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mardi, 30 avril 2013

Dix euros

Je passe de main en main, de poche en poche, car je suis fait pour ça : billet du libre marché et de la consommation, du social-libéralisme européen, je ne n’ai ni âme ni souvenir. Je ne suis signe de rien, je ne suis qu’un outil d’endettement pour les plus  pauvres et d’enrichissement pour les plus riches, qu’ils votent à droite ou à gauche, qu’ils prétendent ou non aimer la finance. Ma jeune histoire est celle de la propagation d’une inégalité de plus en plus accrue parmi les hommes.

On ne trouve sur mon corps rectangulaire que des ponts virtuels, car les matois financiers qui m’ont créé n’ont pu se mettre d’accord ni sur une effigie humaine, ni sur un bâtiment, ni sur une histoire commune ; le lieu dont je suis la monnaie n’est d’ailleurs ni un territoire, ni un pays, ni une nation. Ce n’est qu’une zone, pensez donc ! Voulu par des énarques, je ne représente que le délire informel des banquiers. Je n'ai plus rien de romanesque, hélas ! Je ne suis qu'une idéologie extrême et bien tue.

En Grèce, on me voue aux gémonies, on me traite de teuton.

Partout ailleurs, on se méfie avec raison de la façon sournoise dont j’échappe à toute souveraineté politique, à tout ancrage historique, à tout reflet poétique.

Je suis l’argent roi des dominants. Je suis la ruse extrême des spéculateurs. Je suis l'euro. 


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13:25 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : euro, argent, politique, europe | | |

samedi, 06 avril 2013

Les nouveaux francs

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08:36 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, euro, crise, europe, francs, billets français | | |

vendredi, 09 novembre 2012

Quand le Nobel monte à la tête de l'Europe

« -Les gars, ça y,  l’Nobel leur est monté à la tête

-      A qui donc, dont tu causes ?

-      A eux, pardi. A ceux-là tous de Bruxelles !  Y sont en train de pondre un nouvel euro avec la tête de qui, j’vous l’donne en mille ?

(silence autour du comptoir)

-      Zidane ?

(Exclamations diverses autour du comptoir)

-      Lady Gaga ?

(re-exclamations variées)

-      Obama ?

-      Charriez-pas, on n’est pas encore aux USA même si ça vient à grands pas  

- Friendly

(grosse rigolade)

-      Alors ?  Benoit XVI ?

-      Pire encore ! Je vous le donne en cent ! Je vous le donne en mille : A la déesse Europe !

-      Non ?

-      Si !

-      Nous prennent pour des cons intégraux cette fois-ci !

-      Ah ça !  Ah ah ah !

-      In Athéna we trust…

(Heurts de verres, brouhahas)

Buvons à la démocratie ! Ah ah ah !

-      C’est au moins une idée du Mario Draghi, ça…

-      Ecoutez ce que dit la BCE  (il lit) : « cette figure a été choisie car elle est clairement associée au continent européen, et apporte une touche d’humanité aux billets »

-      Avec ça, si les Grecs se tirent de l’euro …

Eh bé moi, je dois pas voir clair dis donc !

-      Z’en ont rien à foutre de la déesse Europe, les Grecs… Là-bas, c’est misère, la castagne, l'Achéron social,  la guerre civile, cependant qu'ici, on débat entre bobos du mariage pour tous et de la déesse Europe !

-      Nous non plus on n’en a rien à foutre de leurs dieux de papier ! Quelle bande de branleurs.

-      La déesse Europe ! La déesse Europe ! S’ils imaginent qu’elle va sauver leur torche-cul d’euros !

(rires)

 

Moralité : Puisque Augustin est à la page, relisons les livres II & III de La Cité de Dieu, plutôt que le bar corse de  Jérôme Ferrari   :

« C’est à ce moment là que, sous le coup de la grande peur, les Romains se précipitèrent sur des remèdes sans effet et qui prêtent à rire (…) Mais de la République à l’Empire, les dieux n’ont pu empêcher la guerre civile»


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La BCE a dévoilé ce jour quelques éléments du futur billet de cinq euros.

mardi, 12 juin 2012

Les affaires de l'Europe

L’euro qu’il faut sauver, l’euro qu’il faut gagner…  Crise ou coupe, en ce mois de juin, on entend  partout parler de l’euro, que ça en vire au névrotique, à l'obsessionnel !  Moi je vous dis l’euro dépêchons-nous d’en sortir ou de le perdre pour au moins deux raisons :

D’abord parce que l’euro est tout le contraire de l’euphonie :  [øro], Ces deux voyelles fermées, vous trouvez ça doux au palais, suave à la lippe, franchement ? Obtus et fermé comme un cul de bœuf au moment de l’abattage, rien qui fleure la joie, l’ouverture. Le français aime le e muet, tous les poètes (les vrais, ceux qui, plus que le souci du dire, prennent le soin de l'écouter) le savent : La Fontaine, Racine, mais aussi Rimbaud, s’il faut pour être compris à tout prix être moderne

Pas de e muet, donc. Autrement dit, une Europe de consommation sans devenir et sans immédiat, un sigle de banquier et de président de l' UEFA, rien de plus. Pet de mouches. Murmurez-vous, pour vous en convaincre, et lentement, et les yeux clos, et en prenant votre souffle : [ europ].

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Jupiter et l'Europe, Gustave Moreau

Le e muet, rime féminine, reste en suspens. 

Il faut, mes amis, le deviner sur le bout de la langue, ce « e » : Europ

J’en arrive à la seconde raison.

Euro,c’est bourrin, euro, c’est masculin. C’est une une rime masculine, une rime en « o », les pires. Avec quoi voulez-vous faire rimer ça ? Avec ego ? Avec égaux ? Deux termes abominables, réfléchissez-y…  Tandis qu’Europe rime avec philanthrope…

Europe a le juste sexe, le juste ton, la juste proportion. Zeus, rappelons-le, captiva la belle nymphe. Depuis qu’un prof de latin m’apprit la chose en classe de seconde naguère, je n’ai jamais pu pisser contre l’ocelle basse d’un platane sans penser à Ovide narrant le verbe haut l’enlèvement d’Europe par Jupiter : plus de gueule que les commentateurs des matchs, que les Benzema, Ribéry et consorts, que la langue de bois des politiques ou les déplorations d’économistes, franchement !

Eu-ro-pe donc !

Depuis Delors et Maastricht (le père de Martine au Sénat), c’est sûr,comme je la regrettre,  « l’Europe aux anciens parapets… », c’est peu de le dire, Arthur !  

« La faire », disent, non sans culot , ceux qui la volent aux peuples et la défont d'éléction en élection sous nos yeux tristes…

Les footballeurs, eux, courent après les millions d’euros qui font les millions de malheureux, ironie du sort. Nadal soulève la coupe quand les banques espagnoles coulent les crédits de ceux qui le vénèrent outre Pyrénées. Les pauvres, ils appellent le sport un challenge pour les nations tandis qu’ils matent le gazon vert ou la terre battue à la TV. Ils peuvent, ah ils peuvent être fiers, Zbigniew Brzezinski, et ses potes de la Trilatérale qui l'ont kidnappée, l’essai est transformé, et pour des lustres !

Mais comme l’euro reste loin de cette Europe féminine et euphonique, celle de Montaigne en Italie, de Rousseau à Genève, de Chateaubriand à Prague, et de tous ces écrivains voyageurs, amants magnifiques,  qui l'ont chantée, l’Europe ! 

mardi, 13 décembre 2011

L'homme au manteau vert

Je croise en salle des ventes un type au regard clair et déterminé. L'euro, m’assure-t-il, ne passera pas le mois d'avril. C’est donc le moment d’acheter de l’or. Car  même avec ce qu’il a pris depuis le printemps dernier, il va encore grimper de 15 à 20 % d’ici le prochain. Inévitable, lâche-t-il dans son manteau vert. Tout ça m'a rappelé ce qui se passait avant le passage à l'euro, ces conversions du papier au métal pour ensuite repasser du métal au papier selon la loi financière du chiasme qui permet aux plus entreprenants et aux mieux lotis de rafler en tout 40%, crise ou pas crise, sur le gros des électeurs

Il y a dans ces pronostics quelque chose de fébrile, qui me laisse songer à ceux des turfistes de PMU. Sauf qu’ici, c’est une autre ambiance. J’ai vu partir hier un lingot à 36930 euros (+14,5% de frais de vente, faites vous-même le compte). Les maigres économies d’un type bourlingueur et distrait au monde ne m’offrent que les moyens de regarder les courses. Je regarde. Comme au casino. Toujours instructif de savoir ce qui se passe sur la pelouse.

Les 20 francs or, les 50 pesos, les demi-souverains mis successivement à l’encan trouvent preneurs à plein tarif, tout comme les débris d’or (y compris d’or dentaire). Mon bonhomme a sans doute raison : dans les milieux « informés », on anticipe sur la fin de l'euro comme il y a peu on anticipait sur la fin des monnaies nationales. Pendant ce temps, des politiciens disent au bon peuple qu’il va falloir « réguler les marchés financiers qui imposent leurs règles anti-démocratiques aux peuples ».

Cause toujours.

L’Histoire est bien un cirque, peu de progrès moral depuis l’empire d’Akkad. La monnaie ne vaut rien en soi, y’a qu’à voir le regard repu de ceux qui remportent la mise. C’est sur leur sourire qui ne fait qu’effleurer la surface des lippes que se jouent le cours et l’avenir des monnaies. Franc, euro, qu’importe ; l’homme est l’homme et les affaires sont les affaires. Seul prévaut l’adage souverain de l’homme au manteau vert : la monnaie appartient aux riches et ne survit que le temps qu’elle leur permet de faire des affaires. 

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06:34 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : crise, euro, politique, société, actualité, franc | | |

mercredi, 30 mars 2011

Dans ce pays

Je n’aime pas l’euro.

S’il fallait dater la « mélancolie » que je ressens par rapport à une sorte de heimat perdu, c’est de ce maudit passage à l’euro que je le daterais. Bien que joyeux, jovial, je crois avoir toujours eu une nature mélancolique.  Le passé m’a toujours parlé, sous la forme d’épiphanies plus ou moins  fortes. Une tombe moussue dans une forêt des Cévennes, quelques lierres accrochés sur le pisé d’un mur du Beaujolais, un bouquet d’orties sur un chemin de terre, le fracas d’un torrent alpin : je voyais très nettement se lever des fantômes aux gestes brusques, des spectres aux sourires francs…

Les vivants m’ont toujours paru inachevés. Similaires et inachevés. J’aime Nerval, Béraud et Giono, pour leur poésie du pays. Ce qui est enfoui m’importe. Le reste m’indiffère. Les vivants que je croise dans l’autobus me sont plus étrangers, secs et nerveux avec leur air du moment, que les personnages de Sylvie ou ceux de Ciel de Suie.

Avec le passage à l’euro s’est jouée en moi la perte d’un signifié séculaire. Comme si on m'avait volé je ne sais quoi. Cette décision, œuvre de techniciens monétaires et de spéculateurs cyniques fut une grande erreur poétique. Avec la disparition du franc, oui, nous perdîmes un signifié séculaire. Euro : avec quoi ce terme hideux rime-t-il ? De rage, à l’époque, j’avais écrit sur un carnet : avec égos ; avec égaux. C’est le triomphe de la consommation, le triomphe d’une démocratie aussi planétaire qu’insipide, vraiment. Nous ne méritons depuis que des gens comme Sarkozy ou Strauss-Kahn, des hommes de l’euros, insipides et interchangeables.

Le pays a perdu quelque chose de son autonomie fondamentale. .

Je me souviens avoir voté Chevènement en désirant ardemment la chute du fâcheux Jospin, Jospin l’europhile. Ce fameux 21 avril, j’étais très heureux de ne pas retrouver ses lunettes et ses cheveux bouclés au second tour des présidentielles. Exit, lui et toute sa cohorte d’opportunistes. Non que Chirac et sa clique valussent mieux. Deux cohabitations avaient fait de ces hommes et de ces femmes des gens qui n’aimaient plus le pays et travaillaient pour sa dilution. D’ailleurs, quand ils en parlaient, ils disaient : « dans ce pays ».  Ils continuent. Rien que pour ça, je ne voterai plus jamais pour eux

Dans ce pays, il faudrait vraiment pouvoir passer à autre chose. 

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00:07 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : littérature, politique, france, euro | | |

samedi, 08 mai 2010

Le printemps de tous les parapluies

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Quand on annonce le pire, chacun entrouvre son parapluie. Les dirigeants politiques aux affaires, d’abord. Ceux qui sont dans l’opposition et qui n’auraient pas fait mieux que les autres, ensuite. Cela fait déjà une fort jolie file.

Mais ce n’est pas parce qu’on ouvre un parapluie que la pluie cesse, l'avez-vous  remarqué ?

L’Europe des dirigeants tente donc de sauver son euro, contre l’Europe des peuples qui n'a jamais été à son égard d’un enthousiasme débordant, c’est bien le moins qu’on puisse dire.  L’Europe des dirigeants feint à nouveau d’ignorer à quel point la fondation de la zone qui porte son nom, de référendums bâclés ou annulés en traités bidonnés, a été aléatoire et repose sur un épais mensonge, protégeant d’un seul geste (ouvrir son parapluie) la loi dictée par « les marchés ». Les marchés ! Les milliards qui doivent être prétendument alloués à la Grèce retourneront ainsi dans la poche des spéculateurs impunis, dont tous ne vivent d’ailleurs pas aux Etats-Unis ou en Asie, mais certains en France, en Grande Bretagne, en Grèce ... Et l’on ne voit pas pourquoi ces dits spéculateurs se priveraient de s’attaquer à nouveau à des Etats affaiblis par ce plan de prétendu sauvetage, à l’Espagne, au Portugal, à l’Irlande, avant de guigner pour leurs tableaux de chasse de plus jolis morceaux. On n’a donc pas fini d’entendre le brusque déclic des baleines, et le soyeux son du tissu qui se tend du côté des banquiers non plus.

Sur ceux qui n’ont pas de parapluies, en revanche, l’orage risque de tomber longtemps. Et dru.

 

20:19 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : grèce, politique, europe, crise, parapluies, euro | | |