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mercredi, 06 mars 2019

Poème de carême

De T’avoir ignoré dans ta nature trinitaire, Seigneur,

Je me repens

D’avoir dissipé mon talent ;

Que goutte entre nos lèvres Ton lait nourricier,

Ô Marie !

Qu’à ta couronne sainte

Ma volonté se rallie !

 

De T’avoir offensé dans ta miséricorde, Seigneur,

Je me repens

D’avoir dissipé mon talent ;

Que s’écoule en nos veines le sang versé pour nous,

 Jésus !

Qu’au soutien de ta Croix

Ma vie se voue !

 

De t’avoir égaré dans la forêt du monde, Seigneur,

Je me repens

D’avoir dissipé mon talent ;

Que l’eau de ta plaie lave et guérisse nos âmes,

Ô Christ !

Qu’à ta Parole jusqu’au bout

Ma langue se noue !

 

D’avoir conçu le Bien et le Mal à ma guise, Seigneur,

Je me repens

D’avoir dissipé mon talent ;

Qu’en la mort de nos corps resplendisse le Tien,

Ô Fils :

Que s’écartent de moi

Tout péché, tout vice !

 

D’avoir espéré ailleurs qu’en Toi, Seigneur,

Je me repens

D’avoir dissipé mon talent ;

Puisse l’Esprit Vivant d’avant la faute,

Ô Père,

Éterniser mon repentir

Et sanctifier ce carême !

 

Amen !

 

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Masaccio- Trinité, Santa Maria Novella, Florence (1425-1428)

Poème de Roland Thévenet - Mercredi 6 mars 2019

22:05 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | | |

dimanche, 03 mars 2019

Yarilo

J’ai eu la chance de lire Yarilo alors qu’il n’était qu’un manuscrit. Je dis la chance, car Laurence Guillon est un grand écrivain dans cette époque maudite, qui en recèle si peu. Un grand écrivain français...
Je ne m’étendrais pas sur l’intrigue, qui nous transporte dans la cour Yvan le Terrible, dans une Russie médiévale au réalisme onirique terriblement efficace. Je ne m’étendrais par non plus sur les personnages du roman, qui se rencontrent, s’aiment et s’affrontent dans un contexte à la fois tyrannique et amoureux, politique et guerrier, historique et religieux. Personnages dont la densité poétique, l’épaisseur dramatique et le pouvoir émotionnel qu’ils manifestent prennent à rebours la culture du narcissisme et le pseudo intellectualisme qui ont décimé la production littéraire française depuis quarante ans, avec ces producteurs d'autofiction ou de romans à thèse sur la société post-moderne commandités par le marketing éditorial hexagonal. Laurence Guillon, exilée bien loin de ces rives, est d’une toute autre trempe.
Car à mon sens, ce n’est ni l’intrigue ni les personnages qui font « le grand roman » – même s’il en faut évidemment ; non, un grand roman, c’est avant tout un rapport fusionnel entre une voix et un univers : Si Yarilo en est un, c’est que la voix qui nous plonge dans l’univers de cette Sainte Russie médiévale et dans l’âme de ces personnages, si éloignés de nous en apparence, est passée par la France et s’est nourrie de sa tradition littéraire. Yarilo est un très grand roman français parce que s’il nous offre à la fois une confrontation avec le péché, une quête spirituelle toujours exigeante et une forme de récit historique, il le fait dans un phrasé à la fois si généreux et si maîtrisé que la lointaine aventure devient aussi accessible qu’un souvenir d’enfance ; dès les premières lignes, nous nous sentons, comme le boïar Féodor Stépanovitch Kolytchov soudain personnellement concernés, et nous le restons jusqu’à la dernière.
Écoutons pour finir ce qu’en dit la romancière elle-même :
 
"L’itinéraire initiatique d’un « ange déchu » entraîné par les circonstances, un certain opportunisme et une affection éblouie pour un souverain dangereux et fascinant, dans le péché et le crime, et qui cherche peu à peu à se dégager de l’égrégore maléfique auquel il est soumis, grâce à sa famille et au métropolite martyr Philippe, qui pourrait être le saint patron des victimes de répressions politiques. Enfin la Russie, l’âme russe. Cette âme russe si difficile à comprendre qui est peut-être simplement archaïque, mystique et magique comme l’était notre âme à tous, notre âme profonde. Un artiste anglais égaré auprès de la première ambassade qu’ouvrit son pays à Moscou, et pris en affection par le monarque et son favori, en devient l’observateur bienveillant, dérouté, effaré et peu à peu absorbé sans retour. C’est un roman historique atypique, peut-être plutôt un conte. L’itinéraire initiatique du héros est aussi le mien, je l’ai fait pour mon propre compte, mais aussi pour mon lecteur, car un livre est toujours un partage et un don."
Laurence Guillon

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Laurence Guillon, Yarilo, Ed. du Net, 546 pages, 31 euros
Pour se procurer le livre, c'est ICI
 
 

02:12 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : yarilo, laurence guillon, russie, littérature, yvan le terrible | | |

dimanche, 24 février 2019

Viril ? Si je veux...

La page s’étale sur tous les kiosques : Viril ? si je veux.

L’injonction est glaçante. C’est un pas de plus des partisans du libéralisme de mœurs dans l’opposition entre « volonté » et « nature », et cela s’adresse à tous les jeunes gens, en reproduisant le message adressé il y a plusieurs années aux femmes [Féminine ? Si je veux]. Ainsi comme on ne naitrait pas femme selon Simone de Beauvoir, on ne naitrait pas non plus homme selon Tétu ; on le deviendrait, uniquement à condition de le vouloir.

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La virilité, comme la féminité, se retrouve ainsi considérée dans ce que Zygmunt Bauman nomma un jour « la société liquide » [par opposition à la société solide reposant sur des héritages et des traditions] comme une construction de la volonté, le stade terminal d’un parcours bâti de new-age et de développement personnel, de beaucoup de consommation et d’énormément d’oubli de soi, puisqu’il ne s’agit plus d’être soi, mais d’édifier une image de soi qui favorise l’intégration dans l’idéologie dominante fondée sur la fabrique du consentement.

Le message est clairement satanique. Je décide de ma nature, auto-démiurge et idolâtre de moi-même. Et qui, qui, pour mettre en garde une jeunesse déchristianisée face à ce genre d’injonction que le gouvernement, les médias, les lobbies européens, le politiquement correct, l’éducation nationale, partout, proclament ? Quels éducateurs ? Ce mot garde-t-il son sens ?

Au même instant, on voit le Sodoma de Martel partout en piles, proclamé « meilleure vente » dès le jour de sa sortie dans une campagne de marketing/propagande qui ne se cache même plus. Les prêtres pédophiles et/ou homosexuels de l’Église conciliaire constituent comme un bandeau noué sur la bouche de l’Église elle-même, qui se trouve en bien mauvaise position pour s’opposer à cette fabrique de consentement qui gagne la population dans son ensemble, qui devient elle-même une religion, en pervertissant jusqu’aux principes éthique de la tolérance, sacré de la miséricorde. Il n’y a ni tolérance ni miséricorde à avoir face à ceux qui abusent de l’inexpérience, de la naïveté ou de l’idéalisme. Être tolérant, ce n’est pas être stupide ; être miséricordieux, ce n’est pas être lâche.

La clé du bonheur humain, c’est de placer sa volonté en harmonie avec sa nature, pas de les opposer. Au nom de sa liberté et de sa volonté, un homme peut certes refuser d’être vertueux (« virtus », en latin, désigne la qualité morale de ce qui est « viril) ». Mais au nom de quel intérêt supérieur un homme peut-il décider de ranger sa virilité-même au placard ? Et au nom de quelle volonté destructrice engageant le mimétisme peut-il décider de prendre en haine tout ce qu’il est ?

Au nom, nous dira-t-on, de « valeurs » comme la lutte contre les discriminations, le vivre ensemble, l’insertion dans la bien-pensance, le respect des minorités… Ces valeurs, érigées par les modes en allégories du Bien face au Mal que serait « la nature », deviennent les faux-dieux idolâtrés de la religion dominante, et ne sont rien moins que « ces esprits mauvais qui rôdent dans le monde en vue de perdre les âmes ». Car la volonté humaine dissociée de sa nature n’enfante que des avatars de l’orgueil dans cette culture de la mort qui gagne de plus en plus de consciences.

01:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : têtu, homoseuxalité, lgbt | | |

dimanche, 03 février 2019

Litanies de Saint Ignace d'Antioche

Composées ce 3 février au matin, après récitation du chapelet de Saint Michel Archange et celui de sœur Faustine, après la lecture durant deux jours de ses lettres aux Éphésiens, aux Magnésiens, aux Tralliens, aux Romains, aux Philadelphiens, aux smyrniotes, à Polycarpe... Je les dédie tout spécialement à Vincent Lambert, pour qui le chapelet de la miséricorde fut récité. 

 

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.

Jésus-Christ, exaucez-nous.

Dieu le Père, du haut des cieux, ayez pitié de nous.

Dieu le Fils, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous.

Dieu le Saint-Esprit, ayez pitié de nous.

Trinité-Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, conçue sans la tache originelle, priez pour nous.

 

Saint Ignace, dit aussi Théophore, priez pour nous, (à chaque litanie)

Saint Ignace, évêque, successeur de saint Pierre à Antioche

Saint Ignace, imitateur humble et lumineux de Jésus-Christ cloué pour nous dans sa chair,

Saint Ignace, athlète de Dieu, réconfortant, pur et empli de charisme,

Saint Ignace, unificateur infatigable des membres de l’Eglise,

 

Saint Ignace, qui répandit dans ses lettres l’eau vive de sa lucidité,

Saint Ignace, qui célébra dans l’Eucharistie le remède d’immortalité,

Saint Ignace, qui considéra la croix, la mort et la résurrection de Jésus-Christ telles des archives inviolables,

Saint Ignace, qui ne fut avare ni de ses mots ni de son sang,

Saint Ignace, qui aima la vérité de la vie jusque dans la charité de sa chair,

 

Saint Ignace, qui depuis la Syrie jusqu’à Rome s’offrit en sacrifice,

Saint Ignace, qui se réjouit de mourir en martyr pour ne plus vivre en apparence,

Saint Ignace, qui affronta la dent des bêtes et la fureur des païens dans le stade,

Saint Ignace, qui exalta dans le glorieux tombeau l’art ne plus céder au monde visible,

Saint Ignace, qui laissa tout ce qu’il savait être lui-même ainsi mourir en Christ,

 

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur,

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur,

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, prenez pitié de nous, Seigneur,

Prions :

Seigneur Jésus, Vous dont la Miséricorde combla tous les vœux de Saint Ignace d’Antioche, accordez aux hommes de notre temps, par sa vivante intercession, de comprendre que la vie souffrante n'est pas vaine, de croire à la rémission des péchés plus qu’à la victoire de la mort, à la résurrection de la chair plus qu’aux séductions d’ici-bas, à la vie éternelle plus qu’aux œuvres de ruine de Satan,  Amen

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21:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ignace d'antioche, litanies, vincent lambert | | |

dimanche, 27 janvier 2019

Litanies de Saint Polycarpe

Composées en son église, et devant sa statue, après récitation du chapelet des 33 Notre-Père, l'après-midi du 26 janvier :

 

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.

Jésus-Christ, exaucez-nous.

Dieu le Père, du haut des cieux, ayez pitié de nous.

Dieu le Fils, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous.

Dieu le Saint-Esprit, ayez pitié de nous.

Trinité-Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, conçue sans la tache originelle, priez pour nous.

 

Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, disciple de Jean, priez pour nous, (à chaque litanie)

Saint Polycarpe, presbytre apostolique et prophétique,

Saint Polycarpe, pourfendeur des hérésies, martyr selon l’Évangile,

Saint Polycarpe, témoin irréprochable et serviteur bien-aimé de Dieu,

Saint Polycarpe, unificateur des églises d’Asie et de celle de Rome,

 

Saint Polycarpe, qui instruisit Irénée, premier évêque de Lyon,

Saint Polycarpe, qui pria pour l’unité des églises du monde entier,

Saint Polycarpe, qui enseigna à combattre toutes les hérésies

Saint Polycarpe, qui demeura fidèle à la doctrine du commencement

Saint Polycarpe, qui enseignait d’après les épitres de Pierre et de Paul

 

Saint Polycarpe, qui prophétisa son propre martyre par le feu,

Saint Polycarpe qui ne se déroba pas et l’attendit en priant,

Saint Polycarpe, qui tel le Christ fut livré par des gens de sa propre maison,

Saint Polycarpe, qui plutôt que de renier le Christ glorifia au stade « le roi qui l’a sauvé »

Saint Polycarpe, qui désira de plein cœur brûler « dans le feu qui s’éteint » plutôt que dans le feu éternel,

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur,

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur,

Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, prenez pitié de nous, Seigneur,

 

Prions :

Seigneur Jésus, Vous qui avez donné à Saint Polycarpe la grâce de manifester en l’Église naissante la ferveur et la gloire de ce qu’il tenait de l’apôtre Jean, accordez-nous, par sa vivante intercession, de démêler le vrai du faux en nos pensées, le juste de l’injuste en nos comportements, le pur de l’impur en nos désirs, le vif du mort en nos corps, le temporel de l’Éternel en nos intentions, et conduisez nos âmes au salut. Amen

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00:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polycarpe, saint-polycarpe, litanies, lyon | | |

samedi, 26 janvier 2019

Saint Polycarpe à Lyon

« Les portes de l’enfer ne prévaudront contre elle ». Les coups de canons lancés des Brotteaux contre la façade de l’église Saint Polycarpe à Lyon par les troupes de la Convention en 1793 illustrent avec éloquence la sentence du Christ : la façade élevée par l'architecte Toussaint Loyer, disciple de Soufflot, demeure, malgré les déprédations visibles sur les pilastres.

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À l’intérieur, un bois peint de la fin du XVIIIe siècle représente un saint Polycarpe stylisé dans le gout de ce siècle, qui porte au cou l’étole de l’évêque et à la main la palme du martyre. De ce saint qui vécut auprès de l’apôtre Jean à Éphèse après son séjour à Patmos, ne demeure essentiellement que le témoignage de son disciple Irénée, premier évêque de Lyon. On en garde plusieurs images : celle d’un farouche ennemi des hérésies en ce premier siècle du christianisme où elles pullulent ; celle d’un évêque influent et respecté ; celle d’un martyr témoin du Christ et de l’Esprit Saint

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I Polycarpe et l’hérésie

Vers 190, Irénée de Lyon écrivit une lettre à l’un de ses amis d’enfance, Florinus, tombé dans l’erreur gnostique afin de lui rappeler quelques souvenirs de leur commune jeunesse à Smyrne : « Je t’ai vu, quand j’étais encore enfant, dans l’Asie inférieure, où tu brillais alors par ton emploi à la cour, je t’ai vu près de Polycarpe, cherchant à acquérir son estime. Je me souviens mieux de ces temps-là que de ce qui est arrivé depuis, car ce que nous avons appris dans l’enfance croît dans l’âme, s’identifie avec elle : si bien que je pourrais dire l’endroit où le bienheureux Polycarpe s’asseyait pour causer, sa démarche, sa physionomie, sa façon de vivre, les traits de son corps, sa manière d’entretenir l’assistance, comment il racontait la familiarité qu’il avait eue avec Jean et les autres qui avaient vu le Seigneur. Et ce qu’il leur avait entendu dire sur le Seigneur et sur ses miracles et sur sa doctrine. Polycarpe le rapportait comme l’ayant reçu des témoins oculaires du Verbe de Vie, le tout conforme aux Écritures. » Il rapporte alors l’aversion de l’évêque Polycarpe pour l’hérésie ; « Je puis témoigner en face de Dieu que si ce presbytre bienheureux et apostolique avait entendu quelque chose de semblable à ce que tu dis, Florinus], il aurait poussé des cris et se serait bouché les oreilles, en disant, selon qu’il était accoutumé : « O Dieu bon, pour quel temps m’as-tu réservé, pour que je supporte cela ? » Et il se serait enfui du lieu dans lequel, assis ou debout, il aurait entendu de telles paroles.

 Dans les préliminaires du Livre III de son Contre les Hérésies, le même Irénée évoquer les circonstances de sa rencontre avec Polycarpe :

« Mais on peut nommer également Polycarpe. Non seulement il fut disciple des apôtres et vécut avec beaucoup de gens qui avaient vu le Seigneur, mais c'est encore par des apôtres qu'il fut établi, pour l'Asie, comme évêque dans l'Église de Smyrne. Nous-même l'avons vu dans notre prime jeunesse — car il vécut longtemps et c'est dans une vieillesse avancée que, après avoir rendu un glorieux et très éclatant témoignage, il sortit de cette vie—. Or il enseigna toujours la doctrine qu'il avait apprise des apôtres, doctrine qui est aussi celle que l'Église transmet et qui est la seule vraie. C'est ce dont témoignent toutes les Églises d'Asie et ceux qui jusqu'à ce jour ont succédé à Polycarpe, qui était un témoin de la vérité autrement digne de foi et sûr que Valentin, Marcion et tous les autres tenants d'opinions fausses. Venu à Rome sous Anicet, il détourna des hérétiques susdits un grand nombre de personnes et les ramena à l'Église de Dieu, en proclamant qu'il n'avait reçu des apôtres qu'une seule et unique vérité, celle-là même qui était transmise par l'Église. Certains l'ont entendu raconter que Jean, le disciple du Seigneur, étant allé aux bains à Éphèse, aperçut Cérinthe à l'intérieur ; il bondit alors hors des thermes sans s'être baigné, en s'écriant : « Sauvons-nous, de peur que les thermes ne s'écroulent, car à l'intérieur se trouve Cérinthe, l'ennemi de la vérité ! » Et Polycarpe lui-même, à Marcion qui l'abordait un jour et lui disait : « Reconnais-nous », « Je te reconnais, répondit-il, pour le premier-né de Satan ». Si grande était la circonspection des apôtres et de leurs disciples, qu'ils allaient jusqu'à refuser de communier, même en paroles, avec l'un de ces hommes qui falsifiaient la vérité. Comme le dit également Paul : « L'hérétique, après un premier et un deuxième avertissement, rejette-le, sachant qu'un tel homme est perverti et qu'en péchant il est lui-même l'auteur de sa condamnation ». Il existe aussi une très importante lettre de Polycarpe écrite aux Philippiens, où ceux qui le veulent et qui ont le souci de leur salut peuvent apprendre et le trait distinctif de sa foi et la prédication de la vérité. Ajoutons enfin que l'Église d'Éphèse, fondée par Paul et où Jean demeura jusqu'à l'époque de Trajan, est aussi un témoin véridique de la Tradition des apôtres. »

II Un évêque influent :

  1. Polycarpe et le pape Anicet :

Le voyage de Polycarpe à Rome qu’évoque Irénée s’était déroulé sous le pontificat d’Anicet (154-165). Il s’agissait d’une question concernant la date de la Paque.  Tandis que les églises d’Asie, fidèles à la tradition, célébrait la Paque le 14e jour de Nisan, quel que soit le jour de la semaine, celle de Rome la célébrait toujours un dimanche. Bien que la question entre le pontife et l’évêque ne trouvât alors pas de solution, les deux s’étaient quittés en paix, comme le raconte Irénée dans une lettre au pape Victor citée par Eusèbe :

« Le bienheureux Polycarpe ayant fait un séjour à Rome sous Anicet, ils eurent l’un avec l’autre d’autres divergences sans importance, mais ils firent aussitôt la paix, et sur ce chapitre ils ne se disputèrent pas entre eux. En effet, Anicet ne pouvait persuader Polycarpe de ne pas observer ce que, avec Jean, le disciple de Notre-Seigneur, et les autres apôtres avec qui il avait vécu, il avait toujours observé ; et Polycarpe de son côté ne persuada pas Anicet de garder l’observance ; car il disait qu’il fallait retenir la coutume des presbytres antérieurs à lui. Et les autres choses étant ainsi, ils communièrent l’un avec l’autre, et à l’église, Anicet céda l’Eucharistie à Polycarpe, évidemment par déférence ; ils se séparèrent l’un de l’autre dans la paix ; et dans toute l’Église on avait la paix, qu’on observât ou non le quatorzième jour. »

  1. La lettre de Polycarpe aux Philippiens

Rédigé en grec, c’est le seul écrit de Polycarpe attesté qui demeure. L’épître est une exhortation quatorze chapitres, jointe aux lettres d’Ignace d’Antioche qu’il envoie aux Philippiens qui en ont exprimé le désir. Elle appartient au genre parénétique et comporte de nombreux emprunts, tant à saint Clément de Rome qu’à la première épître de Pierre ou celle de Paul aux mêmes Philippiens. Après avoir donné quelques conseils aux fidèles, aux diacres, aux jeunes gens, aux vierges et aux presbytes, il s’adresse à l’ensemble de la communauté, qu’il met en garde contre le docétisme :  « Quiconque  ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair, est un antichrist ; et celui qui ne confesse pas le témoignage de la Croix vient du diable ; et celui qui détourne les paroles du Seigneur selon ses propres désirs et ne reconnaît ni résurrection ni jugement, celui-là est premier-né de Satan. C'est pourquoi abandonnons la vanité des foules et les enseignements mensongers pour revenir à la parole qui nous a été transmise dès le commencement ; restons sobres pour pouvoir prier, persévérons dans les jeûnes, supplions dans nos prières le Dieu qui voit tout de ne pas nous induire en tentation, car, le Seigneur l'a dit, l'esprit est prompt, mais la chair est faible. »

Polycarpe fait également allusion à un scandale de l’Église de Philippes, celui du presbytre Valens et de sa femme : « J'ai été bien peiné au sujet de Valens — qui avait été quelque temps presbytre chez vous —, de voir qu'il méconnaît à ce point la charge qui lui avait été donnée. Je vous avertis donc de vous abstenir de l'avarice et d'être chastes et vrais. Abstenez-vous de tout mal. Celui qui ne peut pas se diriger lui-même en ceci, comment peut-il y exhorter les autres ? Si quelqu'un ne s'abstient pas de l'avarice, il se laissera souiller par l'idolâtrie, et sera compté parmi les païens qui ignorent le jugement du Seigneur, ou ignorons-nous que les saints jugeront le monde, comme l'enseigne Paul? Pour moi, je n'ai rien remarqué ou entendu dire de tel à votre sujet, vous chez qui a travaillé le bienheureux Paul, vous qui êtes au commencement de sa lettre. C'est de vous en effet qu'il se glorifie devant toutes les Églises qui, seules alors, connaissaient Dieu, nous autres nous ne le connaissions pas encore. Ainsi donc, frères, je suis bien peiné pour lui et pour son épouse ; veuille le Seigneur leur donner un vrai repentir. Soyez donc très modérés vous aussi en ceci, et ne les regardez pas comme des ennemis ; mais ramenez-les comme des membres souffrants et égarés, pour sauver votre corps tout en- tier. Ce faisant, vous vous faites grandir vous-mêmes. »

III Le martyre de Polycarpe 

Polycarpe de Smyrne souffrit le martyre le second jour du mois de Xanthice, sept jours avant les calendes de mars, le jour du grand sabbat, à la huitième heure. Il fut fait prisonnier par Hérode, sous le pontificat de Philippe de Tralles.  D’après les calculs, cette date pourrait être, soit le 23 février 155, soit le 22 février 156.  La Prière de Saint Polycarpe de Smyrne « Seigneur, Dieu tout-puissant, je Te bénis ! » demeure le passage le plus connu de la lettre que l'église de Smyrne adressa à celle de Philoménium pour le retracer.

« Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de ton enfant bien-aimé, Jésus-Christ, par qui nous avons reçu la connaissance de ton Nom, Dieu des anges, des puissances, de toute la création et de toute la race des justes qui vivent en Ta présence : Je Te bénis pour m'avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, de prendre part au nombre de tes Martyrs, au calice de ton Christ, pour la résurrection de la vie éternelle de l'âme et du corps, dans l'incorruptibilité de l'Esprit-Saint. Avec Eux, puissé-je être admis aujourd'hui en Ta présence comme un sacrifice gras et agréable, comme Tu l'avais préparé et manifesté d'avance, comme Tu l'as réalisé, Dieu sans mensonge et véritable. Et c'est pourquoi pour toutes choses je Te loue, je Te bénis, je Te glorifie, par le grand Prêtre éternel et céleste Jésus-Christ, ton enfant bien-aimé, par qui soit la gloire à Toi avec Lui et l'Esprit-Saint maintenant et dans les siècles à venir. Amen. »

polycarpe,lyon

Eglise saint Polycarpe, le maître choeur

 

 

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dimanche, 02 décembre 2018

En Avent

Si le peuple français parvenait collectivement à renoncer aux valeurs allégoriques, abstraites et prétendument universelles qui, en poussant dans l’abstraction son génie séculaire, ne fait depuis 1789 que le précipiter de catastrophe en catastrophe jusqu’à une dilution dans un ordre mondial où il ne pourra plus tenir son rang ; si admettant la toute puissance de la Providence qui, lors de la triple donation du  21 juin 1429, fit du Christ Seul son unique roi, le peuple français revenait au corps mystique dont la nation de France procède en vérité; si plutôt que de se laisser réduire par ses dirigeants à mendier dans les rues un « pouvoir d’achat » ou de débattre dans l’orgueil, il offrait au monde un « pouvoir de prier » régénéré, alors la réponse de Dieu en sa faveur serait immédiate et grandiose : cette entrée en avent ne serait pas seulement le passage d’une année liturgique à l’autre, mais un changement salvateur de cycle liturgique.

La France ayant un destin surnaturel, je ne doute pas que cela se fera un jour ; quand ? Je n’en sais rien.  En ce comble de l’obscurité dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, nous tous qui sommes nés « Français » sous un régime déicide, au point d’avoir vu notre mémoire de la véritable France presque effacée, nous savons que nous ne pouvons rien faire [ hormis prier, prier toujours et payer nos dettes] tant que l’imprimatur du Ciel n’est pas donné : dans la prière, nos forces surnaturelles se ressourcent, se concentrent, s’aiguisent, nos vertus s’accroissent et notre raison s’ajuste à la seule Vérité : le Dieu des Armées, Père Tout Puissant, est absolument de même nature que l’Agneau Égorgé, Fils très obéissant.

D’eux et d’eux seuls [c’est-à-dire d’aucune philosophie, dogme, valeur ou science humaine validés par l’adversaire], procède l’Esprit véritablement saint. Comprendre déjà cela et véritablement s’y tenir dans son existence, participer le plus possible à la sainte et véritable messe et prier autant qu’il est possible selon notre devoir d’état, c’est en attendant ce que nous pouvons faire de mieux, de plus juste et de plus salutaire, en compagnie de Celui qui était, Celui qui est, Celui qui vient…

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Grotte de l'Apocalypse, Patmos. Au centre, la vision de Jean qui ouvre l'Apocalypse

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lundi, 26 novembre 2018

D'un dimanche, l'autre.

L’année liturgique épuisera lentement ses forces dernières durant cette semaine, jusqu’à la saint André, le pêcheur du lac de Tibériade, devenu l’apôtre de la Croix que nous fêterons vendredi ; puis tout doucement, derrière les voiles obscurs de l’actualité et du spectacle divertissants, s’en lèvera une nouvelle, à l’orée du dimanche qui vient : une prochaine qui déroulera ensuite ses heures et ses pages tandis que la France et le monde risqueront de s’enfoncer selon toute vraisemblance dans le chaos du non-repentir, de semaines en semaines et de mois en mois.

Cette année qui point à l’horizon, accordez Seigneur qu’elle se révèle riche en conversions de toute sorte et nous maintienne tous dans la grâce sanctifiante dont nous avons tant besoin pour demeurer debout sur le sol si meurtri de cette terre. Accordez que l’Église militante le soit véritablement, que le pape soit vraiment pape et les fidèles vraiment fidèles, rangés au service du Dieu des Armées Célestes et d’aucun autre, à travers nos pérégrinations parmi la trompeuse réalité de cette société contemporaine où tout est inversé ; protégez nous contre les embûches et les malices de Satan, plus que jamais avide de dévorer nos âmes, au moyen de l’acédie comme de l’orgueil, du mensonge ou de la luxure; car ils demeurent nombreux les voiles qui dérobent à notre vue la beauté sans taches et la sagesse sans fin de Jésus Christ ; faites que le démon soit défait, cet esprit vivace et faux qui ignore la force du repentir, dédaigne les attributs vivants de la sainte Trinité, demeure aveuglément étranger aux vertus de la Croix, et sans cesse inspire des projets faussement nobles à une humanité dressée contre le véritable Dieu, dont « le visage est comme le soleil quand il luit dans sa force » (Apocalypse, I,16) ; que la justesse de notre parole s’accorde à l’humilité de nos actes devant Lui qui est Père, Fils et Saint Esprit.

Puisse cette année liturgique dont l’ordonnance constitue sur cette terre déréglée la grande école de l’Imitation de Jésus-Christ et le rempart contre le péché nous maintenir à l’écart des mauvaises philosophies et des vaines tromperies dont nos écrans, nos lois et nos fictions débordent, et dont l’apôtre Paul rappelle qu’elles « relèvent d’une tradition toute humaine, des éléments du monde et non du Christ. (Colossiens, 2,8). Cette année, qui s’annonce, puisse-t-elle enfin, à nos prières et par le mérite du Christ à jamais souffrant découvrir nos noms inscrits sur le Livre de Vie. Amen.

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Le cycle de l'année liturgique dans l'Eglise catholique

08:21 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : année liturgique, catholicisme, christ | | |

dimanche, 18 novembre 2018

Darwin, Freud, Hegel, Saussure et la seconde mort

La méfiance du paysan, enrobée au fil des siècles dans un rationalisme bourgeois seulement borné à ce qu’il peut percevoir du réel, aura trouvé son compte dans la théorie darwinienne, laquelle réduit l’homme à la seule évolution terrestre de la matière tout en prétendant le couper de toute autre origine céleste. La pensée que l’individu puisse être gouverné par son seul inconscient, tel que Freud et ses successeurs ont pu le décrire, a parallèlement considérablement réduit la notion de responsabilité, celle de conscience, et celle de libre arbitre tout en discréditant dans l’esprit de beaucoup la notion de péché originel : Dieu comme Satan, les anges et les démons s’en sont trouvés dans cette grille d’analyse réduits à peu de choses, ce qu’on pourrait appeler des symboles ou des mythes nécessaires à la nourriture de l’imaginaire, dans l’univers mental fermé sur lui-même ainsi fabriqué.

Pour favoriser l’orgueil du citoyen prétendument libre, il ne manquait plus qu’à penser la société et son histoire comme les seuls produits des luttes intestines qui les composent, en gommant toute notion de Providence et balayant ce que dit l’Écriture de l’action de Dieu sur nous tous. Exit donc toute intervention de la Trinité sur la création, l’individu, la société. Le Christ et Sa Passion se sont trouvés ramenés à une existence historique, interprétable et ré-interprétable à merci, indépendamment des Écritures elles-mêmes et de tout discours eschatologique. Avec Saussure enfin, a triomphé l’arbitraire du signe et la perversion de ce dernier. Élevé en dogme, le constat de cet arbitraire, fortifié par le succès grandissant des fables, a fait proclamer aux plus éminents linguistes que le mensonge était en quelque sorte constitutif du signe puisque rien n’est réel dans le langage hormis le fait de signifier.

Darwin, Freud, Marx, Saussure : Un temps, ces idoles de l’obscurantisme moderne ont abusé des générations jusqu’à ce que se fissurent les idéologies nées de leurs cultes assidus, tant au sein des universités européennes que des institutions qui font autorité dans le monde dit civilisé. Avec de tels maîtres à penser commencent l’ensauvagement du monde et la solitude sans solution de chacun en son sein aride. Comment, dès lors qu’on ouvre la porte au formatage de l’esprit par de tels maîtres, se fier en effet à l’Incarnation, la Révélation, la Providence, la Parole ?

Nous avons besoin de comprendre de quel point ils parlent et qui les envoie réellement; toutes leurs conclusions ne reviennent-elles pas à séparer intellectuellement l’homme (son corps, son esprit, son histoire, sa parole) du Christ, de sa Justice et de sa Charité ? Intellectuellement, mais pas réellement, puisqu’ils n’en ont nullement le pouvoir. Ils ne sont, au sens où Jean le Théologien l’affirme dans sa première épitre, que des antéchrists : « Mes bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit ; mais voyez par l'épreuve si les esprits sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Vous reconnaitrez à ceci l'esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas ce Jésus n'est pas de Dieu : c'est celui de l’antéchrist ; dont on vous a annoncé la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde. »

Toute « l’élite républicaine » et, à tous les étages de la société qu’elle gouverne, chacun d’entre nous sommes plus ou moins imprégnés de ces faux-enseignements et de leur vulgarisation incessante [écoles, magazines, films, documentaires, séries, textes de lois, publicités…] qui ne cesse de nous aliéner. Partout, leurs avatars font autorité. C’est en gros ce que les gens revendiquent comme leur culture, en marge de la spécialisation à laquelle leurs études les ont confrontés, de leur survie économique et morale de plus en plus problématiques, et de leur dépendance grandissante envers la technologie. Là où le piège se referme...

Il n’y a vraiment que dans l’espace de la prière quotidienne, des sacrements, de la foi vive en la Trinité ainsi que dans la pratique de la charité, à l’abri de la Croix, dans l’attente des fins dernières et la conscience de l’illusion des temps présents, qu’une véritable échappatoire à ce conditionnement si oppressant demeure possible dans le recueillement de l’âme. Partout ailleurs, l’homme ensauvagé se retrouve condamné dès son existence terrestre à la seconde mort (mort de l’âme) dans laquelle un système au sens propre satanique le conduit avec zèle et avec l’assentiment faussement réconfortant de tous. Jamais les temps n'auront été si obscurs, jamais pourtant l'issue si proche et si visible pour les hommes de bonne volonté. Un terme dont il nous faut méditer le sens...

Au bout de la nuit, Christ est le seul chemin, la seule voie, le seul salut.

Darwin, Freud, Hegel, Saussure,jean

Saint Jean le théologien 

 

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