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mardi, 13 décembre 2011

L'homme au manteau vert

Je croise en salle des ventes un type au regard clair et déterminé. L'euro, m’assure-t-il, ne passera pas le mois d'avril. C’est donc le moment d’acheter de l’or. Car  même avec ce qu’il a pris depuis le printemps dernier, il va encore grimper de 15 à 20 % d’ici le prochain. Inévitable, lâche-t-il dans son manteau vert. Tout ça m'a rappelé ce qui se passait avant le passage à l'euro, ces conversions du papier au métal pour ensuite repasser du métal au papier selon la loi financière du chiasme qui permet aux plus entreprenants et aux mieux lotis de rafler en tout 40%, crise ou pas crise, sur le gros des électeurs

Il y a dans ces pronostics quelque chose de fébrile, qui me laisse songer à ceux des turfistes de PMU. Sauf qu’ici, c’est une autre ambiance. J’ai vu partir hier un lingot à 36930 euros (+14,5% de frais de vente, faites vous-même le compte). Les maigres économies d’un type bourlingueur et distrait au monde ne m’offrent que les moyens de regarder les courses. Je regarde. Comme au casino. Toujours instructif de savoir ce qui se passe sur la pelouse.

Les 20 francs or, les 50 pesos, les demi-souverains mis successivement à l’encan trouvent preneurs à plein tarif, tout comme les débris d’or (y compris d’or dentaire). Mon bonhomme a sans doute raison : dans les milieux « informés », on anticipe sur la fin de l'euro comme il y a peu on anticipait sur la fin des monnaies nationales. Pendant ce temps, des politiciens disent au bon peuple qu’il va falloir « réguler les marchés financiers qui imposent leurs règles anti-démocratiques aux peuples ».

Cause toujours.

L’Histoire est bien un cirque, peu de progrès moral depuis l’empire d’Akkad. La monnaie ne vaut rien en soi, y’a qu’à voir le regard repu de ceux qui remportent la mise. C’est sur leur sourire qui ne fait qu’effleurer la surface des lippes que se jouent le cours et l’avenir des monnaies. Franc, euro, qu’importe ; l’homme est l’homme et les affaires sont les affaires. Seul prévaut l’adage souverain de l’homme au manteau vert : la monnaie appartient aux riches et ne survit que le temps qu’elle leur permet de faire des affaires. 

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06:34 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : crise, euro, politique, société, actualité, franc | | |

Commentaires

Est-ce à dire que " monnaie de singe" constitue un fâcheux pléonasme ?
Hum. Je le croirais volontiers.

Écrit par : Bertrand | mardi, 13 décembre 2011

Les pauvres n'ont même pas les moyens de rendre la monnaie de la pièce.Les illusions de "grand soir" sont ajournées continues.

Écrit par : patrick verroust | mardi, 13 décembre 2011

Vous êtes en grande forme à ce que je vois.

Écrit par : solko | mardi, 13 décembre 2011

J'aime cette expression un type "bourlingueur et distrait". Il fut des temps où ces aventuriers poètes étaient des idéaux. Il y eut Rimbaud, bien sur, mais des héros de roman, les personnages de Jules Verne. Il y eut les soixante-huitards..Maintenant, il faut spéculer ou mourir.

Écrit par : patrick verroust | mardi, 13 décembre 2011

Ou comment ces gens-là transforment l'or en plomb, tout compte fait... :0)

Écrit par : Sophie K. | jeudi, 15 décembre 2011

Les commentaires sont fermés.