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lundi, 02 mai 2011

Qui dit mieux ?

Ben Laden n’est pas encore refroidi qu’on se demande déjà sur les chaînes d’info quelles seront les représailles d’Al-Qaida. Enfin, pas encore refroidi… Il parait que pour empêcher des islamistes fanatiques de faire de sa tombe un lieu de pèlerinage, les Américains ont balancé son corps en haute mer. Décidément, l’homme occidental vit toujours dans la peur, la méfiance ou la prospection.

Bien sûr, moi, confiant comme jamais dans les autorités qui nous gouvernent, en voyant Obama droit comme un cierge annoncer au monde entier la mort de l’Ennemi public n°1, je n’ai pu m’empêcher d’en douter. D’autant plus que ces cons ont  laissé circuler sur Internet une photo truquée datant de 2010. Eh oui, y’a pas que les gosses du numérique qui jouent avec Photoshop : 

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Ces jours-ci, faut avouer, l’actualité à la Hergé nous gâte et le téléspectateur bédéssiné moyen qui suit le feuilleton devient, de bulle en bulle, de plus en plus exigeant : Un mariage princier, une béatification papale, et aujourd’hui le dézingage du terroriste qui tenait la dragée haute à l’Amérique depuis 10 ans.  On en oublie déjà celui du fils Kadhafi d’hier. A peine commencé, le XXIème siècle serait-il fini ?

Quant à la centrale de Fukushima, tout le monde se fout désormais de savoir où est en l’état des travaux. Ne parlons pas des résultats de la Ligue 1 et des deux olympiques de plus en plus minables courant derrière les lillois. De quoi va-t-on parler demain ? L’animateur (trice) aux yeux pétillants sur le plateau, ainsi que ses futurs invités, exultent.  

La Grande Bretagne, le Vatican, les USA ont fait leur show : A ce rythme-là il va falloir que François Hollande et ses copains (pines), qui battent la campagne à répétition pour faire parler d'eux, inventent vite autre chose que de simples primaires pour intéresser le chaland à leur non-politique…

17:49 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ben laden, actualité, politique, obama | | |

samedi, 11 septembre 2010

Pas d'étincelles pour le Coran

Au Pakistan, pays à majorité islamiste, un gouvernement laisse de grands propriétaires musulmans détourner des rivières en période d’inondation pour noyer sciemment des villages chrétiens et se débarrasser de leur population à bon compte. Le fait est relaté dans la presse sans déclencher outre mesure un tollé d’indignation parmi les bien-pensants occidentaux. Imaginez un peu un la chose dans l’autre sens…

Aux Etats-Unis, un pasteur intégriste promet de brûler le Coran pour l’anniversaire du 11 septembre. Avant même de passer à l’acte, il fait la une des journaux du monde entier. Même le président Obama s’émeut… Diable... Nous ne sommes plus au temps des autodafés, certes. Il est bon de rappeler toutefois que le Coran n’est qu’un livre, un assemblage de pages comme les tous les autres. Qui n’a de sacré que la subjectivité qu’on y projette ou non. Et qu’entre brûler un livre et noyer sciemment des populations rurales sans défense, il y a bien deux poids deux mesures. Deux poids deux mesures, qu’une certaine tolérance devenue imbécilité paraît ne plus mesurer quand elle crée un tel tintamarre pour si peu, et une telle omerta pour beaucoup. C’est triste.

Aux dernières nouvelles, il semble que Terry Jones, le pasteur en question, ait renoncé à faire avec le Coran de vraies étincelles : avec la presse lobotomisée du monde entier, ça aura suffisamment crépiter depuis trois jours. Much ado about nothing...

11:34 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : terry jones, coran, actualité, politique, religion, 11septembre, obama | | |

dimanche, 13 juin 2010

La plaine mortelle

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Ridicule, dit Obama à propos de l’effort entrepris par BP pour endiguer la fuite de pétrole. Minuscule, réplique Tony Hayward, pour qualifier le volume de pétrole se dispersant dans le volume total d’eau de l’océan : Ridicule, minuscule : ne dirait-on pas que ces deux hommes ne parlent que d’eux-mêmes ?  « Il est dommage que la nature ait besoin de nous confronter violemment à notre propre insignifiance pour nous rappeler l'ordre des choses. » tance de son côté Nicolas Hulot, vertueux représentant de l’écologie presque politique.

Tandis que l’action BP plonge en Bourse, Obama la suit dans les sondages. Du coup, certains commencent à s’émouvoir du sort prochain, qui de son cours, qui de sa popularité. Comme si c’était cela qui comptait ! Que peut-on pourtant attendre de ces deux minuscules et de ces deux ridicules ? C’est évidemment tout le système, dont le mode de vie qui nous est imposé nous rend complices qui a grignoté chaque jour et finit sous nos yeux de lentement dévorer la beauté du monde. La planète évidemment survivra à nos exactions collectives. Mais dans quel état ? Et pour son bien, sans doute n’y serons nous plus. Poséidon et son trident, lentement abîmé par et dans la conscience des hommes, aura changé sa vague douce en un miroir, où réapprendre notre propre noirceur. La plaine liquide d’Homère sera redevenue méticuleusement mortelle.

17:54 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : obama, tony hayward, bp, marée noire, actualité, politique, société | | |

vendredi, 04 décembre 2009

Une rencontre

A Feuilly & Bertrand, prolongement de leurs commentaires...



C’était, dira-t-on, il y a un certain temps. Aussi bien, il semble que ce fut hier. Je donnais alors des cours du soir à des assistants de langue dans une université accueillant des étrangers. Vous savez : des étudiants venus d’un peu partout pour faire la conversation aux lycéens, en parallèle de ce que ces derniers font avec leurs professeurs respectifs. C’était une déjà vieille université, bordant le Rhône. Emplie d’étudiants de tous les continents, venus étudier le droit, le commerce international…  Mais là n’est pas le sujet. C’était encore l’hiver. Un soir de mars, dieu de la guerre. Plus précisément un mercredi 19 mars, quelques heures avant que George Bush (vous avez déjà oublié ? Tout passe si vite… C’était avant l’ère Obama…) ne commence à pilonner Bagdad…

Dans l’amphi d’à côté, j’avais repéré un groupe d’étudiants en droit international qui quittaient les lieux vers 20 heures, en même temps que moi, mais souvent s’attardaient pour discuter dans les cours intérieures et par groupes de quatre ou six, sous les galeries. Ce soir-là, alors que je m’apprêtais à quitter les lieux, un groupe  s’était formé autour de l’un d’entre eux, lequel paraissait à la fois très énervé et comme hanté par une sorte de sérénité. Je m’approchais. A cette époque, on l’a peut-être oublié, partout, on ne parlait que de ça : Bush et Saddam, Saddam et Bush, l’Irak et les armes de destruction massives…

Je m’approchais du groupe, une quinzaine d’étudiants rassemblés autour de l’individu charismatique qui, parlant un français impeccable, les haranguait.

« Vous les Français, vous êtes stupides », disait-il …

Et à ce mot, je tendais l’oreille, m’approchais.

« Vous êtes bêtes ! Mais bêtes ! Vous croyez à ce que vous lisez dans les journaux. Vous croyez que Saddam Hussein est un dictateur. Mais ce n’est pas vrai.  C’est grâce à lui que je suis ici. C’est son gouvernement qui finance mes études. Vous croyez… »

Il faisait froid, la nuit urbaine qui n’est jamais la nuit absolue mais toujours ce jour sale jetait sur les visages aux traits tendus des jeunes gens qui l’écoutaient une lueur blafarde. Je n’exagère rien. Nous étions à quelques heures des premiers bombardements. Et ce garçon qui devait avoir peut-être vingt-trois ou vingt-cinq ans, toujours dans ce français que la plupart des lycéens gavés de technologie ne savent aujourd’hui plus ni lire ni écrire, ce garçon irakien, qui est peut-être aujourd’hui mort, nous disait :

« Je rentre chez moi pour défendre mon pays. Mais avant de partir, je veux vous dire à vous autres Français quelque chose. Je veux vous dire que vous êtes devenus très bêtes. Vous croyez à ce que vous disent les Américains dans les journaux. Ils vous disent qu’en Irak, ils vont pour chercher du pétrole. Et vous les croyez. Ils vous disent que Saddam est un dictateur. Et vous les croyez. Mais Saddam n’est pas un dictateur : Saddam est un irakien, et vous ne comprenez rien au peuple d’Irak.  Saddam est un nationaliste irakien. L’irak a besoin de lui pour ne pas sombrer dans le chaos. Vous ne comprenez pas cela. Vous ne comprenez rien. Vous êtes devenus très très bêtes à croire que tout le monde pense comme vous, rêve comme vous, rit comme vous. Très bêtes. Je vais vous dire la vérité. Je vais vous dire, moi, ce que les Américains viennent chercher en Irak. Et ce n’est pas du pétrole, non… »

Et moi je l’écoutais, à quelques mètres du groupe. Il m’avait repéré, mais continuait son discours. Qu’avait-il à perdre, ou à gagner ? Il y avait une sorte de gravité dense dans l’air. Tout le monde attendait la suite, en se disant que quelques semaines, quelques mois plus tard il serait peut-être mort…

Et ce qu’il dit alors… Ce qu’il dit alors se grava en moi comme un cri du cœur, un cri d’angoisse et de révolte, une évidence, en même temps :

« … Ce qu’ils viennent chercher en Irak, c’est les hommes. Les hommes ! Notre culture. ! Nous  ! Ils veulent qu’il y ait autant de différence entre moi et mon petit-fils qu’il y en a entre vous et votre grand-père… »



Il y eut un grand moment de silence. Puis il serra les lèvres comme pour contenir son émotion.. Et il dit ceci :

« Si vous rencontrez un américain, vous devrez le manger. Le manger. Et le dégueuler tout cru après. Comme ça »

Et il cracha dans la cour de l’Université. Et ce fut sans doute l'une des dernières choses qu’il fit en France avant de regagner son pays en guerre.

 

Je n’ai pas trouvé un mot à lui dire. Je pensais à mon grand-père, enterré là-haut à Loyasse.  Puis je suis rentré à pieds chez moi.

 

Et voilà qu’à présent Obama, l’autre face de Bush,  envoie ses troupes en Afghanistan. Chaque soldat américain, dit-cet homme redoutable, portera là-bas la paix.

Et tous ceux qui  insultaient Bush ne diront rien à Obama.

Parce qu’il est « noir » ?

Parce qu’il est Nobel de la paix?

Parce qu’il est so called démocrate ?

Parce qu'il vient après ?

Ou parce que nous sommes devenus, de renoncements en renoncements, nous aussi américains ?

Et qu’au fond, il y a, c’est vrai, autant de différences entre nous et nos grand-pères qu’il y en aura entre mon inconnu de l’Université, un certain mercredi 19 mars 2003, et son petit-fils, dans une soixantaine d’années, s’il est toujours vivant…



Je ne lui souhaite pas.

12:51 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : obama, politique, guerre d'irak, saddam hussein | | |

jeudi, 03 décembre 2009

La fosse-langue

Bel exemple de fosse-langue 1.

Le prix Nobel de la Paix a annoncé mardi devant un parterre d'élèves de l'école militaire de West Point, l'envoi rapide de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan et demandé l'aide de ses alliés.

Saluée par la presse américaine, la décision d'Obama sera-t-elle suivie par les autres membres de l'Otan ? Il est vrai qu’il aurait dit que les soldats en question viennent « porter la paix. »

 

Bel exemple de fosse-langue 2 :

Daniel Cohn Bendit a déclaré que les plus riches des pays musulmans devraient retirer leur argent des banques suisses, vider les caisses de la Confédération, en riposte au vote sur les minarets.

Les plus riches des pays musulmans seraient donc à ses yeux de parfaits humanistes qui n’auraient, contrairement aux autres riches, pas d’argent sale à blanchir où mettre au frais dans les banques suisses, par pur intérêt personnel ? Des riches sympas, quoi ! Et pourquoi pas des militants écolos ?

 

Bel exemple de fosse-langue 3 :

Nicolas Sarkozy a déclaré à un syndicaliste qui s’inquiétait de la pérennité des emplois industriels en France : « on n’a laissé tomber personne »

 

Etc, etc, etc.

 

Imposture intrinsèque à tout discours politique de quelque bord qu'il soit : faiblesse du militant ou du sympathisant, de songer que de son bord à lui, il n'y aurait ni manip', ni propagande, ni  corruption.

Que de la vertu...

 

 

 

07:31 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : obama, sarkozy, cohn-bendit | | |

samedi, 10 octobre 2009

Noyés dans un verre d'eau

La France est devenu ce pays où la ratification par la Pologne du traité de Lisbonne et les démêlés ridicules du  neveu de François Mitterrand avec son passé sont traités à peu près à part égale dans les journaux.

Ou bien l’attribution du Nobel à Obama et le match  France / île Feroë.

 

On pourrait s’amuser à comparer longuement l’importance de ces 4 événements, à l’aune de l’intérêt que leur portent tel ou bien tel autre téléspectateur (micro-trottoirs), consommateur d’infos (sondages et billets d'humeur) ou commentateur prétendument spécialisé (éditoriaux).

C'est à  l'aune, surtout, de ses conséquences historiques sur nos vies à tous qu'il conviendra, dans la plus totale impuissance, de juger. Car un seul possède une ampleur historique réelle, et aura une incidence effective et durable sur nos pauvres existences.

 

Un seul. Vous verrez que c’est celui qui finira par passer le plus inaperçu.

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mercredi, 21 janvier 2009

Todd et Obama

- Avez-vous regardé la cérémonie télévisée ?

Non. Ce qui m'intéresse ce ne sont pas les images, ce sont les décisions du président Obama. Je comprends que les Américains soient fascinés. Je comprends moins la fascination passive, malsaine des medias français : il est absurde d'attendre de l'Amérique la solution des problèmes mondiaux, alors que les problèmes viennent de l'Amérique. Elle vit au crochet du monde, dans un rapport de prédation.

- Comment expliquez-vous la fascination française et européenne ?

L'Obamania est un symptôme de la crise de la démocratie française et européenne. Dans une démocratie normale, on n'attend pas la solution d'un Chef d'Etat étranger, fût-il le plus puissant. Nos élites économiques, politiques et médiatiques expriment ainsi un désir de servitude volontaire, et un refus de se prendre en main. Il va falloir tenir tête aux Etats-Unis. Pas s'extasier.

Emmanuel Todd, propos recueilli par Francis Brocher, Le Progrès de Lyon  (mercredi 21 janvier 2009)

Voilà ce que je lisais ce matin dans un café. L'autre nouvelle du jour, c'est que le buteur Fred s'est engueulé avec l'entraineur Claude Puel dans les écuries d'Au...las. Il retournera sans doute au Brésil. L'Amérique s'est payé un nouveau président, va falloir qu'Aulas se paye au nouveau buteur. Quant à moi, je relis avec intérêt Un roi sans divertissement de Giono. Il y a des phrases qui valent le détour. Celle-ci, par exemple : Maintenant, Saucisse avait un visage de notaire. Voilà à quoi nous réduit le fait de vivre trop longtemps. Finirons-nous tous avec des visages de notaire ? Bon, c'est sans rapport avec la question du jour (Todd, Obama). Je suis d'accord avec ce que dit Todd. Obama, j'ai l'impression qu'il ne débite, comme son collègue franchouillard d'ailleurs, que des lieux communs. Est-ce en rapport avec la présidence ? Faut dire que c''est avec ça qu'on fait tourner l'opinion, hein, moi, vous. Un roi sans divertissement...

20:58 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : usa, amérique, obama, politique, actualité, société | | |

Le meilleur des mondes

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Si les signes vous trompent, combien vous tromperont les choses signifiées...

06:23 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : obama, usa, politique, amérique, actualité | | |

mardi, 20 janvier 2009

Chronique de Loulou, du nouveau président des Usa, et de la vie derrière des barreaux

L’éléphant Loulou  naquit vers 1900, dans une forêt du district de Pnom-Penh, au Cambodge. Ses yeux pétillants de malice, sa trompe fusant par dessus les barreaux, sa démarche à l’amble ont enchanté des générations d’enfants lyonnais du début du vingtième siècle,  jusqu’à le transformer en un héros de cartes postales. En voici une.

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Troublante, cette carte postale ancienne, non ? On sait que l’éléphant est fait pour vivre en troupeau, et Loulou, tout spécialement, ne supportait pas la solitude.  Seul de son espèce et perdu au milieu de bipèdes indiscrets, il mesura le risque de devenir soit neurasthénique, soit paranoïaque. Aussi, à force de protester contre l’exiguïté de son logis, tantôt en en tordant les barreaux, tantôt en les descellant, il eut finalement gain de cause en 1928 : Vous vous demandez comment je sais tout ça, non? Il suffit d’aller interroger le personnel du Parc de la Tête d’Or ; là-bas, l’éléphant Loulou est encore une vedette, comme James Dean ou Greta Garbo. On le sortit donc de sa cage trop étroite pour lui aménager un enclos plus décent, muni d’un bassin à sa taille pour sa  baignade quotidienne, mais toujours, hélas, toujours trop solidement grillagé à son goût. Là-dessus, Hitler envahit la Pologne et la Seconde Guerre mondiale éclata : Loulou finirait sa vie dans l’indifférence des photographes, ignoré dorénavant de ses petits visiteurs, loin – c’était peut-être mieux pour lui – de tout ce peuple de curieux lilliputiens, et sans avoir compris au fond pourquoi il avait dû quitter le Cambodge.

Son histoire vous intéresse encore ? Cela change de l’investiture d’Obama dont causent toutes les radios, non ? Franchement ?  Un peu d’air frais, toujours, fait du bien. Et donc, Loulou : Eh bien Loulou, à la Libération, quand les affaires du zoo reprirent, il fallut lui trouver un successeur, hé oui, puisqu’il était trépassé - ici, interdiction de pleurer, car je n'ai pas de mouchoir disponible -. Or  donc il se trouve (fort vieille façon de parler, « or donc il se trouve », n’est-ce pas ?) qu’un préfet du Rhône d’avant-guerre, Emile Bollaert (devenu entre temps Gouverneur d’Indochine – prononcez bollaaarte, comme le stade de Lens - ndrl) était un excellent ami d’Edouard Herriot (Edouard Herriot, record de durée à la mairie de Lyon avec 50 ans - ndlr). En 1948, Emile fit donc don à Edouard – qui le largua aussitôt au parc zoologique de Lyon - d’un éléphanteau âgé d’une vingtaine de mois, qu’on baptisa Mako. Ce nouvel et juvénile arrivant dans l’ancien box de Loulou mena un début d’existence plus calme que l’ancêtre, et traversa sans faire de vagues les présidences de messieurs Auriol et Coty. Survint le général de Gaulle, Mako ne broncha pas. Les fameux événements de mai, Mako continua de brouter son herbe et de s'en foutre. En 1969, alors qu’il avait tout juste vingt et un ans, des circonstances dramatiques lui permirent toutefois de sortir d'une torpeur qui risquait de devenir maladive puisque même l'accession de Pompompompompidou à la Maison Blanche à l'Elysée le laissait de marbre : on menaçait alors, en effet, d’abattre trois femelles du cirque Amar, Pankov, Maosi, et Java, dont les piétinements affolés venaient de tuer une enfant durant une représentation. En acceptant de les héberger, le Parc de la Tête d’Or leur sauvait la vie. Toujours las de l’investiture présidentielle ? Pas de problème, écoutez la suite :

A l’occasion de l’arrivée des trois éléphantes de cirque, on aménagea au Parc de la Tête d’Or une véritable éléphanterie à ciel ouvert, munie de larges fosses sans barreaux. Si Pankov, Maosi, Java, habituées à obéir au doigt et  la baguette, investirent les lieux sans encombre, il fallut assoiffer Mako durant 15 jours pour l’obliger à quitter son vieil enclos de célibataire et passer sur un pont, spécialement construit à l’intention des quatre pachydermes par l’armée. Pauvre, pauvre vieille bête ! Et comme elle était loin, son Indochine (désolé, toujours pas de mouchoirs sous la main) !

L’existence des quatre éléphants s’écoula dès lors dans une paix relative. L'histoire se met à partir de là à fleurer bon sa petite maison dans la prairie : Un enclos plus large, trois compagnes pour lui tout seul ; Mako n’avait pas, comme son prédécesseur Loulou, de raisons de ruer dans les brancards. Pourtant, le Parc de la Tête d’Or n’étant pas souvent balayé par les grands vents d’Asie, mais plutôt par l’air plombé lyonnais, aucun éléphanteau ne naquit en captivité. En revanche, les gardes joviaux  racontent qu’un jour, une jolie visiteuse s’étant approchée trop près de la fosse, elle se trouva happée par une trompe indélicate. Ah ! Le tissu de sa robe fut emporté, et la dame, toute frissonnante de peur, de froid et de honte, se retrouva en petite tenue devant un pachyderme incrédule.

Fin tragique : Après cinquante ans de bons et loyaux services, Mako fut découvert par son animalier couché sur le côté de son box, le matin du 21 janvier 1998. Une paralysie spasmodique ayant gagné ses quatre membres, l’euthanasie fut décidée. Par deux fois l’année précédente, il avait fait la une des journaux en chutant dans le fossé intérieur du bâtiment. Son cadavre a été donné au Muséum d’Histoire Naturelle de Lille.

Des trois femelles, seule Java est encore en vie. Depuis le 26 mars 1999, elle a trouvé deux nouvelles compagnes : Baby et Népal. Voilà, c’est fini. Vous pouvez retourner vivre un jour historique. C’est pas le D Day, mais presque : L’Amérique a un nouveau président. Mais l'éléphant est irréfutable. Et c’est ainsi qu’Alexandre est grand.

20:59 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : loulou, obama, usa, lyon, politique, zoo, actualité | | |