lundi, 12 juillet 2010
Le vicomte et le chansonnier
Un beau billet du Tenancier, à lire ICI, à propos d’un ouvrage sur Béranger : une véritable explication de livre, comme il existe des explications de textes, si on veut, mais aussi une petite fable qui m’a reconduit à l’amitié entre Béranger et Chateaubriand, telle que ce dernier en parle dans le tome quatre de ses Mémoires. C’est durant l’hiver 1830 que les deux hommes s’étaient rencontrés. « Tout ce qui touche à la renommée de la France m’est cher, et vous avez élevé la chanson jusqu’à la gloire » Derrière le phrasé un rien cérémonial se glisse une vraie reconnaissance du vieux légitimiste. Leur relation durèrent jusqu’à la mort de Chateaubriand qui, encore en 1844, se rendait à Passy pour causer quelque temps avec le chansonnier, dans la petite maison qui fut son dernier logis. « Je déteste deux choses en lui : l’impiété et le cynisme. Le reste me ravit » : Un aveu que François-René fit de peu de gens.
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vendredi, 16 novembre 2007
A ma Lisette, Chanson de 1831
Deux chansons de canuts :
Air du bon Pasteur, de Béranger, paroles d'Antoine VIAL ( 1796-1832)
Lisette, ma douce amie,
Pare ton corset de fleurs ;
Dieu, protégeant l'industrie,
Vient de finir nos malheurs.
Tu ne seras plus pauvrette ;
Allons ! reprends ta gaîté ;
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !
Autrefois, sous nos vieux maîtres.
Le magistrat orgueilleux,
Fier de ses nobles ancêtres,
Aurait repoussé nos vœux :
Aujourd'hui, sans étiquette,
L'artisan est écouté.
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !
Riante apparaît l'aurore,
Plus de chagrins, de soucis ;
Je me réjouis encore
Du bonheur de mes amis.
Du travail, une couchette,
Puis vient la prospérité.
Chante avec moi, bonne Lisette,
Chante vive la liberté !
N'écoutant point le caprice
D'un financier courtisan,
Désormais on rend justice
En faveur de l'artisan.
Peut-être un riche regrette
Mainte vieille autorité :
Chantons toujours, bonne Lisette,
Chantons vive la liberté !
Vois-tu mes amis, mes frères,
Fiers de porter ce drapeau,
Autour de couleurs si chères
Ne former qu'un seul faisceau !
En vain viendrait la tempête,
Le Français est redouté,
S'il peut chanter, bonne Lisette,
Chanter vive la liberté !
Chanson de 1831 (sur un air de Béranger, paroles d'Antoine Vial)
A ma Lisette, ô toi que j'aime !
Quel sort, hélas, te poursuit !
Tu crus au bonheur suprême,
Ce bonheur s'évanouit.
Des grands la voix indiscrète
A prédit un prix nouveau;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
Ce bleu, sans aucun nuage,
Semble l'azur de tes yeux;
Ce rose est la douce image
De tes attraits merveilleux;
Ce blanc, qu'un noble regrette,
Entre deux est assez beau;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
On trompe ton espérance ?
Sois riche de mes amours!
Gagne peu, mais sers la France,
Et je t'aimerai toujours.
Le guerrier, sous son aigrette,
Mettra ce léger réseau :
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
Que de goût et que d'adresse
Lise, dans ce que tu fais.
Ce tissu que ta main presse,
Me rappelle nos hauts faits.
De ton père, c'est la fête :
J'en veux parer le tombeau
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
Allons ! chante, mon amie,
Chante un meilleur avenir;
Ne crains point ce noir génie
Qui semble nous désunir,
La liberté, sur sa tête,
A secoué notre flambeau;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
08:45 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chant, chanson, canuts, lyon, poème, poesie, béranger |