lundi, 19 décembre 2016
Leo Marjane (1912-2017)
Ma dette, à l'égard de Leo Marjane, qui vient de mourir :
« Encore la voix timbrée Léo Marjane. Julienne affectionnait cet air-là. Dans cette France assiégée, elle était loin d’être la seule. Mais avec quelle justesse elle le chantait ! (…)
Mon ange qui veillez sur moi
O mon ange, ayez pitié de moi…
Julienne tardait bien à redescendre ! Il se mit à gravir le plus silencieusement possible les marches de l’escalier étroit, pénétré du sentiment de plus en plus nauséeux de devenir un intrus dans cette maisonnée. Il trouva la porte de la chambre d’Adrien entrouverte. Ce n’était plus la voix de Léo Marjane qui s’en échappait, mais celle, presque endormie, de Julienne. Il fronça le sourcil, tendit mieux l’oreille :
Et quand enfin descend le soir,
Quand arrive l’heure de l’espoir,
Accordez que sous mon toit
L’amour entre quelquefois,
O mon ange, qui veillez sur moi !
Une pression de deux doigts sur la porte lui suffit pour pénétrer à l’intérieur. La pièce était plongée dans une demi-obscurité. Plus encore qu’au rez-de-chaussée, chaque objet lui paraissait veiller sur son propriétaire. Assise sur un fauteuil aux côtés du Gramophone, Julienne fixait l’oncle Adrien qui reposait, inerte et tout habillé sur son lit. Il était mort. »
(La Queue, deuxième partie)
11:25 Publié dans Des nuits et des jours..., Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leo marjane, mon ange, chanson française, la queue |