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dimanche, 27 mai 2012

Trombone mutant

Il était une fois Usinor, fondé en 1948, groupe qui prit la suite des Forges et Aciéries du Nord et de l’Est et des Hauts Fourneaux, et des Forges et Aciéries de Denain-Anzin. En février 2002, ce groupe industriel fusionnait avec son homologue espagnol (Aceralia) et luxembourgeois (Arbed) pour donner naissance à Arcelor qui se retrouvait ainsi le premier producteur mondial en octobre 2004 avec 42,8 millions de tonnes soit 4,5% du marché mondial. En mai 2006, le groupe fut racheté par son rival Mittal, dirigé par l’indien Lakshmi Mittal et son fils Aditya Mittal. Lakshmi Mittal avait défrayé la chronique en 2004 en mariant sa fille avec Amit Bhatia à Vaux le Vicomte et au Château de Versailles, mariage qui avait coûté 55 millions d’euros et qui fait encore partie des plus coûteux de tous les temps.

Pour 24 millions d’euros, avec 2.200tonnes d’acier en provenance de son groupe (Espagne, Allemagne, Luxembourg, Belgique, États-Unis, Chine et… France) et 19 000 litres de peinture rouge,  Lakshmi et son fils Aditya se sont offert le droit de porter quelques heures à travers les rues de Londres la flamme olympique le 27 juin, à la veille de la cérémonie officielle, en finançant Trombone mutant, ou cette Tour Eiffel ivre, comme les Anglais ont baptisé ce nouvel objet d’art contemporain. Œuvre de son compatriote Anish Kapoor, elle est l’occasion, dit le PDG indien « de montrer au monde la qualité exceptionnelle de notre acier ». La tour qui devrait survivre à ces JO comme celle d’Eiffel a survécu à l’Exposition Universelle parisienne devrait d’ailleurs s’appeler officiellement ; Arcellor Mittal Orbit… Essayez, pour le fun, de prononcer le tout à l’Anglaise, juste pour vous rendre compte.

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A Florange, où l’on craint un démantèlement des outils de production à chaud de la Fensch, et où le chômage technique perdure, cet engagement à hauteur de plus de 20 millions dans la tour olympique fait grincer les dents. Avec la crise et les difficultés du groupe, on estime que le PDG aurait pu dépenser tout autrement cette somme. S’il l’avait mis dans l’usine de Florange et celle de Liège, par exemple, cela aurait permis d’investir pour faire repartir un jour les hauts-fourneaux. Frédéric Weber, le porte-parole de l’intersyndicale,  a donc écrit au président du CIO pour en rendre compte. Il attend toujours sa réponse.

 Interrogé à ce propos sur FR3, le sénateur Mélenchon élude curieusement, en glissant un « l’art est la respiration du monde » où transpire ici comme ailleurs sa volonté de ne surtout pas apparaître comme réactionnaire.  Dans le même ordre d’idée son créateur, Anish Kapoor, rappelle pour faire face à tous les quolibets des Anglais (de trombone mutant à narguilé géant) tous ceux que dut subir Gustave Eiffel en son temps :  « Je viens de lire toutes les critiques qu’avait reçues la tour Eiffel lors de son ouverture au public », mais si à l’époque « elle a été taxée d’objet le plus atrocement laid, on n’y pense plus à l’heure actuelle ! » Argument d’autorité qui fera taire tous ceux que la peur de passer pour un imbécile ou un fâcheux réac fera taire. Il était une fois Usinor...