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mercredi, 31 octobre 2012

Bienfaits et méfaits d'une même solitude

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22:13 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rousseau, woodstock, holgate | | |

mardi, 30 octobre 2012

Situation room

Dans sa « situation room », romanesque plus que jamais, le président avise. Les observateurs politiques disent que Sandy pourrait bien lui sauver la mise, puisque la propagande d’homme providentiel qui battit son plein lors de sa première élection en 2008 ne peut plus fonctionner, crise, chômage, dette aidant.

Or le cyclone Sandy l’a soudainement placé dans une posture idéalement démocratique. Comme tout un chacun, il voit sur de multiples écrans l’inexorable progression des eaux et des vents, assis dans le fauteuil même où, entouré du même staff, il avait assisté à l’exécution de Ben Laden : au contraire de tout un chacun occupé à tenter de sauver du déluge ses quelques hardes, lui garde tête froide. Habile et décontracté, il gère. En d'autres temps, la salle eût été emplie de volutes de fumée. En 2012, l'air y est pur. 

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La paupière impavide qu’il place face au chaos généralisé lui confère certes un côté Fantomas vaguement irréel. N'importe. Cet aspect là convient bien à l’écran. Comme dans les films catastrophes, des centaines de villes sont en faillite par tout le pays. La Chine possède désormais  la plus grande part des bons du Trésor américain. Les éléments déchaînes balaient New-York, ses rues, ses gratte-ciel, son métro. Il faut cependant qu’on croit, dans le pays et partout ailleurs, qu’il tient la situation en main. Alors, il regarde.

« Le propagandiste doit traiter la personnalité comme n’importe lequel autre fait objectif de sa compétence. Selon les cas, une personnalité crée une situation, ou bien les circonstances créent une personnalité, mais il est souvent difficile de savoir quel est le facteur déterminant.» écrivait Bernays (un spécialiste de la question)  dans son Propaganda, comment manipuler l’opinion en démocratie.  

Parvenir donc à faire croire au monde entier que lui et ses sbires demeurent maîtres de la situation comme ils sont maîtres de la situation room, tel est le but de la petite démonstration médiatique. Ils sont maîtres, par la seule force de leur présence à l’événement, c'est-à-dire par la seule force de leur regard : tel est le défi que l’acteur Obama doit relever pour s’imposer face à son adversaire que l’actualité a relégué dans les placards de l'actualité. Là, dans cette salle où se joue sa légende, tout est affaire de postures. Il regarde et l'on croit qu'il agit.

Pour cela,  la « situation room » doit apparaître plus que jamais comme le pont du navire, d'où le capitaine, à la fois proche et lointain, exposé et surprotégé, « gère » un désastre qu’il ne fait en réalité que contempler.

Comme nous autres, spectateurs anonymes, Obama regarde, impuissant dans sa cave de la Maison Blanche qui tient à la fois du bunker, de l’ultime refuge, de la salle de contrôles et du saint des saints. Mais au contraire de nous autres, il est regardé. Regardant regardé.

La fonction de l’homo politicus post-moderne atteint là une sorte de cynisme efficace et d'impuissance assumée qui – paradoxalement – convainquent de son professionalisme. Plus que jamais se réalise la prophétie par laquelle Bernays avait clot son ouvrage en 1928 : « la propagande ne cessera jamais d’exister. Les esprits intelligents doivent comprendre qu’elle leur offre l’outil moderne dont ils doivent se saisir à des fins productives, pour créer l’ordre à partir du chaos ».

 

16:30 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : situation room, sandy, obama, usa, politique, bernays, propagande, new york | | |

lundi, 29 octobre 2012

Je ne reviendrai jamais

Kantor écrivit un jour que la rareté des nouveaux spectacles du théâtre Cricot 2 ne se mesurait pas au nombre de ses premières, mais à des étapes dont le contenu est soumis au mouvement long et incessant des idées : « Le montage des spectacles est le résultat de la nécessité impérieuse d’exprimer des idées ».

L’une des belles idées de Kantor fut la promotion sur scène de ce qu’il nommait  l’objet pauvre.  Un objet, disait-il, au bord de la destruction : « Cette condition désintéressée fait apparaître pleinement son objectivité : c’était un objet, le plus simple, primitif, vieux, avec des marques affirmes d’usure, pauvre. Dépouillée de toute stylistique, il découvrait sa véritable racine, sa fonction première. » (1) Une roue de char pour Le retour d’Ulysse. Les bancs d’école en bois pour La Classe morte. Une autre idée fut d’exhiber ses acteurs comme il exhibait ses objets, dans la même distance critique et la même proximité affective. Avec l’apparition du mannequin / pantin, l’un l’autre charnellement liés.

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Kantor, dessin pour Umarla Klasa

Les objets de Kantor venaient d’une société que la seconde guerre mondiale avait littéralement pulvérisée. Des roues de char, il ne fut pas le seul à en conserver, et je me souviens que bon nombre de cadres en cols blancs des années 70 en faisaient des tables à apéritifs dans leur résidence secondaire, avec cette même, arrogante et ironique « fidélité au passé » qu’en plein cœur du quartier Confluence aujourd’hui, on exhibe un pont métallique de l’ancien Port Rambaud, à titre de traces. Comme, tout aussi ridicule, le harnais de cheval dans l’entrée. Chez Kantor, l’objet conservait pleinement son pouvoir de paroles, parce qu’il gardait aussi sa pauvreté. Jusque sur la scène où il était représenté.  Il n’y a que dans les salles des ventes que je retrouve parfois, devant une bassine en cuivre ou une marmite en fonte cette originalité de l’objet pauvre. Jamais au théâtre désormais.

« Tout ce que j’ai fait dans l’art n’a été qu’un reflet de mon attitude à l’égard des événements qui se déroulaient autour de moi », dit aussi Kantor. On pourrait longuement s’interroger sur ce qu’est le « reflet d’une attitude ». Kantor lui-même compara son « attitude » à celle des dadaïstes : « Lorsque après la guerre, vers les années 60, j’ai rencontré les œuvres des dadaïstes, elles représentaient déjà des positions et des valeurs de musée. Eux-mêmes avaient vieilli ou étaient morts. Mais je sentais que l’esprit de leurs manifestations, de leurs scandales, de leurs protestations et révoltes vivaient toujours. Ils étaient la génération de la Première Guerre mondiale, moi je supportais sur l’échine le non moins grand et horrible fardeau de la Seconde ».

 J’y vois pour ma part la définition même de la posture du satirique. Dans son esthétique même, et non dans son propos, Kantor fut un satirique digne de Pétrone ou de Juvénal. C’est le centre même de la société de consommation et de son théâtre de pures conventions qu’il atteignait avec son objet pauvre, ses propres blessures et ses propres révoltes

La société de consommation est sans doute emplie d’objets de pauvres, partout laids et méprisables. Mais elle ne contient plus d’objets pauvres, à la façon des bancs de la Classe Morte : à aucun elle ne laisse plus le temps de vieillir et de se charger de significations. Il devient dès lors fort difficile d’imaginer que le théâtre contemporain puisse se trouver un continuateur de Kantor : comme la tragédie racinienne ou le roman joycien, il peut certes – et il l’a été déjà à maintes reprises – être imité, pillé. Mais l’on ne voit pas sur quelle réalité scénique capable de soulever l’émotion que souleva l’objet pauvre un continuateur pourrait s’appuyer à présent.

Ce fut d’ailleurs de la part de Kantor une étrange idée que d’aller à Milan donner, comme il le fit à la veille de sa mort, quelques Leçons (2), alors que tournait encore son dernier chef d’œuvre, Je ne reviendrai jamais. Souvent, et jusque dans cette dernière création, Kantor avoua être obstiné par la question du « retour au temps de ma jeunesse, quand j’étais un petit garçon »  C’était avouer ce que tous ses spectateurs avaient compris, depuis longtemps : à quel point son théâtre réputé engagé était en réalité une forme autobiographique.

 

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Kantor, dessin pour Qu'ils crèvent les artistes

 

1 Fragments du théâtre Cricot 2, 1955-1988

2 Leçons de Milan, traduites par Marie Thérèse Vido Rzewuska, Actes Sud, 1990

13:52 Publié dans Des pièces de théâtre | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : tadeusz kantor, cricot2, je ne reviendrai jamais, théâtre | | |

dimanche, 28 octobre 2012

Le café aux trois typos

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Lyon, rue Ferrandière, n° 32 : Nous n’irons plus boire le jus matinal au café des PTT qui reste clos, et personne ne franchit plus sa façade aux trois typos. Tel est le piteux résultat de l’incroyable projet historique de réaménagement du quartier Grolée dans le deuxième arrondissement de Lyon, dont le maire Gérard Collomb a été l’initiateur mégalo.

Rappel des faits :

Le 24 décembre 2004, le maire de Lyon bradait 10 immeubles haussmanniens au fond de pension américain Cargill pour 87 millions d’euros. Un an plus tard, ce dernier revendait les seuls pas de porte à la SA les Docks Lyonnais pour 98,873 millions d’euros. L’idée était alors de transformer cette partie de la presqu’île en un carré d’or luxueux, à l’image de la rue Montaigne à Paris, afin d’anticiper sans doute la transformation tout aussi absurde, non loin de là, de l’Hôtel-Dieu en hôtel de luxe..

Après avoir réhabilité 19 000 m2 des 50 rez-de-chaussée de ces immeubles, les Docks Lyonnais lancèrent le délirant projet Up in Lyon. Seul le magasin Zilli vit le jour, fit trois petits tours et, la crise aidant, s’en alla. Le projet finit par capoter, quand seul le groupe Sephora (du luxe pour pauvres) ouvrit une enseigne non loin de la place de la République. Depuis, le quartier Grolée, vidé des commerces qui le faisaient vivre, et dont le café des PTT rue Ferrandière était un noyau, demeure à l’abandon. Combien de temps encore subsistera sa typo,  où se croisent les fantômes de plusieurs décennies d'habitués ?

 A quelques mois des municipales, le réaménagement du quartier Grolée figure l’un des plus beaux fiascos des deux mandats de Gérard Collomb.

 

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Linéales sur l'enseigne verte, didones dorées dans le style des années 30 sur la façade, réales sur l'auvent touge : le café des PTT et ses trois typos, victime de la mégalomanie du maire de Lyon

16:21 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : café des ptt, quartier grolée, lyon, gérard collomb, politique | | |

samedi, 27 octobre 2012

Les ténèbres électrisés

Quand venait le soir autrefois et que je regardais la ville, tout ce qui l’entourait restait plongé dans les ténèbres. La ville n’était qu’un ramassis de vieux toits et de clochers : le clocher pointu de Nazareth, celui de l’hôpital, le dôme de la gare, les deux tours carrés de l’église Saint-Michel sur l’une desquelles pendant plus de quatre ans, jour et nuit, une sentinelle allemande monta la garde. Certaines nuits sans lune étaient si noires que si nous devions sortir après le couvre-feu, il nous arrivait de nous perdre et de tâter les murs. Quel bonheur, quelle surprise quand les lumières se sont remises à briller ! Il y a maintenant trente ans et de plus en plus de lumières. Faut-il les croire ? 

Autrefois, j’entendais siffler les trains. Je voyais le train de Paris tout rutilant courir au fond de la nuit. Je ne le vois plus. Je ne l’entends plus siffler. Selon l’orientation des vents, j’entendais l’heure tinter au clocher de notre vieille cathédrale Saint-Etienne. Que s’est-il passé ?

Sur le plateau, là où s’édifie à présent la cité industrielle, on ne voyait que des champs et, parmi eux, un grand champ de colza. Je ne me lassais pas d’en regarder les moissons onduler au vent du soir. Le champ de colza, comme tout ce qui l’entourait, a disparu, à la place s’élèvent aujourd’hui de grands ensembles. Le soir, on dirait des blocs de cristal transpercés de lumière. La vieille ville est bien noire sous les orgueilleux lampions, toute consentie, toute résignée. Plus les lumières se multiplient autour d’elle plus elle se recroqueville, plus elle se cache, comme une vieille femme qui se ramasse sous un capuchon. A quoi rêve-t-elle ? Et où sont passées la vieille rue des Champs-Gibet et la rue de la Clouterie ? La rue des Filotiers ? La rue des Tanneurs ? Rien ne dure. Nous avons encore notre rue aux Toiles et notre rue Charbonnerie qui fut la rue des Charbonniers, notre rue de la Mare-au-Coq et la rue de la Fontaine Sucrée – mais pour combien de temps encore ? Ce qui reste de la vieille ville est comme un tison qui s’éteint au bout de quinze cents ans ! (…)

Le soir en regardant les lumières de la ville, je me souviens d’avoir ouï dire que, du temps de mes grand-pères, les rues n’étaient éclairées que par des lampes à huile, et encore ne les allumait-on pas les soirs de lune – mais sont arrivés les becs de gaz, et je me souviens fort bien de l’allumeur de réverbères, avec sa grande perche sur l’épaule, et la poire qu’il pressait pour faire la flamme, et après le gaz, la fée électricité et et les grandes lumières partout que c’en est une féerie. Oui mais sommes-nous mieux qu’avant ? Vend-on encore les pauvres gens ?  

Louis Guilloux, L’herbe d’oubli, 1984

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Lyon, fête des Lumières, édition d'hier ou de demain...

18:34 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : louis guilloux, fête des lumières, lyon | | |

jeudi, 25 octobre 2012

Le bruit

Je me demande dans quel silence tombait Madame de Chateaubriand quand elle se mettait à prier. Qu’on ne voit dans cela nulle mélancolie, nul regret d’un passé que je n’aurai de toute façon pas la force d’imaginer, mais la vraie interrogation d’un homme assiégé depuis longtemps par le bruit.

Pour avoir, enfant, connu le silence nocturne des pièces et des champs de campagne, j’ai toujours été étonné par ces confidences de certains citadins, par lui, effrayés. Constatant, souffrant aussi de la façon dont nous sommes tous profondément, et de plus en plus, des êtres liés au bruit, je me demande oui, comme à la pensée d’une autre espèce, dans quel silence tombait madame de Chateaubriand quand elle se mettait à prier…

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Céleste Buisson de La Vigne (1774-1847)

mardi, 23 octobre 2012

Le foot, les Beaux Arts et les Lettres

Le footballeur Ibrahimovic est  aussi un écrivain. Si si. Il est en lice pour le prix August, l’équivalent suédois du Goncourt, qui sera remis le 28 novembre prochain. Fort à parier que cette annonce est un coup de com destiné à lancer la traduction française du bouquin pondu en collaboration avec le journaliste David Lagercrantz, et sobrement titré Moi Zlatan Ibrahimovic (un million d’exemplaires écoulés en Suède), et qu’il sera retiré avant des listes finales. N’empêche. De ses patrons qataris au prix mirobolant de son transfert au PSG, l’énergumène surgi des banlieues nordiques possède, dirait Barthes, « tous les signes de la post-modernité ». A ce titre, qui dira vraiment si cette chose hybride est un pauvre immigré qui a réussi ou  un membre de l’élite qui a grandi dans les cités,  un footballeur qui écrit ou un écrivain qui joue au foot.  Originaire de Bosnie Herzégovine par son père, de Croatie par sa mère, de Suède par sa nationalité, du Qatar par sa fiche de paye, du PSG par son club, en Ibrahimovic s’infusent tant de sèmes comme autant de trophées qu’il force notre respect et mérite bien de l’académie.

 

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Cela fait penser au coup de boule de Zidane sur Materazzi en 2006, décliné en « œuvre d’art » par le plasticien Adel Abdessemed, et installé jusqu’au 7 janvier devant le Centre Pompidou.  Le machin, intitulé Coup de tête (et non Coup de boule), trône sur le parvis de l’art contemporain, et non dedans. Tout ça tient du fils de prolo pas encore tout à fait admis dans  dans la bonne société, et qui dit zut au lieu de merde. Coup de tête, donc. Pourquoi pas Intellect, ou Esprit ? Cela viendra à son heure, n’en doutons pas, quand l’inénarrable Zizou sera entraîneur national.

Philippe Alain Michaud, le très ironique commissaire de l’exposition, explique que la sculpture est « une ode à la défaite » et que « Le regard de Zidane vers le sol nous rappelle celui d'Adam, chassé du paradis ». Plutôt qu’à la tradition judéo-chrétienne, c’est davantage à l’impérialisme de la Rome antique qu’il faudrait assimiler ces figures de bronze de cinq mètres à l'esthétique échappé d’on ne sait quel de ces pompeux trophées remis dans les fédérations de province, esthétique emblèmatique des temps plus-que-merdiques que nous vivons.

Dans le même goût, la récente toile d’Albert Groenheyde, assimilant la gloire sportive à un martyr avec la pose et le visage de ce très christique Usain Bolt dans la pure tradition du street-art en papier glacé affectionné par les aficionados du mélange des genres et du métissage culturel : Le foot comme langage artistique universel et l’art comme réceptacle du significatif rien de neuf sous le soleil qu’il a à dire. 

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lundi, 22 octobre 2012

La bonne attitude

En survoyant les quelques images de la naissance de l’UDI du play-boy recyclé Jean Louis Borloo, je comprenais pourquoi, décidément, je n’aime pas la politique. Je n’aime pas la politique parce qu’en effet, on ne peut en faire vraiment sans devoir d’abord accepter le cadre général dans lequel s’insère toute action politique dans la société contemporaine. Et le cadre en question, c’est d’abord l’ensemble des partis constitués. Puis les medias. Enfin l’opinion publique. Rien de très intéressant.

 

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Ils se tiennent les uns les autres, des plus extrêmes aux plus centristes, en un équilibre nauséeux.

Je déteste les pseudos valeurs culturelles prônées par les cyniques caciques du PS, auquel par négligence le pays a confié son destin. Du multiculturalisme à l'égalitarime, du tout communication au tout communautarisme, ce panier de crabes n’a rien de neuf à proposer depuis le second septennat de Mitterrand, l’avocat roublard qui «croyait aux forces de l’esprit» et confia le destin de sa «génération» aux pattes sales de Séguéla. Hollande et sa grossière roublardise, Montebourg et sa première page en marinière en sont les héritiers directs, tout comme Valls tente d’être celui de Sarkozy. Ils n’ont rien à proposer, sinon une Restauration feinte qui sent déjà le sapin.

Pour autant, se positionner contre cette domination en carton pate, en allant militer au sein du front de gauche de Mélenchon, du front national de Marine le Pen, de l’UMP versus Copé ou bien Fillon, ou encore de l’UDI intronisé par les deux momies d’un autre siècle que sont Simone Veil et Giscard d’Estaing, demeure de toute évidence une activité aussi fumeuse que dérisoire.

L’art, décidément, est la seule bonne attitude. Même si ce n'est qu'une attitude.

06:59 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : borloo, udi, politique, france, société | | |

vendredi, 19 octobre 2012

Éloge de l'automne

« C’est la saison où tout tombe / aux coups redoublés du vent », chantait Lamartine. C’est aussi la saison des peintres. La plus belle à mon goût, et nous voici plongés au cœur de ses multiples cercles. Pour décrire le ballet de feu des feuilles d’automne, Bloy évoque « les anges gardiens d’Octobre à qui fut confiée la douce agonie de la Nature » (1).On a tant parlé de cette saison comme du « soir de la vie » ou de « l’automne des idées » qu’on doit se murmurer à chaque coucher de soi-même quelle chance on a d’en traverser un nouveau, de part en part.

En automne, juge Baudelaire, « les nuages flottent comme des continents en voyage » (2). Prosaïquement, voici donc que le ciel se prend devant nos yeux pour une mappemonde : Tous les voyages demeurent possibles, comme avant Neil Armstrong et l’empreinte profane qu’il posa sur l’imaginaire des ancêtres. Après tout, si un homme a marché sur la lune, nul homme n’a jamais posé le pied sur mes nuages.

Aux variations de l’automne, chacun d’entre nous peut suspendre « la scintillante minute de son choix » (3). Je ne suis pas coloriste. Combien d’aquarelles aurai-je accomplies par les fleuves, les cieux, les étangs qui jaillissent des pochoirs de l’automne ?

« Une feuille qui tombe a divisé l’année / de son événement léger » (4) La sordide propagande ni la rude économie ni la triste technologie des hommes ne sont donc venues à bout des charmes de l’automne, et la parole la plus juste parmi eux demeure pour l’an encore celle, comme lui renouvelée, des poètes. Dût-elle un jour s’éclipser par mauvais sort, les mayas seraient justifiés, et ce serait la fin du monde.

 

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Eugène Brouillard, La fuite des populations devant le fléau (1917), reproduit dans l'ouvrage de D.Ranc et D.Vaginay, Eugène Brouillard, Dialogues avec la modernité, Libel, 2011

 

 

(I)Léon Bloy Poèmes en prose, «Octobre »

(2)Baudelaire, Spleen de Paris, « Les vocations »

(3) Je trouve l’expression chez Marius Marmillon, dans un article sur le peintre Ravier publié dans le numéro 61 de la revue Résonances en 1957.

(4) Paul Valéry, Poésies, « Equinoxe » 



10:12 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, poésie, léon bloy, paul valéry, baudelaire, eugène brouillard | | |