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mardi, 08 janvier 2008

Rompre, dit-il...

Quelqu'un, quelque chose de l'autre siècle... Ou bien quelqu'un, quelque chose du siècle dernier. J'ai souvent lu ou entendu l'expression, dite avec une ironique tendresse, afin de débusquer derrière de fausses manières l'héroïque ou le ridicule survivant d'une époque désormais engloutie. C'est ainsi que, non sans affection, Chateaubriand parlait des vieillards de l'infirmerie Marie-Thérèse. Il prenait le mot "siècle" dans son sens encore religieux : siècle (monde), gens de l'ancien monde, autrement dit de l'Ancienne France, de l'Ancien Régime, gens du dix-huitième siècle. Dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, bien plus tard, Renan lui emboite le pas en évoquant le  "bonhomme système", vieux révolutionnaire original qui hantait les rues de Tréguier et pour qui le temps s'était arrêté le jour de la fête de l'Etre Suprême, "bonhomme du dix-huitième siècle". Un homme d'un autre siècle... L'expression franchira l'an 1900. Et lorsque Proust évoquera une manière du "siècle dernier", il parlera non plus du dix-huitième, mais bien sûr du dix-neuvième. Gens de l'autre siècle, gens de la Monarchie de Juillet ou du Second Empire. Avec les horreurs qui l'ont caractérisé, le vingtième siècle a comme volé en éclat et s'est coupé en plusieurs parties : aussi parlera-t-on des gens de l'avant-guerre, ou de ceux l'entre deux-guerres... Société désormais englouties. Nous nous sommes si bien habitués à ce que le siècle dernier soit le dix-neuvième que nous avons du mal, alors que nous échangeons nos vœux pour 2008, à nous figurer que le siècle dernier est à présent celui dans lequel nous sommes nés. Eh oui : Gens de l'autre siècle, avec nos mœurs, nos manières, c'est nous, désormais, et le siècle dernier, c'est le vingtième....

La Belle Epoque a souvent été dépeinte par ses esprits les plus brillants comme une époque d'une grande vulgarité. Et cette vulgarité, disaient-ils, résidait dans la prétention de toute une génération élevée dans le dix-neuvième à adopter à tout prix un esprit nouveau qui souvent, révélait ses ridicules, sa prétention, sa fatuité. De même, ressembler à tout prix à quelqu'un du vingt et unième siècle (alors qu'on est quelqu'un du vingtième...), n'est-ce pas le problème aujourd'hui de tout une génération, qu'incarne jusqu'au ridicule le plus élyséen, son charmant président ? Car il n'y pourra rien changer, Sarkozy a été jeune au vingtième siècle, a grandi dans une société sans portables, encore engoncé dans certains tabous et peinte ou racontée chaque soir dans un poste de télé en noir et blanc et à chaine unique. Une époque avec ses passeports en bleu, ses billets en francs et ses disques en vinyle. Il est quelqu'un du vingtième siècle. Sa différence avec Chirac, c'est qu'il ne l'assume pas. Il veut changer. Rompre, dit-il. Avec quoi ? Avec une politique ?  Une femme ? Qu'on croit... Qu'il croit... Sarkozy ne veut rompre qu'avec le vingtième siècle, pour prendre le pouvoir, croit-il, sur son temps, sur le 21ème qui est décomplexé ( forcément décomplexé), riche (forcément riche) technologique (forcément technologique), libéral et libéré, (forcément libéral et libéré).. Régner sur le présent. Le loqueteux présent... Le risque est grand de laisser paraître l'éternel ridicule qui sommeille en lui comme en chacun. Il dit qu'il veut être un homme comme les autres. Quelle fatuité ! Quel ridicule !  Il ne veut pas « sentir l'ancien monde ». Mais il ne pue jamais autant cet ancien monde, cet autre siècle, que lorsqu'il veut avoir l'air 21ème.  La très décomplexée Carla Bruni, croit-il,  arrive à point nommé pour faire de lui un président du vingt et unième siècle. Mais elle aussi sent terriblement son vingtième siècle, trouvez-vous pas ?  Comme tous deux datent, datent ! Déjà, bronzés, en lunettes de soleil sur un arrière plan de pyramides avec un teint fade de papier glacé... Derrière ces pyramides, combien de ridicules vous guettent ? C'est cela que sent confusément un peuple qui commence à en avoir assez de ce « bonhomme système ». Et de cette mauvaise chanson, jouée en couplets de mirlitons par deux êtres insipides, que n'embellit plus ni la grandeur du cynisme, ni l'élégance de l'ambition. Des gens d'un autre siècle...

17:25 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sarkozy, renan, chateaubriand, bonhomme système | | |

Commentaires

Bien envoyé !!!
Sakarla est en passe de devenir pour un public bêtifié le nouveau couple du type : prince Charles/ Lady D, ou Jonnhy/Laeti, ou Caroline de Monaco et l'un de ses Julôts ! Une preuve supplémentaire que cette foutue génération Baby-boom poursuit sa destruction de toutes les valeurs et principes fondamentaux, y compris dans le domaine politique.

Écrit par : Angèle | mardi, 08 janvier 2008

SONATE FRAICHE

Rompre
Voilà bien un verbe
Qu'aiment les amateurs
De pain blond et frais
Mais dans les ruelles
De la ville-lumière
Sont-ils encore nombreux
Les irradiés du printemps
Qui se rappellent
La surdité de Beethoven

Écrit par : gmc | jeudi, 10 janvier 2008

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