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mardi, 25 mars 2008

Le dentier du pape

Un ciel bas et lourd, au-dessus de quelques arbres malingres. Un ciel très dix-neuvième. Siècle, bien sûr. Pas arrondissement ! Encore que... Cela 772533361.3.jpgpourrait constituer un arrondissement de Paris, ce ciel qui pèse comme un long corbillard sur nos têtes, ce cercle de ciel pascal très dix-neuvième, qui va se prolonger au-delà de Paques puisque, dit la radio, la grisaille va se poursuivre jusqu'à jeudi. Bon. Nous voilà englobés dans un seul temps, tous et toutes, les humains. Avez-vous remarqué le dentier de Benoit XVI ?  C'est la pluie qui me fait penser au pape. La pluie et la façon linéaire qu'ont tout à coup secondes et minutes de passer en sa compagnie monotone. Salut en toutes les langues, devant une floraison de parapluies, place Saint-Pierre. Ce pape à une élocution, une articulation et une dentition également refaites. Je me demandai, en l'écoutant, à quoi ou à qui ressemblait son dentiste. Et si les dents un peu jaunies et parfaitement régulières qu'il porte en son sourire étaient des implants, des bridges ou bien un ratelier à la mode d'antan. Que le pape ait son propre dentiste au Vatican, voilà une question pour jours à ciel bas et lourd qui n'en finissent pas. Il y a dans A Rebours de Huysmans  une scène d'épouvante qui se déroule ainsi  chez un dentiste, une scène à quoi ce temps de Paques et ces voeux pontificaux me font inexorablement penser. Il est possible, après tout, que Baudelaire ait tout simplement eu un fort mal au dents, lorsqu'il demanda un peu de calme à sa douleur. Des générations de potaches à qui on répéta : Sois sage...  Et qui apprirent, pour le bonheur de l'Institution, ces vers de Baudelaire par coeur. "Le vieux style", aurait dit Winnie, plus que jamais enlisée, elle aussi, et articulant tant bien que mal sa douleur...

09:47 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : benoit xvi, baudelaire, spleen, poésie, paques | | |

vendredi, 15 février 2008

Terrasse technologique

Dansait-il sur une terrasse

Large et dominant la cité technologique

Lui qui, le dernier, embrassa la cathédrale ?

On ne saurait le dire parmi les réseaux

Où galope un reflet d'étincelles

Mais dans les tissus de nos tissus

Et dans les gènes de nos gènes

Nous sentons bien qu'électriques

Le spectre de son baptême

Et le frisson de son argot

Encore villonnement vivants

Sillonnent jusqu'à l'épuisement


Les lignes de nos testaments


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08:25 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, poèmes, villon, solko, cathédrale | | |

vendredi, 16 novembre 2007

A ma Lisette, Chanson de 1831

Deux chansons de canuts :

Air du bon Pasteur, de Béranger, paroles d'Antoine VIAL ( 1796-1832)

 

Lisette, ma douce amie,
Pare ton corset de fleurs ;
Dieu, protégeant l'industrie,
Vient de finir nos malheurs.
Tu ne seras plus pauvrette ;
Allons ! reprends ta gaîté ;
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !

Autrefois, sous nos vieux maîtres.
Le magistrat orgueilleux,
Fier de ses nobles ancêtres,
Aurait repoussé nos vœux :
Aujourd'hui, sans étiquette,
L'artisan est écouté.
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !

Riante apparaît l'aurore,
Plus de chagrins, de soucis ;
Je me réjouis encore
Du bonheur de mes amis.
Du travail, une couchette,
Puis vient la prospérité.
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !

N'écoutant point le caprice
D'un financier courtisan,
Désormais on rend justice
En faveur de l'artisan.
Peut-être un riche regrette
Mainte vieille autorité :
Chantons toujours, bonne Lisette,
Chantons vive la liberté !

Vois-tu mes amis, mes frères,
Fiers de porter ce drapeau,
Autour de couleurs si chères
Ne former qu'un seul faisceau !
En vain viendrait la tempête,
Le Français est redouté,
S'il peut chanter, bonne Lisette,
Chanter vive la liberté !

 

 

canut.jpg

Chanson de 1831   (sur un air de Béranger, paroles d'Antoine Vial)

 

A ma Lisette, ô toi que j'aime !

Quel sort, hélas, te poursuit !

Tu crus au bonheur suprême,

Ce bonheur s'évanouit.

Des grands la voix indiscrète

A prédit un prix nouveau;

Tisse toujours, bonne Lisette,

C'est l'étoffe de mon drapeau.

Ce bleu, sans aucun nuage,

Semble l'azur de tes yeux;

Ce rose est la douce image

De tes attraits merveilleux;

Ce blanc, qu'un noble regrette,

Entre deux est assez beau;

Tisse toujours, bonne Lisette,

C'est l'étoffe de mon drapeau.

On trompe ton espérance ?

Sois riche de mes amours!

Gagne peu, mais sers la France,

Et je t'aimerai toujours.

Le guerrier, sous son aigrette,

Mettra ce léger réseau :

Tisse toujours, bonne Lisette,

C'est l'étoffe de mon drapeau.

Que de goût et que d'adresse

Lise, dans ce que tu fais.

Ce tissu que ta main presse,

Me rappelle nos hauts faits.

De ton père, c'est la fête :

J'en veux parer le tombeau

Tisse toujours, bonne Lisette,

C'est l'étoffe de mon drapeau.

Allons ! chante, mon amie,

Chante un meilleur avenir;

Ne crains point ce noir génie

Qui semble nous désunir,

La liberté, sur sa tête,

A secoué notre flambeau;

Tisse toujours, bonne Lisette,

C'est l'étoffe de mon drapeau.

08:45 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chant, chanson, canuts, lyon, poème, poesie, béranger | | |

mercredi, 24 octobre 2007

GASTON COUTE

Un noffa8c6302190176ce3019645bdf8001b.jpguveau site sur Gaston Couté présentant la totalité de son œuvre ! Que dire de plus, sinon inviter chacun d'entre vous à vous attarder un peu sur un texte ou un autre de ce poète beauceron anarchiste sur lequel tout et trop a été dit, mais vers lequel on prend toujours plaisir à revenir.

Il faut, à vrai dire, lire Couté à voix haute pour l'apprécier à sa juste mesure. Se le mettre en bouche, vraiment, comme du bon vin. Au sens propre : L'ARTICULER...  Voici, pour s'entraîner, en guise d'apéro :

LE CHRIST EN BOIS

 Bon guieu ! la sal'commune ! ... A c'souèr,
Parsounne a voulu m'ar'cevouér
Pou' que j'me gîte et que j'me cache
Dans la paille, à couté d'ses vaches,
Et, c'est poure ren qu' j'ai tiré
L'cordon d'sounnette à ton curé
Et qu'j'ai cougné cheu tes déviotes :
Les cell's qui berdouill'nt des pat'nôt'es
Pour aller dans ton Paradis...
S'ment pas un quignon d'pain rassis
A m'fourrer en travars d'la goule...
I's l'gard'nt pour jiter à leu's poules ;
Et, c'est pour çà qu'j'attends v'ni d'main
Au bas d'toué, su' l'rabôrd du ch'min,
En haut du talus, sous l'vent d'bise, .
                            Qu'ébranl' les grands bras d'ta crouéx grise...
                            Abrrrr ! ... qu'i' pinc' fort el' salaud !
                            E j'sens mon nez qui fond en ieau
                            Et tous mes memb'ers qui guerdillent,
                            Et mon cul g'lé sous mes penilles ;
                            Mais, tu t'en fous, toué, qu'i' fass' frouéd :
                            T'as l'cul, t'as l'coeur, t'as tout en boués !

Hé l' Christ ! T'entends-t-y mes boyaux
Chanter la chanson des moignieaux
Qui d'mand'nt à picoter queuqu'chose ?
Hé l' Christ ! T'entends-t-y que j'te cause
Et qu'j'te dis qu'j'ai-z-eun' faim d'voleux ?
Tell'ment qu'si, par devant nous deux,
I' passait queuqu'un su' la route,
Pour un méyion coumm' pour eun' croùte,
I' m' sembl' que j'f'rais un mauvais coup ! ...
Tout ça, c'est ben, mais c'est point tout ;
Après, ça s'rait en Cour d'assises
Que j'te r'trouv'rais ; et, quoué que j'dise
 Les idée's qu'ça dounne et l'effet
Qu'ça produit d' pas avouer bouffé,
                                Les jug's i's vourin ren entend'e,
                                Car c'est des gâs qui sont pas tend'es
                                Pour les ceuss' qu'a pas d' position ;
                                l's n'me rat'rin pas, les cochons !
                                Et tu s'rais pus cochon qu'mes juges,
                                Toué qui m'v'oués vent' creux et sans r'fuge,
                                Tu f'rais pas eun' démarch' pour moué :
                                T'as l'vent', t'as l'coeur, t'as tout en bois !

L'aut'e, el'vrai Christ ! el'bon j'teux d'sôrts
Qu'était si bon qu'il en est mort,
M'trouvant guerdillant à c'tte place,
M'aurait dit : " Couch' su'ma paillasse ! ... "
Et, m'voyant coumm'ça querver d'faim,
l'm'aurait dit : " Coup'-toué du pain !
Gn'en a du tout frés dans ma huche,
Pendant que j'vas t'tirer eun'cruche
De vin nouvieau à mon poinson  ;
T'as drouét coumm' tout l'monde au gueul'ton
Pisque l'souleil fait pour tout l'monde
V'ni du grain d'blé la mouésson blonde
Et la vendange des sâs tortus... "
Si, condamné, i' m'avait vu,
                                  Il aurait dit aux jug's : " Mes fréres,
                                  Qu'il y fout' don' la premier' pierre
                                   C'ti d'vous qui n'a jamais fauté ! ... "
                                  Mais, toué qu'les curés ont planté
                                  Et qui trôn' cheu les gens d'justice,
                                  T'es ren ! ..., qu'un mann' quin au sarvice
                                  Des rich's qui t'mett'nt au coin d'leu's biens
                                  Pour fair' peur aux moignieaux du ch'min
                                  Que j'soumm's... Et, pour ça, qu'la bis' grande
                                  T'foute à bas... Christ ed' contrebande,
                                  Christ ed'l'Eglis ! Christ ed' la Loué,
                                   Qu'as tout, d'partout, qu'as tout en boués ! ...

06:25 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poèmes, poésie, écriture, culture, gaston couté | | |

mardi, 03 juillet 2007

l'escargot

  Une lecture humide de ce temps y déplorera évidemment en tous lieux ce règne sans partage du sec. La violence est sèche. L’à peu près est sec. La combinaison de la violence et de l’à peu près, dont le fait politique comme le fait divers répercutent jusqu’à nous la nauséeuse contingence,  favorise un  environnement qui est peu propice au suave et lent étirement de l’algue sur la plage, tel que l’humide le sollicite : quelle vulnérabilité, à ce point, pourtant me rappelle la lumineuse trace, sur l’arceau, de l’escargot sous la tonnelle ? A celui qui le regarde, le sobre architecte de son simple passage n’intime aucune persuasion : cherche-t-il même à communiquer quoi que ce soit ? Telle est l’insolence de l’exploit poétique, que de sa vitalité éphémère, il ne tire qu’une compétente discrétion.

  

09:45 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature, littératures | | |