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samedi, 17 mars 2012

Cohabitations, victoires et défaites

Quand on est de gauche, on ne doit pas critiquer son camp. Quand on est de droite, on ne doit pas non plus dire du mal des siens. Bref, qu’on soit d’un camp ou d’un autre, la loyauté en politique impose une éthique. Croit-on.

En conséquence, quand on émet une critique quelconque sur un fait de société ou une décision politique, on se retrouve inévitablement et de toute évidence étiqueté dans le camp opposé de celui qu’on critique. Peut-être est-ce une manière de savoir où l’on se situe sur l’échiquier politique : quel « bord », quel « parti » avez-vous le plus critiqué ? Avec lequel êtes-vous le plus en désaccord ?

A ce petit jeu, je suis quelqu’un de droite, au vu de mon désamour presque clinique avec la gauche contemporaine, qu’elle se proclame rouge, rose ou verte, elle et ses immuables figures  (on devrait dire figurines).

Se retrouver ou non dans de grands textes, des idées, des idéaux ou des figures fut longtemps une autre façon de se situer dans l’un ou l’autre camp. A ce petit jeu, même si certains auteurs de droite (Léon Bloy, Chateaubriand, Bernanos, Raymond Aron) ou certains grands textes (Tocqueville) me parlent, c’est vers la critique du capitalisme libéral et de la société du spectacle que me portent à la fois ma formation intellectuelle et mes intérêts de classe (ça se dit encore des trucs pareils ?).

Je crois que je n’aime pas les hommes politiques, même si parfois me fascinent ou m’étonnent leur rouerie, leur obstination, leur versatilité. Mais ceci n’est qu’une parenthèse. Ces gens là ont bien trop besoin de leurs Cours en tous genres pour m’impressionner vraiment. Mon modèle, c’est le solitaire, moine, écrivain ou savant, et je ne sais pourquoi, c’est ainsi.

Pour les raisons que j’ai dites plus haut, beaucoup de gens de gauche me croient à droite, et beaucoup de gens de droite me disent à gauche.

Cela compte peu. Je sais la droite, du moins dans ses idéaux, beaucoup moins liberticide que ne l’est la gauche, et la gauche – toujours dans ses idéaux – beaucoup plus fraternelle que ne l’est la droite. Je serais donc finalement pour un individu de droite vivant dans une société de gauche, mais ce n’est qu’une formule, une formule à la Bayrou, impuissante à prendre corps dans le Réel.

De la gauche ou de la droite, la vraie question reste de savoir laquelle, durant ces quarante ans faits de cohabitations et de gouvernements plus ou moins communs (Europe oblige) - est demeurée la plus fidèle à elle-même ?  Laquelle, durant ces quarante dernières années, s’est le moins reniée ? Et ce faisant, laquelle a fait le moins de mal au pays ? SI vous avez la réponse à ces questions, vous avez presque le nom du vainqueur de l’élection prochaine.  

S’il fallait parier, je crois pour ma part que Sarkozy joue sur du velours, surtout face à un candidat si peu neuf et si médiocre que Hollande.  Si malgré tout le socialiste était élu, la droite gagnerait quand même, car au petit jeu énoncé plus haut, c’est elle qui l’a emporté, dans la construction européenne comme dans la création de l’euro fort et indépendant.  Comme Mitterrand, Hollande serait donc obligé de tenir une politique de droite malgré ses postures et ses ronds de jambe actuels. Ce qui ferait les beaux jours du Front National.  En guise de changement, on serait pour le coup loin du compte, n'en déplaise aux faux-jeunes communicants du PS.

19:01 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : politique, socialisme, sarkozy, hollande | | |

mercredi, 14 mars 2012

Gazette de Solko n° 22

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06:09 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : viande rouge, jocko besne, politique | | |

mardi, 13 mars 2012

Les derniers printemps du baccalauréat

Les Français seraient très attachés à leur baccalauréat.  C’est pourquoi aucun Président de la République n’a souhaité trop y toucher. Au contraire. L’un des enjeux de la réélection de Mitterrand en 88 fut de le promettre à tout le monde. Ce qui aujourd’hui est pratiquement le cas. En 1970, 20% des élèves d’une génération avaient le bac. Aujourd’hui, 70%. Et, grâce aux options diverses qu’on peut cumuler, grâce aux consignes données aux jurys, presque 90% des candidats inscrits. Ce sont les mentions très bien qui garantissent  la sélection assurée jadis par l’obtention du diplôme. 

Cette question du bac est une question très française : Ou l’on se dit que l’examen est une formule plus impartiale et plus juste, et dans ce cas-là il faut revenir à des sélections réelles et ne le donner au mieux qu’au meilleur tiers des élèves : dans ce cas garder la formule de l’examen est justifié. Ou bien l’on considère que c’est un simple contrôle de routine, et dans ce cas, une telle mobilisation de moyens administratifs devient superflue. Mais en France, nous voulons le beurre et l’argent du beurre : que tout le monde ait le bac, et que le bac demeure un examen significatif, ce qui se heurte aux plates exigences du Réel. Intérêts électoraux, vanité parentale et syndicats s'en mêlent et tout demeure bloqué.

Il est dès lors légitime de se demander s’il est utile de conserver la formule de l’examen national, devenue  lourde, coûteuse, et fort hypocrite ; et s’il ne serait pas plus judicieux de passer à celle d’un contrôle continu (bacs octroyés par les établissements scolaires, comme c’est le cas aux USA). C’est en tout cas le point de vue de nombreux profs. L’un d’entre eux me disait tout à l’heure avec humour qu’au prix où était l’organisation de l’examen aujourd’hui, cela faisait cher pour recaler quelques déficients mentaux. Il n’avait pas tort.

15:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : baccalauréat, éducation, société, politique | | |

dimanche, 11 mars 2012

Supprimer le mot "Hollande" des bulletins de vote

Supprimer le mot race de la constitution. Telle est la dernière trouvaille du candidat socialiste qui, faute d’être capable de s’en prendre au Réel, s’en prend à la langue. Et voici donc une nouvelle fois le mot amalgamé avec la chose, dans une sorte d’hypocrite ingénuité qui est la marque de fabrique du bonhomme, comme du parti dont il est issu. Et pourquoi, selon ce sage énarque devrions-nous taire ce mot honteux, ignoble, injurieux de race ? Au nom de « la grande famille humaine »…  

Je ne sais trop ce qu’il entend par « grande famille humaine ». Ayant déjà connu pas mal d’ennuis avec ma propre famille, je n’ose penser ce qu’il en serait à l’échelle de cette « grande famille ». Il est cependant heureux que cette grande famille humaine soit composée de peuples, de races, de cultures différentes. A quoi je rajouterai, car un homme de culture se doit de ne jamais oublier les morts, d’époques différentes.  J’appartiens à une génération qui, pour ne pas être pour autant crépusculaire, a connu une France où l’on ne parlait pas toute la journée de races et de racisme.  L’émergence parallèle du Front National et de SOS Racisme s’est faite dans les années 80/90, durant un double septennat socialiste et dans un air du temps pourri par la dichotomie de plus en plus prononcée entre l’enrichissement éhonté de certains et leurs discours parallèle sur l’égalitarisme. L’aveu ridicule du catastrophique ministre de la culture de l'époque, Jack Lang, affirmant de son appartement place des Vosges (dans lequel on le soupçonne d’en écouter toute la journée) que «  le rap est une culture » (je dis catastrophique pour les professeurs et leurs élèves, spécialement les plus défavorisés), cet aveu en fut le symptôme le plus parlant.

Supprimer le mot race, donc. Hollande, comme beaucoup d’énarques de gauche, est un fin praticien de la nov’langue orwelienne. Plutôt que d’affirmer haut et fort que parmi toutes les races, toutes les cultures, toutes les couleurs de peau, il n’y en a pas une qui soit supérieure à l’autre, plutôt que d’énoncer le problème, plutôt que de raisonner, il préfère ne pas voir, ne pas dire, ne pas nommer. Or ne pas nommer, c’est ne pas penser. Et ne pas penser, c'est jeter de l'huile sur le feu. Je ne suis pas en train de dire que M. Hollande ne pense pas. Je suis en train de dire qu’il ne veut pas qu’on pense. En digne représentant d’un mouvement de masses, il veut plutôt que les think tanks, clubs, et autres loges pensent à la place du bon peuple crétinisé façonné depuis plusieurs décennies par la culture Lang. Il suffirait donc de retirer le mot race de la constitution pour éradiquer le racisme, Voilà qui promet une jolie gouvernance si le triste sire est élu. Retirons aussi le mot violence et le mot banlieue des dictionnaires, afin de mener une saine politique de la ville, les mots musulman, juif et chrétien pour fabriquer une démocratie apaisée, les mots riches et pauvres pour assainir l’économie. Et embrassons nous Folleville, d'une fête de la musique à une autre... ?   Dieu que la grande famille humaine, dirigée par ce genre d'autocrate promet d'être humaine ! Car comme disait Rabelais, si les signes vous trompent, combien vous tromperont les choses signifiées.... Pour ma part et pendant qu’on y est, je propose qu’on retire le mot Hollande des bulletins de vote : ça réglerait peut-être un problème à venir, des plus épineux… 

16:30 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : race, constitution, politique, hollande, socialisme | | |

vendredi, 09 mars 2012

Votez oui

Il n’y a pas grand intérêt à suivre la campagne, dès lors que les débats de fond sont  escamotés, au profit d’une course de petits chevaux qui avancent chaque jour, proposition par proposition. Dans la société du spectacle, une campagne électorale est une séquence médiatique un peu plus longue qu’une remise des Oscars, un peu moins dramatique qu’un tsunami. Tout son suspens entretenu à coups de sondages, sa dramaturgie réglée à coups de petites phrases et de ralliements divers, sa rhétorique qui convoque les grands mots, peuple, nation, justice, égalité, et autres, ne constituent qu’une séquence parmi d'autres. Les passionnés de politique peuvent s’en attrister, cela ne change rien à la situation. Comme Jacques Rancière le souligne, « nous ne vivons pas dans des démocraties, nous vivons dans des Etats de droit oligarchiques » (1)  et «toute politique oubliée, le mot de démocratie devient alors à la fois l’euphémisme désignant un système de domination qu’on ne veut plus appeler par son nom et le nom du sujet diabolique qui vient à la place de ce nom effacé : un sujet composite où l’individu qui subit ce système de domination et celui qui le dénonce sont amalgamés ».(1)

Je me dirige probablement une fois de plus vers une abstention, n’ayant aucun désir de voir l’oligarchie socialiste qui règne dans les régions s’emparer de l’Etat, avec les mêmes politiciens qui ont échoué il y a quinze ans, ni aucune sympathie pour le locataire actuel de l’Elysée, hormis le fait qu’il ne soit pas énarque.

On peut toujours se rabattre sur Le Pen ou Bayrou, Mélenchon ou Joly, voire Cheminade ou sa chatte, dans un vote d’humeur. Dans la société du spectacle, le vote d’humeur est peut-être le seul qui garde une perspective originale et répond de façon décalée à la demande faite par les dirigeants. Un ami me disait l’autre jour qu’il avait gardé un bulletin OUI dans sa poche depuis le référendum sur la constitution, et qu’à l’élection présidentielle, il le glisserait dans l’urne. Voter avec une élection de retard, OUI ou NON qu’importe ; là réside peut-être la solution. 

Jacques Rancière, La haine de la démocratie, la fabrique, 2011, p 81 et  97


13:05 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, élections | | |

mercredi, 07 mars 2012

Gazette de Solko n° 21

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00:44 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, sondages | | |

mardi, 06 mars 2012

Jacques Rancière est vieux

Jacques Rancière est aujourd’hui  non seulement un beau vieillard, mais également un orateur brillant, capable de tenir longuement et sans notes un discours émaillé de références. C’était un plaisir l’autre samedi, à la fête du livre de Bron, de l’entendre évoquer le travail sur le régime esthétique de l’Art qu’il poursuit depuis déjà des années, à l’occasion de la présentation de son dernier livre,  Aisthesis, ouvrage qui a l’ambition d’être à l’esthétique ce que celui d’Erich Auerbach, Mimesis, fut en son temps à la représentation du Réel. Tout comme lui en effet, il s’appuie sur l’étude d’extraits d’œuvres pour exposer peu  à peu un point de vue critique circonstancié.

Jacques Rancière l’avait écrit en 2008 dans Le spectateur émancipé, il appartient « à cette génération qui se trouva tiraillée entre deux exigences opposées. Selon l’une, ceux qui possédaient l’intelligence du système social devaient l’enseigner à ceux qui souffraient de ce système afin de les armer pour la lutte ; selon l’autre, les supposés savants étaient en fait des ignorants qui ne savaient rien de ce qu’exploitation et rébellion signifiaient, et devaient s’en instruire auprès de ces travailleurs qu’ils traitaient d’ignorants ». Quand on se souvient à quel point la question de l’éducation  populaire était alors au cœur des débats et des intérêts, et constituait un enjeu politique d’envergure, on est carrément effrayé d’entendre les lieux communs démagogiques que gauche et droite se jettent aujourd’hui à la figure, de « faut virer les étrangers » à « suffit de faire payer les riches », comme si les discours assénés en permanence sur la crise et le chômage depuis les années Giscard, sur le fric-roi, l’immigration et l’égalitarisme depuis les années Mitterrand, sur l’Europe, le pouvoir d’achat et la mondialisation depuis ce qu’on a pompeusement baptisé « le nouveau millénaire », avaient définitivement enfumé les esprits.

Et tandis que j’écoutais Jacques Rancière évoquer les chapitres de son livre (dont j’aurai l’occasion de reparler puisque je l’ai acheté), je me demandais quelle pertinence gardait la question de l’émancipation de l’individu par le regard ou par la  pensée, à l’heure où on ne parle plus que de socialisation et d’intégration, de catégories ou de communautés sociales, de peuple ou de nation. Le solitaire marginal est de plus en plus KO.et ne peut survivre que résolument réactionnaire. Qu’un président comme Sarkozy ou comme Hollande soit élu, quelle nourriture en sa marge le solitaire trouvera-t-il pour survivre (je parle de nourritures intellectuelles) ? Car la question qui se posait dans l’hexagone en ébullition à l’époque où Jacques Rancière a eu vingt ans et où un vieux général nostalgique de grandeur régnait sur la France est une question aujourd’hui non pas dépassée, mais plus curieusement qui ne se pose plus, ni à notre temps, ni à notre école, ni à nos medias, ni à nos intellectuels, s’il en existe encore dans ce triste village qu’on veut globalisé.  Il est d’ailleurs très significatif qu’on soit passé de l’éducation populaire à l’éducation citoyenne, de la volonté d’élever les gens à celle de les intégrer,en passant du monde où Jacques Rancière était jeune à celui où il est devenu vieux.

 

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Jacques Rancière  Photograph by Giulio Squillacciotti.

dimanche, 04 mars 2012

Penser l'histoire à Bron, avec Bouton et Bégout

Christophe Bouton et Bruce Bégout présentaient hier à la Fête du livre de Bron leur volume Penser l’histoire, de Karl Marx au siècle des catastrophes, fruit d’une série de travaux menés dans le cadre du centre de recherches Lumières, Nature, Sociétés de l’université  Michel de Montaigne à Bordeaux.  Préfacé par Jacques Revel, l’ouvrage publié en 2011 se compose de plusieurs contributions, dont une de chacun des deux intervenants.

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Pour la mise en bouche, Christophe Bouton retrace brièvement le sens général de l’histoire, tel que l’ont défini les Lumières et dans leur sillage Hegel puis Marx : le fil conducteur du progrès est l’extension de la citoyenneté, basée sur la conquête politique de la liberté par le plus grand nombre, de l’empire oriental ou égyptien dans lequel seul un grand homme était libre (empereur ou pharaon), à la Grèce Antique où seuls quelques hommes étaient libres, jusqu'aux idéaux de la Révolution Française qui postule que tous les hommes peuvent être libres.  Il dresse ensuite le constat de la remise en cause par de nombreux penseurs modernes de cette philosophie heureuse de l’histoire devant les guerres mondiales du XXème siècle et le « temps des catastrophes » dans lequel nous nous trouvons à l’ère du capitalisme mondialisé. Il ne s’agit donc pas de réactiver les philosophies du passé, mais de définir des outils et des schémas d’interprétations appropriés pour saisir l’époque actuelle, définie principalement par la perte du sens. Rien de très neuf, en somme, mais une mise en perspective à la fois claire et professorale.

Partant d’une formule de Jan Patocka dans ses Essais hérétiques,, « l’homme ne peut vivre dans la certitude du non sens », Bruce Bégout rappelle alors qu’il ne peut y avoir de pensée historique sans un début et une fin. Le concept d’histoire débute ainsi pour nous avec les Grecs et se décline depuis en  deux schémas linéaires jusqu’à une fin : une première ligne continue, théologique, qui postule l’idée d’un but et qu’on peut dire progressiste ; une seconde, discontinue, eschatologique, qui se borne à attendre une fin, et qu’on peut dire messianique. En somme, nous dirigeons-nous encore vers un but ou attendons-nous simplement une fin ?  Voilà qui pourrait alimenter les riches débats menés en ce moment par les principaux candidats à la (re) conquête de l'Elysée.

La réflexion des deux invités aborde ensuite la question du rôle de l’homme dans l’histoire, à travers une article de Christophe Bouton sur le sens et les limites de la « faisabilité » de l’histoire par les hommes eux-mêmes. Contre l’idée que l’histoire serait ouvertement « disponible à l’action humaine », ils examinent trois arguments :

-      L’argument d’impuissance, selon laquelle la volonté humaine se brise contre la force des événements inéluctables et le discours fataliste qui s’ensuit. De ce point de vue Napoléon, dont la grande volonté s'enlisa  dans l’hiver russe n’est pas, comme le suggère Tolstoï dans Guerre et Paix, le grand stratège légendaire qu’on croit.

-      L’argument de l’ironie de l’histoire, qui consiste à dire que les hommes sont acteurs d’une histoire qui leur échappe inévitablement, et qu’ils ne savent pas, le plus souvent, la signification de l’histoire qu’ils écrivent : Ainsi Gorbatchev et sa Pérestroïka.

-      L’argument selon lequel vouloir faire de l’histoire est dangereux car cela autorise trop de crimes collatéraux. Et que, si vouloir « faire de l’histoire est dangereux »,  il faut sortir de la philosophie de l’histoire et revenir à la nature. Après avoir cherché à « transformer le monde », il faut réapprendre à le « conserver ». On reconnait là, quelque peu simplifiés,  les points de vue d’Hannah Arendt et de Gunther Anders.

La présentation se clôt par un détour vers la littérature et la notion d’Uchronie. On imagine alors ce que serait l'histoire contemporaine si, par exemple, Hitler avait gagné la guerre. Ce concept d'uchronie, pendant de celui d'utopie, ouvre selon Bégout un rapport original et nouveau à l’histoire et à l’imaginaire. Là-dessus, l'auditoire est rendu à lui-même, tandis que les auteurs se dirigent vers la table où se tiennent les dédicaces, comme c'est l'usage. Dehors, la nuit est tombée et l'hippodrome de Bron se vide de ses badauds d'un jour qui se dirigent sans faire d'histoire en file indienne vers le tramway.