Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 28 décembre 2016

Je le hais comme vous haïssez Dieu

Nulle part, sans doute, Baudelaire n’est plus catholique.

Il faut imaginer une pièce sale, comme au temps de la prohibition américaine. Cet étranger, les mains liées derrière le dos, devant un flic en uniforme prêt à le gifler. « Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique » dit-il ; l’interrogatoire commence. « Ton père, ta mère, ton frère ta sœur ? ». À cette époque, on ne disait pas encore ton papa, ta maman, et toutes ces sucreries niaises et insipides. L’étranger n’a ni père, ni mère, ni frère, ni sœur. Il le dit, sèchement. Quatre fois ni. Alors l’interrogateur continue : Il ne supporte pas l’énigme. Tes amis ? Le sens de cette parole, lui réplique l’étranger, lui est resté jusqu’à ce jour inconnu. Aujourd’hui, l’étranger ne pourrait entrer sur le sol des États Unis : il ignore facebook. Comme disent les jeunes avec mépris, c’est un sans amis. L’étranger ne dit plus ni, il dit in- un privatif. Alors, l’interrogateur se rabat sur la patrie. Quand on est orphelin, ignoré de tous, au moins a-t-on une patrie. L’interrogateur, c’est le sens commun, la vox populi, la doxa. « Ta patrie ? » Le ton peut sonner comme « Tes papiers ? », mais peut aussi être plus doux. On peut peut-être imaginer une parole de compatriote. Qu’importe. Cette fois-ci, l’étranger ne dit pas non, mais il ignore. « J’ignore, dit-il, sous quelle latitude elle est située ». L’énigme s’accentue.  Il faudra que l’interrogateur lui propose la beauté pour qu’une fois, une fois, il ne dise pas Non. Mais voilà qu’il s’exprime au conditionnel. Celle-là, dit-il, je l’aimerais volontiers, à condition qu’elle, fût rajoute-t-il, déesse et immortelle. Ces deux mots, chez Baudelaire, ce n’est pas rien. L’étranger ne veut pas des filles des rues ni des œuvres d’art à trois sous. Déesse, dit-il. Et immortelle…

Et c’est alors que Baudelaire touche au génie. On peut n’aimer ni sa famille, ni ses amis, ni sa patrie, ni la beauté, soit. Mais l’or ? Hein, l’or ! L’interrogateur est certain de le toucher au cœur, cette fois-ci. L’or, c’est la passion commune, celle qui ne se refuse pas. Tout le monde, n’est-ce pas, veut son ticket pour l’Euromillions. Satan, en quelque sorte, est sûr de son coup. L’étranger devient alors extraordinairement christique : « je le hais, lâche-t-il, comme vous haïssez Dieu » On entend en creux, bien sûr, le célèbre « On ne peut adorer Dieu et l’argent » Ou bien la parabole du jeune homme riche, qui, pour aimer Dieu, ne parvient pas cependant à lâcher tout son or et suivre le Christ. La haine de l’étranger pour l’or est donc à la mesure de notre haine de Dieu. Comme nous haïssons Dieu, à ce degré-là de mépris, d’inconscience ou de malignité, l’étranger nous hait nous, c’est-à-dire notre monde, notre système de valeur, d’assurance, de morgue. L’or !  L’autre ne peut que se taire. Eh ! dit-il, « qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? » Il y a là comme un aveu qu’étant homme, on doit finalement quand même aimer, aimer quelque chose. Et c’est la seule fois que l’interrogateur tape juste : oui, l’étranger aime. Il aime quelque chose de passager, d’insaisissable, à sa mesure. Il bredouille : « les nuages, les merveilleux nuages » En eux seuls s’incarne le miracle de l’amour pour cet étranger paradoxal, loin des passions communes, au plus loin des hommes  et comme s’il ne pouvait en être autrement.

Entendons-nous bien, cet étranger, ce n'est pas là une affaire de migrant ordinaire. Baudelaire tiers-mondiste, je ne crois pas ! À  chaque fois que j’ai expliqué ce poème en classe, j’ai toujours interrogé les élèves sur le statut du dialogue, suggérant qu’au fond c’était sans doute un dialogue intérieur entre la pire part de nous-même, celle qui veut s’insérer, se socialiser, s’intégrer, comme nous disent les socialistes.  Et l’autre qui résiste, ne veut pas, la dissidente qui guette l’au-delà, se sait de passage, mortelle, jamais citoyenne, rendant à César ce qui ma foi lui appartient, pas grand chose, prête à suivre le Christ, à pleuvoir, en quelque sorte. Je le hais, dit-il, et l'on se prend à penser que pour que l'étranger admette l'or, et toutes nos passions tièdes et communes, il suffirait que nous cessions de notre côté de haïr Dieu, puisque que tout est dans ce comme, et qu'il deviendrait alors possible d'aimer son prochain comme soi-même, ce soi-même fait de deux parts enfin réconciliées.  

 

ETRANGER.gif

 

02:29 Publié dans Des poèmes, Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (3) | | |

samedi, 24 décembre 2016

Nativité véritable, surnaturelle et transgressive

Le Fils ne naît pas. Il traverse en quelques mois la chair de Marie, jusqu’à se faire homme : en se pliant aussi discrètement à un processus aussi parfaitement naturel, le Père manifeste une intelligence extraordinaire : à l’intérieur d‘une même chair, il révèle à qui veut engager sa foi la plénitude de son pouvoir surnaturel tout en prenant soin de le masquer au sceptique à qui il laisse la possibilité du doute.

C’est ainsi que Celui qui était au commencement et qui sera à la fin, l’Alpha et l’Omega, accomplit un miracle dans le respect minutieux de l’ordinaire. Peut-on, si l’on songe à la puissance divine, imaginer manifestation de sa réalité plus humble ? Plus délicate ?

Fils de la Vierge, issu du Saint-Esprit, l’Agneau ne peut qu’être un intrus parmi les hommes nés de la reproduction mimétique ; une menace dans le bel ordonnancement de leur édifice politique. Un original, au sens propre, qui ne peut trouver place dans les registres archivés du Sol Invictus. Aussi, l’empereur dont le pouvoir repose sur le doute ne peut que souhaiter sa prompte élimination.

Un recensement parfait de tout l’univers devrait débuter en vérité par le Père, le Fils, puis le Saint Esprit. Ensuite viendraient les prophètes, les saints et les martyrs et seulement après, on dénombrerait les hommes et les femmes. On saisit à quel point celui d’Auguste était incomplet et pourquoi ne pouvaient y figurer ni la personne du Christ ni celle de sa mère venue montée sur une ânesse de Nazareth à Bethléem pour le mettre au monde, ni celle de Joseph conduisant un bœuf pour ouvrir le chemin devant eux jusqu’à la grotte devant laquelle Constantin, quelque trois cent trente ans plus tard, adressa à Dieu l’offrande d’une basilique afin de rétablir un juste équilibre dans l’appréciation des hommes.

 

700449--.jpg

Depuis, à chaque Noël, des petites mains par milliards ont disposé autour de l’Enfant des santons de toutes les tailles et de toutes les couleurs. On comprend néanmoins pour quelle raison tant d’associations – laïques ou musulmanes – militent chaque année pour ne plus voir fleurir ces crèches dans nos espaces publics. La Nativité véritable, ils savent combien elle est surnaturelle et transgressive, et donc inacceptable à leurs yeux. Un seul enfant s’ouvrant intégralement au mystère de cette Nativité serait pour ces militants du dieu unitaire un enfant de trop. Pour eux tous, Dieu, s’il existe, « est unique et n’a jamais engendré »[1]  Comment ne pas voir dans cette affirmation le point où, malgré leurs nombreuses divergences, juifs, musulmans, francs-maçons et athées parviennent à rencontrer chez le chrétien un ennemi enfin commun ? Pour tous ceux-là comme pour l’empereur Auguste, ce Jésus Christ de Bethléem  reste de trop : il demeure un intrus qu’il faut exclure coûte que coûte de leurs systèmes de re-productions et de re-présentations jusque dans ses plus innocentes figurines pour que l’Europe parachève cette « apostasie silencieuse »[2]  évoquée par le pape Jean Paul II.[3] Pour tous ceux-là, en tout cas, Christ demeure un empêcheur de croire ou de ne pas croire en rond, c’est-à-dire en tiède. C’est déjà pour tout ce beau monde un effort inouï que d‘imaginer  Dieu infini, supposer que cet Infini ait pu s’incarner afin de se raconter dans une histoire purement humaine, en commençant par naître aussi humblement, cela chatouille et insupporte vraiment leur esprit : l’Infini, ils l’imaginent bien lointain, et d’une autre nature que leur viande, pour parler comme Céline[4]. Une telle naissance pour les plus tolérants d’entre eux constitue au mieux une belle histoire, au pire un véritable scandale.

Car nous ne sommes pas qu’un peu pris dans cette habitude de reproduction ou d’imitation que la Nativité vient gifler de plein fouet. Au contraire du Christ, nous y campons depuis notre propre naissance, pagures oublieux de leur enracinement dans leurs coquilles empruntées. En rappelant aux hommes de son temps que pour la plupart d’entre eux, tous les miracles étaient un scandale[5] Bossuet se souvenait que le Christ lui-même l’avait annoncé : « Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi »[6]  Pour se placer devant la grotte de Bethléem et en contempler le déroutant mystère avec sa raison en toute sérénité et sans se dérober devant tous les écueils, il faut donc avoir mis à nu sa véritable soif, celle que tous les usages du monde s’ingénient à nous faire oublier ; notre soif de Dieu, c’est-à-dire de pur et souverain surnaturel.

 

[1] Coran, sourate 112, dite du dogme pur

[2] Jean Paul II, Angélus, Castel Gandolfo, 13 juillet 2003

[3] Le pape Jean Paul II se souvenait-il alors des propos plus anciens d’Emmanuel Mounier : « Il rôde parmi nous une forte odeur d'apostasie (Emmanuel Mounier « L'agonie du christianisme » Esprit, mai 1946)

[4] « On en devenait machine aussi soi-même à force et de toute sa viande » (Céline, Voyage au bout de la nuit)

[5] Bossuet, Sermon sur la Divinité

[6] Matthieu, 11 - 6

11:06 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : noël, nativité, christ, nazareth, bethléem | | |

mercredi, 21 décembre 2016

Molière et la fatuité

Le génie de Molière fut de comprendre en pleine monarchie absolue que le principe premier de la bourgeoisie était la fatuité. Et que cette fatuité allait fonder une sorte de sociabilité démocratique par nature, foncièrement comique. Il suffit d’entendre toutes les Philaminte, toutes les Bélise et tous les Trissotins commenter d’une égale humeur le déroulement d’une primaire ou celui d’un attentat, donner du même mouvement des lèvres un avis éclairé sur l’Islam, la circulation alternée ou la légitime défense – souvent ponctué du fameux voilà -  pour comprendre tout ce que Les Femmes Savantes comme Le Malade Imaginaire eurent de prémonitoire et ont encore de parlant.

 

Molière,littérature

 

 

19:30 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : molière, littérature | | |

lundi, 19 décembre 2016

D'Allemagne...

On reconnaît l’église à sa belle lueur dorée. Dans toute l’Europe, c’est la même. Plus chaude que celle, blafarde, des néons blancs et bleus, qui la cernent. Un camion, noir cette fois. Il a roulé sur des gens et des sapins. Étonnant de voir cette belle église de pierres dorées sur toutes les chaines infos, et ces sapins écrasés, et ce marché de Noel renversé. Et tous les commentateurs, comme si à force de ne pas vouloir regarder, ils ne voyaient plus, se demandant pourquoi les terroristes auraient ciblé l’Allemagne. Se poseraient-ils la même question si une fête de l’Aïd devant une mosquée … ? 

 

berlin,attentat,guerre moniale

Continueront à nous raconter que les musulmans sont des gens très tolérants, l’islâm une religion de paix.  Qu’un marché de Noël soit pris pour cible en Belgique, en Autriche, en France, les mêmes diront que c’est un marché belge, autrichien, français. Mais surtout pas chrétien.  Et continueront à interdire les crèches dans les lieux publics. Comme si eux-mêmes, au fond, ne méritaient plus que de devenir musulmans. C’est peut être ça, en somme, leur vérité inavouée ?... à se demander ce que le Christ leur a fait, à naître, exister, mourir, ressusciter pour eux, comme cela, de la crèche à la croix ...

 

23:13 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : berlin, attentat, guerre moniale | | |

Leo Marjane (1912-2017)

Ma dette, à l'égard de Leo Marjane, qui vient de mourir  :

 

« Encore la voix timbrée Léo Marjane. Julienne affectionnait cet air-là. Dans cette France assiégée, elle était loin d’être la seule. Mais avec quelle justesse elle le chantait !  (…)

       Mon ange qui veillez sur moi

       O mon ange, ayez pitié de moi…

Julienne tardait bien à redescendre ! Il se mit à gravir le plus silencieusement possible les marches de l’escalier étroit, pénétré du sentiment de plus en plus nauséeux de devenir un intrus dans cette maisonnée. Il trouva la porte de la chambre d’Adrien entrouverte. Ce n’était plus la voix de Léo Marjane qui s’en échappait, mais celle, presque endormie, de Julienne. Il fronça le sourcil, tendit mieux l’oreille :

       Et quand enfin descend le soir,

       Quand arrive l’heure de l’espoir,

       Accordez que sous mon toit

       L’amour entre quelquefois,

       O mon ange, qui veillez sur moi !

 

Une pression de deux doigts sur la porte lui suffit pour pénétrer à l’intérieur. La pièce était plongée dans une demi-obscurité. Plus encore qu’au rez-de-chaussée, chaque objet lui paraissait veiller sur son propriétaire. Assise sur un fauteuil aux côtés du Gramophone, Julienne fixait l’oncle Adrien qui reposait, inerte et tout habillé sur son lit. Il était mort. »

 (La Queue, deuxième partie)

      

      

samedi, 10 décembre 2016

Fête des lumières à Lyon

maxresdefault.jpg

Ci-dessus, procession du 8 décembre;

Ci-dessous, animation éphémère de la passerelle saint-Georges, pendant la messe, séculaire, du même soir. 

saint georges.GIF

Voici deux lumières, deux mondes, deux fêtes inconciliables, qui se superposent et s'ignorent

 

21:47 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lyon, illuminations, 8décembre | | |

mardi, 06 décembre 2016

Cazeneuve : le pire du quinquennat reste à venir.

Cazeneuve aux affaires européennes, ce fut le premier reniement de campagne du Moi président, avec l’acceptation du traité budgétaire européen. C’est lui qui eut la lourde tâche de faire avaler cette première couleuvre aux parlementaires socialistes qui deviendront des « frondeurs ».   Bilan négatif.

Cazeneuve au Budget, remplaçant au pied levé Cahuzac, ce fut les augmentations d’impôts qu’on appela fort justement « matraquage fiscal ».  Ce fut aussi l’enterrement d’une autre promesse de campagne du Moi Président avec la légitimation du trading à haute fréquence. Bilan catastrophique.

Cazeneuve à l’Intérieur, ce fut la mort de Rémi Fraisse, onze attentats islamistes et 250 morts sur le sol, Viry-Châtillon, les manifestations policières dans la rue. Bilan tragique.

Cazeneuve, d’un air sérieux (et, disent certains, rassurant) de croque mort caustique et d’un ton grave (et disent certains, pédagogique, d’instituteur de la troisième République, ne fit jamais que parler en bon frère. C’est cela, semble-t-il, qu’en Hollandie, on appelle « le sens de l’état ».

cazeneuve,hollande,socialisme,gouvernement,france,attentats

La valse maçonnique de Matignon

Cazeneuve Premier Ministre, à présent. Même les mondanités de passation de pouvoir ont l'air surjouées, en papier glacé. Papier glaçant.Dans une France où les courtisans de tous bords s’écharpent pour s’installer à leur tour sur le siège d’un calife exsangue, une France en plein état d’urgence, avec 9 millions de pauvres et 4 millions de chômeurs, le pire reste sans aucun doute à venir. Autour du Moi Président ,qui n’est plus parait-il obsédé, en bon pervers narcissique, que de « l’image qu’il laissera dans l’Histoire » ( 1) ne demeurent que la poignée de fidèles incapables que ce Cazeneuve incarne sous son masque de cire. Les ennemis du pays l'ont dans leur viseur. Le pire reste à venir. Ce n’est pas jouer les Cassandre que le dire. Vous verrez…

 

  • Marieur d‘homosexuels ? Tête de turc de Léonarda ? Vaudevillesque conducteur de scooter ?  Président démissionnaire ? Fossoyeur de son propre camp ... Hollande, c'est l'embarras du choix.

18:08 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cazeneuve, hollande, socialisme, gouvernement, france, attentats | | |

lundi, 05 décembre 2016

Pendant ce temps-là, au Proche Orient

Témoignage de sœur Lika, en Irak, sur la duplicité fondamentale des musulmans face à l'État Islamique et les limites de l'œcuménisme, si cher au pape François et aux pays riches et bien pensants. 


08:23 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islam, état islamique, christianisme, irak, œcuménisme, pape françois | | |