Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 20 avril 2016

Sursum Corda

Mépris des politiciens de gauche pour le peuple, mépris le legs empuanti  de Mitterrand à son camp, comptant pour leur réélection sur le conformisme et la peur des gens, et des conseillers en communication sortis incultes de Sciences Po.

Veulerie des politiciens de droite depuis quarante ans à la remorque d’une opinion majoritairement soixanhuitarde, veulerie le legs empoisonné de Chirac à son camp, pour n’avoir su ni défendre ni assumer les fameuses valeurs de civilisation dont ils ont la gorge pleine, et qui inventèrent la langue de bois.

Chef d’Etat ? Mais de quel état, endetté, vassalisé, culturellement insignifiant, spirituellement cadavérique, prêt à accueillir l’Islam en son sein et toujours prompt à cracher sur l’Eglise, cramponné, faute de vertus réelles, sur les valeurs abstraites de sa laïcité maçonnique. Suffit de voir la première page du Monde, parlant dans la même Une de Tariq le bien nommé Ramadan comme d'une « exception française », juste au-dessus d'une affaire de pédophilie dans l'évéché d'Orléans annoncée comme nouvelle quand elle date des années soixante … Les frères musulmans, une exception française ! Fétide, le Monde, depuis si longtemps...

Naïveté des gens qui songent qu’un type comme Macron peut sauver l’économie du pays ou une kermesse comme Nuit Debout la res publica. Politique : salon de Philaminte Elkrief et Bélise de Malherbe sur BFM, cour de récréation place de la République, les Femmes savantes et le petit Nicolas devenus maitres à penser par le moyen du vide narcissique des temps.

Spectacle sans intérêt, sans illusion, pénétré déjà par sa vieillesse en raison de son non commencement, garanti par sa fondation inexistante et sa tradition inopérante à une mort inéluctable et programmée. Ils l'ont déjà compris, les frérots musulmans... 

Une vraie réponse, une seule fidélité  : Sursum Corda

AB-Toulza-eleve-l-Hostie.jpg

 

20:52 Publié dans Là où la paix réside, Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | | |

mardi, 12 avril 2016

Agé de tant de baptêmes

Flotte dans toute la prose de Chateaubriand une rêverie intrinsèquement catholique et romaine qui trouve son point d’orgue dans cette citation des Mémoires où il est question de Milton : « Ce fut un événement mémorable, lorsque le XVIIe siècle députa son plus grand poète protestant et son plus sérieux génie pour visiter, en 1638, la grande Rome catholique. Adossée à la croix, tenant dans ses mains ses deux Testaments, ayant derrière elle les générations coupables sorties de l’Eden, et devant elle les générations rachetées descendues du Jardin des Oliviers, elle disait à l’hérétique né d’hier : Que veux-tu à ta vieille mère ? »

Celles et ceux qui apprécient le mémorialiste reconnaîtront tout de suite l’ironie avec laquelle il emploie le verbe « députer » pour personnifier un XVIIe siècle déjà bien coupable à ses yeux, comme aurait dit Philinte, ainsi que les déterminants possessifs « son ». Quand il voyage, François René est toujours sur les traces de quelqu’un, le Tasse à Ferrare, Byron à Venise, Milton à Rome, dont il doit en quelque sorte éprouver la majesté et finalement défier la grandeur pour mieux la relativiser. Députa, donc. Le mot choit du bout des lèvres, ou plutôt d’un coin de l’esprit, tout vif. On l’entend crisser sous la plume, comme pour déjà banaliser en creux ce voyage de l'auteur du Paradise Lost  qui, si grand poète et si sérieux génie fût-il, ne peut que l’être trois notes et trois nuances en-dessous de François-René que personne, jamais, n’aura jamais ainsi « député ».  A ce verbe, se faisant l’écho d’un dédain plus affirmé, répond « né d’hier » à la fin de l’extrait. Milton, l’ainé, se retrouve en raison de son protestantisme hérétique le cadet, en quelque sorte… le cadet de Chateaubriand qui parait soudain,âgé de tant de baptêmes, aussi vieux que Rome.

Une prosopopée hardie fait de la « grande Rome catholique » une sorte de poste de douane entre-deux mondes, avec un « derrière » et un « devant », des générations perdues d’un côté, rachetées de l’autre. On croit voir se dresser, face aux figures suggérées d’Adam chassé hors de l’Eden et du Christ méditant à Gethsémani, celle de Constantin jetant le paganisme dans les eaux du Tibre du pont de Milvius. Et Milton soudain paraît bien seul. Et Milton paraît bien jeune. Et Milton paraît bien petit. Rétréci dans le sein même de l'histoire avec un H majuscule. C’est le génie de Chateaubriand de parler ainsi à travers et à partir de l’histoire, d’épouser d’un trait de plume sa grandeur. « Les grands artistes, nous dit-il, à leur grande époque, menaient une toute autre vie que celle qu’ils mènent aujourd’hui : attachés aux voûtes du Vatican, aux parois de Saint-Pierre, aux murs de la Farnésine, ils travaillaient à leurs chefs d’œuvre suspendus avec eux dans les airs. Raphaël marchait environné de ses élèves, escorté des cardinaux et des princes, comme une sénateur de l’ancienne Rome suivi de ses devanciers et de ses clients. (…) Ces fameux artistes passaient leurs journées dans les aventures et les fêtes ; ils défendaient la ville et les châteaux ; ils élevaient des églises et recevaient de grands coups d’épée, séduisaient des femmes, se refugiaient dans des cloitres, étaient absous par des papes et sauvés par des princes » (2)

Comme Chateaubriand voyait en creux Michel Ange accroché à son échafaudage de la Sixtine en train de tracer les plis du manteau de Dieu, je crois le voir lui dans son exil d’après 1830, à Prague ou ailleurs, en train de défendre les châteaux de son vieux roi et d’élever l’ultime église où il avait déjà prévu de descendre, « un crucifix à la main ».

chateaubriand,milton,mémoires,paradise lost,rome,constantin,catholicisme

Raphaël, Baptême de Constantin, Chambre de Constantin, Vatican

(1) Mémoires, 3°Partie, 2°époque, livre huitième, ch. 7

(2) Mémoires, 3°Partie, 2°époque, livre huitième, ch. 6

22:21 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : chateaubriand, milton, mémoires, paradise lost, rome, constantin, catholicisme, littérature | | |

mercredi, 06 avril 2016

Les 6000 pas de son ex

Philippe Muray écrivit naguère un texte jubilatoire qui commençait ainsi ; « Notre époque ne produit pas que des terreurs innommables, prises d’otages à la chaîne, réchauffement de la planète, massacres de masse, enlèvements, épidémies inconnues, attentats géants, femmes battues, opérations suicide. Elle a aussi inventé le sourire de Ségolène Royal. » dont on peut lire la réjouissante totalité ICI.

Le  sourire de Ségolène Royal inaugurait, c'est vrai, ce que son ex aux 6000 pas, quelques cinq ans plus tard, aura appelé une présidence normale, et qui n'aura été qu'un gigantesque abousement intellectuel et politique dans le quelconque, l'insipide, le vivre ensemble et le pour tous, une sorte de naufrage dont la France et ses 12 nouvelles régions métropolitaines taillées chacune aux ambitions et au format de la Hollande ne se relèvera pas. Le Grand Est après les Hauts de France, on reconnaît là toute la poésie administrative de l'ENA dont ce couple de bourgeois sans saveur demeure devant l'histoire la morose incarnation. 

Ce socialisme franchouillard qui rend l'âme laisse les anciennes régions financièrement exsangues, d'après les audits réalisées par le cabinet Ernst & Young. Un milliard d'euros en Poitou Charente, et des ardoises identiques partout ailleurs. Et pendant ce temps là, la Société Générale, dont l'Esprit d'équipe est bien connu, créait 979 sociétés offshores au Panama.... Le règne du quelconque finit toujours par être celui du scandale, et ce qui est vrai sur un plan local l'est aussi sur un plan international.

muray,ségolène royal,podomètre

Comment aimer ce monde qui heurte en chacun d'entre nous tout sentiment de pureté,de justice, de vérité, de beauté, ce monde qui flanque la nausée quel que soit le bout de la lorgnette par lequel on l'entrevoit ? Comment s'y sentir bien, s'y abandonner un tant soit peu aux fantasmes, aux dogmes, aux lubies qu'il promeut, lui qui,depuis longtemps, nous a rendus complices de sa vacuité, de sa médiocrité, de toutes ses ambiguïtés ? La contre-performance, partout. Et cependant, le condamner semble pareillement vain. Ce monde paraît irrémédiablement voué à la corruption tant il nie son péché initial, pour ne pas dire originel, entraînant chacun de ses membres dans un mensonge organique, une ignorance consubstantielle, loin de toute rédemption possible. Il continuera à crucifier le Verbe inlassablement, il répétera les mêmes erreurs et son incessant activisme se déploiera dans un incessant blasphème contre l'Esprit Saint. Comment aimer ?

Ce § du Petit Journal de sœur Faustine (le n° 60) comme une échappée : Vers la fin des litanies, je vis une grande clarté et, dans cette clarté, Dieu le Père. Entre cette clarté et la terre, je vis Jésus cloué en Croix, placé de telle façon que lorsque Dieu voulait voir la terre, Il devait la regarder à travers les Plaies de son fils. Et je compris que c'est à cause de Jésus que Dieu bénit la terre.

De Ségolène à Faustine, d'un sourire à l'autre, un voyage de la contrefaçon à la vérité, de ce qui nuit à ce qui sauve...

 

dimanche, 03 avril 2016

Résurrection 3

La célébration des mystères de Pâques – au premier chef celui de la Résurrection – se clôt aujourd’hui  (Pâques closes), avec ce dimanche in Albis (en aube blanche) durant lequel les néophytes (baptisés de Pâques) déposent leurs vêtements blancs. C’est le dimanche de Quasi modo (même façon), d’après les premiers mots de l’introït de la messe du jour dans le rite extraordinaire (en latin), prononcé par Pierre juste avant son commentaire sur cette fameuse pierre angulaire qu’est devenu le Christ depuis sa Résurrection : « pierre d’angle & pierre vivante » de l’Eglise à bâtir pour ceux qui ont vu, cru, senti, touché du doigt le fait  que le Christ est bien le Verbe fait chair, rédempteur et vainqueur de la mort, « pierre d’achoppement » pour contre laquelle viendra trébucher l'esprit de tous ceux qui ne croient pas : « Quasi modo géniti infántes, allelúia : rationabiles, sine dolo lac concupíscite, allelúia, allelúia allelúia » (Comme des enfants nouveau-nés, alléluia ; désirez ardemment le lait spirituel, alléluia, alléluia, alléluia.- Premier épître de Pierre,2-2).

Durant ce dimanche on célèbre la Résurrection du Christ à travers la lecture de saint Jean célébrant l’apparition du Ressuscité à la troupe des onze apôtres, et principalement à Thomas l’incrédule (20, 19-31), scène pérennisée par Le Caravage dans la fameuse toile conservée à Potsdam. D'incrédule, il devint fidèle, reconnaissant Dominus meus et Deus meus « Thomas a entendu Madeleine, et il a dédaigné son témoignage ; il a entendu Pierre, et il a décliné son autorité ; il a entendu ses autres frères et les disciples d’Emmaüs, et rien de tout cela ne l’a dépris de sa raison personnelle. La parole d’autrui qui, lorsqu’elle est grave et désintéressée, produit la certitude dans un esprit sensé, n’a plus cette efficacité chez beaucoup de gens, dès qu’elle a pour objet d’attester le surnaturel. C’est là une profonde plaie de notre nature lésée par le péché. », écrira à ce sujet dom Guéranger dans son Année Liturgique. Mais l'accès au surnaturel, surtout dans une société aussi absurdement rationnelle que la nôtre, peut-il prendre la forme d'un acte collectif ?  Oui, rappellera-t-on, si l'on considère ce que devrait-être une messe idéale. Non, dira-t-on, si l'on considère que la spécificité de cet accès à rebours des sens trompeurs, son individualité propre détermine les contours et la teneur de la foi de chacun. En ce sens, et c'est là pure merveille, le christianisme, fondé sur la seule Résurrection du Christ, n'est pas une religion de groupe ou de masse, mais de communauté.

DimancheStThomas.jpg

Ce dimanche est aussi Fête de la Miséricorde depuis la canonisation de sœur Faustine par Jean Paul II, laquelle rapporte dans son Petit Journal l’apparition du Christ lui disant [698] ces paroles : « Ma fille, parle au monde entier de Mon inconcevable miséricorde. Je désire que la Sainte Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les écluses de Ma miséricorde sont ouvertes. Je déverse tout un océan de grâces sur les âmes, qui s’approcheront de la source de Ma miséricorde. Toute âme qui s’approchera de la confession et de la Sainte Communion recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur punition. En ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoule la grâce. Qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de Moi, même si ses péchés sont comme l ‘écarlate. Ma miséricorde est si grande que, pendant toute l’éternité, aucun esprit, ni humain ni angélique ne saurait approfondir tout ce qui est sorti des profondeurs de Ma miséricorde. Chaque âme en relation avec Moi, méditera Mon amour et Ma miséricorde durant toute l’éternité. La fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles.  Je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de Ma Miséricorde. »

Faustine évoque ailleurs ces âmes indifférentes et froides « dont la froideur cadavérique emplit de répulsion et blessent le plus douloureusement » le Christ. C’est, affirme-t-elle, à cause d’elles qu’il pria : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de Moi ! ». Leur « ultime planche de salut » est de recourir à sa Miséricorde » car elles ne pourront retrouver « la flamme de la vie », dit Faustine, que dans « le brasier même de son amour » (1)

Dans son homélie du 30 avril 2000 instituant cette fête, Jean Paul II avait insisté sur la nécessité particulière de miséricorde à l'égard de la génération de Faustine : « La Divine Providence a voulu que la vie de cette humble fille de la Pologne soit totalement liée à l'histoire du vingtième siècle, le siècle que nous venons de quitter. C'est, en effet, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale que le Christ lui a confié son message de miséricorde. Ceux qui se souviennent, qui furent témoins et qui prirent part aux événements de ces années et des atroces souffrances qui en découlèrent pour des millions d'hommes, savent bien combien le message de la miséricorde était nécessaire (…) Comme les Apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l'humanité d'aujourd'hui accueille elle aussi dans le cénacle de l'histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix à vous ! Il faut que l'humanité se laisse atteindre et imprégner par l'Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C'est l'Esprit qui guérit les blessures du cœur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l'amour du Père et celle de l'unité fraternelle. »

Ainsi instituée, cette Fête paraît commandée par la dureté, le caractère criminel et inhumain du monde moderne. Sa juxtaposition avec l'antique dimanche in albis contredit-elle le cycle éternel de la liturgie ou y inscrit-elle de manière justifiée les prières du monde contemporain ?  Quelle place la liturgie sacrée peut-elle réserver à l'histoire des hommes, sans risquer la corruption ? Le salut est-il le même pour tous les hommes, quels que soient les caractéristiques et les signes de chaque temps, ou est-il aussi déterminé par les vicissitudes de l'Histoire ? Le débat traverse les théologiens depuis plusieurs décennies, dans une Eglise où cohabitent depuis Benoit XVI la forme ordinaire ( depuis Vatican II en langue vernaculaire, le prêtre face au peuple) et la forme extraordinaire (en latin, dos tourné au peuple) du rite romain ? Ce dimanche aux multiples accents, qui célèbre cependant le même mystère, en est une vivante incarnation.

 

(1) Cf le Neuvième Jour du Chapelet à la Miséricorde Divine de sœur Faustine

mardi, 29 mars 2016

Résurrection 2

Ressentant en mon cœur une soif d’absolu, de paix, de dépassement incessant de toutes limites, et pour tout dire une véritable soif d’éternité, j’ai longtemps cherché parmi les normes terrestres ainsi que parmi les entorses à ces normes des manières de la combler. En dresser ici la liste serait fastidieux, inutile et douloureux tant je me suis confronté et parfois heurté en vain à toutes sortes d’êtres, d’idées, de comportements et de règles, animé par un désespoir de l’âme qui me fit à l’époque porter aux nues aussi bien Hölderlin que Dostoievsky, Céline que Lautréamont : disons que de la simple sensation à l’autosuggestion idéologique affirmée, j’ai épuisé beaucoup de chimères avant d’en revenir à ce que me soufflait à l’oreille raison la plus simple, et la plus nue : une telle soif d’éternité ne se pourrait étancher au sein de ce qui est mortel : inutile d’en quêter l’apaisement dans les choses de la vie finie, ce n’est donc qu’en passant par la mort que cette soif trouverait son apaisement. Facile à penser, me direz-vous, mais terrible à ressentir : Je vous l’accorde.

La vie chrétienne a cela d’antimoderne qu’elle s’éprouve telle une attente, me disais-je samedi soir au terme de la vigile de Pâques, alors que les diacres dévoilaient toutes les statues des draps violets qui les avaient recouvertes durant tout le temps de la Passion. Car le Christ est déjà ressuscité, que je ne suis toujours pas mort. Il est bien de ce point de vue l’alpha et l’Omega de toute vie spirituelle, comme le soleil est le commencement et la fin de toute journée, « avant que le monde fût »[1], celui qu’on ne cessera d’attendre et d’espérer. Je peux certes, en attendant de mourir tout à fait, commencer à mourir à moi-même, comme l’enseigne la vie de tous les saints. J’entre alors assurément dans un conflit avec le monde, conflit dont je me retrouve le seul à connaître toute la profondeur et tous les enjeux. Pour aller au Christ, écrivait Claudel, il y a le chemin de ce qui est clair et le chemin de ce qui est obscur, de ce qui direct et de ce qui est indirect, de ce qui est simple et de ce qui est nombreux, entremêlé, le chemin de la grâce, autrement dit, et celui du péché[2]. La proposition demeure avant tout romanesque, spectaculaire. Mourir à soi-même est un chemin quotidien qui manifeste moins de panache et consiste à laisser agir chaque jour la rencontre avec le Ressuscité, dans l’espoir de lui plaire.

Or l’idée qu’il nous faille passer par la mort pour être absolument comblé de joie est bel et bien à rebours de tout ce que cette époque, qui par toute la planète s’ingénie à effacer toute trace de nuit, préconise. On mesure alors tout ce qu’elle contient de luciférien. A cet effort de mourir à soi-même elle oppose en effet toutes les activités du développement personnel qui, pour peu qu’on les observe de près, ne sont rien moins que la recherche effrénée d’une solution dans toutes sortes d’activité, à l’endroit même par conséquent où demeure le problème.

A l’humilité qui plait à Dieu, l’époque oppose le culte de la prouesse, de la réussite, de la performance. A la liberté que donne Dieu, elle substitue un assistanat sous condition, à la palette des choix fondamentaux, la soumission à la gamme superficielle de ses options. A la vérité, elle oppose son exact contraire.

Car en nous immergeant dans le constant déni de notre propre mort, cette société luciférienne, dans son ensemble, nous contraint sans cesse au mensonge sur notre propre nature. Niant notre mortalité, comment s’étonner que nous ne parvenions plus, dès lors, à nous confesser pécheurs ? Il nous faut trop souvent, hélas, la perte d’un être cher pour découvrir toute l’immensité de ce déni que le diable qui, niant le péché, nie aussi la mort, a gravé en nous. Ou que, sur notre propre corps, nous découvrions un matin la trace palpable d’un nouveau pas vers notre vieillissement, imperceptible d’ordinaire. Nous comprenons alors que pour être heureux du lent acheminement vers la mort qu’est notre existence physique, il nous faudrait accepter déjà en notre corps la présence du cadavre qu’il deviendra un jour :  telle est la leçon de Lazare (revenu à la vie, et non ressuscité), tel est aussi celui du memento mori de la Genèse. Ce cadavre qu’on maquille, aseptise, cache, brûle, occulte témoigne pour le plus profond de nous-même que « poussière, tu redeviendras poussière… ». Le premier travail de la société luciférienne est ainsi d’occulter de nous la conscience de notre condition réelle sans quoi nul bonheur n’est possible :  oui, le premier mensonge par lequel cette société nous lie au mensonge qu’est son mode de vie est bien le déni de la mort. C’est ce mensonge là que la Résurrection du Christ, fruit de sa Passion, vient profondément déranger.

Car de morale ou religieuse, la question est devenue entretemps existentielle : Niant notre mortalité, nous nions aussi toutes les traces du péché originel et donc toutes les possibilités de Rédemption. Nous devenons des infirmes, pour ne pas dire des damnés, nous nous excluons du cœur même de la Trinité. Nous tournons le dos au Christ qui, au moment d’accepter sa mort, pria ainsi son père pour lui-même, ses disciples, pour la communauté des croyants : « Père l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie (…) La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean – 17, 1-3)

Au christianisme, donc, cette société luciférienne oppose sa propre religion falsifiée, celle d’un humanisme sans Dieu. Les vertus y deviennent des valeurs. La charité envers le prochain se mue en respect pour la personne, et l’on appréciera le saisissant passage du concret à l’abstrait. La fraternité, qui va de soi pour tout chrétien, si l’on se souvient que le Christ lui-même a porté son Père aux Gentils, aux Païens, aux non-Juifs, se mue en un antiracisme lui aussi devenu un prétexte creux pour sacraliser l’homme – quelle que soit sa couleur ou sa différence, qui passe au second plan. La tolérance envers toutes les minorités – puisqu’ils sont hommes, ils sont forcément parfaits –  tient du même mimétisme, relève de la même soupe. Le credo magique de cette nouvelle religion d’état étant l’amour [il y avait une pensée unique, voilà que s’impose à nous le sentiment unique], ceux qui résistent, protestent ou s’opposent sont forcément des semeurs de haine. Quant à l’ordre, n’étant plus inspiré ni maintenu par le Père, il l’est par César et ses caricatures. Dès lors, de divin, il devient dictatorial. Un stade de France cerné de tireurs d’élite censés intervenir en cas d’attentats pour sécuriser des spectateurs venus voir des footballeurs et sollicitant eux-mêmes la fouille au corps pour entrer dans l’arène, c’est quelque chose comme le Colisée, vous l’avouerez, mais en pire. En bien pire, l'Empire…

Le Christ est-il encore parmi nous ?

(A suivre…)

stade de france,attentats,christ,religion,littérature,

[1] Jean – 17, 4

[2] Voir le monologue du jésuite dans la première scène de la première journée du Soulier de Satin,

19:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stade de france, attentats, christ, religion, littérature | | |

lundi, 28 mars 2016

Résurrection

Asad Shah, 40 ans, musulman pratiquant écossais originaire du Pakistan, a été roué de coups sur un trottoir devant sa boutique, le jeudi 24 mars dernier, jeudi saint. Il est mort à son arrivée à l’hôpital. Il venait de poster sur facebook un message dans lequel il souhaitait de joyeuses fêtes de Pâques à « sa communauté chrétienne bien aimée ». Le quartier le présente comme un modèle de tolérance, et plus de 90 000 euros viennent d’être récoltés sur un site afin de venir en aide à sa famille. Selon un témoin, cité par la presse britannique, deux agresseurs l’ont piétiné alors qu’il était à terre et, vendredi après-midi, un homme de 32 ans, présenté comme musulman, a été interpellé. On ne sait si Asad Shah a payé sa tolérance à l’égard des chrétiens. Dans le climat actuel, on peut cependant l’imaginer.

A Lahore, pays d'origine d'Asad Shah, c’est bel et bien des chrétiens que visa un attentat sanglant en plein jour de Pâques. Or, parmi les 72 victimes, on aurait dégagé aussi de nombreux musulmans. Il se trouve donc un chercheur du CNRS pour vous expliquer qu'au Pakistan les premières victimes du terrorisme anti-chrétien sont statistiquement toujours des musulmans puisqu'ils représentent la majeure partie de la population et se trouvent aussi là lorsqu'explosent les bombes. Sales chrétiens, qui font que les musulmans se déchirent entre eux, semble dire Jean Luc Racine : « Quand des chrétiens pakistanais sont accusés de blasphème,  ce qui peut mener à la peine de mort, il y a toujours un écho international. Mais, là aussi, quand on regarde les chiffres, on se rend compte que les principales cibles de cette loi, qu’il est très périlleux de contester, sont des musulmans parce qu’elle sert à régler des comptes entre voisins qui ne s’aiment pas. » Les musulmans victimes des musulmans : Retour à Glasgow, donc.

Il n'empêche que la manière dont ce brave chercheur du CNRS minore scandaleusement la gravité de la haine contre les chrétiens dans le monde musulman interpelle, tout comme sa curieuse façon d'oublier dans la foulée de sa brillante analyse de rappeler que les terroristes, eux, se revendiquent toujours du dieu unique de l'Islam pour perpétuer leurs crimes.

Je veux bien admettre avec lui que les premières victimes de l'Islam sont les musulmans, puisque leur religion taillée à coups de serpes leur interdit la connaissance de la sainte Trinité, l'accès à la vision béatifique, et qu'elle les condamne à survivre dans une perpétuelle soumission à la charria. Il reste qu'au Pakistan comme ailleurs, c'est contre la Croix que ces islamistes venus de tous horizons lancent leurs odieux anathèmes et leurs bombes criminelles.

Rien de nouveau depuis la Résurrection du Christ, lorsque le Sanhédrin interdisait à Jean et Pierre de parler de Jésus au peuple, les menaçant de mort et les jetant régulièrement en prison. Rien de nouveau depuis la lapidation d'Étienne. Le Christ ressuscité demeure « ce signe sur lequel on discutera » (Luc – 2,34). Car un monde qui nie la mort aussi stupidement que le nôtre n’aime pas qu’on la vainque éternellement, et d’une aussi brillante façon...

(A suivre)

 

19:37 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : glasgow, asad shah, islamisme, lahore, jean luc racine | | |

vendredi, 25 mars 2016

Retour à Bron (3)

Je découvre dans la presse que l'islamisation de la Tunisie procèderait de l'arrivée au pouvoir d'Ennahda en 2011. Cela me rappelle les âneries que les ministres et journalistes jettent du matin au soir en pâture à l'opinion en France, en expliquant, main sur le cœur, qu'Islam et République sont compatibles. Or, si Ennahda a pu arriver jusqu’au pouvoir, c'est que l'islamisation de la société tunisienne s’était déjà produite depuis longtemps, favorisée par des politiques de tolérance plus que douteuses. Idem, hélas avec la société française. Songer que Sapin s’en prend à la Belgique qui aurait laissé croitre des Molenbeeck en son sein : Le culot et l’incurie de ces gens donnent des frissons ! 

A titre de témoignage, ces photos de l'église Saint Etienne à Bron, où un cardinal mort depuis (qu'on n'hésitera bientôt plus à traiter de pédophile, au train où va la propagande), m'a solennellement confirmé. A l'époque, je trouvais déjà que si la France n'avait plus que de telles horreurs en béton à consacrer à Dieu, il devait y avoir un lézard quelque part. Comment imaginer alors un mal si profond ?



littérature,bron,église saint-etienne,ennahda,tunisie,molenbeek


Le rideau de fer a chu sur l'église de ma confirmation qui ressemble à un entrepôt désaffecté des pays de l’Est

littérature,bron,église saint-etienne,ennahda,tunisie,molenbeek

 

Une pancarte de fort mauvais augure, sur le mur du côté droit de l'église. Le « grand remplacement » aurait-t-il en catimini commencé ? Faut-il attendre qu’un parti musulman se présente à la présidentielle pour évoquer tous les risques que l’islamisation de la société opérée par la gauche au pouvoir fait courir au pays ?

La propagande d'État est telle qu'en parlant ainsi, on risque de passer pour un dangereux provocateur. Ils ont inventé ce concept d'incitation à la haine, comme si eux-mêmes invitaient à l'amour, alors que nous ne faisons qu'inciter à la raison en constatant les méfaits de leur politique et en dénonçant les amalgames dont eux-mêmes se rendent coupables en proclamant que tout se vaut. Non tout ne se vaut pas : sur le plan théologique, qu'ils me prouvent par exemple que la Passion et le sacrifice du Christ valent les rodomontades de Mahomet. Alors seulement je commencerais à accorder quelque crédit à leurs sophismes, et quelque légitimité à leur gouvernement.

 

mercredi, 23 mars 2016

Retour à Bron (2)

Comme midi avait sonné, je suis rentré dans la brasserie de la place, encore presque vide. Au plat du jour, tête de veau sauce gribiche  : du facile à mâcher qui tombait bien, en raison de sérieux ennuis dentaires qui m'assaillent en ce moment. Accompagnée d'une fillette de gaillac, ça irait. Autre point fort de l'endroit, pas de télé gueularde suspendue dans un coin. En face de moi, une photo de Doisneau représentant Prévert attablé dans un coin du Luxembourg, dirait-on, un chien noir à ses pieds. Prévert, c'est curieux, je pensais à lui pas plus tard que ce matin. Je me disais  :  "Notre Père qui êtes aux cieux, restez- y ..., faut-il être con pour penser des trucs pareils." Me fait penser au type qui se noit, submergé et fier de l'être et lance à des gens qui tentent de le tirer de là  : "la paix, les gars, foutez-moi la paix..." Mais tout à été dit à ce sujet, pas nécessaire d'y revenir. Prévert croule en paix. Je n'ai pour ma part jamais pris ce gars pour un poète, ni le petit œuf, ni rappelle-toi Barbara, ni surtout ces inventaires gratuits. Prévert, c'est le commencement de la poésie pour tous, de la langue d'instituteur ; c'est le commencement désastreux de la fin. Mais bon. Il fait beau dehors, la tête de veau est tendre et bien cuite et je ne suis pas à Bron pour parler Prévert....

L'école un peu plus loin. La où justement on m'entretenait jadis de Prévert, sans vraiment me convaincre. Pas trop bougée en apparence, jusqu'au pré vert qui servait et sert toujours de terrain de sport à ses côtés. En apparence seulement, au su des programmes qu'on y suit depuis que 40 ans de réformes destructrices se sont engouffrées sous son toit. Bien changée l'école, au vu de ces mères voilées se dispersant alentour, une fois leur marmaille confiée aux bons soins de la République. La République est bonne mère pour Allah, décidément ! Faut bien être adepte du hollandisme déclinant pour imaginer un seul instant que l'Islam lui rendra la monnaie de sa pièce... Tout ça tient, n'en déplaise aux illusionnistes de la gauche maçonnique, du « grand remplacement » cher à Renaud Camus. Qu'aurait fait ma mère face à une telle situation ? Trop démunie pour m'inscrire dans le privé... On en revient sans cesse au même et sordide levier de manipulation des peuples dans laquelle une certaine gauche prétendument morale et scandaleusement donneuse de leçons excelle.

J'approche justement de Bron Terraillon, terrains de jeux de l'illustre Benzema, qui furent miens jadis. Comme quoi en ces banlieues socialistes mieux vaut collaborer avec le système en apprenant à taper dans un ballon qu'à tenter de le contester en apprenant à manier la plume. Zemmour à raison : Sur les boîtes aux lettres de l'immeuble aujourd'hui rénové où vécut ma mere, rares sont désormais les Dupont et les Martin. Une impression désagréable, de dépossession se saisit de moi. Par une fenêtre,  les vociférations d'une télé : en pleine semaine sainte, on ne parle encore que de l'état islamique.  Et tous ces idiots qui font mine de n'y voir que du feu... Je ne sais si Allah est grand. Mais je le trouve particulièrement envahissant. 

A suivre

 

15:16 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bron, prévert, littérature, doisneau, renaud camus, benzema, zemmour | | |

mardi, 22 mars 2016

Retour à Bron

Le hasard m'a reconduit en saint-Saint-Denis de Bron, l'église où j'ai reçu la première communion. J'avais oublié la formidable rusticité du lieu. Loin de Saint-Ignace à Rome ou même de Saint-Denis en Croix-rousse ! Sobriété d'une croix en fer forgé noir, dont se contente le Christ, à laquelle est accrochée une branche de rameaux verte. Quelques jonquilles sur l'autel et sur le sol un vase de genets. Les bancs sont en bois clair. Où se sont dispersés celles et ceux qui à mes côtés portèrent, chacun en aube blanche également leur cierge jusqu'à l'autel, ce jour-là ? Et leurs proches qui occupaient ces bancs ?  Pour quelques mois encore, guère plus, on lisait encore la messe en latin. Grands-parents, parents, parrain, marraine, tous sont partis, quel étrange ballet que cette vie. Dans l'église déserte d'hommes demeure un grand calme que strient du dehors quelques notes aiguës d'oiseaux.

Mon âme attend le Seigneur, dit-on dans le De Profundis, « plus sûrement qu'un veilleur attend l'aurore » Ce qui veut dire que nous devons être plus certains de l'amour du Christ et de sa Résurrection que de l'existence de cette lumière matérielle qui tombe de ces vitraux transparents. Nous devons être plus assurés de la vie surnaturelle  que de la naturelle. Les chants d'oiseaux passeront. Cette église charmante dont tout a coup la colombe du vitrail jaune du fond me revient à l'esprit tandis que je la regarde, si bien que je me sais plus si je la contemple du point jadis ou du point de maintenant, cette église de Bron passera à son tour. Le sacrifice du Christ demeurera éternellement, peut-être pas dans la mémoire de tous, mais du moins dans celle de quelques-uns qui suffiront à constituer une multitude . Ce surnaturel prépondérant, c'est aussi lui que nous acclamons quand nous chantons avec Thomas d'Aquin dans son Tantum ergo, « que la foi supplée à l'insuffisance des sens»...

D'ici, comme tout ce qui se passe actuellement à Bruxelles paraît lointain ! Irréel  ! Je le sais, bien sûr, j'en suis informé, c'est tout. Je l'ai appris de ce smartphone sur lequel je compose ce texte. Familières, les cloches de Saint-Denis sonnent douze, tout comme autrefois. Et le joyeux carillon se met en branle. C'est le moment de publier ce billet...

(à suivre)