mercredi, 30 janvier 2008
Décasyllabe
Est-ce une plaisanterie ? Devant la craie brève du poème qu'à peine j'achève de tracer sur les dalles de la rue Berger vient de passer un individu aussi encravaté que pressé et qui poussait son sosie assis sur un fauteuil roulant. Le fait peut, certes, aisément s’expliquer : les jumeaux, comme d'ailleurs les handicapés, sont de plus en plus voyants dans les couloirs et les niches de la société. Personne, cependant, n’arrêtera jamais aussi longtemps son regard sur eux deux que je ne le fis. Etrangeté. C’était un couple de trentenaires, tous deux vêtus d'un costume de marque, l’un poussant, l’autre assis, nimbés également dans une citoyenneté rigide et triste, déjà fanés parmi la foule de l'après-midi : Celui qui était assis portait sur la sienne et sur ses genoux la mallette de celui qui poussait, comme s'il était sa seule famille sur Terre. Quoi d'essentiel dedans ? Ils n'avaient plus la même chevelure, et je ne saurais dire lequel des deux s'était teint. Comment, non plus, déceler lequel était l’original et lequel la copie ?
Relevant les yeux sur la foule, je découvris alors que tous, en la rue Berger jadis si ensoleillée, avaient l’air de faire tout de même, véhiculant contre soi, ou bien en soi, ou bien au pire au dedans de soi, la lourdeur empesée de son propre sosie, handicapé. Sosie comme préventif, contemplant la lointaine sécheresse et la fadeur martiale d'une aventure ici-bas déjà numérisée, et dont les mains posées sur les genoux n’oseraient plus ni bâtir, ni caresser, ni gifler, ni voler, ni mendier.
Et lequel tirant ?
Et lequel poussant ?
Mon trouble passé, je reprenais là où je les avais laissés le lent cheminement et la patiente répartition sur le sol des lettres du décasyllabe du matin, du soir ou de la nuit, que sais-je ?
Mais qui creusa ma paume, ô ! si peinée ?
15:00 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, décasyllabe, solko |
Commentaires
SANS UNE STRIE
Les lignes de la main
Sont des traces de l'oubli
Voyages effervescents et vains
Distractions éphémères
Pour voyageur sans histoire
Aux mille histoires inventées
Pour le plaisir des yeux
Rien qui ne puisse retenir
Les marées qui ruissellent
Sur la plaine immémoriale
Renouvelant en permanence
Le spectacle du mouvement
Écrit par : gmc | mercredi, 30 janvier 2008
DECATHLON SANS DECALOGUE
Dix syllabes poussées par une femme
Dans le tressaillement d'un oriflamme
Dix syllabes pour le plaisir serein
D'un voyage aux aurores du matin
Un train qui croit au sens horizontal
En respirant du charbon de fractales
Dix syllabes pour la joie du retour
Imperceptible saveur de l'amour
Dix syllabes de feu pur atmosphère
Un sourire en sa séance pleinière
Écrit par : gmc | mercredi, 30 janvier 2008
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