vendredi, 09 mars 2012
Votez oui
Il n’y a pas grand intérêt à suivre la campagne, dès lors que les débats de fond sont escamotés, au profit d’une course de petits chevaux qui avancent chaque jour, proposition par proposition. Dans la société du spectacle, une campagne électorale est une séquence médiatique un peu plus longue qu’une remise des Oscars, un peu moins dramatique qu’un tsunami. Tout son suspens entretenu à coups de sondages, sa dramaturgie réglée à coups de petites phrases et de ralliements divers, sa rhétorique qui convoque les grands mots, peuple, nation, justice, égalité, et autres, ne constituent qu’une séquence parmi d'autres. Les passionnés de politique peuvent s’en attrister, cela ne change rien à la situation. Comme Jacques Rancière le souligne, « nous ne vivons pas dans des démocraties, nous vivons dans des Etats de droit oligarchiques » (1) et «toute politique oubliée, le mot de démocratie devient alors à la fois l’euphémisme désignant un système de domination qu’on ne veut plus appeler par son nom et le nom du sujet diabolique qui vient à la place de ce nom effacé : un sujet composite où l’individu qui subit ce système de domination et celui qui le dénonce sont amalgamés ».(1)
Je me dirige probablement une fois de plus vers une abstention, n’ayant aucun désir de voir l’oligarchie socialiste qui règne dans les régions s’emparer de l’Etat, avec les mêmes politiciens qui ont échoué il y a quinze ans, ni aucune sympathie pour le locataire actuel de l’Elysée, hormis le fait qu’il ne soit pas énarque.
On peut toujours se rabattre sur Le Pen ou Bayrou, Mélenchon ou Joly, voire Cheminade ou sa chatte, dans un vote d’humeur. Dans la société du spectacle, le vote d’humeur est peut-être le seul qui garde une perspective originale et répond de façon décalée à la demande faite par les dirigeants. Un ami me disait l’autre jour qu’il avait gardé un bulletin OUI dans sa poche depuis le référendum sur la constitution, et qu’à l’élection présidentielle, il le glisserait dans l’urne. Voter avec une élection de retard, OUI ou NON qu’importe ; là réside peut-être la solution.
Jacques Rancière, La haine de la démocratie, la fabrique, 2011, p 81 et 97
13:05 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, élections |
Commentaires
Je vous fais parvenir sous pli discret mon bulletin "absinthe". A garder dans votre poche pour toutes les élections à venir. Je file à la poste. Salut! (ne lisez pas l'éventail aujourd'hui, elle est tombée sur la tête. Je vais lui mettre le nez dans ma litière. Un seul vote est possible: votez moi.Miaou!)
Écrit par : Absinthe | vendredi, 09 mars 2012
Je n'ai pas beaucoup d'illusions non plus, n'étant pas bipolaire... Un vote "blues" avec un bulletin bleu, peut-être, du coup.
Écrit par : Sophie K. | vendredi, 09 mars 2012
en fait c'est plutot un bulletin "non" qu'il vous faudrait... et à moi aussi !
Écrit par : FOurs | vendredi, 16 mars 2012
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