mercredi, 30 janvier 2008
Décasyllabe
Est-ce une plaisanterie ? Devant la craie brève du poème qu'à peine j'achève de tracer sur les dalles de la rue Berger vient de passer un individu aussi encravaté que pressé et qui poussait son sosie assis sur un fauteuil roulant. Le fait peut, certes, aisément s’expliquer : les jumeaux, comme d'ailleurs les handicapés, sont de plus en plus voyants dans les couloirs et les niches de la société. Personne, cependant, n’arrêtera jamais aussi longtemps son regard sur eux deux que je ne le fis. Etrangeté. C’était un couple de trentenaires, tous deux vêtus d'un costume de marque, l’un poussant, l’autre assis, nimbés également dans une citoyenneté rigide et triste, déjà fanés parmi la foule de l'après-midi : Celui qui était assis portait sur la sienne et sur ses genoux la mallette de celui qui poussait, comme s'il était sa seule famille sur Terre. Quoi d'essentiel dedans ? Ils n'avaient plus la même chevelure, et je ne saurais dire lequel des deux s'était teint. Comment, non plus, déceler lequel était l’original et lequel la copie ?
Relevant les yeux sur la foule, je découvris alors que tous, en la rue Berger jadis si ensoleillée, avaient l’air de faire tout de même, véhiculant contre soi, ou bien en soi, ou bien au pire au dedans de soi, la lourdeur empesée de son propre sosie, handicapé. Sosie comme préventif, contemplant la lointaine sécheresse et la fadeur martiale d'une aventure ici-bas déjà numérisée, et dont les mains posées sur les genoux n’oseraient plus ni bâtir, ni caresser, ni gifler, ni voler, ni mendier.
Et lequel tirant ?
Et lequel poussant ?
Mon trouble passé, je reprenais là où je les avais laissés le lent cheminement et la patiente répartition sur le sol des lettres du décasyllabe du matin, du soir ou de la nuit, que sais-je ?
Mais qui creusa ma paume, ô ! si peinée ?
15:00 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, décasyllabe, solko |
lundi, 28 janvier 2008
Au juge Onofrio
On croit se douter d'après des rapports de police que Guignol naquit le 24 octobre 1808, dans un café de la rue Noire, à Lyon. C'est pourquoi la ville de Colomb et d'Aulas s'apprête à célébrer le bicentenaire de l'illustre marionnette à gaine. Cela dit, cette date de naissance est purement arbitraire (Guignol serait-il donc balance ?), car nul ne sait avec précision quand au juste l'accent canant de son créateur Laurent Mourguet (1769-1844) se fit entendre sous sa robe pour la première fois entre Rhône et Saône. De même les premières pièces de Guignol sont-elles définitivement perdues. Il fallut attendre 1860 pour voir réuni en deux volumes un premier répertoire lyonnais de Guignol, grâce à la patience d'un spectateur averti qui, au sortir du théâtre, recopiait de mémoire les répliques qui fusaient. Guignol, à priori, n'aime pas les juges; eh bien c'est à un juge du nom d'Onofrio qu'il doit pourtant la survie éditoriale de ses premiers textes. Du texte original, vraiment ? Le sel de la Gaule abondait en trop grande part, confesse le juge Onofrio (1814-1892) dans la préface de l'édition de son premier théâtre de Guignol(Scheuring, Lyon, 1865) aussi, en digne borjois, a-t-il jugé bon d'en retirer tout ce qui lui paraissait trop licencieux. A quoi ressemblait ce premier théâtre de 1808 ? Impossible à dire. Il se peut bien que ce bi-centenaire, par conséquent, soit celui d'une légende. Qu'importe.
Au contraire de Mourguet, dont le visage était rond ( voir croquis ci-contre) le visage d'Onofrio était sec. Le juge Onofrio fut à la fois une bénédiction et une malédiction pour Guignol : si d'un côté il tirait en effet de l'oubli le répertoire initial, dont le premier Déménagement, d'un autre, il en transformait vilainement l'esprit. On peut se demander légitimement ce que serait devenu par exemple Rabelais si le sel de la Gaule résidant en ses écrits était passé, lui aussi, par le tamis de la bienséance bourgeoise du dix-neuvième siècle. En migrant du cabaret du Premier Empire au salon du Second, nul doute que Guignol, qui était fort vindicatif, dut apprendre à n'être que pittoresque. Qui était fort ordurier dut se contenter de n'être qu'un peu grossier. N'empêche. Comme Boudu, sauvé des eaux, l'existence protéiforme de la marionnette pouvait prendre un nouvel essor grâce au juge Onofrio, dont le patronyme est désormais attaché à celui de Guignol et de Gnafron, pour le meilleur comme pour le pire. Extrait de la complainte des mal-logés, des mal-orientés, mais bon-buveurs et bon-vivants:
Guignol : Pourquoi paierais-tu pas à déjeuner ?
Gnafron : Pourquoi ? C'est que je suis comme toi. Nos goussets sont deux frères bessons. J'ai ben vendu hier quatre paire de grolles, qu'on m'avait donné à ressemeler, mais personne m'a jamais donné de pécuniaux. Ah vois-tu! C'est pas le Pérou que d'être cordonnier.
Guignol : T'as raison ! La savaterie et la canuserie, ça donne pas gras à boire ! Il faut qu'on trouve un autre état. Père Gnafron, nous avons manqué not-vocation : nous avons de vrais organes pour chanter des opéraux.
Gnafron : C'est vrai, Chignol. Te ferais un joli ténor. Et moi, avec ma basse-taille, je te soutiendrais par derrière. (Ils massacrent un air d'opéra)
14:45 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : guignol, théâtre, onofrio, lyon, mourguet, marionnette |
samedi, 26 janvier 2008
Si Cérès m'était contée...
Cette coupure demeure aujourd'hui l'une des plus recherchées sur le marché numismatique, en raison, de sa valeur faciale- unique, il est vrai, dans l'histoire du billet français (300 francs).
Elle représente sous un jour pour le moins moderne le visage de la déesse CERES, déesse latine des moissons, du blé, mais également de la semence, de la prodigalité, de la fécondité et de la jouissance féminine, comme le rappelle en souriant le bon vieux Saint Augustin de La Cité de Dieu.
Bien connue des philatélistes, CERES l'est aussi des numismates : la Banque de France, en effet, la pratique depuis le dix-neuvième siècle, et l'on trouve son portrait en filigrane sur de nombreux billets antérieurs à celui du Clément Serveau mis en circulation à l'occasion de l'échange de billets de 1944.
Mère au cœur inconsolé, qui perdit à jamais son enfant, Cérès est devenue pourtant la figure de la mère nourricière universelle, adorée et célébrée à Eleusis.
Pourquoi La Fontaine, dans le Pouvoir des Fables, la fait-il aller si bon train, en compagnie d'une anguille et d'une hirondelle ? Le peuple tout entier, en tout cas, se demande comment elle passera le fleuve, quand le fabuliste interrompt son récit pour amener sa morale :
Si Peau d’Ane m’était conté,
J’y prendrais un plaisir extrême
Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant.
Pour en revenir au billet, j'ai toujours trouvé dans son dessin ce qu'il faut de sensualité et de sévérité pour former ce qu'on appelle un beau visage : cet ovale assez long et rond, ma foi, cette chair rosée sur fond d'écran blanc, bien que saisi de trois-quarts; ces fossettes, ces lèvres pulpeuses, ce regard marron, la ligne de ce cou puissant et fin. Un accessoire, surtout, attire l'œil, ce foulard fait d'épis de blés, dont au centre repose une sorte de coquillage nacré.
La création de ce billet remonte à l’année 1938, et à son climat international « tendu ». La Banque de France qui a besoin de billets de réserve décide de toute urgence la création de deux valeurs, l’une 300, l’autre de 3000 francs. Seule la première verra vraiment le jour, d’après une maquette de Clément Serveau destinée depuis le début des années 1930 à une coupure de 10 francs, avec en son verso l’effigie de Mercure, dieu du commerce et des voyageurs, assimilé durant l’ère classique à l’Hermes grec.
Mais alors que ces billets sont sur le pont d’être émis, les accords de Munich apaisent la tension et on sursoit donc à leur impression définitive.
Au mois d'Août 1944, les autorités allemandes à la veille de leur départ exigeant un acompte sur les indemnités d'occupation, Monsieur Favre-Gilly alors secrétaire général de la Banque de France propose en règlement cette coupure de réserve ainsi que le billet de 5000 Francs dit "de l'empire colonial". Les allemands refusèrent ces billets compte tenu du fait qu'ils n'avaient jamais été mis en circulation, considérant qu'ils n'avaient aucun pouvoir libératoire. Il faudra attendre le 5 Juin 1945 pour que l'échange des billets oblige la mise en circulation du 300 Frs type 1938 ainsi que le 5000 Frs type 1942 Union Française alors gardé en réserve. Ces deux coupures seront rapidement retirées en 1948.
L’histoire de ce billet est, on l’a compris tourmentée. Il sera d’ailleurs retiré de la circulation, en même temps que l’Empire Français, en 1948.
Et c’est ainsi que la Cérès des années trente va devenir une héroïne de la Libération.
J’imagine en ces années-là Jean Paul Sartre et Maurice Merleau Ponty, enfilant la rue des Saints-Pères en débattant du premier numéro d'une revue de gauche qu'ensemble ils viennent de fonder. En se dirigeant vers la rue Sébastien Bottin, ils passent devant une photo de Clark Gable et Vivien Leigh : Six ans après sa sortie aux Etats-Unis, Autant en emporte le vent arrive à Paris.
Le temps est un temps d'octobre, un ciel un peu venteux, gris et filandreux sur une capitale pas encore remise des traces les plus douloureuses de la guerre... Non loin d'eux, le deuxième sexe trottine à bons pas, et ses talons pas encore plats claquent l'asphalte fraîchement humide : une Cérès aux Temps Modernes, ce billet en main...
Je l'imagine fort bien, Simone, se faufiler vers une boutique de Saint-Germain située entre deux cinémas - on jouerait dans l'un La Belle et la Bête de Jean Cocteau et dans l'autre Les Enfants du Paradis de Marcel Carné. Elle aurait donc ce billet à la main et pour trois cent francs s'offrirait l'un de ces foulards à la Cérès, puis le nouerait sur sa brune chevelure. Ne trouvez-vous pas cette ressemblance éloquente ?
Pas plus qu'on ne nait Cérès, en des temps antiques comme en un siècle plus moderne, « on ne naît pas femme, on le devient ».
Il ferait beau voir le contraire.
08:00 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cérès, simone de beauvoir, billets français, écriture, littérature |
mardi, 15 janvier 2008
Que reste-t-il de mai 68 ?
« Que reste-t-il de 68 ? » - Daniel Cohn-Bendit et Luc Ferry... à l’Institution des Chartreux Que reste-t-il de mai 68, en effet, quand les commémorations des événements prennent la même tournure (institutionnelle, qui l'eût cru) que celles du 11 novembre 1918 (lesquelles sont sur le point de disparaître, faute d'anciens combattants). Que reste-t-il de mai 68 lorsque, par exemple, l'employée d'un des plus importants centres de distribution du livre d'une des plus grosses villes de France vous indique d'un ton neutre le rayon sociologie lorsque vous lui demandez où se trouvent les œuvres de Guy Debord !
Que reste-t-il de mai 68 lorsque Dany Ferry et Luc Cohn-Bendit (ou le contraire, est-ce que cela importe ?) organisent en partenariat avec France Culture (Du Grain à Moudre) et le Nouvel Observateur (semaine du 31 janvier) un événementiel à l'Institution des Chartreux, jeudi 17 janvier 2008 à 19H30, 58, rue Pierre Dupont, Lyon 1er. Pour assister à la prestation sans aucun doute succulente des deux charlots, comme au théâtre, la réservation est indispensable (04 78 27 02 48.). On imagine bien que le Tout-Lyon quinqua et sexagénaire, universitaire et intellectuel, y jouera des coudes, tout en se repassant la pelle à l'entracte. Comment, dès lors, se priver du plaisir de relire les affiches de l'époque ? L'une, signée le 15 mai par Guy Debord, l'auteur de la Société du Spectacle : « Le mouvement du 22 mars a trouvé son leader en Daniel Cohn-Bendit qui a accepté un rôle de vedette spectaculaire où se mêle cependant un certain radicalisme honnête. » (1) On appréciera l'euphémisme. Si vous avez, jeudi, votre soirée à perdre, vous pourrez en écoutant l'éminent et toujours spectaculaire (au moins autant que Sarkozy) conférencier Dany vous demander ce qui reste de ce radicalisme honnête. Sinon vous pouvez toujours vous consoler en relisant Debord.
( 1) Debord, Oeuvre Complète, p 882 - Quarto Gallimard.
17:35 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : guy debord, mai68, cohn-bendit |
mardi, 08 janvier 2008
Rompre, dit-il...
Quelqu'un, quelque chose de l'autre siècle... Ou bien quelqu'un, quelque chose du siècle dernier. J'ai souvent lu ou entendu l'expression, dite avec une ironique tendresse, afin de débusquer derrière de fausses manières l'héroïque ou le ridicule survivant d'une époque désormais engloutie. C'est ainsi que, non sans affection, Chateaubriand parlait des vieillards de l'infirmerie Marie-Thérèse. Il prenait le mot "siècle" dans son sens encore religieux : siècle (monde), gens de l'ancien monde, autrement dit de l'Ancienne France, de l'Ancien Régime, gens du dix-huitième siècle. Dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, bien plus tard, Renan lui emboite le pas en évoquant le "bonhomme système", vieux révolutionnaire original qui hantait les rues de Tréguier et pour qui le temps s'était arrêté le jour de la fête de l'Etre Suprême, "bonhomme du dix-huitième siècle". Un homme d'un autre siècle... L'expression franchira l'an 1900. Et lorsque Proust évoquera une manière du "siècle dernier", il parlera non plus du dix-huitième, mais bien sûr du dix-neuvième. Gens de l'autre siècle, gens de la Monarchie de Juillet ou du Second Empire. Avec les horreurs qui l'ont caractérisé, le vingtième siècle a comme volé en éclat et s'est coupé en plusieurs parties : aussi parlera-t-on des gens de l'avant-guerre, ou de ceux l'entre deux-guerres... Société désormais englouties. Nous nous sommes si bien habitués à ce que le siècle dernier soit le dix-neuvième que nous avons du mal, alors que nous échangeons nos vœux pour 2008, à nous figurer que le siècle dernier est à présent celui dans lequel nous sommes nés. Eh oui : Gens de l'autre siècle, avec nos mœurs, nos manières, c'est nous, désormais, et le siècle dernier, c'est le vingtième....
La Belle Epoque a souvent été dépeinte par ses esprits les plus brillants comme une époque d'une grande vulgarité. Et cette vulgarité, disaient-ils, résidait dans la prétention de toute une génération élevée dans le dix-neuvième à adopter à tout prix un esprit nouveau qui souvent, révélait ses ridicules, sa prétention, sa fatuité. De même, ressembler à tout prix à quelqu'un du vingt et unième siècle (alors qu'on est quelqu'un du vingtième...), n'est-ce pas le problème aujourd'hui de tout une génération, qu'incarne jusqu'au ridicule le plus élyséen, son charmant président ? Car il n'y pourra rien changer, Sarkozy a été jeune au vingtième siècle, a grandi dans une société sans portables, encore engoncé dans certains tabous et peinte ou racontée chaque soir dans un poste de télé en noir et blanc et à chaine unique. Une époque avec ses passeports en bleu, ses billets en francs et ses disques en vinyle. Il est quelqu'un du vingtième siècle. Sa différence avec Chirac, c'est qu'il ne l'assume pas. Il veut changer. Rompre, dit-il. Avec quoi ? Avec une politique ? Une femme ? Qu'on croit... Qu'il croit... Sarkozy ne veut rompre qu'avec le vingtième siècle, pour prendre le pouvoir, croit-il, sur son temps, sur le 21ème qui est décomplexé ( forcément décomplexé), riche (forcément riche) technologique (forcément technologique), libéral et libéré, (forcément libéral et libéré).. Régner sur le présent. Le loqueteux présent... Le risque est grand de laisser paraître l'éternel ridicule qui sommeille en lui comme en chacun. Il dit qu'il veut être un homme comme les autres. Quelle fatuité ! Quel ridicule ! Il ne veut pas « sentir l'ancien monde ». Mais il ne pue jamais autant cet ancien monde, cet autre siècle, que lorsqu'il veut avoir l'air 21ème. La très décomplexée Carla Bruni, croit-il, arrive à point nommé pour faire de lui un président du vingt et unième siècle. Mais elle aussi sent terriblement son vingtième siècle, trouvez-vous pas ? Comme tous deux datent, datent ! Déjà, bronzés, en lunettes de soleil sur un arrière plan de pyramides avec un teint fade de papier glacé... Derrière ces pyramides, combien de ridicules vous guettent ? C'est cela que sent confusément un peuple qui commence à en avoir assez de ce « bonhomme système ». Et de cette mauvaise chanson, jouée en couplets de mirlitons par deux êtres insipides, que n'embellit plus ni la grandeur du cynisme, ni l'élégance de l'ambition. Des gens d'un autre siècle...
17:25 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sarkozy, renan, chateaubriand, bonhomme système |
vendredi, 04 janvier 2008
La belle époque du pouvoir d'achat
On parle beaucoup, et à juste titre, de pouvoir d'achat en ce début d'année 2008. Qu'en était-il il y a un siècle ? Voici, à titre indicatif, quelques tarifs concernant les transports, restaurants et spectacles proposés aux Parisiens en 1900 :
TRANSPORTS : Tarif des fiacres à deux places pris aux gares ou dans la rue : 1fr 50 (le jour) pour la course et 2 francs par heure. La nuit, cela grimpe 2fr 25 et 2 fr 50. Métropolitain parisien : Un carnet de dix tickets, en première classe coûte 2fr 50; En 2ème classe 1 fr 50; Une place d'impériales en autobus revient à 15 centimes. En intérieur, c'est 30 centimes. Avec ce billet, on peut effectuer des correspondances dans tout Paris. Bien sûr, la carte orange n'existe pas. Mais on peut emprunter les bateaux mouches pour un prix unique de 10 centimes, du pont d'Austerlitz à Auteuil.
RESTAURANTS : Dans un bon restaurant à carte chiffrée du quartier de l'Opéra, voici ce que vous dégustez pour une somme de 10 fr 30 : coquille de saumon ou de turbot ou rouget de vin blanc à la gelée - filet sauté financière aux truffes ou entrecôte aux fonds d'artichauts farcis - meringue glacée aux fraises - fromages divers, 1 bouteille de vin ordinaire, couverts et pourboire. Les étudiants disposent, par exemple, du café d'Harcourt, à proximité de la Sorbonne, qui leur propose un menu complet avec 2 plats, dessert et 1/2 carafe de vin pour 2fr75 à midi et 3 fr le soir.
DIVERTISSEMENTS : Au théâtre, le prix du fauteuil varie entre 5 fr (théâtre Antoine et théâtre Cluny), 8 fr ( Comédie Française) et 14 fr (Opéra). L'entrée des bals publics ( Moulin de la Galette, Moulin-Rouge, Elysées-Montmartre, Salle Wagram...)est de 1fr pour le cavalier et 0,25 pour sa dame. Dans ce qu'on appelle alors les "brasseries de femmes", un bock revient à 30 centimes, tandis que le tarif pour le champagne en cabinet particulier varie de 12 à 15 francs.
10:30 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : statistiques, sondage, société, culture, pouvoir d'achat |