la disjonction est telle entre le mot et la chose qu’il n’y a plus guère que des militants pour s’enthousiasmer (ou feindre de le faire) des solutions proposées par tel ou tel parti.

Devant le règne de tant de relatif, partout exposé à l’attention de tous, chacun se prend à rêver d’un pouvoir qui serait à la fois juste et absolu. Rien de plus humain que cela. Qu’est-ce que l’extrémisme, sinon ce rêve là ? Le rêve qu’un dieu, qu’un dictateur, qu’une idéologie, qu'une technologie ou qu’un principe souverain vienne comme par magie rétablir un peu de clarté au milieu de cette confusion généralisée. Un peu de lisibilité au sein d’une telle complexité. Qu’au coeur d’une telle folie, une saisie claire du monde demeure encore possible à ma raison solitaire... C’est la radicalisation des propos engendrée par ce rêve de chacun qui menace le monde, le monde commun, la république.

L’extrémisme, au contraire de ce qu’on veut nous faire croire, ne réside pas dans un parti clairement identifié à un extrême ou à un autre de l’échiquier politique : ce serait bien trop beau ! bien trop simple ! cela satisferait certes notre goût malsain pour les boucs-émissaires ! l'extremisme rode dans tous les partis, comme une tentative absurde en chacun d'entre nous de renouer le lien toujours perdu entre les mots et les choses, devant l'angoisse suscitée par ce qu'est au fond cette crise dans sa version culturelle : l'exhibition permanente et subie de l'arbitraire de la valeur, celle de la parole politique comme de la monnaie fiduciaire. 

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Cordonnier des rues, Ukraine, 1925


09:47 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : politique, littérature, france | | |

La gazette de Solko n°28

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00:01 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, solko | | |